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Le masque, une singularité culturelle en Asie

Les Européens sont réfractaires aux masques alors que les pays du nord-est de l’Asie ont en fait un produit de consommation courante.

Pour expliquer cette différence culturelle, il faut remonter à l’épidémie de grippe espagnole. Un médecin chinois a inventé alors ce masque grand public. La Chine va mettre en avant les avancées de son système sanitaire dans des photos de propagande dans les années 50 et 60 notamment.

Maladie, pollution, allergie…

Des épidémies récentes font prendre conscience à ces pays d’Asie du Nord-Est que le masque est important. Le Sras touche en 2003 la Chine et Hong Kong. Avec 774 morts, ce virus porte un coup psychologique fort. Six ans plus tard, la grippe H1N1 fait entre 100 000 et 400 000 morts dans le monde.

Les masques sont utilisés pour protéger les autres et aussi pour se protéger soi-même de la pollution, de l’allergie aux pollens, des mauvaises odeurs…

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VIDEO. D'où vient l'habitude de porter un masque en Asie de l’Est ?

Dans les transports publics, dans la rue, contre la pollution… Dans les pays d’Asie de l’Est, porter un masque en public est un geste de protection quotidien. « Cela relève plus du sens commun ou de l’habitude pour les gens. Ils font juste ça comme une réponse naturelle à la situation« , explique Mitsutoshi Horii, professeur de sociologie.

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Le français en Thaïlande : chaiyo !

Le français sur l’offensive en Thaïlande ? Si l’on s’en tient aux accords entre Paris et Bangkok et au nombre de visites ministérielles, il semble bien que la langue de Rousseau tente de reconquérir le terrain perdu depuis quelques années dans le royaume.

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Analyse Culture Thaïlande

Chronique de Thaïlande : jeux de langue

La progression de l’anglais dans le royaume tend à marginaliser le thaï dans certains espaces publics.

Un certain milieu urbain en Thaïlande aime à saupoudrer ses propos en thaïlandais de vocables anglais comme d’autres assaisonnent de poivre noir leur salade à la papaye. Cela donne d’étranges versets, tels que : « Dichan mai khoei happy taorai » (je ne suis pas très contente) ou « Chan ruseuk heut » (je me sens blessé).

Cet emploi de mots étrangers est en soi peu justifié, sauf peut-être pour des raisons de « distinction sociale », car des équivalents exacts existent dans la langue thaïlandaise, laquelle peut s’enorgueillir aussi d’avoir ses propres mots pour des expressions devenues anglicisées dans la grande majorité des langues du monde, comme « office » (samnakngnan), « bicycle » (sakayan) ou « telephone » (torasap). Le thaïlandais (ou siamois) a aussi conservé sa propre écriture, souvent le refuge de l’identité culturelle d’un pays, telle que conçue au XIIIème siècle, contrairement par exemple au Vietnam dont la langue a été romanisée au XVIIème siècle ou aux Indonésiens qui ont adopté la graphie occidentale, dérivée de l’alphabet néerlandais, au début du XXème.

Mais ce qui devrait constituer un titre de fierté semble parfois être caché honteusement. De nombreux menus dans les restaurants de Bangkok ne sont écrits qu’en anglais, comme si le service aux étrangers de passage devait oblitérer la culture locale. Les délicieux chiffres de la langue thaïlandaise, aux formes si évocatrices, ne se retrouvent plus guère que sur quelques horloges des magasins d’antiquités et dans les rapports officiels.

Et, parfois, après avoir fait quelques mois d’efforts pour apprendre le thaïlandais, tel étranger est bien déçu quand une réceptionniste d’hôtel réplique à ses efforts pour s’enquérir en langue locale du prix des chambres : « Please, could you speak in english ? ». Imaginons la scène dans un café parisien, où le garçon en gilet serait sans doute plus enclin à une réponse comme « Désolé monsieur, je ne parle pas anglais ».

Il faut, bien sûr, se garder de tout purisme. Le français a allégrement sauté dans le train des anglicismes. La domination culturelle de l’anglais – langue flexible, langue du commerce et de la propagande commerciale (marketing) – est un phénomène mondial. La langue thaïlandaise elle-même n’est pas née de la cuisse de Ramkhamhaeng. Le stock initial de mots thaïs dérivés du chinois s’est enrichi et modifié au contact des Mons et des Khmers.

Il a absorbé des mots du sanskrit et du pali, passant d’un état de langue monosyllabique à celui d’une langue où certains mots comptent cinq syllabes ou plus (sans parler du rajasap, le langage royal avec ses mots interminables dérivés du sanskrit). Et il est, d’une certaine manière, rafraichissant de voir que l’écriture de communication des jeunes Thaïlandais sur Facebook et Twitter reste le siamois avec sa légion de consonnes et sa cohorte de voyelles – « ces petites vicieuses » comme le dit Gilles Delouche, professeur à l’Inalco.

Les milieux de la publicité en Thaïlande ont dévalé avec enthousiasme la pente de la dévalorisation linguistique, avides de donner une image internationale aux savonnettes, crèmes de beauté et pâtes dentifrice. Aucune de ces agences n’a adopté un nom thaïlandais et 90 % de leurs produits ont reçu des appellations anglaises. La même tendance, mais moins prononcée, est observée dans l’octroi des surnoms aux enfants : « Ball », « Golf », « Bird » ou « Boss » sont des favoris. L’évolution est naturelle dans un pays aussi ouvert aux influences extérieures que la Thaïlande, mais elle comporte des dangers cachés, car on pense toujours dans une langue et la transformation d’une langue entraine une modification du processus de pensée. Et en écoutant les rengaines du jour, on se demande bien où a disparu la poésie des chansons de Suraphol Sombatcharoen ou même de celles du groupe Caravan.

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Asie Culture

Un nouveau projet de recherche Europe-Asie du Sud-est

Cinq institutions de recherche européennes et quatre universités d’Asie du Sud-Est s’associent pour un ambitieux projet de recherche.

Le projet, financé à hauteur de 2,4 millions d’€ par l’Union européenne, a été baptisé SEATIDE et portera sur la thématique : “Intégration en Asie du sud-est. Trajectoires d’inclusion, dynamiques d’exclusion”. Le coordinateur scientifique en sera l’Ecole française d’extrême orient (EFEO), au travers du directeur de cette institution plus que centenaire, Franciscus Verellen, et d’Yves Goudineau, directeur du centre EFEO à Chiang Mai. Cinq universités ou établissements de recherche européens y participent – l’EFEO, l’université de Cambridge, l’université d’Hambourg, l’Université de Milan-Bicocca et l’université de Tallin (Estonie) – ainsi que quatre universités du Sud-est asiatique – l’université indonésienne de Gadjah Mada, l’Académie vietnamienne des sciences sociales, l’université Sains Malaysia et l’université de Chiang Mai (Thaïlande) – constituent le coeur du réseau de recherches, mais des chercheurs d’autres établissements y participeront également (Institut de recherches sur l’Asie du Sud-est contemporaine, Institut de recherches pour le développement, CNRS).

“C’est un réseau de coopération entre chercheurs qui se met en place, le projet va durer une dizaine d’années”, a précisé à Asie-Info Jérémy Opritesco, conseiller culturel et scientifique de l’ambassade de France à Bangkok. Quatre sous-thèmes seront étudiés avec, pour chacun d’entre eux, une ou plusieurs universités jouant un rôle-leader : l’intégration nationale face à la diversité régionale, les mouvements de populations transfrontaliers et intranationaux, l’analyse des réseaux de connaissance et le rôle qu’y joue l’Europe, et l’analyse des crises historiques et politiques dans le but de voir ce qui distingue l’Asean Way du mode d’intégration propre à l’Union européenne.

Le projet doit être officiellement inauguré le 1er février à Chiang Mai en présence du directeur de l’EFEO et du président de l’Université de Chiang Mai, le professeur Kasem Wattanachai.

 

 

 

 

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Philippe Picquier lance la collection l’Asie immédiate

L’éditeur d’Arles, spécialiste de l’Asie, enrichit sa gamme de publications avec une nouvelle collection de poche, L’Asie immédiate. L’objet : la géopolitique.

Bonne nouvelle, L’Asie immédiate, collection dirigée par l’historien du Japon Jean-Marie Bouissou, est lancée le 3 janvier. Deux ouvrages collectifs seront en librairie dès le lendemain : Les Géants d’Asie en 2025, de Bouissou, François Godement et Christophe Jaffrelot ; et Internet en Asie, par Karyn Poupée, Séverine Arsène, Alexandra Soulier, Ingrid Therwath et Jean-Marie Bouissou.

L’objectif de cette collection est de mettre «à la disposition des experts comme du grand public une analyse des grands problèmes qui se posent en Asie, particulièrement la Chine, le Japon et l’Inde». Le premier ouvrage est une étude prospective des ces «trois grands», une tentative de savoir où ils en seront  dans une douzaine d’années. Le second porte sur l’effet de la Toile sur un continent où les populations d’internautes sont exponentielles, y compris dans des économies émergentes comme la Malaisie, le Vietnam et l’Indonésie.

Les statistiques, écrivent les auteurs, «ne corroborent pas vraiment l’idée d’une ‘relation naturelle’ entre la pénétration et les avancées de la démocratie, du moins en Asie». Philippe Picquier a donc choisi de créer un pôle de réflexion sur le devenir de ce vaste continent parce que l’Histoire pourrait s’y écrire, en grande partie, au XXIème siècle. Vaste chantier.

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Vietnam : le culte imposant d’un prêtre, d’un guérisseur

Assassiné en 1946, le père Diêp fait l’objet d’un culte dans le sud. Les premiers éléments d’une demande de béatification ont été réunis. Reportage.

Sur la route nationale qui relie le chef-lieu de Ca-Mau, pointe méridionale du Vietnam, à celui de Bac Liêu, une couche fraîche de bitume a été posée. En 2007, lors de notre passage, les ponts qui franchissent les canaux sont en réfection. A mi-chemin entre les deux chefs-lieux de province,  en bordure de route, au lieu-dit de Tac Sây, la silhouette d’une église en construction domine le paysage plat du delta du Mékong.

Le chef de chantier ne cache pas sa fierté. «La plus haute et la plus grande du Vietnam», dit-il. Un escalier monumental permet d’accéder à la nef, haute « de plus de trente-deux mètres ». La nef proprement dite, construite au-dessus de salles de prière ou de réunion, atteint vingt-trois mètres de hauteur. L’édifice a la taille et l’allure d’une basilique. Entre le canal et la route rectilignes, un vaste espace a été attribué à cette église et aux grands bâtiments qui l’encadrent : administration, mémorial, dortoirs et chambres à l’intention des pèlerins, salles d’étude, bibliothèque. L’ensemble donne une impression de démesure.

Sans attendre la fin du chantier ouvert en 2004, soit trois années auparavant, des milliers de gens s’y rendent chaque jour pour s’y recueillir sous un préau provisoire où chacun dépose, après les courbettes d’usage, des baguettes d’encens fumant. Des voyagistes de Hochiminh-Ville organisent même des visites à la demande de Viêt Kiêu, les Vietnamiens d’outre mer, notamment ceux des Etats-Unis. Autobus et minibus se succèdent de l’autre côté d’un mur qui sépare la route du parvis. Les passagers qui en descendent sont assaillis par quelques poignées d’enfants qui tentent de placer cartes postales, portraits, statuettes, boissons fraîches. En face, de l’autre côté de la chaussée, sont alignées chaises pliantes et tables d’une série de débits de boissons improvisés.

Avant de faire un tour de chantier, les pèlerins déposent leurs baguettes d’encens fumantes, en s’inclinant longuement, sous le préau, au pied de deux statues dont les auréoles sont faites d’un tube de néon rouge allumé en permanence. L’une représente la Sainte Vierge et l’autre est la photo d’un prêtre vietnamien, barbu et encore dans la force de l’âge.

Né le 1er janvier 1897, le père François-Xavier Truong Buu Diêp a été assassiné le 12 mars 1946. Les uns disent que le forfait a été commis par la branche locale, à l’époque associée au Vietminh, de l’église caodaïste (Cao Dai Miên Tây và Bac Liêu). De son côté, Eglises d’Asie rapporte qu’en ces temps-là, alors que des troubles avaient gagné la paroisse qu’il administrait depuis seize ans, le curé de Tac Sây avait «refusé» de quitter ses ouailles. «Le 12 mars 1946, avec 70 de ses paroissiens de Tac Sây, il est arrêté par le Vietminh. Tout le groupe est enfermé dans un grenier à riz. C’est là qu’il propose à ses gardiens d’échanger sa vie pour le salut de ses fidèles. On découvrira plus tard son corps nu et affreusement mutilé dans un étang proche du lieu où il avait été détenu», affirme le site des Missions étrangères de Paris.

Toujours est-il que le père Diêp a été également un guérisseur. Son souvenir déborde de la communauté catholique du Sud, qui représente 7% de la population de la région (davantage qu’au Centre, 5%, et au Nord, 3%). Les méridionaux, au Vietnam, s’attachent aux administrateurs ou religieux qui ont donné l’exemple, et ont tendance à en faire des génies tutélaires, ce qui est notamment le cas à Nhatrang où un portrait d’Alexandre Yersin figure dans une pagode parce qu’il avait mis en place, pour les pêcheurs, un système d’alerte aux tempêtes. C’est encore davantage le cas dans un delta du Mékong où les mentalités sont propices au messianisme,- et où les sectes et leurs avatars prolifèrent à nouveau de nos jours.

De nombreux catholiques pensent aujourd’hui que le père Diêp a accompli assez de miracles pour réclamer sa béatification. De premières démarches dans ce sens ont été effectuées auprès de Rome en 2012. En témoignent les centaines, sinon les milliers, de plaques vissées à un long mur derrière l’église. Sur ces plaques sont inscrits des noms de familles accompagnés des montants de leurs dons, une pratique courante au Vietnam. Les dons viennent des quatre coins de la planète et expliquent le financement de gigantesques travaux confiés à des ouvriers recrutés au Vietnam central.

En 2012, les travaux sont depuis longtemps terminés. L’actuel cardinal-archevêque de Saigon, Mgr Pham Minh Mân, a connu l’ancien curé de Tac Sây. Il a confié à Eglises d’Asie que «c’était le père Truong Buu Diêp qui avait conseillé à sa famille de l’orienter vers le sacerdoce dès son très jeune âge».

Texte de Jean-Claude Pomonti, photos de Nicolas Cornet

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Philippines : le contrôle des naissances est adopté

Le vote par le Sénat d’une loi sur «la santé reproductive» est une victoire pour le président Aquino et une défaite pour la hiérarchie catholique.

Par 13 voix contre 8, le Sénat des Philippines s’est prononcé, le 17 décembre, pour une loi qui donne les moyens à l’Etat de procéder au contrôle des naissances. Comme la Chambre des Représentants en avait déjà fait autant le 13 décembre (par 113 voix contre 104), il ne reste plus qu’à accorder deux textes déjà quasi-identiques – la tâche d’une Commission de conciliation, qui prendra deux ou trois jours – pour que le chef de l’Etat promulgue une loi qui marque une victoire pour le président Noynoy Aquino, élu en 2010.

Cette loi sur «la santé productive» donnera à toute femme «le choix de déterminer le nombre de ses enfants, répond au besoin des adolescentes d’être protégées contre les grossesses imprévues et d’instruire les gens sur la santé sexuelle», estime le Philippine Daily Inquirer. Malacañang, siège de la présidence, s’est félicité de ces deux «votes historiques» et de l’adoption d’une loi «qui peut réellement répondre aux besoins de notre population».

En autorisant l’Etat à dégager des fonds pour appliquer la contraception, cette loi s’est heurtée à la vive opposition de l’église catholique dans un archipel qui compte 80% de chrétiens. Le dimanche 16 décembre, la lettre pastorale lue dans les églises a jugé que la loi menaçait la moralité de la nation. «Le large et libre accès aux contraceptifs détruira la vie familiale», a estimé Mgr Socrates Villegas, un archevêque qui est vice-président de la Conférence des évêques.

Pour sa part, la sénatrice Pia Cayetano, qui a parrainé la loi, a déclaré : «je ne vais pas jubiler. En fait, mon travail ne fait que commencer… [Cette loi] s’adresse à toute femme coincée dans la pauvreté, à celles qui ne savent même pas qu’elles ont le droit de pas être battues par leurs compagnons». La loi devrait notamment contribuer à contrôler une expansion démographique parmi les plus fortes de la planète et qui freine le développement du pays.