Chronique d’une victoire annoncée. Au pouvoir depuis trente-trois ans déjà, Hun Sen, le Premier ministre du Cambodge devrait sans doute une nouvelle fois remporter les élections du 29 juillet prochain. L’ancien Khmer rouge qui, jadis, promettait la démocratie, se transformerait, à 65 ans, en autocrate. Il y a bien un semblant de campagne, 22 partis et candidats, mais personne ne se fait d’illusion quant au résultat. La dérive autoritaire commence en 2013, quand l’opposition fait une percée électorale. Depuis, le gouvernement élimine tout sur son passage. Des chefs sont arrêtés, d’autres partent en exil pour éviter d’être passés à tabac, comme c’est arrivé à un député d’opposition en plein jour. Le Cambodge prend ainsi le chemin de la dictature.
Un climat politique délétère
À Battambang, deuxième ville du pays, Rozeth Sin était une figure montante de l’opposition, d’abord à la tête d’un mouvement étudiant puis en étant élue maire d’arrondissement. Mais quatre mois après son élection, elle est évincée par le pouvoir. Plus de mandat, plus de parti, elle travaille dans son restaurant. Des admirateurs s’arrêtent régulièrement pour une photo avec l’ancienne élue, représentante de la liberté et des droits de l’homme.
Au Cambodge, toutes les voix critiques sont muselées, ONG, associations ou journaux, fermés les uns après les autres, au même titre que les radios. Certains journalistes sont désormais en prison. À la veille des législatives, tout est fait pour qu’il n’y ait qu’un seul vainqueur. On connait déjà son nom.
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