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Sommet Asie-Europe: l’ombre grandissante de la Chine

Le sommet de l’Asem qui se tient les 5 et 6 novembre à Vientiane est l’occasion pour la Chine de s’affirmer comme puissance responsable.

Le sommet de l’Asem qui se tient les 5 et 6 novembre à Vientiane est l’occasion pour la Chine de s’affirmer comme puissance responsable.

Malgré les effets de manches, les Européens sont venus dans leurs petits souliers au sommet Asie-Europe, qui réunit les leaders d’une cinquantaine de pays des deux continents dans la capitale du Laos. Minés par une crise de la dette publique qu’ils n’arrivent pas à contenir et un euro assiégé de toutes parts, les chefs de gouvernement et d’Etat du vieux continent ne peuvent plus adopter la position de donneurs de leçons – un rôle qu’ils ont parfois donné l’impression de jouer lors de sommets précédents sur les questions de droits de l’Homme mais aussi de bonne gestion économique. Cette conjoncture joue en faveur de la Chine, qui, comme les autres économies orientées vers l’exportation d’Asie, subit le contrecoup des maux économiques et financiers européens.

Avec son poids économique et le crédit de sa monnaie, la Chine sait que sa réaction à la crise économique et financière européenne est déterminante. Et, selon une stratégie habile qu’elle avait déjà suivie en 2007-2008 en ne dévaluant pas le yuan, Pékin saisit l’occasion pour s’affirmer comme une puissance aussi incontournable que responsable, sachant que les Européens ne pourront qu’en être reconnaissants. Malgré un Congrès du Parti communiste Chinois qui doit commencer dans quelques jours, le Premier ministre Wen Jiabao est venu à Vientiane, au ravissement des dirigeants laotiens quelque peu fébriles de vivre le premier grand sommet international organisé sur leur sol.

Avec une Asie du Sud-Est en grande partie tournée vers la Chine, du moins au niveau économique, l’ancien Empire du milieu rayonne dans son habit de « grand frère ». Le ton de la presse chinoise est triomphaliste. L’agence chinoise Xinhua se gargarise de « rôle global sans cesse en expansion de Pékin » et de « soft power chinois ». Certes, les dirigeants philippins et peut-être d’autres tenteront-ils de mettre les tensions en mers de Chine orientale et méridionale sur la table, mais Pékin semble être, cette fois-ci, en position de dicter l’ordre du jour, qu’elle souhaite focaliser sur les questions économiques et de « dialogue civilisationel ».

Coopérer avec les Européens au niveau économique pour tenter de limiter les effets de la crise est une stratégie de bon sens aux yeux de Pékin. Le réengagement américain en Asie, perceptible sous la présidence de Barack Obama inquiète la Chine. La proximité entre l’opposition birmane – peut-être appelée à diriger le pays après les élections de 2015 – et les Etats-Unis n’est pas de bon augure pour la Chine. Alors que les militaires birmans pourraient bientôt assister aux manœuvres Cobra Gold organisées par les Américains et les Thaïlandais, le gouvernement birman suspend d’énormes projets d’investissements chinois. Les Européens, assez divisés sur les questions de politique asiatique, ne sont pas en train de « s’allier » avec la Chine. Mais, hypnotisés par la montée économique du géant asiatique, ils constituent une troisième partie, moins hostile envers Pékin et, parfois, défiante vis-à-vis de Washington.


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