Le président iranien participe à Bali à un forum sur la démocratie. Son objectif : tenter de renforcer sa légitimité internationale. Avec un merci à Jakarta.
Mahmoud Ahmadinejad participe pour la première fois, les 8 et 9 novembre, au cinquième Forum de Bali sur la démocratie inauguré par le président de l’Indonésie, Susilo Bambang Yudhoyono et auquel assistent Julia Gillard (Premier ministre de l’Australie), Yingluck Shinawatra (chef du gouvernement de la Thaïlande), Hamid Karzai (président afghan), Lee Myung-bak (président sud-coréen), Recep Tayyip Erdogan (premier ministre turc) et Navi Pillay (Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme).
Cette réunion peu formelle, réservée aux Etats de l’Asie-Pacifique, est utilisée par Jakarta comme un levier pour faire la promotion d’un pays présenté comme la troisième démocratie de la planète (par le nombre, après l’Inde et les Etats-Unis), qui affiche une solide santé (plus de 6% d’expansion économique), est membre du G-20 et est le leader de l’Asie du Sud-Est.
Réélu au cours d’un vote jugé frauduleux en 2009 et faisant face à des sanctions internationales qui font de plus en plus mal, Ahmadinejad a un besoin crucial d’appuis à l’étranger. Comme l’Iran assure la présidence annuelle du Mouvement des non-alignés (120 Etats), il s’est déjà servi en août d’un sommet du Mouvement présenté par Téhéran comme «un triomphe face aux tentatives de l’Occident de l’isoler», selon Radio Netherlands. Ahmadinejad est l’un des principaux intervenants à Bali. Pourquoi le chef de l’Etat indonésien le laisse-t-il faire ?
L’Indonésie, dont l’immense majorité des 90% de musulmans sont modérés, est «partenaire stratégique» des Etats-Unis tout en entretenant de solides relations avec l’Iran. Récemment, des membres de la minorité shiite indonésienne, sur l’île de Madura, ont été contraints sous la menace d’abandonner leur foi par des membres de la majorité sunnite, rappelle le Jakarta Post, sans provoquer une réaction du gouvernement. D’un autre côté, Jakarta vient d’élire un gouverneur dont le colistier était un chrétien d’origine chinoise.
Dans un éditorial, le Jakarta Post ajoute que «les dirigeants indonésiens doivent se rappeler que les éléments fondamentaux de la démocratie ne sont pas uniquement le droit de vote et les élections mais aussi les droits de la population à l’éradication de la corruption et aux promotion et protection des droits des minorités, ainsi que l’exige la Constitution». Yudhoyono ne semble guère s’en inquiéter et continue de pratiquer le mélande des genres, ce qui permet à Ahmadinejad de se servir de Bali pour faire ses emplettes.
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