Ephémère successeur de Suharto à la tête de l’Etat, B. J. Habibie reprend du service. Mais c’est pour relancer son avion que le FMI avait fait capoter en 1998.
B. J. Habibie, 76 ans, president de l’Indonésie de mai 1998 à octobre 1999, a une passion, l’aviation. L’ancien ingénieur sorti de l’Institut de technologie de Bandoung et formé en Allemagne a signé, le 11 août, un protocole d’accord pour relancer la fabrication de son fameux bébé, le Nusantara-250 (N-250), un turbopropulseur, le premier avion de transport commercial d’Asie, présenté en juin 1997 au Bourget.
Le N-250 était une version commerciale du CN-235, avion de transport militaire fabriqué en commun par l’Indonésien IPTN (entreprise publique rebaptisée aujourd’hui PTDI) et l’Espagnol CASA. IPTN avait été fondé en 1974 par Habibie qui, au temps de Suharto, avait la haute main sur la technologie. Suharto avait même mis à sa disposition de très généreux fonds pour assembler hélicoptères, petits avions de transports et, dans la foulée, le N-250.
Mais si le N-250 a subi avec succès de premiers tests entre 1995 et 1997, il n’a jamais pu obtenir de certification internationale pour une raison bien simple : lors de la crise financière de 1997-1998, le FMI, dont le directeur était alors Michel Camdessus, a exigé que les fonds attribués au N-250 soient coupés. Le projet a été jugé fort coûteux et sa rentabilité mise en doute. Cette fois-ci, le projet est entièrement privé : la société en charge est PT Rai (Regio Aviasi Industri) dont Ilham Habibie, l’un des fils de B. J., est propriétaire à 51%, le reste des parts étant détenu par Erry Firmansuah, ancien administrateur de la bourse de Jakarta.
Pour la petite histoire, en mars 1998, en pleine crise financière asiatique, Suharto avait fait de Habibie son vice-président, sans doute parce que l’avionneur ne lui faisait guère d’ombre. Mais quand les généraux et les ministres du vieil autocrate lui ont demandé, lors des émeutes de mai, de se retirer, le vice-président n’a pas suivi son patron. Il a assuré la relève de Suharto. Ce dernier, décédé en 2008, ne lui a plus jamais adressé la parole.
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