Les ménages asiatiques ont-ils contracté trop de dettes ces dernières années ? Cela pourrait bien être le cas selon une note récente de la COFACE qui souligne une hausse générale et substantielle de l’endettement des ménages dans plusieurs pays de la région.
Les disparités sont assez importantes, allant de 112% du revenu disponible pour la Thaïlande à 194% pour la Malaisie, à comparer avec le taux de 130% des ménages américains avant la crise des « subprimes ».
Dans sa récente version de l’évaluation des risques pays, la COFACE souligne les risques croissants de crises liés à l’augmentation de l’endettement des ménages. La Malaisie, Corée du Sud, Singapour et la Thaïlande ont atteint un niveau de dette des ménages comparable à celle des États-Unis au moment de la crise des « subprimes »
Si l’essor de la consommation en Asie émergente témoigne du développement économique de la région, il est aussi lié à un accès plus facile au crédit bancaire. D’où un endettement excessif des ménages dans certains pays, susceptible de peser sur l’activité à moyen terme.
Malaisie, Corée du Sud, Singapour et Thaïlande : une dette des ménages comparable à celle des Etats-Unis au moment de la crise des « subprimes »
Les quatre pays les plus à risque : Malaisie, Corée du Sud, Singapour et Thaïlande
En 2012, le ratio de dette des ménages par rapport au revenu disponible a atteint 194% en Malaisie, 166% en Corée du Sud, 134% à Singapour et 112% en Thaïlande, alors qu’il était de l’ordre de 130% aux Etats-Unis en 2008, c’est-à-dire au commencement de la crise des «subprimes».
Il en résulte aussi un service de la dette plus élevé qu’aux Etats-Unis en 2008 et qu’en Espagne en 2012 (où il est largement responsable de la profonde récession). C’est la Corée du Sud qui domine le classement des pays à risque : la structure de sa dette présente un facteur de risque supplémentaire car la part des prêts immobiliers à taux variables y atteint 55%, contre seulement 10% aux États-Unis en 2009.
Par ailleurs, cet endettement excessif provoqué par un crédit trop dynamique risque à moyen terme de rendre les pays asiatiques plus vulnérables aux financements externes volatils et donc aux sorties de capitaux. Il peut aussi entraîner de brusques dépréciations du taux de change comme ceux observés au cours de l’été 2013.
« Les parallèles avec la situation des ménages américains au moment de la crise de 2008 ne signifient pas nécessairement qu’une crise d’une ampleur comparable est imminente en Asie émergente. Mais une modération de la consommation des ménages sera nécessaire au cours des années à venir. Pour faire face au risque que fait peser sur l’économie et le secteur bancaire l’endettement excessif des ménages, les autorités locales devront prendre des mesures préventives : des politiques monétaires plus restrictives et des règles prudentielles plus strictes»
commente Julien Marcilly, responsable risque pays de Coface.
Les secteurs clés de la reprise
Trois secteurs clés continueront de profiter pleinement dans les années à venir de l’augmentation de la consommation de la classe moyenne :
- l’automobile, grâce à la croissance de la demande asiatique ;
- les biens de consommation haut de gamme, soutenus par les préférences des Chinois pour les marques « de luxe » ;
- le tourisme grâce aux afflux massifs des voyageurs chinois dans les autres pays de la région.
Le potentiel de la croissance asiatique reste élevé, largement porté par la classe moyenne
Les économies asiatiques ont bien résisté au double choc de la crise mondiale de 2008-2009 et de celle des dettes souveraines de la zone euro, notamment grâce à une consommation dynamique de leurs ménages. Par exemple, depuis 1995 la consommation par habitant a presque triplé en Chine et a plus que doublé en Inde, illustrant le rattrapage engagé par les pays les moins avancés en la matière.
Ce rattrapage, très incomplet pour le moment, se poursuivra sur le long terme et se traduira par l’expansion de la classe moyenne en Asie. Conséquence de la croissance soutenue du PIB et des politiques publiques de soutien à la consommation, les revenus des ménages progressent. Le vieillissement démographique et l’urbanisation accélérée y contribuent également.
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