Pour un pays dont le régime a été fondé sur la base d’un mouvement de fermiers, on pourrait s’attendre à ce que le gouvernement vietnamien soit plus sensible aux questions immobilières. Si les abus et la corruption constituent un irritant persistant dans les campagnes, ils se propagent de plus en plus aux villes et touchent les classes moyennes et émergentes.
La terre a toujours été une question très sensible au Vietnam. Techniquement, l’État est propriétaire de toutes les terres, mais depuis les réformes Doi Moi et la mise en œuvre d’un système agricole contractuel au milieu des années 1980, les gens peuvent acquérir des baux.
Pourtant, toutes les terres ne sont pas égales, et le meilleur revient souvent aux autorités locales et à leurs acolytes. Les autorités locales s’approprient régulièrement des terres pour des projets de développement ou pour profiter de l’étalement urbain.
Les agriculteurs se plaignent de compensations injustes. Et même lorsque l’indemnisation correspond à la valeur marchande, la vente forcée reste irritante. Les agriculteurs ne disposent souvent pas de nouvelles compétences pour gagner leur vie.
Les réseaux sociaux ont amplifié ces cas, entraînant une augmentation du nombre de manifestations civiles.
Pour répondre aux troubles croissants, l’Assemblée nationale a récemment adopté une loi qui consolide une myriade de forces de sécurité locales existantes pour renforcer la police. RFA signalé quelque 3 500 milliards de dongs (145 millions de dollars) ont été réservés à ce qui pourrait être une force de 400 000 hommes, dotée de pouvoirs d’arrestation.
Mais la corruption et le manque de responsabilité du gouvernement dans le secteur immobilier sont également ressentis par la classe moyenne urbaine, quoique de manières très différentes.
Le marché immobilier vietnamien est en plein essor. En 2021, le secteur immobilier représentait au moins 12 % du PIB, contre 2% en 2018alimentée par la classe moyenne en plein essor du pays.
Ouvriers sur un chantier de construction à Hanoï, au Vietnam, en 2023. (Hau Dinh/AP)
Les promoteurs immobiliers se sont précipités pour développer des complexes d’appartements, des villas de luxe et des centres commerciaux. Plus ils sont politiquement connectés, moins les terrains sont chers et plus les approbations sont rapides.
En échange de ces approbations, les fonctionnaires locaux reçoivent des pots-de-vin ou des biens immobiliers. Les revenus de la vente des terres sont censés aller dans les caisses locales pour financer les services gouvernementaux, mais ils sont régulièrement détournés.
Les développeurs ont tenté de financer leurs projets via des préventes, mais cela n’a jamais suffi. À partir de 2016, les promoteurs ont commencé à se tourner vers le marché naissant des obligations d’entreprises pour lever des fonds.
Et ils l’ont fait. Pour les développeurs, il s’agissait littéralement de gagner de l’argent. NovaLand, à elle seule, a levé quelque 160 700 milliards de dongs (6,5 milliards de dollars) grâce à l’obligation…
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