Décédé le 15 octobre 2012 à son domicile parisien, le ministre des relations extérieures (1981-1984) de François Mitterrand a été, d’abord, un amoureux de l’Asie.
Les gens qui s’en souviennent encore gardent l’image d’un Cheysson « brillant » (Laurent Fabius), au cursus universitaire exceptionnel (Polytechnique, en dépit de la Deuxième guerre mondiale, l’ENA). Et au parcours tout aussi exemplaire : il a fui la France en 1943 pour s’engager dans les Forces françaises libres. Il a été en 1955 le chef de cabinet de Pierre Mendès-France, alors Président du conseil. Il a été pendant huit ans (1973-1981) un Commissaire européen chargé des pays en voie de développement et, à une époque où l’Europe a des moyens, a multiplié les programmes de développement. Enfin, il a été, dans la foulée et pendant plus de trois ans, le chef d’une diplomatie qui, il est vrai, s’élaborait avant tout à l’Elysée.
La face mal connue d’un personnage très actif, sourcilleux, a été son faible pour l’Asie, né d’un séjour à Saigon, au Vietnam du Sud, comme conseiller du gouvernement, de 1952 à 1954. Cheysson est séduit, charmé. Il en garde un souvenir ébloui. Il continue à suivre le dossier lorsqu’il rejoint le cabinet de Pierre Mendès-France en participant aux négociations de Genève. Par la suite, et surtout lorsqu’il est devenu ministre dans les cabinets de Pierre Mauroy puis de Laurent Fabius, il a resserré ses liens avec les pays d’Indochine. Son épouse, dans les années 1990, a entrepris de parrainer une ONG caritative au Cambodge.
Claude Cheysson effectuera un deuxième long séjour en Asie en tant qu’ambassadeur à Jakarta, de 1966 à 1969, dans une période bien tourmentée avec, comme entrée en matière, les massacres de gens suspectés de communisme (un demi-million de victimes) et, durant la deuxième moitié de son séjour, la remise sur pied d’une Indonésie violentée et affrontant la pénurie. Il reste l’un des rares patrons du Quai d’Orsay à avoir été asiate.
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