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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : la loi du statut

Certains membres de l’élite thaïlandaise brandissent leur richesse, leur rang social et leur influence politique pour échapper aux conséquences de leurs méfaits.

Quand l’actrice Piya Pongkulapa a été arrêtée par un policier au volant de sa voiture à Bangkok le 11 septembre à deux heures du matin, elle lui a lancé : « Je suis une célébrité. Je connais des policiers en haut lieu ». Lorsque le constable a insisté pour lui faire passer un test d’alcoolémie, la starlette a déclaré qu’elle ne le ferait que quand elle serait sobre et s’est enfermée dans sa voiture pour avaler des litres d’eau.

Quand, le 3 septembre, Vorayud Yoovidhya, 27 ans, surnommé « Boss », héritier de l’empire économique Red Bull (quatrième fortune de Thaïlande), a renversé violemment un policier à moto à cinq heures du matin, dans le centre de Bangkok, il ne s’est pas arrêté, mais a poursuivi sa route sur 200 mètres avec le policier agonisant sur le capot. Puis, il est rentré chez lui, demandant à son personnel de refuser l’accès à quiconque, même aux policiers. Quelqu’un de sa famille a contacté un lieutenant-colonel de police de sa connaissance pour lui demander de faire retomber la responsabilité de l’accident sur le chauffeur de la famille ; l’officier en question a exécuté l’ordre sans discuter.

Quand l’actrice vedette Chermarn Boonyasak a été vivement critiquée en août dernier pour avoir fraudé le fisc – elle faisait faire ses déclarations au nom d’un homme de 77 ans pour être taxée selon un barème préférentiel -, elle a placé une photo d’elle et du fils d’un haut-fonctionnaire du ministère des finances sur sa page Facebook, avec la mention : «Ne nous cherchez pas des noises».

On pourrait multiplier les exemples. Tous témoignent d’un fait socio-culturel qui imprègne la société thaïlandaise et dont profitent à plein certaines « élites » : la puissance du système de patronage, la loi du « qui connait qui ». Quand un membre de ces cercles de la haute société est confronté à un problème grave, le réflexe est souvent de brandir son statut à la face du monde, sur l’air de «savez-vous à qui vous parlez ?».

Le fait que dans ces trois exemples, la réaction de la grande majorité de la population thaïlandaise a été l’indignation montre que ces comportements sont de moins en moins supportés ; l’intérêt des médias pour ces frasques des riches et des puissants joue un rôle crucial dans la prise de conscience du caractère odieux du système deux poids deux mesures dans une société qui se dit démocratique.

Le fonctionnement de l’appareil judiciaire n’est toutefois pas en phase avec cette évolution rapide de la société : les fils de nantis sont le plus souvent libérés sous caution quelle que soit la gravité de leur crime et, quand ils sont condamnés, ils s’en sortent régulièrement avec des peines qui semblent dérisoires par rapport aux méfaits. Ainsi, Orachorn Thephasadin na Ayutthaya, une jeune fille de très bonne famille, âgée de seize ans et roulant sans permis, avait, en 2010, jeté en contrebas de la voie express une camionnette, provoquant la mort de neuf personnes. Elle a été récemment condamnée à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de conduire jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de 25 ans. Dès après le verdict, qui a provoqué la détresse des familles des victimes, la jeune fille a été envoyée par sa famille pour étudier à l’étranger. Une photo prise immédiatement après l’accident meurtrier avait provoqué la colère de nombreux Thaïlandais : elle la montrait en train d’envoyer des texto sur son téléphone portable avec une attitude apparemment nonchalante.

Les sans-grades, les sans-nom et les sans-fortune subissent eux le poids de la justice dans toute sa rigueur : pas de libération sous caution, pas de sursis, pas de « compréhension » de la part des juges. Cette mentalité de l’exception faite aux privilégiés se retrouve souvent au plus haut niveau du gouvernement. Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Surapong Tokvichakchaikul s’est ainsi vu réprimandé par l’Ombudsman pour avoir, en contradiction avec la réglementation du ministère, restitué son passeport à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, lequel s’était enfui du pays peu avant sa condamnation à deux ans de prison pour corruption en 2008. Le ministre a simplement rétorqué, sans aucun égard pour les arguments détaillés de l’Ombudsman, qu’il n’avait aucun tort mais qu’on essayait de le faire passer pour coupable. Or le système démocratique et la philosophie d’égalité qui le sous-tend ne sont validés que par leur application aux cas extrêmes, car cette idéologie est née, justement, d’une longue et rude lutte contre les inégalités : appliquer exclusivement les lois à l’encontre des plus faibles a toujours été l’apanage des sociétés à mentalité féodale. Mais la Thaïlande est loin d’être le seul pays de la région à faire preuve de favoritisme envers les privilégiés ; d’autres, comme le Cambodge, présente une situation bien plus consternante.

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Asie Indonésie Politique

L’Ambassade de France en Indonésie fermée par précaution

Après la publication d’une caricature de Mahomet par Charlie Hebdo, le Quai d’Orsay a décidé la fermeture d’une vingtaine d’ambassades.

Interviewé sur France Info, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué que des « précautions de sécurité particulières » ont été prises pour protéger les ambassades françaises, après la publication par Charlie-Hebdo de caricatures du prophète Mahomet en couverture de son dernier numéro. Le cartoon représente un juif orthodoxe poussant Mahomet dans une chaise roulante sous le titre « Intouchables 2 », en référence au film français qui a obtenu un succès international. Une vague de manifestations violentes a eu lieu contre des ambassades et des établissements américains, principalement dans des pays musulmans, après la mise en ligne d’une version arabe du film « L’innocence des musulmans », ridiculisant Mahomet.

Un responsable du Quai d’Orsay a précisé que les ambassades françaises seraient fermées vendredi 21 septembre dans une vingtaine de pays musulmans, car des manifestations sont considérées possibles lors de la prière musulmane qui a lieu ce jour-là. Un chargé d’affaires à l’ambassade de France à Jakarta avait déjà indiqué que l’ambassade serait fermée le 21 septembre. «Toutes les autres implantations françaises, y compris les écoles, seront fermées jeudi 20 et vendredi 21 septembre », a ajouté ce chargé d’affaires. De violentes manifestations ont eu lieu ces derniers jours devant l’ambassade américaine à Jakarta et le consulat américain à Médan (Sumatra).

Le responsable du Quai d’Orsay a toutefois précisé qu’il « n’y avait pas de menace avérée sur un quelconque établissement », mais qu’il s’agissait de « prendre les devants » et « qu’on adaptera ensuite les mesures à l’évolution de la situation ».

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Thaïlande

Amélioration sur le front des inondations en Thaïlande

Niveau de l’eau stabilisé à Sukhothai, situation sous contrôle à Ayutthaya : le front des inondations recule.

Du fait du plus faible volume d’eau dévalant du nord du pays par le réseau fluvial, le niveau d’eau ne montait plus le 18 septembre à Sukhothai, une ville victime de deux vagues soudaines d’inondations ces dix derniers jours. Selon le quotidien Bangkok Post, le niveau maximal des eaux dans le centre-ville était de 30 centimètres – le centre se trouve à quinze kilomètres de l’ancienne capitale royale du Siam. La situation s’améliorait aussi pour les provinces riveraines du fleuve Chao Phraya, notamment celle d’Ayutthaya, affectée l’an dernier par la montée des eaux pendant plus d’un mois. Seuls six villages en bordure du fleuve étaient touchés dans cette province.

Plus au nord, dans la province de Lampang, le district de Thoen, situé le long du fleuve Yom, restait fortement affecté, l’eau atteignant un mètre de hauteur par endroit. Une petite partie de la route reliant Lampang et Tak était aussi sous l’eau. Au sud-est, des inondations-éclairs ont touché plusieurs communautés près de la frontière cambodgienne, notamment la ville d’Aranyaprathet, face au point de passage frontalier de Poipet.

Quant à la capitale, Bangkok, le gouverneur Sukhumband Paribatra a estimé que la situation était sous contrôle, concédant que seuls quelques rues et quartiers étaient touchés par les inondations à cause du temps important nécessaire au drainage.

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Politique Thaïlande

Violences de 2010 en Thaïlande : militaires et Chemises noires renvoyées dos à dos

La Commission Vérité et Réconciliation a rendu public son rapport final sur les manifestations anti-gouvernementales d’avril et de mai 2010 à Bangkok, lors desquelles au moins 92 personnes ont péri.

Ce rapport de près de 400 pages blâme à la fois le gouvernement de l’époque, les militaires, les manifestants Chemises rouges ainsi qu’un mystérieux mouvement armé, les Chemises noires, pour les morts de 2010. Somchai Omla-Or, membre de la Commission, a indiqué, lors d’une conférence de presse le 17 septembre que le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva – en place durant les manifestations – n’avait pas su «contrôler l’utilisation d’armes de guerre par les militaires». Concernant l’assassinat du général Khatiya Sawasdiphol, un «conseiller militaire» des Chemises rouges, le 13 mai 2010, le rapport affirme que la balle fatale a été tirée d’une «zone contrôlée par les militaires».

L’un des passages les plus sensibles du rapport concerne la tuerie du temple Wat Pathum Wanaram, le 19 mai 2010, lors de laquelle six personnes ont été tuées devant le temple (qui avait été désigné comme «sanctuaire») ou dans son enceinte. Le document de la Commission affirme que des échanges de tirs entre Chemises noires en position à l’intérieur du temple et militaires postés dans le viaduc du métro aérien ont eu lieu, tout en ajoutant que les six personnes tuées l’ont été par des tirs provenant des positions militaires.

Le rapport s’étend sur le rôle des Chemises noires, dont il ne parvient pourtant pas à déterminer clairement l’identité. Ceux-ci ont bénéficié, selon les recherches de la Commission, de l’appui des gardes Chemises rouges du général Khatiya. D’après le rapport, ces Chemises noires, qui apparaissent sur plusieurs photos et vidéos, sont responsables de la mort de neuf personnes, dont plusieurs officiers militaires lors de l’accrochage du carrefour de Khok Wua, le 10 avril 2010, près de Khao San Road.

Selon le quotidien Bangkok Post, Kwanravee Wangudom, la représentante du People Information Centre, un groupe de la société civile qui a effectué ses propres recherches sur les «événements», a considéré le rapport comme «ambigu», car il n’assigne pas de responsabilité précise pour les actes criminels.

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Asie Indonésie Malaisie Philippines Politique Thaïlande

Le film controversé sur l’islam fait quelques vagues en Asie du Sud-Est

Manifestations, fermeture d’ambassades et interventions de Google Inc… L’impact de «L’innocence des musulmans» commence à se faire sentir dans la région.

Les manifestations de musulmans en colère se sont poursuivies le 17 septembre devant l’ambassade des Etats-Unis à Jakarta, où plusieurs dizaines de membres du Front de défense de l’islam, une organisation radicale, et des étudiants ont lancé des cocktails molotov contre des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes. Google Inc, la firme qui possède le site YouTube, où le film controversé est visible, a retiré la vidéo du site en Indonésie et en Malaisie, mais l’existence de multiples versions postées par des internautes rend difficile un blocage total de l’accès. Alors que le ministère indonésien de l’information et de la communication fait preuve de compréhension en disant apprécier la coopération de Google, le ton était nettement moins amène en Malaisie où le ministre de l’information et de la communication Rais Yatim déclarait que «le propriétaire de YouTube ne mérite pas d’être épargné par la colère des musulmans ou le long bras de la loi».

Une autre manifestation a rassemblé 300 musulmans dans la ville de Marawi, dans la région de Mindanao, au sud des Philippines, où vivent de nombreux musulmans. Les manifestants ont brûlé des drapeaux américains, mais ne s’en sont pas pris aux intérêts des Etats-Unis dans la région où sont stationnés des petits contingents de militaires américains impliqués dans la formation anti-terroriste. La principale organisation insurrectionnelle musulmane des Philippines, le Front de Libération Islamique Moro, basé à Mindano, a rejeté les appels d’Al Qaeda à attaquer des cibles américaines. Ghazali Jaafar, le leader politique de l’organisation qui observe actuellement un cessez-le-feu, a déclaré qu’on «ne vivait pas au Moyen-Age et que les lois devaient être suivies».

Le gouvernement des Philippines, archipel où la majorité de la population est catholique, a indiqué qu’il ne demanderait pas à Google Inc de bloquer l’accès au film controversé dans le pays. Une manifestation doit aussi se tenir dans la capitale de Thaïlande, Bangkok, le 18 septembre face à l’ambassade américaine, rue Wireless, à la mi-journée. L’ambassade sera fermée à partir de midi.

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Thaïlande

Inondations en Thaïlande : Koh Chang et Sukhothai affectés

Les inondations continuent de s’étendre. La ville de Sukhothai est touchée pour la seconde fois en quelques jours. L’île de Koh Chang est victime d’inondations-éclair.

Six jours après avoir été touchée une première fois par la montée des eaux, la ville de Sukhothai, située à une quinzaine de kilomètres de l’ancienne capitale royale, a de nouveau été victime des inondations le 15 septembre au soir quand la poussée des eaux a créé une brèche dans les barrières de sacs de sable protégeant l’agglomération. Le gouverneur de la province a demandé aux habitants d’évacuer d’urgence. Le 16 septembre en fin de matinée, le quartier central de la ville était sous 30 à 50 centimètres d’eau.

Le 16 septembre, selon le site du Bangkok Post, de très fortes pluies ont provoqué le dévalement de masses considérables d’eau des montagnes de l’intérieur de l’île de Koh Chang, dans l’est du pays, non loin de la frontière du Cambodge, vers les périmètres habités sur le pourtour de cette île, la deuxième la plus grande du pays après Phuket et un lieu important de tourisme. La route longeant Haat Sai Khao, la plage la plus grande et la plus fréquentée, s’est retrouvée sous 30 à 50 centimètres d’eau. Le quartier de Ban Kai Bae, où se trouvent plusieurs hôtels de grand luxe, a été particulièrement affecté avec un niveau d’un mètre vingt d’eau sur l’avenue Ramayana. Six chutes d’eau ont été fermées aux touristes à cause des courants trop forts. Lors de son émission télévisée «Rencontre avec le peuple» le 16 septembre, la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra a indiqué que la gestion des inondations cette année était plus satisfaisante que l’an passé et que la réponse du gouvernement était plus effective.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : vents du Sud

Plusieurs événements récents peuvent donner l’impression que les choses bougent concernant le sud à majorité musulmane, mais ces mouvements restent superficiels.

Entre 1961 et l’accord de «Good Friday» en 1998, le conflit entre nationalistes et unionistes en Irlande du Nord a provoqué la mort de 3.500 personnes lors d’attentats en série et de campagnes féroces de répression, devenant le dossier prioritaire pour tous les Premiers ministres britanniques de cette période. Entre 2004 et 2012, le conflit entre les séparatistes malais musulmans du Sud thaïlandais et l’Etat central a causé la mort de 5.200 victimes de part et d’autre, lors d’embuscades, de décapitations, d’attentats à la bombe ou de raids meurtriers par des paramilitaires sur des mosquées. Si l’on s’en tient à une arithmétique macabre, le conflit du Sud thaïlandais est sept fois plus meurtrier en moyenne annuelle que n’a été celui d’Ulster. Lors d’un récent colloque, Duncan McCargo, professeur à l’université de Leeds et auteur de plusieurs ouvrages sur les trois provinces du sud du royaume, a expliqué que les troubles de Pattani, Yala et Narathiwat constituent le conflit le plus meurtrier à l’heure actuelle après ceux d’Irak et d’Afghanistan. Et pourtant, la situation du Sud profond n’éveille presqu’aucun intérêt international, si ce n’est une visite occasionnelle d’une délégation de l’Organisation du Conseil Islamique (OCI) ou de la Ligue arabe.

Plus incompréhensible encore : elle semble reléguée au dernier rang des préoccupations du gouvernement thaïlandais actuel. Depuis quatorze mois qu’elle a accédé au pouvoir, la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra ne s’est rendue qu’à deux occasions dans le Sud – les deux fois pour une seule journée. Cette absence de politique gouvernementale sur un problème crucial pour le royaume n’est pas dans la lignée de l’attitude des gouvernements précédents. Tous les gouvernements, depuis le coup d’Etat de septembre 2006, ont tenté, tant bien que mal, de chercher une solution au conflit inextricable qui a enflammé de nouveau, en 2004, les vieilles tensions entre l’Etat central et les populations locales. Le général Surayudh Chulanont, Premier ministre nommé par les putschistes, avait reconnu «l’injustice historique» faite par l’Etat central aux Malais musulmans du Sud et rétabli certains des organes – notamment le Southern Border Provincial Areas Council ou SBPAC – abolis par Thaksin Shinawatra (le Premier ministre renversé par le Coup). Abhisit Vejjajiva, chef du gouvernement de décembre 2008 à juillet 2011, s’était concentré sur le développement économique de la région et sur une meilleure application de la justice. Quant à Yingluck Shinawatra, on serait bien en mal de définir sa politique pour le Sud, au-delà de références à «l’approche adoptée par le roi de Thaïlande» et de la carte blanche laissée à l’armée.

C’est dans ce contexte que sont intervenus, coup sur coup, deux petits événements, au début de septembre. Le 7, l’imprévisible vice-Premier ministre Chalerm Yoobamrung a soudainement lancé l’idée d’instaurer un système électif pour les gouverneurs des trois provinces, dérogeant ainsi au rigide système bureaucratique selon lequel le ministre de l’intérieur désigne les gouverneurs. Trois jours après, 93 «séparatistes» se rendaient lors d’une cérémonie officielle à Narathiwat présidée par le général Udomchai Thammasarorach, ayant découvert que leurs objectifs «étaient trop ambitieux» et manifestant la volonté «d’obtenir un travail et de mener une vie paisible». Ce type de reddition est un processus employé à plusieurs reprises par l’armée dans le passé pour mettre un terme à des insurrections, qu’il s’agisse de la rébellion du Parti communiste thaïlandais éteinte au début des années 80 ou du mouvement séparatiste du Sud.

Outre le fait qu’il porte sur un nombre très limité de personnes dont le rôle dans l’insurrection n’est pas clair, ce processus est purement pragmatique : les insurgés déposent les armes et obtiennent une certaine forme de pardon pour leurs crimes. La question de fond – la revendication politique, identitaire et culturelle des Malais musulmans du Sud, produit de décennies de marginalisation par Bangkok – est ignorée. Pourtant, des propositions existent pour engager un processus de résolution du conflit : statut administratif spécial, décentralisation, reconnaissance des droits culturels, promotion du jawi (la langue locale, issue du malais mais écrite avec l’alphabet arabe) comme langue officielle parallèlement avec le thaï… Un processus qui, certes, est complexe et prendra du temps à aboutir, mais, comme à Belfast, à Atjeh ou à Mindanao, il faut bien commencer quelque part.

La proposition de Chalerm va dans le bon sens, mais elle semble formulée d’une manière improvisée, sans même que les autres membres du gouvernement ou du parti gouvernemental Peua Thai aient été consultés, comme un ballon d’essai lancé sur un coup de tête. En tous les cas, l’élection des gouverneurs n’est pas une recette miracle et ne peut-être, au mieux, qu’un élément d’une réforme plus vaste. Il n’est pas à écarter non plus que les rivalités entre politiciens du Peua Thai et militaires expliquent en partie ces coups d’éclat. Engager un processus pour s’attaquer efficacement au «problème du Sud» nécessite un nouvel état d’esprit de la part des autorités de Bangkok. Celui-ci n’est pas encore apparu.

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Birmanie

Les écologistes de Birmanie font grise mine

Un projet sino-birman de mine de cuivre dans le nord de la Birmanie a provoqué des manifestations des habitants des environs, épaulés par des environnementalistes.

La mine de cuivre est située dans la chaîne de montagnes de Letpadaung, à 24 kilomètres à l’est de Monywa, principale ville de la division de Sagaing, dans le nord de la Birmanie. Pour l’exploiter, le conglomérat militaire birman Myanmar Economics Holding Ltd s’est allié à la firme chinoise Wan Bao Mining. Selon le magazine online Irrawaddy, les habitants des villages alentour sont mobilisés depuis un mois et demi contre le projet, non seulement à cause des risques environnementaux qu’il présente, mais aussi parce qu’il a d’ores et déjà conduit à des confiscations de terrains. Une unité anti-émeute de la police a été dépêchée sur place après que des villageois eurent bloqué le passage de bulldozers pour stopper les travaux. Une douzaine de personnes ont été arrêtées et trois femmes sont toujours en détention. L’affaire a désormais un retentissement national et des militants des droits de l’Homme et de protection de l’environnement sont venus prêter main forte aux protestataires.

Le 11 septembre, une marche pour demander la libération des trois détenues a rassemblé 1.500 personnes à Monywa dont une vingtaine d’étudiants venus de Mandalay. Le lendemain, toujours selon le site Irrawaddy, 300 habitants de douze villages proches de l’emplacement de la future mine ont organisé un rassemblement pour demander l’annulation du projet. Des membres du groupe Generation 88 sont venus les soutenir, notamment Jimmy l’un des leaders de ce mouvement ayant manifesté en 1988 contre les militaires au pouvoir. Les villageois se sont entretenus avec le « chief minister » de la division de Sagaing, Thar Aye, qui a promis de relâcher les trois détenues, mais en respectant la procédure légale. En revanche, il a dit n’avoir pas l’autorité pour décider de l’annulation du projet de mine de cuivre et a suggéré aux protestataires de contacter le gouvernement à Naypyidaw. Le même jour, une députée locale de la Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi est venue discuter avec les protestataires.

En septembre 2011, le gouvernement birman, sous pression de la population locale et à cause des risques pour l’environnement, avait suspendu le projet de barrage-réservoir de Myintsone, situé dans l’Etat kachin dans le nord-est du pays et dont l’investisseur principal est la firme chinoise China Power Investment Corporation. C’était la première fois que le pouvoir birman, alors au début de sa phase de transition, donnait favorablement suite à une demande exprimée par la population.