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Birmanie Politique

Voie libre pour les quotidiens privés en Birmanie

Le nouveau ministre birman de l’information a annoncé que des quotidiens privés vont pouvoir être publiés à partir du début 2013.

Durant des décennies l’austère New Light of Myanmar a été la voix quotidienne, en anglais, de la propagande de la junte de Birmanie. Avec ses titres de Une dignes de la Pravda – comme « Le ministre de l’Industrie N°2 et les dignitaires de sa délégation ont visité l’usine textile de Mawlamyine-Ouest [Moulmein] » – et sa typographie début du XXe siècle, le journal et ses équivalents en birman ont donné le ton de la couverture médiatique des années de dictature. Si l’on en croit le nouveau ministre de l’Information, Aung Kyi, considéré comme un réformateur, des concurrents privés, en anglais et en birman, vont pouvoir faire leur apparition à partir du début de 2013, écrit le Myanmar Times. Si l’on se réfère à l’explosion du nombre des magazines et des hebdomadaires depuis le début de 2011, la presse quotidienne devrait donc passer à la vitesse supérieure dans les prochains mois.

Le départ du ministre précédent, Kyaw Hsan, lors du remaniement de la fin août, a clairement apaisé les tensions entre le gouvernement et les journalistes. Kyaw Hsan, un partisan de la ligne dure, avait ordonné fin juillet la suspension de deux hebdomadaires parce qu’ils n’avaient pas soumis certains articles à la censure préalable. Cette censure a été abolie fin août. La floraison des nouveaux titres quotidiens et périodiques sera à terme encadrée par une nouvelle loi sur la presse en train d’être étudiée par le Parlement. Aung Kyi, le ministre de l’information, souhaite consulter des journalistes et des experts pour affiner le projet de loi, lequel ne sera donc pas adopté dans l’immédiat.

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Birmanie Politique

Les bonzes de Birmanie défilent contre les Rohingyas

Plusieurs centaines de bonzes ont défilé à Mandalay pour manifester leur soutien à la politique du président Thein Sein envers les Rohingyas.

Les longues colonnes bien ordonnées de bonzes en robe rouge foncé rappellent la « révolution safran » de septembre 2007, lorsque les moines bouddhiques de Birmanie avaient courageusement manifesté contre le régime militaire, avant d’être durement réprimés. Mais, le 2 septembre, les moines ont manifesté pour demander l’exclusion de la communauté nationale des Rohingyas, les musulmans vivant dans l’Etat Rakhine, secoué depuis juin par des violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait officiellement 90 morts. Selon un des leaders du cortège, les manifestations devraient se poursuivre pendant plusieurs jours et visent à soutenir la politique du président Thein Sein. Celui-ci avait indiqué sur son site internet officiel en juillet que les Rohingyas devaient être déportés ou regroupés dans des camps en attendant qu’un pays tiers les accepte, mais qu’il était « impossible d’accepter les Rohingyas entrés illégalement dans le pays, car ils ne constituent pas une des ethnies du Myanmar (Birmanie) ».

Les Rohingyas sont privés de nombreux droits et ne peuvent pas accéder à la nationalité birmane, bien qu’ils aient souvent vécu dans l’Etat Rakhine depuis plusieurs générations. Lors de la manifestation de Mandalay, certaines pancartes dénonçaient l’envoyé spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme Tomas Ojea Quintana, accusé d’avoir des « préjugés favorables envers les Rohingyas ». L’organisation des droits de l’Homme Human Rights Watch a accusé dans un récent rapport les militaires birmans d’avoir fait feu sur les Rohingyas durant les violences dans l’Etat Rakhine en juin. Sous les pressions, le gouvernement birman a ouvert une enquête en août sur les affrontements.

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Analyse Politique Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les snipers à la barre

Bien qu’énervés, les militaires de Thaïlande se voient obligés d’expliquer leur rôle dans la répression sanglante des manifestations d’avril-mai 2010 à Bangkok.

L’image est peut-être symbolique d’une évolution au sein de la société thaïlandaise quant aux devoirs et responsabilités des forces armées. Le 29 août, deux militaires, qui avaient joué le rôle de tireurs d’élite lors de la répression contre les manifestations des Chemises rouges en avril-mai 2010, sont arrivés, avec l’air penaud de garnements pris en faute, dans les locaux du Département des enquêtes spéciales (DSI) pour apporter leur témoignage dans le cadre de l’enquête sur les 91 personnes tuées pendant cette période. Un clip vidéo où on pouvait voir les deux hommes utiliser un M-16 pourvu d’une lunette de visée durant les manifestations avait été diffusé à maintes reprises les jours précédents. Le couple de snipers avait même eu l’honneur de faire la couverture du Matichon hebdomadaire.

Les obstacles à une véritable responsabilité citoyenne de l’armée thaïlandaise restent toutefois importants. Les propos du chef de l’armée de terre, le général Prayuth Chan-Ocha, après la comparution des tireurs d’élite en témoignent. Le général s’est dit « ennuyé » de cet intérêt subit des médias et de la population pour les faits et gestes des hommes en uniforme. Il a ajouté, dans ce qui pourrait presque ressembler à une menace : « Si les soldats avaient voulu blesser les gens, ils auraient fait feu de la ligne de front et beaucoup seraient morts ». Autrement dit : « Estimez-vous chanceux ! ». Je ne peux m’empêcher de comparer cette tirade aux propos qu’avaient tenus un jeune officier alors que je faisais mes classes dans un régiment près de Paris, lors du service national. Celui-ci avait dit : « Si on vous donnait l’ordre de tirer sur une foule de manifestants désarmés, j’espère qu’en votre âme et conscience vous décideriez de refuser d’obéir ». La France a fait du chemin depuis qu’un jeune Corse désoeuvré du nom de Bonaparte s’est fait un nom en ordonnant aux cannoniers, le 5 octobre 1795, de faire feu sur des manifestants armés de quelques fusils et réfugiés dans l’église Saint Roch.

Les derniers signes que l’on peut voir en Thaïlande sont encourageants : l’armée est mise au pied du mur, poussée à faire face à ses responsabilités. Le public n’avale plus les sempiternelles excuses du « devoir accompli » et de « la protection de la sécurité nationale ». Sans que l’on connaisse les raisons véritables, le Département des enquêtes spéciales mène une campagne acharnée pour faire la lumière sur le rôle des militaires lors des manifestations d’avril-mai 2010. Après les massacres d’octobre 1973, d’octobre 1976 et de mai 1992, les chefs militaires s’en étaient sortis à bon compte et avaient pu passer une retraite paisible en continuant d’occuper des sièges dans les Conseils d’administration de nombreuses grandes entreprises. Jamais une procédure judicaire n’avait été engagée à leur encontre. Cette fois-ci, la ténacité de quelques parents des victimes, comme Phayao Akkahad, la mère d’une aide-soignante tuée le 19 mai 2010, un contexte politique favorable et l’érosion lente de la peur entretenue par les militaires ont débouché sur des progrès notables. Les chefs de l’armée sont désormais obligés de se justifier, de se battre pied à pied pour préserver leur Etat dans l’Etat (contrôle des médias, impunité juridique) sans se rendre compte que celui-ci a déjà commencé à tomber en pièces. Le mythe selon lequel la sécurité nationale et la démocratie – donc la soumission de l’appareil militaire au pouvoir civil – sont incompatibles ne fonctionne plus.

Il faudra encore, toutefois, beaucoup d’efforts pour changer la mentalité des militaires – une mentalité inculquée dans les écoles militaires préparatoires où l’on imprime dans les esprits des jeunes cadets l’idée selon laquelle ils sont les « élus de la Nation » et qu’ils constituent le recours ultime pour « protéger la monarchie ». Pour l’anecdote, les deux snipers ont expliqué, durant leur témoignage au bureau du DSI, qu’ils n’avaient tué personne, car ils s’étaient limités à tirer des balles en caoutchouc.

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Société Thaïlande

La Thaïlande bat le record du monde de massages

641 masseuses thaïlandaises ont pratiqué leur art simultanément, battant le record du Guinness book.

C’est un court moment pour les masseuses thaïlandaises, mais c’est un grand pas pour le massage de l’humanité. 641 masseuses du royaume ont ouvert le 30 août la Medical Expo 2012, qui se tient à Bangkok, en battant le record de massage simultané détenu jusqu’à présent par l’Australie. Après le signal de départ donné par la première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, les petites mains se sont mises à palper, pressurer et masser pendant douze minutes, reléguant aux oubliettes le record établi précédemment en Australie pour le Guinness Book of World Record (263 masseuses pendant cinq minutes).

Les organisateurs de l’événement espéraient 800 masseuses, mais seulement 641 se sont présentées avec un compagnon ou une compagne en guise de client. L’art du massage traditionnel est pratiqué depuis plusieurs siècles en Thaïlande et s’appuie sur la connaissance des « méridiens nerveux » du corps humain. De très nombreux étrangers en apprennent les rudiments dans divers centres du pays, dont le plus célèbre est l’école de massage traditionnel de Wat Po, près du temple du même nom à Bangkok.

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Société Thaïlande

Un député de Thaïlande explique l’attraction pour les maris farang

Sunai Julphongsathorn, un député du parti Peua Thaï, déclenche une controverse en prononçant un discours sur l’intérêt de se marier avec un Occidental.

Son discours, le 19 août, devant une assemblée d’un millier de Chemises rouges (adversaires de l’establishment traditionnel) dans la province de Samut Prakarn, est au centre d’une de ces tempêtes qui soufflent de temps à autre sur l’internet, balayant les réseaux sociaux et faisant s’agiter frénétiquement les souris et crépiter les claviers. Sunai Julphongsathorn, député du parti gouvernemental Peua Thaï et président de la Commission parlementaire des Affaires étrangères, a créé la controverse en expliquant pourquoi, selon lui, les femmes pauvres des campagnes thaïlandaises se mariaient à des farangs (Occidentaux), indiquant notamment que « les gouvernements européens vous donnent tout gratuitement » (à travers le système d’assistance sociale) et « vous paient pour apprendre leur langue ».

Ces propos ont été repris par le site anglophone www.coconutsbangkok.com et apparemment tirés de leur contexte, ce qui a occasionné la polémique. Selon le site Bangkok Pundit, qui analyse dans le détail le discours du parlementaire, le principal argument de son intervention est de mettre en relief la faiblesse de la politique gouvernementale thaïlandaise en matière d’assistance sociale et, par comparaison, l’excellent système européen dans ce domaine. Toutefois, Sunai semble avoir quelque peu dérapé en indiquant qu’apprendre une langue européenne avec un mari farang était facile car on apprenait « dans une position couchée » et qu’on se réveillait (supposément après la leçon) « en étant enceinte », alors qu’apprendre en position assise est beaucoup plus difficile. Après l’avalanche de critiques, Sunai a dit qu’il n’avait jamais eu l’intention d’insulter les femmes thaïlandaises.

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Birmanie Politique

La Birmanie allège sa liste noire

Le gouvernement civil de Birmanie a retiré 2.000 noms de sa liste noire, sur laquelle il reste environ 4.000 interdits de séjour.

Un article de trois paragraphes à la dernière page du quotidien New Light of Myanmar du 28 août a annoncé la nouvelle : environ 2.000 noms ont été retirés de la mystérieuse liste noire, précisant qu’il y restait toutefois quelque 4.000 indésirables. C’est donc un geste limité du gouvernement civil du président Thein Sein, qui s’inscrit dans la logique de son appel au retour des exilés.

Des milliers de Birmans – fonctionnaires, membres des professions libérales ou journalistes – avaient quitté leur pays dans les années 1980 sous l’emprise de fer du régime militaire, idiosyncratique et corrompu de Ne Win. Après la grande révolte de l’été 1988, des milliers d’autres, pour la plupart des étudiants qui avaient participé aux manifestations, avaient aussi pris le chemin de l’exil pour échapper à la terrible répression qui avait suivi le coup d’Etat du 18 septembre de cette année-là. Placés sur la liste noire, ils ne pouvaient remettre le pied sur le sol birman sous peine d’être incarcéré.

Le contenu exact de cette liste noire n’est pas connu, mais on sait qu’il y figure aussi des étrangers, comme par exemple certains journalistes ainsi que l’actrice malaisienne Michelle Yeoh, laquelle a interprété le rôle de l’opposante Aung San Suu Kyi dans le film « The Lady » de Luc Besson. Chacun semble donc devoir vérifier par lui-même s’il y figure ou non. Cette levée partielle des interdictions de séjour pourrait inciter certains Birmans exilés à rentrer au pays à un moment où celui-ci a plus besoin que jamais de ses ressources humaines. Le départ des exilés sous le régime militaire avait en effet privé la Birmanie de ses forces vives et aggravé son enlisement économique.

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Politique Thaïlande

Thaïlande : tensions entre le gouvernement et l’armée

Le transfert de trois généraux, occupant de hautes fonctions au ministère de la Défense, témoigne d’un bras de fer  autour du prochain remaniement de la direction des forces armées.

En surface, c’est un simple conflit entre le ministre de la Défense de la Thaïlande et un haut fonctionnaire du ministère à propos d’une nomination. Derrière, il s’agit de la question fondamentale du pouvoir politique des militaires, dans un pays où, sous couvert de « sécurité nationale », les hommes en uniforme s’arrogent des droits très étendus et sans commune mesure avec ceux dont ils jouissent sous un régime démocratique. Le général d’aviation Sukumpol Suwanatat, ministre de la Défense, a transféré le 27 août trois hauts responsables du ministère à des postes subalternes, après que l’un d’entre eux – le général Sathian Phoemthongin – se soit publiquement opposé au choix du ministre pour son remplacement. Non seulement ce général a sollicité par voie de presse la cheffe de gouvernement Yingluck Shinawatra pour qu’elle bloque le nominé du ministre pour le poste de secrétaire permanent du ministère (l’équivalent d’un secrétaire général en France) mais, parallèlement, il a aussi transmis une plainte écrite à deux conseillers privés du roi, les anciens premiers ministres (et ex-chefs de l’armée de terre) Prem Tinsulanonda et Surayudh Chulanont.

La question qui se pose est de savoir pour qui roule l’audacieux Sathian ? Selon le quotidien The Nation, le ministre Sukumpol est un homme-lige de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, lequel s’est exilé en 2008 quelques mois avant d’être condamné par la Cour suprême pour abus de pouvoir. Il lui aurait même rendu visite récemment pour recueillir ses instructions. Les ennemis les plus tenaces de Thaksin sont clairement identifiés : le chef de l’armée Prayuth Chan-Ocha et les leaders du parti Démocrate d’opposition. Peut-on dès lors en conclure que le général Prayuth soit derrière la rébellion de Sathian ? The Nation semble hésiter à franchir ce pas, alors même que Sathian a déclaré, en apprenant son transfert : « Les chefs des forces armées vont connaître le même sort que moi ». Le remaniement annuel de la direction  des forces armées, annoncé officiellement le 1er octobre prochain, est en train de se jouer. Sans que l’on puisse déchiffrer précisément les manœuvres des uns et des autres, il est clair que, cette année, un bras de fer se joue dans ce cadre entre le « clan Thaksin » et le général Prayuth, un des piliers au sein du camp des adversaires de l’ancien premier ministre déchu, renversé par un coup d’Etat en septembre 2006 et dont la sœur cadette, Yingluck, dirige actuellement le gouvernement.

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Cambodge Politique Thaïlande

Musulmans du Cambodge : RAS selon la diplomatie thaïlandaise

Le gouvernement thaïlandais tente d’atténuer les récents propos du chef de l’armée sur l’implication de Cambodgiens musulmans dans l’insurrection séparatiste dans le Sud de la Thaïlande.

C’était une de ces déclarations maladroites dont le bouillant général Prayuth Chan-Ocha, chef de l’armée de terre de Thaïlande, est coutumier. Il avait déclaré, le 21 août, qu’il pensait que des Cambodgiens musulmans étaient impliqués dans l’insurrection séparatiste qui secoue le Sud à majorité musulmane de la Thaïlande. La preuve avancée par l’officier était plutôt légère : « Nous savons que tous les Cambodgiens qui arrivent en Thaïlande ne rentrent pas au Cambodge ». Le ministère des Affaires étrangères du Cambodge avait réagi rapidement en protestant contre ces propos. Et le chef de la diplomatie thaïlandaise, Surapong Tovichakchaikul a, comme souvent, été obligé de recoller les morceaux, en niant que le gouvernement de Bangkok soupçonnait les voyageurs cambodgiens musulmans de participation à l’insurrection. Pour la plupart, a-t-il dit, ceux-ci traversent la Thaïlande et passent la frontière sud du pays pour se rendre en Malaisie, soit pour y travailler, soit pour visiter des parents qui y travaillent.

Du simple bon sens, mais qui a échappé au plus brillant des militaires de Thaïlande. Les accusations d’implication de musulmans étrangers dans l’insurrection séparatiste ne sont pas nouvelles. Les Chams du Cambodge et les Atjehnais d’Indonésie ont longtemps étaient des cibles favorites. Après la résurgence de l’insurrection en 2004, le général Kitti Rattanachaya, un ancien commandant de la 4ème armée en charge du Sud, faisait aussi les gros titres de la presse par ses déclarations sur les liens entre la Jemaah Islamiya (le réseau terroriste basé en Indonésie) et les insurgés Malais musulmans du Sud. La plupart des analystes du conflit insistent néanmoins sur le caractère très peu internationalisé de la rébellion.