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Kill the Bill, le mot d’ordre des manifestants thaïlandais

Les opposants à la loi d’amnistie sont rassemblés à Bangkok à l’appel du Parti Démocrate. Les manifestants demandent le retrait de cette loi, car elle pourrait ouvrir la voie au retour de Thaksin en Thaïlande.

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Chronique de Thaïlande : toutes les saveurs de la fadeur

Il est, parmi tant d’autres choses, un élément particulièrement déconcertant pour les Européens qui passent un certain temps en Thaïlande – un trait qu’il faut bien sûr se garder de généraliser, mais que l’on trouve suffisamment fréquemment pour le relever.

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Actu Culture Thaïlande

Le français en Thaïlande : chaiyo !

Le français sur l’offensive en Thaïlande ? Si l’on s’en tient aux accords entre Paris et Bangkok et au nombre de visites ministérielles, il semble bien que la langue de Rousseau tente de reconquérir le terrain perdu depuis quelques années dans le royaume.

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Chronique de Thaïlande : le soap-opéra et le consumérisme roi

Un élément intéressant de l’évolution socio-économique de la Thaïlande ces trente dernières années est que la montée du consumérisme, avec ses malls de luxe poussant à Bangkok comme champignons dans un sous-bois et ses supermarchés oblitérant les rizières en province, n’a pas provoqué de réaction de rejet, même dans une partie réduite de la population.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : une rue de Brest au Siam

L’inauguration d’une rue de Brest à Bangkok évoque 330 ans d’amitié entre la France et la Thaïlande.

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Analyse Culture Thaïlande

Chronique de Thaïlande : jeux de langue

La progression de l’anglais dans le royaume tend à marginaliser le thaï dans certains espaces publics.

Un certain milieu urbain en Thaïlande aime à saupoudrer ses propos en thaïlandais de vocables anglais comme d’autres assaisonnent de poivre noir leur salade à la papaye. Cela donne d’étranges versets, tels que : « Dichan mai khoei happy taorai » (je ne suis pas très contente) ou « Chan ruseuk heut » (je me sens blessé).

Cet emploi de mots étrangers est en soi peu justifié, sauf peut-être pour des raisons de « distinction sociale », car des équivalents exacts existent dans la langue thaïlandaise, laquelle peut s’enorgueillir aussi d’avoir ses propres mots pour des expressions devenues anglicisées dans la grande majorité des langues du monde, comme « office » (samnakngnan), « bicycle » (sakayan) ou « telephone » (torasap). Le thaïlandais (ou siamois) a aussi conservé sa propre écriture, souvent le refuge de l’identité culturelle d’un pays, telle que conçue au XIIIème siècle, contrairement par exemple au Vietnam dont la langue a été romanisée au XVIIème siècle ou aux Indonésiens qui ont adopté la graphie occidentale, dérivée de l’alphabet néerlandais, au début du XXème.

Mais ce qui devrait constituer un titre de fierté semble parfois être caché honteusement. De nombreux menus dans les restaurants de Bangkok ne sont écrits qu’en anglais, comme si le service aux étrangers de passage devait oblitérer la culture locale. Les délicieux chiffres de la langue thaïlandaise, aux formes si évocatrices, ne se retrouvent plus guère que sur quelques horloges des magasins d’antiquités et dans les rapports officiels.

Et, parfois, après avoir fait quelques mois d’efforts pour apprendre le thaïlandais, tel étranger est bien déçu quand une réceptionniste d’hôtel réplique à ses efforts pour s’enquérir en langue locale du prix des chambres : « Please, could you speak in english ? ». Imaginons la scène dans un café parisien, où le garçon en gilet serait sans doute plus enclin à une réponse comme « Désolé monsieur, je ne parle pas anglais ».

Il faut, bien sûr, se garder de tout purisme. Le français a allégrement sauté dans le train des anglicismes. La domination culturelle de l’anglais – langue flexible, langue du commerce et de la propagande commerciale (marketing) – est un phénomène mondial. La langue thaïlandaise elle-même n’est pas née de la cuisse de Ramkhamhaeng. Le stock initial de mots thaïs dérivés du chinois s’est enrichi et modifié au contact des Mons et des Khmers.

Il a absorbé des mots du sanskrit et du pali, passant d’un état de langue monosyllabique à celui d’une langue où certains mots comptent cinq syllabes ou plus (sans parler du rajasap, le langage royal avec ses mots interminables dérivés du sanskrit). Et il est, d’une certaine manière, rafraichissant de voir que l’écriture de communication des jeunes Thaïlandais sur Facebook et Twitter reste le siamois avec sa légion de consonnes et sa cohorte de voyelles – « ces petites vicieuses » comme le dit Gilles Delouche, professeur à l’Inalco.

Les milieux de la publicité en Thaïlande ont dévalé avec enthousiasme la pente de la dévalorisation linguistique, avides de donner une image internationale aux savonnettes, crèmes de beauté et pâtes dentifrice. Aucune de ces agences n’a adopté un nom thaïlandais et 90 % de leurs produits ont reçu des appellations anglaises. La même tendance, mais moins prononcée, est observée dans l’octroi des surnoms aux enfants : « Ball », « Golf », « Bird » ou « Boss » sont des favoris. L’évolution est naturelle dans un pays aussi ouvert aux influences extérieures que la Thaïlande, mais elle comporte des dangers cachés, car on pense toujours dans une langue et la transformation d’une langue entraine une modification du processus de pensée. Et en écoutant les rengaines du jour, on se demande bien où a disparu la poésie des chansons de Suraphol Sombatcharoen ou même de celles du groupe Caravan.

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Mission accomplie pour Jean-Marc Ayrault en Thaïlande

La visite du Premier ministre français consolide la relance des relations franco-thaïlandaises.

La visite de Jean-Marc Ayrault le 5 février en Thaïlande, la première d’un chef du gouvernement français depuis Michel Rocard en 1989, n’a duré que 24 heures, mais elle a été particulièrement bien remplie. Discours à l’université Thammasat de Bangkok, forum des affaires devant un parterre d’entrepreneurs français et thaïlandais, entretien avec la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra… l’ancien maire de Nantes n’a pas ménagé sa peine pour réaffirmer tout le bien que la France pense de la Thaïlande : « Le partenariat avec la Thaïlande est plein d’espérance. Je sens un pays plein de la volonté de réussir. La France apprécie beaucoup cet état d’esprit », a-t-il lancé, avec une touche de lyrisme, en conclusion de son discours lors du forum des affaires.

Jean-Marc Ayrault était accompagnée de deux ministres, Nicole Bricq, ministre du commerce, et Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie, laquelle a déclaré être très impressionnée par le niveau de francophonie de la Thaïlande (40.000 locuteurs de français) et a promu l’utilité d’une francophonie « comme un outil de mobilité dans le monde francophone ». Mais la visite a été placée essentiellement sous le signe de l’économie. D’entrée de jeu, le ministre thaïlandais des Finances, Kittirat na Ranong, a évoqué le programme de 65 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures lancé par le gouvernement pour faire du royaume un « hub » régional. Les entreprises françaises sont les bienvenues, a-t-il déclaré, notamment dans le domaine ferroviaire qui concernera pas moins de 75 % du programme. Jean-Marc Ayrault ne pouvait que reprendre la balle au bond, ce qu’il a fait en disant que les « entreprises françaises, dont l’expertise est déjà reconnue, sont prêtes à répondre ».

L’un des thèmes récurrents des propos de Jean-Marc Ayrault durant sa visite a été celui de la volonté de la France et de l’Union européenne « d’accompagner la Thaïlande dans l’ambition de de l’intégration économique de l’Asie du Sud-Est ». En 2015, l’Asean va mettre en place une Communauté économique de l’Asean (AEC) au sein de laquelle les barrières tarifaires seront éliminées. « L’AEC ne sera pas exactement la même communauté que celle de l’Europe, mais j’espère que celle-ci peut vous inspirer », a-t-il déclaré. Lors de la conférence de presse commune qui a conclu la visite, après la signature de plusieurs accords dans les domaines économique, scientifique, de santé, éducatif et de défense, Yingluck Shinawatra s’est félicitée de la volonté des autorités françaises d’inciter leurs entreprises à venir dans le royaume. Elle a aussi confirmé que la Thaïlande était entrée dans une étape de négociation avec l’Union européenne sur un accord de libre-échange – accord qui, s’il est signé, permettra à l’Europe d’utiliser la Thaïlande comme une porte d’accès à la Communauté économique de l’AEC.

Jean-Marc Ayrault, qui n’a pas pu rendre visite au roi Bhumibol à cause de la santé fragile de celui-ci, lui a transmis un message écrit de la part du président François Hollande.

 

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les hauts et les bas de la relation Paris-Bangkok

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault se rend en Thaïlande les 4 et 5 février. Retour sur les relations franco-thaïlandaises.

La Thaïlande est-elle « le » bon partenaire pour la France en Asie du Sud-est ? Les stratèges de la diplomatie française se posent la question depuis une trentaine d’années. La vision d’un partenariat franco-vietnamien, au lendemain des retrouvailles de 1990, n’a été qu’une brève illusion. Au sortir de l’ère Suharto, l’Indonésie a été considérée comme une démocratie trop jeune et une économie trop institutionnellement corrompue pour faire figure d’allié stratégique. La relation France-Singapour, portée par l’amitié entre Jacques Chirac et Lee Kuan Yew, a été et est toujours fructueuse, mais elle constitue au plus un appui, non pas la base d’un partenariat stratégique au niveau régional. La Malaisie, avec son mélange d’autocratisme et de démocratie, est appréciée pour son fort potentiel économique, mais fragilisée par ses tensions intercommunautaires.

C’est lors d’un entretien à Paris entre le Premier ministre thaïlandais de l’époque, Thaksin Shinawatra, et le président Chirac, le 13 mai 2003, qu’a été décidé la mise en place d’un plan d’action franco-thaïlandais, visant, au travers de volets économique, scientifique et culturel à « ouvrir une nouvelle ère de partenariat et de coopération entre les deux pays afin de réaliser pleinement le potentiel de leurs liens d’amitié et de collaboration tissés depuis plus de trois siècles ». Le tropisme asiatique de Jacques Chirac et le dynamisme de Thaksin, soutenus par l’activité énergique déployée par l’ambassadeur français à Bangkok Laurent Aublin et le personnel de l’ambassade, ont permis une mise en œuvre rapide des objectifs définis. La période entre 2003 et 2006 a été l’âge d’or des relations franco-thaïlandaises, avec pour pivot un « plan d’action commercial franco-thaïlandais (PACT) » lancé dès juin 2003. Un document de la Mission économique française à Bangkok daté de janvier 2005 note : « le PACT correspond à une période faste pour les entreprises françaises en Thaïlande. Elles ont obtenu, en 2003 puis en 2004, des contrats d’un montant global, jusque-là, jamais atteint ». L’une des idées clés du PACT était que la France utilise la Thaïlande comme tremplin et partenaire pour des actions économiques dans la région du Grand Mékong et en Asie du Sud-est.

Le coup d’Etat du 19 septembre 2006, et la période du gouvernement du général (retraité) Surayudh Chulanont a quelque peu figé ce partenariat, lequel reposait beaucoup sur la volonté de Thaksin de donner à la Thaïlande à un rôle de leader en Asie du Sud-est. Certes, beaucoup de composantes des relations économiques entre Paris et Bangkok n’ont pas été affectées. Environ 350 entreprises françaises sont établies en Thaïlande, dont une soixantaine de grands groupes qui y ont souvent installé leur siège régional. Parmi ceux-ci, certains – Michelin, Sekurit, Saint-Gobain, Thainox, Essilor ou Rhodia – exportent vers le monde à partir de leur base thaïlandaise. Le tissu des PME et des entrepreneurs individuels est particulièrement dense. Bon an, mal an, les ventes d’Airbus contribuent à pousser vers le haut le chiffre des exportations françaises en Thaïlande. Mais les objectifs du PACT sont loin d’être atteints. Ainsi, en 2003, la France était le second investisseur de l’Union européenne en Thaïlande après la Grande-Bretagne. En 2012, elle était passée au quatrième rang derrière la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Pays-Bas. En 2011, les exportations françaises vers la Thaïlande ont reculé de 28 % (par rapport à 2010) et le déficit commercial de la France a doublé pour dépasser le milliard d’euros. Même pour les parfums et les cosmétiques, domaine où l’image des produits français est excellente en Thaïlande, la progression a été faible.

La visite à Paris de la Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra en juillet dernier a toutefois était prometteuse. Plusieurs entreprises thaïlandaises (dont la dernière est le papetier Double A) ont effectué récemment de gros investissements en France. Les échanges universitaires entre les deux pays s’accroissent et, chose rarement soulignée, la Thaïlande comprend plus de locuteurs de français que le Vietnam. L’intérêt croissant de la Thaïlande pour les marchés africains devraient aussi contribuer au soutien du royaume pour la francophonie (la Thaïlande est un Etat observateur de l’Organisation internationale de la francophonie). Il reste à voir si Yingluck Shinawatra et son homologue français Jean-Marc Ayrault sauront donner une cohérence d’ensemble à ce partenariat, à l’instar de ce que l’ex-Premier ministre Thaksin avait été capable de faire entre 2001 et 2006.