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Birmanie Social

Birmanie : les paysans du delta se rebiffent

Lors d’une rare manifestation, 2.000 paysans de l’Irrawaddy réclament la restitution de leurs terres.

C’est un réveil après un demi-siècle de silence forcé. C’est du moins comme cela que les organisateurs d’une manifestation qui a rassemblé, le 13 janvier, 2.000 paysans dans la région de l’Irrawaddy, le delta du fleuve du même nom, qualifient ce rassemblement. Selon l’hebdomadaire basé à Rangoon Myanmar Times, ces riziculteurs et ces pêcheurs réclament la restitution des terres qui leur ont été confisquées ces dernières décennies durant la dictature militaire pour être données à des firmes en cheville avec l’armée, ainsi que l’octroi de droits de pêches dans les étangs. « Nous voulons que notre gouvernement sache que les paysans et les pêcheurs de Pantanaw, Nyaung Tone et Danaphyu dans la région de l’Ayeyarwady [ou Irrawaddy] sont traités de manière injuste (…). Cette manifestation intervient après 50 ans de silence. Nous nous sommes tenus tranquilles car nous étions effrayés du gouvernement militaire », a déclaré l’un des organisateurs du rassemblement cité par l’hebdomadaire.

Les manifestants indiquent que, sur les 18 dernières années, environ 12.000 hectares de terres ont été transférées à des firmes qui avaient signé des contrats avec la junte au pouvoir en Birmanie jusqu’au début de 2011. Les paysans, propriétaires initiaux des terrains, doivent désormais les louer pour pouvoir travailler dessus. Par ailleurs, les paysans n’ont pas légalement le droit de pêcher dans les étangs même si ceux-ci sont situés sur leurs propres terres. Ceux qui s’y risquent sont arrêtés par la police. Les manifestants réclament aussi la libération de ceux qui ont été arrêtés pour avoir pêché dans des étangs. La manifestation avait été légalement autorisée, après que les organisateurs eurent demandé la permission aux autorités locales.

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Singapour Social Société

Nouveau package pro-nataliste à Singapour

Le gouvernement de l’île-Etat a pris une série de mesures pour tenter d’enrayer la chute du taux de fécondité.

Depuis 1975, les Singapouriens ne procréent plus suffisamment pour « se remplacer », indique le quotidien de Singapour, The Strait Times. Le taux de fécondité est actuellement de 1,2 enfant par femme soit bien en dessous du taux de renouvellement, qui est de 2,1. Aussi le gouvernement de Singapour a-t-il décidé de prendre le problème de la faible natalité à bras-le-corps, en mettant en place une série de mesures pro-natalistes qui lui coûteront annuellement 1,2 milliard d’euros. Les bonus financiers par bébé passent à 3.700 euros pour chacun des deux premiers nés et à 4.900 euros pour le troisième et le quatrième. Chaque nouveau-né a aussi droit à un soutien financier de 1.800 euros pour les besoins médicaux, ainsi qu’à une couverture médicale complète pour les problèmes de santé directement liés à la naissance et les défauts congénitaux.

L’un des objectifs du programme gouvernemental, précise le Straits Times, est aussi d’aider les Singapouriens, très focalisés sur leur vie professionnelle, à équilibrer travail et vie parentale. Ainsi, pour la première fois, le père aura droit à une semaine de congé paternité et pourra s’octroyer une semaine supplémentaire pris sur le quota de son épouse. Les femmes ayant adopté un enfant bénéficieront de quatre semaines de congé maternité. Le package essaie aussi d’aider les couples qui ont des enfants mais n’ont pas encore pu s’acheter de logement. Ceux-ci seront désormais inscrits en priorité sur les listes du Housing Development Board (HDB), l’organisme gouvernemental singapourien qui s’occupe de la construction de logements. La ministre auprès du Premier ministre, Grace Fu, cité par le Straits Times, a déclaré que le but du gouvernement était de faire en sorte que le mariage et la maternité soient ré-inclus dans « la liste des priorités des Singapouriens » et de souligner « qu’on ne peut pas attendre trop longtemps pour ces choses ».

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Birmanie Malaisie Social Thaïlande

Thaïlande : des militaires impliqués dans un trafic d’esclaves

Des officiers thaïlandais jouent un rôle actif dans l’organisation dans le trafic de Rohingyas entre la Birmanie et la Thaïlande.

Le général Prayuth Chan-ocha, chef de l’armée de terre thaïlandaise, a reconnu, selon le Bangkok Post, que les accusations concernant l’implication d’officiers dans le trafic de Rohingyas dans le sud de la Thaïlande étaient fondées. “Nous sommes en train d’enquêter. Ce sont des mauvais officiers et ils doivent être sanctionnés”, a déclaré le général au quotidien. Des sources policières avaient indiqué auparavant que des officiers, allant du grade de major à celui de colonel et appartenant au Commandement opérationnel pour la sécurité intérieure (ISOC), l’organisme de sécurité le plus puissant dans le pays, contrôlaient depuis plusieurs années le trafic clandestin de main-d’œuvre entre l’ouest de la Birmanie et la Malaisie. C’est apparemment une querelle entre plusieurs des officiers impliqués qui a poussé certains d’entre eux à révéler l’existence du trafic à la police.

Un article du webzine Phuketwan décrit la façon dont le trafic est organisé. Des bateaux de gardes-côtes militaires accostent les embarcations de Rohingyas lorsqu’elles celles-ci arrivent au large des côtes thaïlandaises. Les militaires sur ces bateaux sont en cheville avec des passeurs birmans qui ont organisé le voyage au départ et se trouvent aussi à bord avec les Rohingyas. Une fois interceptés, les Rohingyas sont transférés dans des camps clandestins, souvent cachés dans des plantations, dans les provinces du sud de la Thaïlande. Ils ne sont libérés que s’ils peuvent payer une somme supplémentaire allant parfois jusqu’à plusieurs milliers d’euros, sinon ils sont battus et vendus à ces entreprises locales de pêche ou de construction pour lesquels ils doivent travailler sans salaire.

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Malaisie Politique

Malaisie : l’affaire Altantuya revient hanter Najib

Le Premier ministre de Malaisie nie que sa femme ait interféré dans l’enquête sur la mort de la Mongole.

En novembre 2012, l’homme d’affaire Deepak Jaikishan, autrefois proche de l’épouse du Premier ministre de Malaisie Najib Tun Razak, Rosmah Mansor, avait déclaré que cette dernière était intervenue pour forcer un détective privé à réfuter une déclaration assermentée. Ce détective, P. Balasubramaniam, avait fait en juillet 2008 une déclaration sous serment révélant les liens intimes entre le Premier ministre Najib Tun Razak et Altantuya Shaariibuu, une interprète mongole âgée de 28 ans. Altantuya avait été assassinée en octobre 2006 après avoir réclamé sa « part » dans le cadre de la vente controversée de sous-marins français à la Malaisie.

La déclaration de Balasubraniam contenait des éléments extrêmement dommageables pour Najib, alors vice-Premier ministre et ministre de la Défense, affirmant non seulement qu’il entretenait une liaison avec Altantuya, mais aussi que son aide de camp personnel était intervenu pour « régler le sort » de la jeune femme. Le lendemain de cette déclaration, le détective avait fait une seconde déclaration assermentée réfutant la première, établie, affirmait-il, « sous la contrainte », puis avait disparu. L’homme d’affaires Deepak affirme, sans toutefois fournir de preuve, que Rosmah lui avait demandé d’intervenir auprès du détective pour qu’il revienne sur sa première déclaration.

Le 17 janvier, selon le quotidien singapourien The Straits Times, le Premier ministre Najib a pour la première fois réagi aux propos de Deepak en estimant que celui-ci « n’était pas crédible ». Le fait que Najib ait attendu deux mois pour réagir et qu’il n’intente pas d’action en justice pour contrer les propos de l’homme d’affaires ont toutefois fait enfler la polémique. Les élections générales en Malaisie sont prévues au printemps 2013 et les attaques de part et d’autres se multiplient au fur et à mesure que la date du scrutin approche.

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : à la santé des barons de l’alcool !

De grandes familles thaïlandaises ont bâti leurs empires sur la vente d’alcool, souvent grâce  à des complicités avec les autorités fiscales et la bureaucratie.

Chaque année, peu après le Nouvel an chinois, un attroupement de centaines de policiers entrave la circulation face à une enceinte protégée par des hauts murs à l’angle de la rue Surawong et de la rue Pramot dans le centre de Bangkok. C’est le moment où Charoen Sirivadhanabhakdi, patron de la firme Thai Beverage (productrice, entre autres, du whisky Sang Som et de la bière Chang) et troisième fortune de Thaïlande, distribue ses “cadeaux” aux loyaux serviteurs de l’ordre public.

La générosité de Charoen, qui est à la tête d’une fortune estimée en 2012 par le magazine Forbes à 6,2 milliards de dollars, l’a rendu très populaire, à tel point qu’on dit de lui qu’il “repaie toujours la sympathie dont on a fait preuve envers lui”.

Charoen a d’ailleurs reçu une série d’importantes décorations royales, comme le grand cordon de chevalier de l’ordre le plus exalté de l’éléphant blanc et la grande croix de chevalier de l’ordre le plus admirable de Direkgunabhorn.

C’est un paradoxe, mais dans un pays à 95 % bouddhiste, vendre de l’alcool peut vous mener loin et vendre beaucoup d’alcool vous propulse au pinacle de la société. Charoen n’est pas le seul à avoir construit sa fortune et celle de sa famille en aidant ses compatriotes à se saouler. L’aristocratique famille Bhirom Bhakdi, qui a établi la première brasserie de Thaïlande en 1933 et dominé pendant six décennies le marché thaïlandais de la bière avec sa Singha, dispose d’un patrimoine de 2,4 milliards de dollars. La plupart des grandes familles thaïlandaises – Lamsam, Tejapaibul, Sarasin, Srifuengfung, Ratanarak, Sophonpanich,… – ont, à un moment ou à un autre de leur ascension, trempé dans les spiritueux (1).

Au début du XXème siècle, le roi de Thaïlande accordait des “droits de fermage” à certaines familles pour la production d’alcool dans des régions déterminées. Après la Seconde guerre mondiale, ce système a pris la forme de concessions gouvernementales accordées pour une période limitée, souvent une quinzaine d’années. De très nombreuses familles d’affaires, aujourd’hui richissimes, ont bénéficié de ces concessions, achetées à prix fixe, au détriment des “bouilleurs de cru” villageois dont les produits avaient souvent la même qualité mais qui s’étaient vu interdire légalement la pratique de leur art.

Dans l’éventail des rois de l’alcool, Charoen tient toutefois une place à part. Fils d’un petit restaurateur du quartier de Yaowaraj, il quitta l’école après les quatre années obligatoires du primaire pour aider l’entreprise familiale. Grâce à un mariage avec la fille d’un fabriquant de capsules de bouteille et à une grande habileté dans l’établissement de bonnes relations avec les autorités fiscales et le secteur de l’industrie, il parvint au début des années 1980 à la tête d’un conglomérat de production de liqueurs, qui produisait les “whiskies” Sang Som et Hong Thong, concurrents des très populaires Mekong et Kwang Thong, fabriqués par la firme rivale Bangyikhan. La crise économique de 1984-1985 poussa le gouvernement à forcer une concentration dans l’industrie des liqueurs, tellement endettée qu’un défaut de paiement aurait mis en cause la stabilité financière du pays. Charoen est celui qui profita le plus de l’opération. A la tête d’un monopole dans le secteur des liqueurs et avec des conditions financières très avantageuses, il se hissa, durant les années du “boom économique thaïlandais”, parmi les hommes d’affaires dominants du pays.

La crise de 1997 ne fit que l’égratigner, notamment parce qu’il avait très peu emprunté aux banques étrangères, lesquelles se méfiaient de lui à cause du manque de transparence de son entreprise, et il effectuait la plupart de ses transactions en espèces. Il tira aussi parti de la libération du secteur des liqueurs au début des années 2000 en parvenant à perpétuer sa domination du secteur grâce à son solide réseau de relations dans les milieux politiques, bureaucratiques et militaires.

La famille Bhirom Bhakdi a souvent considéré Charoen comme un parvenu inculte. Ayant reçu un titre aristocratique sous Rama VI (rendu héréditaire sous Rama VII), le patriarche de la famille, Praya Bhirom Bhakdi (né Boonrawd Sreshthaputra), fit construire la première brasserie du pays. Ses descendants parvinrent à maintenir le monopole pendant soixante ans jusqu’en 1993. Aussi, les Bhirom Bhakdi n’ont-ils pas ressenti le besoin de cultiver des relations avec les bureaucrates des finances et de l’industrie. Forts de leurs liens avec l’aristocratie, ils maintenaient à distance respectueuse les autres hommes d’affaires. Quand le monopole de Boonrawd Brewery prit fin en 1993, Charoen n’eut toutefois aucune hésitation à s’attaquer au bastion Bhirom Bhakdi. La bière Chang, qu’il fit produire, en faisant habilement construire une brasserie en Thaïlande aux frais de Carlsberg, ciblait les classes populaires. Elle ravagea d’entrée de jeu le territoire occupé pendant si longtemps par Singha. En effet, la Chang était bien moins chère que la Singha, grâce notamment à un système fiscal avantageux dû aux relations de Charoen. Contrôlant 90% du marché de la bière en 1993, Singha n’en conservait que 31 % en 1999 quand il réagit en créant à son tour une “bière populaire”, la Leo.

Ces derniers mois, la bataille des barons thaïlandais de l’alcool, qui sponsorisent diverses équipes du championnat de football anglais, s’est transposée au plan international. Singha a formé une entreprise conjointe avec Carlsberg, l’ancien partenaire de Charoen. Quant à la société de Charoen, Thai Beverage, elle a tenté sans succès de racheter le singapourien Asia Pacific Brewery (APF), qui produit la bière Tiger, mais elle semble n’avoir pas dit son dernier mot et vise à prendre le contrôle de la société mère d’APF, Fraser and Neave. Seule petite défaite pour Charoen, il n’a pas pu faire coter à la bourse thaïlandaise sa société en 2003, car l’ex-politicien et membre de la secte bouddhique ascétique Santi Asoke, Chamlong Srimuang, a pris la tête de dizaines de milliers de manifestants pour s’y opposer. Cela n’empêchera toutefois pas l’alcool de continuer de couler à flot dans les villages et les villes de Thaïlande, même si leur vente n’est autorisée qu’entre 12h00 et 14h00 et de 17h00 à minuit.

(1) Voir Thai Capital after the 1997 Crisis, sous la direction de Pasuk Phongpaichit et Chris Baker, Silkworm Books, Chiang Mai, 2008.

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Birmanie Politique

Le Parlement de Birmanie s’en prend à un blogueur

Un comité d’enquête est formé pour prendre des mesures contre un blogueur critique envers le comportement des parlementaires.

Le docteur Seik Phwa, nom sous lequel écrit le blogueur, avait fustigé le fait que le Parlement se soit octroyé des pouvoirs supplémentaires lors d’un récent bras de fer avec le président Thein Sein concernant la Cour constitutionnelle. « Est-ce que le Parlement est au-dessus de la loi ? », s’était-il interrogé, selon le site internet de la Democratic Voice of Burma. Seik Phwa avait poussé l’ironie jusqu’à écrire à la fin de son article qu’il fallait ajouter à la Constitution un nouvel article, lequel stipulerait : «Peu importe ce que dit la Constitution, une décision approuvée par les présidents des chambres du Parlement et par leurs collègues doit être suivie». La querelle entre l’exécutif et le législatif en Birmanie s’était soldée par le limogeage des neuf juges constitutionnels en septembre 2012.

Le parlementaire qui a proposé de sanctionner le blogueur, Soe Yin du parti majoritaire USDP formé par l’ex-junte, a estimé que le docteur Seik Phwa avait « trompé le public et la communauté internationale » et « diffamé le Parlement ». La motion visant à créer le comité d’enquête et d’action a été votée à une large majorité. Cette mesure intervient alors que la crise autour de la Cour constitutionnelle se poursuit. Le Parlement tente désormais de contrôler la nomination des neuf nouveaux juges constitutionnels, lesquels, selon la Constitution doivent être nommés par le président de la République et les présidents des deux Chambres, à raison de trois juges chacun. Selon des analystes, ces tensions reflètent le mûrissement de la démocratie birmane, mais aussi un conflit politique entre le président Thein Sein et le président du Parlement Thura Shwe Mann.

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Politique Thaïlande

Thaïlande : un ex-comédien condamné pour lèse-majesté

Un leader du mouvement des Chemises rouges, ancien humoriste, écope de deux ans de prison pour avoir critiqué le roi sans avoir prononcé son nom.

Le principal quotidien en anglais de Thaïlande, le Bangkok Post, rapporte la condamnation prononcée le 17 janvier par la Cour pénale avec une sobriété caractéristique : Yossawarit Chuklom a reçu une peine de deux ans de prison ferme pour lèse-majesté en liaison avec « un discours qu’il a prononcé en 2010 ». Yossawarit, qui, dans une vie antérieure était un comédien populaire, avait prononcé ce discours le 29 mars 2010 devant une assemblée de Chemises rouges, le mouvement pro-Thaksin et anti-establishment, peu avant que des dizaines de milliers de membres du mouvement n’arrivent à Bangkok pour une manifestation qui allait durer plusieurs mois et se terminer de façon tragique.

Le quotidien International Herald Tribune précise toutefois que Yossawarit n’avait pas prononcé le nom du roi lors de ce discours. Il avait juste indiqué que certaines personnes étaient opposées à la dissolution du gouvernement dirigé à l’époque par Abhisit Vejjajiva, dont les militaires, le président du Conseil privé du roi Prem Tinsulanonda et… quelqu’un d’autre. A ce moment, l’ex-comédien avait placé ses mains sur sa bouche comme en guise de baillon et avait dit : « Je n’ose pas le dire, mais vous savez à qui je pense ».

Le Herald souligne qu’il s’agit d’un élargissement considérable de la part des juges de l’interprétation de la loi punissant les crimes de lèse-majesté. Jusqu’à présent, le roi, la reine ou le prince héritier devaient être mentionnés explicitement pour que l’accusé soit considéré comme coupable. Selon l’avocat de Yossawarit, les juges se sont reposés sur la « spéculation » pour condamner son client. Yossawarit a interjeté appel et la Cour lui a accordé une libération provisoire sous caution.

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Cambodge Politique Thaïlande

Contentieux de Phrea Vihear : la Thaïlande fourbit ses armes

Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères va contester la compétence de la Cour internationale de justice.

Darm Boontham, haut-fonctionnaire du Département des traités et des affaires légales, division du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, a exposé, lors d’une audition parlementaire le 16 janvier, la stratégie de la Thaïlande face à la Cour internationale de justice (CIJ) lorsqu’elle celle-ci statuera sur la «demande d’interprétation» de l’arrêt de 1962. En juin 1962, la Cour internationale de justice, basée à La Haye, a attribué la souveraineté sur le temple de Preah Vihear, revendiqué par la Thaïlande et le Cambodge, à ce dernier, mais elle ne s’est pas prononcée sur le périmètre autour du temple. Depuis 2008, des incidents entre les militaires des deux pays se sont multipliés dans ce périmètre. Bangkok et Phnom Penh revendiquent tous deux la souveraineté sur la zone de 4,6 km carrés. En avril 2011, le Cambodge a demandé à la CIJ d’interpréter son arrêt de 1962, en en précisant « la portée et la signification ». La Cour doit rendre son jugement en octobre 2013.

Selon les propos de Darm Boontham devant la Commission parlementaire sur la sécurité d’Etat, rapportés par le Bangkok Post, la Thaïlande va contester la compétence de la CIJ sur la question de l’interprétation de l’arrêt de 1962. D’après Darm, la Cour cherche à interpréter un nouvel aspect (i.e. la souveraineté sur le périmètre de 4,6 km carrés) qui n’était pas compris dans l’arrêt initial. Un autre point de l’argumentation thaïlandaise sera de souligner le fait qu’une clôture avait été érigée par la Thaïlande en 1962 pour isoler le périmètre contesté du temple proprement dit et que le Cambodge n’a pas émis de protestation quant à l’établissement de cette clôture. Ces deux arguments semblent faibles d’un point de vue juridique. Il paraît difficile d’utiliser une mesure coercitive, comme l’établissement d’une clôture gardée par des militaires, pour justifier une revendication territoriale. Darm Boontham a toutefois indiqué que Bangkok acceptera le jugement de la Cour quel qu’il soit.