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Malaisie

La Malaisie au sommet de la finance islamique

Dotée de solides établissements de formation, la Malaisie s’est hissée parmi les leaders mondiaux de la finance islamique.

Malgré une population réduite (30 millions d’habitants dont 60 % de musulmans), la Fédération de Malaisie figure désormais parmi les géants de la finance islamique aux côtés des Etats du Golfe et de l’Arabie Saoudite. Selon l’hebdomadaire britannique The Economist, plus de 20 % de son système bancaire est conforme à la charia, laquelle interdit la spéculation et le prélèvement de taux d’intérêt. A titre de comparaison, dans l’Indonésie voisine, pays qui compte plus de deux cents millions de  musulmans, seulement 4 % des banques s’astreignent aux préceptes financiers islamiques.

Mais l’enthousiasme pour la finance islamique n’est pas circonscrit à l’intérieur de la fédération, il déborde déjà chez les voisins. Ainsi la première banque privée malaisienne Maybank, dont la filiale de finance islamique gère 50 % des clients, a ouvert des succursales à Singapour et en Indonésie. Surtout, la banque centrale de Malaisie a mis en place deux institutions de formation, qui ont contribué à la domination de la Malaisie dans ce domaine: le Centre international pour l’éducation dans la finance islamique, dont les étudiants viennent de 80 pays;  et l’Institut bancaire et financier islamique de Malaisie qui propose des brevets professionnels dans ce domaine. Enfin, la Malaisie se positionne comme l’un des leaders mondiaux pour l’émission de sukuk, ou bons islamiques. The Economist cite Zeti Akhtar Aziz, directeur de la banque centrale de Malaisie, lequel affirme que les banques qui se plient à la charia sont plus stables que les banques conventionnelles. La récente crise de la dette de Dubai incite toutefois à relativiser ce point de vue.

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Asie Birmanie Cambodge Laos

Clichés d’Asie : histoires de toilettes

Dans cette nouvelle rubrique, Asie-Info reproduit et commente des clichés pris en Asie. Honneur aux toilettes pour ce premier article de la série.

« La mondialisation passera par la standardisation des toilettes ou ne passera pas », a dit un grand esprit. Un ami français qui m’avait raconté il y a de nombreuses années comment il avait dû, assis sur ses talons au-dessus d’un trou dans la campagne d’Afghanistan, recourir à des pierres plates pour un besoin hygiénique crucial est probablement du même avis. Chaque pays conserve encore, toutefois, ses us et coutumes particuliers quant à cette pratique, ce qui fait à la fois le charme et le péril du voyage. Cette photo, prise par Amphai Thiansawang dans le nord-est de la Birmanie, montre un lieu d’aisance au bord d’une route entre Mandalay et Pyin Oo Lwin.

 

 

 

 

 

 

A côté du graphique, touchant dans sa fruste simplicité, indiquant les côtés réservés respectivement aux femmes et aux hommes, figure aussi la mention en trois langues : anglais, chinois et birman. Il faudrait vraiment y mettre de la mauvaise volonté pour se tromper.

La globalisation déferlante tente d’imposer un standard unique dans la façon d’utiliser les toilettes. Et dans ce bras de fer, la méthode occidentale semble avoir l’avantage, malgré certains avis au sein de notre rédaction qui militent pour la pratique orientale, plus commode selon eux.

Ce cliché pris par Arnaud Roux à l’hôpital Calmette de Phnom Penh illustre cette crispation, la mine réjouie du personnage assis sur la cuvette parlant d’elle-même.

Dans le registre infini des mille et une façons d’utiliser les toilettes, la palme revient peut-être à cette photo prise à dans le complexe commercial Central Plaza de Vientiane, au Laos, par Arnaud Dubus.

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel est ici le message ? Qu’il ne faut pas se vautrer dans les toilettes ? Ou même s’y désaltérer ? Partisans du libre arbitre, nous vous en laissons juge.

 

Les photos des lecteurs d’Asie-Info sont les bienvenues afin d’enrichir cette rubrique. Elles seront publiées avec mention de leur nom sauf s’ils ne le souhaitent pas.

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Politique Société Thaïlande

Thaïlande : le feuilleton de la discorde

L’annulation de la diffusion du dernier épisode d’un feuilleton met en ébullition le landerneau politique thaïlandais.

C’est une tempête dans un verre d’eau comme la Thaïlande en a le secret. La chaîne 3 de la télévision thaïlandaise, de loin la plus regardée, a annulé au dernier moment le 4 janvier la diffusion du dernier épisode du feuilleton « Au-dessus des nuages » (Neua Mek 2, en thaï), estimant son contenu «inapproprié». La série raconte l’histoire d’un Premier ministre sans scrupules, adepte de la magie noire, qui essaie d’obtenir par tous les moyens une concession pour le lancement d’un satellite de communications. Une allusion plutôt transparente à l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé à Dubai et condamné en 2008 à deux ans de prison pour abus de pouvoir, et aussi milliardaire et fondateur d’un empire de télécommunications.

Selon l’édition en ligne du quotidien Asian Wall Street Journal, l’annulation a mené de nombreux Thaïlandais à se demander si le gouvernement dirigé par Yingluck Shinawatra, sœur cadette de Thaksin, a ordonné à la chaîne de stopper le feuilleton ligitieux. Supinya Klangnarong, membre de la Commission nationale de la diffusion et de télécommunications, organisme indépendant et conforme à la Constitution, a fait part publiquement de ses doutes vis-à-vis du gouvernement. Le quotidien thaïlandais The Nation a rapporté qu’un sexologue qui animait un programme très populaire sur la chaîne 3 a démissionné, après avoir écrit sur sa page Facebook que l’annulation de la diffusion du dernier épisode du feuilleton était « une disgrâce ». Le gouvernement, via porte-parole, a jusqu’à présent nié vigoureusement être impliqué de quelque manière que ce soit dans l’incident. De son côté, le réalisateur de la série, Nonzee Nimibutr, a écrit un sobre commentaire sur sa page Facebook : « RIP Neua Mek 2. Dormez bien ».

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Hong Kong Thaïlande Viêtnam

Saisie de cornes de rhinocéros en Thaïlande

La police aéroportuaire de Bangkok a saisi le 6 janvier des cornes de rhinocéros pour une valeur de 450.000 €.

La police de l’aéroport international de Suvarnabhumi, à Bangkok, avait été alertée par un informateur. Sur la base de cet indice, elle a fouillé les bagages de Pham Quang Loc, un Vietnamien âgé de 56 ans qui arrivait d’un pays africain, du Mozambique ou d’Ethiopie selon les sources. Elle y a trouvé quatre cornes de rhinocéros sectionnées en six morceaux. Les officiels de Thaïlande estiment que la cargaison, pesant un peu plus de dix kilos, a une valeur marchande de 450.000 €. Selon la loi thaïlandaise, Pham Quang Loc est passible de quatre ans de prison s’il est condamné pour trafic de parties d’animaux protégés.

Selon le site vietnamien d’information Tuoi Tre News, un autre Vietnamien a également été arrêté le 6 janvier à l’aéroport Tan Son Nhat de Ho Chi Minh-ville avec six cornes de rhinocéros, pesant un total de 16,5 kilos, dissimulées dans ses bagages. Il arrivait du Mozambique. Ces arrestations interviennent trois jours après une saisie record à Hong Kong, le 3 janvier, lors de laquelle 779 morceaux d’ivoire provenant de défenses d’éléphant et pesant un total de 1.323 kilos, ont été trouvés dans un conteneur transporté par voie maritime en provenance du Kenya. Aucune arrestation n’a encore eu lieu. L’Asie du Sud-Est est un important point de transit des produits exotiques animaliers, particulièrement des défenses d’éléphants et des cornes de rhinocéros, très demandées en Chine. Le Vietnam est également un très gros consommateur de ces produits illégaux.

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Inde Thaïlande

La Thaïlande n’est plus le premier exportateur de riz

Pénalisée par son programme de soutien aux prix du riz, la Thaïlande a été dépassée par l’Inde et le Vietnam.

Pour la première fois en 30 ans, la Thaïlande a perdu sa place de premier exportateur mondial de riz, selon le quotidien de Singapour The Straits Times. Le royaume a exporté l’an dernier moins de sept millions de tonnes de riz, contre 10 millions pour l’Inde et 7,5 millions pour le Vietnam. L’une des raisons de cette dégringolade réside, avance le journal, dans le programme gouvernemental d’assistance aux riziculteurs, lequel consiste à acheter la céréale à un prix de 50 % supérieur à celui du marché. Ce programme, mis en place par le gouvernement de Yingluck Shinawatra depuis sa prise de pouvoir en juillet 2011, a abouti à l’accumulation de 20 millions de tonnes de riz dans des entrepôts, le gouvernement étant incapable d’écouler ces stocks sur un marché mondial où la demande s’est affaiblie.

Ce programme de soutien, fortement apprécié par les paysans, a été l’objet de nombreuses critiques de la part du parti Démocrate d’opposition ainsi que d’experts agricoles. Ceux-ci soulignent son coût exorbitant : 376 milliards de bahts (9,5 milliards d’euros) pour la saison agricole qui s’est achevée en septembre dernier, soit 3,4 % du PIB national. Selon un exportateur cité par The Straits Times, le programme est « intenable ». Un rapport récent de la Banque Mondiale a mis en exergue le fait que les paysans augmentaient le nombre de récoltes au détriment de la qualité pour profiter des hauts prix d’achat. « Ces subventions à la production rizicole pourraient ralentir la transformation nécessaire de l’agriculture thaïlandaise », note le rapport. Les rendements de la riziculture en Thaïlande sont parmi les plus faibles au monde.

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : la peine de mort sur le fil du rasoir

Entre 1935 et 2009, 371 condamnés à mort ont été exécutés en Thaïlande. Les autorités du pays semblent vouloir rejoindre désormais les rangs des pays abolitionnistes.

Si l’on s’en tient au nombre de peines de mort prononcées, la Thaïlande figure encore dans le peloton de tête au sein de l’Asie du Sud-Est, devancée seulement par les leaders incontestés de cette pratique macabre et inhumaine, la Malaisie et Singapour. Une peine de mort est prononcée en moyenne par semaine par des tribunaux thaïlandais, soit environ une cinquantaine par an. L’an dernier, la presque totalité de ces peines ont été prononcées dans les trois provinces du sud du pays – Pattani, Yala et Narathiwat – où une insurrection séparatiste meurtrière a repris vigueur ces huit dernières années. A la date d’octobre 2012, 649 condamnés à mort se trouvaient dans des prisons de Thaïlande, la plupart à Bang Kwang, la prison dite de « sécurité maximum » dans la banlieue nord de Bangkok. A titre de comparaison, 900 condamnés attendent leur exécution dans des geôles de Malaisie. Deux pays de la région ont aboli la peine capitale : le Cambodge depuis la constitution de 1993 et les Philippines. Un troisième, le Timor oriental, ne l’a jamais inscrite dans ses codes de lois après être devenu formellement indépendant en 2002.

Généralement, la population thaïlandaise est plutôt partisane de la « rétribution », comme l’avait montré le fort taux d’approbation de la « guerre contre la drogue » menée par le Premier ministre de l’époque, Thaksin Shinwatra, en 2003. Des suspects étaient abattus sommairement par des commandos de la police, sans autre forme de procès. Malgré cela, le royaume semble évoluer progressivement vers une position moins radicale. Quand le vice-Premier ministre, Chalerm Yoombarung, s’est engagé au début de l’été dernier à faire exécuter les condamnés à mort pour trafic de drogue « dans les quinze jours de leur condamnation », un pardon royal a été décrété pour tous les condamnés à mort dont le processus judiciaire était arrivé à terme à l’occasion de l’anniversaire de la reine Sirikit le 12 août. Chalerm semble avoir compris le message et s’est fait plus discret, du moins sur ce chapitre. Depuis que la peine de mort a été appliquée aux crimes de trafic de drogue dans les années 80, la grande majorité des peines capitales ont été prononcées dans ces cas de figure.

Un site internet mis en place par l’ONG thaïlandaise de protection des droits de l’Homme Union for Civil Liberties (1) fournit de nombreuses informations sur la peine de mort en Thaïlande. La pratique ancienne était de faire abattre le condamné au fusil mitrailleur, mais en 2003, Bangkok a changé la méthode d’exécution pour passer aux injections létales. Selon Danthong Breen, président d’UCL, une équipe thaïlandaise s’est alors rendue aux Etats-Unis pour être initiée à la méthode et, à son retour, quatre condamnés ont été exécutés au titre de la « mise en pratique ». Une fleur de lotus et des bâtons d’encens sont insérés dans les mains du condamné et un bonze (si le condamné est bouddhiste) prononce un sermon juste avant l’exécution.

Les deux dernières exécutions ont eu lieu en 2009. Avant son exécution, le condamné est autorisé à passer un unique coup de téléphone mais, comme souvent la personne à l’autre bout est absente, la famille du condamné n’est généralement informée de l’exécution que quand on lui demande de venir prendre le corps.

Le mois dernier, William Schabas, professeur de droit international, a mené une mission d’évaluation de la situation des droits de l’Homme en Thaïlande pour le compte du Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme. Il s’est vu assurer personnellement par le procureur général qu’il n’y aurait plus d’exécution capitale en Thaïlande. Toutefois, cette disposition ne sera probablement pas inscrite dans une loi. Si les propos du procureur général sont confirmés par les faits, la Thaïlande pourrait faire partie des pays abolitionnistes en 2019, quand il n’y aura plus eu d’exécution durant une période consécutive de dix ans.

(1)   http://www.deathpenaltythailand.blogspot.com/

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Thaïlande Tourisme

Les agences touristiques russes de Phuket forcées à la fermeture

Une révolte des chauffeurs de taxi et de tuk-tuk a poussé les autorités de Thaïlande à fermer provisoirement les agences russes de tourisme de deux plages de Phuket.

Les tensions s’étaient accumulées entre les chauffeurs de tuk-tuk et de taxi et les agents touristiques russes près des plages de Karon et de Kata et l’explosion n’était qu’une question de temps. Dans la soirée du 3 janvier, une centaine de ces chauffeurs a bloqué la circulation durant une heure devant le commissariat de Karon pour faire passer leur message: la guerre des prix des transports menée par les agences russes de tourisme menace leur survie économique. Selon le chef municipal de Karon, Winai Chidchiew, cité par le webzine Phuket Gazette, « les Russes ont ouvert plus de cent agences de tourisme à Kata et à Karon pour vendre des packages ». Winai précise que ces agences « proposent aussi des services de transport à des prix tellement bas qu’ils affectent les revenus des locaux ».

Des pourparlers entre les chauffeurs et la police de Karon ont amené cette dernière à décider la fermeture provisoire de toutes les agences russes de Karon et de Kata, deux des principales plages de Phuket, en attendant qu’une solution soit trouvée. Les entreprises de tourisme russes, présentes depuis plus d’une décennie à Pattaya et depuis plusieurs années sur l’île de Koh Chang, ont fortement renforcé leur présence à Phuket ces dernières années, provoquant le ressentiment de nombreux entrepreneurs locaux.

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Birmanie Malaisie Politique Social Thaïlande

La Thaïlande renvoie des Rohingyas à la case départ

Un groupe de 74 Rohingyas, ou musulmans venus de l’Etat Rakhine en Birmanie, sont renvoyés par voie de terre dans leur pays.

A court d’essence, ils avaient stoppé leur embarcation au large de l’île thaïlandaise de Phuket le 1er janvier. Selon le site d’informations Phuket Wan, qui a interviewé plusieurs de ces Rohingyas, leur bateau surchargé accompagnait un autre, beaucoup plus important, qui transportait environ 500 personnes et a accosté le 30 décembre sur l’île de Langkawi en Malaisie. Parmi les 74 passagers du bateau, immobilisé au large de la plage de Rawai, sur l’île de Phuket, figurent dix enfants de moins de dix ans et quatorze femmes, pour la plupart des adolescentes. Selon Phuket Wan, ils viennent de Maungthaw, une ville de l’Etat Rakhine dévastée par les violences intercommunautaires et ont navigué 13 jours avant d’arriver à Phuket. Chacun a payé 400 euros le passeur qui a organisé leur voyage.

Comme la plupart des Rohingyas fuyant la Birmanie, ceux-ci comptaient atteindre la Malaisie pour y trouver du travail. La police thaïlandaise leur a donné des vivres et de l’essence pour leur permettre de poursuivre leur périple, mais, finalement, ces Rohingyas ont renoncé devant le risque d’un chavirage. En conséquence, ils seront reconduits en camion à la frontière birmane par les autorités de Thaïlande. Le groupe de 481 Rohingyas qui est arrivé sur l’île malaisienne de Langkawi risque aussi d’être renvoyé en Birmanie. Plusieurs organisations de protection des droits de l’Homme ont appelé Kuala Lumpur à ne rien en faire.