Chaque année possède des traits de personnalités associées à l’un des cinq éléments que sont le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre. Ainsi, il y a cinq types de singe avec des caractéristiques différentes.
Auteur/autrice : Chine Actu
Suite de : Chine : un hôpital construit pour tuer – Deuxième partie
Guerre des nombres
Quels sont les nombres exacts sortant de ce kaléidoscope d’activités ? L’hôpital voudrait nous faire croire que lorsque leur nouveau centre de transplantation a été opérationnel, avec des centaines de lits supplémentaires et beaucoup d’installations plus sophistiquées, il n’y aurait pas eu d’augmentation du taux de transplantation en conséquence.
Les seules données officielles pour la période après 2006 sont un chiffre de 5 000 greffes cumulées en 2010 et 14 000 en 2014 – une augmentation linéaire soignée.
Mais les faits brossent un tableau différent : des témoignages de receveurs d’organes coréens disent que le taux d’occupation était beaucoup plus important que ce que l’hôpital pouvait contenir ; des documents de construction ont montré la nécessité d’une expansion continue des locaux après 2006 ; et l’imposant personnel montre également que des milliers de greffes auraient été réalisées par plus d’une centaine de médecins.
Avec une utilisation proche ou supérieure des 500 lits au Centre oriental de transplantation de Tianjin entre 2007 et fin 2013, le nombre total de transplantations pourrait se situer aux environs de 50 000 en fonction de la durée de séjour des patients. Seules des estimations très approximatives sont possibles étant donné les nombreuses inconnues. Epoch Times a réalisé un tableau avec les totaux potentiels.
Ceci est beaucoup plus élevé que le total cumulé de 10 000 transplantations de foie sur plus de 15 ans, rapportées par les sources officielles. Ce nombre présente déjà un dilemme difficile à démêler, car les chiffres fondés uniquement sur le taux d’utilisation des lits, sont beaucoup plus élevés que les sources connues d’organes en mesure d’être expliquées.
Bien sûr, il n’y a pas moyen de savoir si ces documents de rénovation du bâtiment du personnel hospitalier sont simplement falsifiés. Mais quel intérêt aurait l’hôpital à fabriquer des données sur ses plans de rénovation – informations soumises à une base de données nationale – après que les fonds aient été alloués et la construction terminée par les autorités municipales. La surface au sol ou le nombre de lits sont des infrastructures matérielles qui ne peuvent pas facilement être falsifiées et les ratios d’occupation des lits, venant de deux sources officielles distinctes, montrent la même trajectoire ascendante de leur utilisation entre fin 2006 jusqu’à fin 2013.
Il existe cependant de nombreuses mises en garde dans ces estimations, y compris le fait que le nombre d’exécutions induites par ces taux d’occupation de lits n’est pas clair. Le ratio n’est probablement pas d’une personne tuée pour un lit, étant donné que le don d’un rein unique, à un parent, par exemple, n’est ni fatal, ni contraire à l’éthique.
L’Hôpital central de Tianjin (Tianjin First Central) est pourtant certainement engagé dans cette forme d’activité de transplantation à partir de prisonniers de conscience. En outre, un décès peut donner des organes à transplanter sur plusieurs autres personnes. Dans le même temps, les médias chinois ont rapporté des témoignages sur Shen Zhongyang réalisant plusieurs transplantations de foie pour un seul patient.
Compte tenu des multiples variables et des vastes inconnues, il serait imprudent de proposer une estimation ferme du nombre d’exécutions qui ont pu avoir lieu pour alimenter l’activité du Premier hôpital central de Tianjin. Mais quel que soit ce chiffre, les conséquences sont les mêmes : la nécessité d’une source d’organes mystérieuse et inconnue. Alors, d’où ces organes proviennent-ils ?
Les seuls prisonniers ne peuvent pas en expliquer la source
La seule source d’organes sérieuse en Chine est, selon l’explication officielle, les prisonniers exécutés.
Dans une interview à China Health News en janvier 2015, Huang Jiefu, fonctionnaire porte-parole politique de la transplantation en Chine, a déclaré: « Pendant longtemps, la Chine n’a pas été en mesure d’établir un système national de don… depuis les années 1980 jusqu’en 2009, il n’y avait que 120 cas de dons de citoyens. La Chine est le pays avec le taux de dons le plus bas au monde ».
Le nombre d’exécutions en Chine est un secret d’État, aucun chiffre n’est fourni, mais des estimations ont longtemps été faites par des organismes tiers. Selon Duihua, une organisation des droits de l’homme basée à États-Unis et axée sur la Chine, ceux-ci varient entre 1 200 à 2 400 par an au cours de la période en question.
Si la peine de mort à l’échelle nationale était de 6 000 par an – dans le but de notre analyse, le nombre d’exécutions qui auraient eu lieu à Tianjin serait d’environ 42 (compte tenu d’une population d’environ 7 millions de personnes et une répartition proportionnelle des exécutions sur tout le territoire). Si le nombre d’exécutions avait été à l’échelle nationale de 5 000, il n’y aurait eu que 35 exécutions à Tianjin.
Mais beaucoup de prisonniers ne sont pas des donneurs d’organes admissibles en raison de maladies de sang, de la toxicomanie, de l’âge et d’autres maladies disqualifiantes. Les procédures entourant les exécutions impliquent des tribunaux et des prisons locales, qui ont leurs propres relations avec les hôpitaux et les médecins, comme indiqué par des témoignages abondants de fonctionnaires chinois et de transfuges. La nature, dirigée localement, de la bureaucratie chinoise induit que ce n’est pas comme si le Premier hôpital central de Tianjin pouvait avoir le choix parmi toutes les exécutions qui se déroulent en Chine.
En particulier, l’agrandissement de l’hôpital n’était pas un phénomène isolé : des dizaines, voire des centaines d’autres hôpitaux de transplantation en Chine ont établi des programmes de formation pour les chirurgiens, ont construit de nouvelles installations et fait la promotion de leur capacité à fournir des organes frais et à court terme aux bénéficiaires (des semaines ou des mois tout au plus).
En 2014, l’agence Xinhua, porte-parole de l’État, a indiqué que ces dernières années, il y avait eu 6 00 hôpitaux en Chine en lice pour la transplantation d’organes. Tous ces centres de transplantation avaient besoin d’organes.
Et puis, il y a eu des annonces déconcertantes sur le site de l’Hôpital central de Tianjin, qui depuis ont été retirées.
« Il est vrai que les sources d’approvisionnement d’organes sont assez abondantes en Chine par rapport à celles des pays occidentaux » disait allègrement (et en anglais) une page archivée du site en 2008, en ciblant évidemment les touristes de transplantation à l’étranger.
Dans le guide pour les bénéficiaires potentiels étaient décrites les quelques étapes nécessaires pour obtenir un nouvel organe. Il n’y avait pas liste d’attente. Seulement quelques emails en guise de paperasse, un paiement de 500 dollars et l’achat d’un billet d’avion. L’étape 9 était de « rester à l’hôpital pour être soigneusement suivi, être bien traité en attendant un donneur compatible dans les ± 1 mois ».
La page de destination du site en chinois, quant à elle, annonçait un temps d’attente de deux semaines.
Dans une autre section, une question était posée : « Quelles sont les premières procédures en arrivant ? ». La réponse: « Une fois que vos données sont définies, l’hôpital va commencer à chercher dans toute la Chine un organe qui vous correspond ».
« Juste cette phrase est si choquante », a déclaré Maria Singh, professeur à l’Université de Sydney et siégeant au conseil d’administration de Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH, Médecins contre les prélèvements forcés d’organes), dans un entretien téléphonique. « Nous allons chercher loin dans le pays pour votre organe » a t-elle poursuivi. « À la recherche de votre organe ? Comment rechercher dans le pays un donneur quand il n’y a pas de registre pour les donneurs ? Qu’est-ce que cela veut dire? Cela signifie simplement qu’ils recherchent la personne qu’ils peuvent tuer pour votre chirurgie. C’est juste scandaleux, c’est juste difficile à croire ».
Dans un récent documentaire intitulé « Hard to Believe » (Ndr. Difficile à croire), Arthur Caplan, directeur fondateur de la division de l’éthique médicale au Centre médical de l’Université de New York, explique le contraste en termes plus crus: « Aux États-Unis, en Europe, vous devez être morts d’abord pour être un donneur d’organes. En Chine, ils vous font d’abord mourir. »
Cette mise en correspondance rapide de ce qui semble être une réserve de donneurs existante et disponible est conforme à la fois à l’utilisation du couloir de la mort des prisonniers et aux prélèvements d’organes sur les prisonniers de conscience.
Mais quand on en vient au volume, le nombre de condamnés à mort ne peut tout simplement pas supporter le genre d’approvisionnement nécessaire à Tianjin. Bien sûr, cela est une preuve indirecte, sauf que les organes doivent bien venir de quelque part.
Reconnaissons que c’est la première étape critique dans toute autre exploration du problème: si les organes ne viennent pas de donneurs volontaires ou de criminels exécutés, alors ils doivent venir d’ailleurs.
« Toute personne qui est un peu familière avec les pratiques de dons d’organes dans le monde entier ne peut confondre une source d’organes miraculeusement immense et à disposition immédiatement avec des organes donnés volontairement » a déclaré le Dr Jacob Lavee, président de la Israel Transplantation Society et directeur de l’unité de transplantation cardiaque au centre médical de l’Université de Tel Aviv, dans un courriel.
Le Dr Lavee poursuit: « En effet, si l’utilisation d’organes de prisonniers formellement exécutés a diminué, le grand nombre de transplantations d’organes qui, apparemment, continuent à être effectuées à Tianjin et ailleurs en Chine, doit disposer d’une source d’organes de remplacement, qui doit être expliquée ».
De cette brèche inexpliquée, des chercheurs ont soulevé des allégations d’un massacre de masse largement caché et négligé. En couplant les volumes de transplantation avec d’autres éléments de preuve, ils décrivent un crime contre l’humanité dans lequel les médecins côtoient les meurtriers ; la cause de la mort étant la chirurgie elle-même, les organes étant vidés de leur sang et pompés avec des produits chimiques de conservation à froid.
David Matas, le co-auteur d’un rapport majeur sur les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong, a déclaré dans un entretien téléphonique: « Cette étude ne fait que poser la question ; elle n’y répond pas directement. Mais elle met en doute les réponses établies qui ont été données ».
La question interdite
Il y a un indice potentiel sur la source des organes avec l’un des nombreux chapeaux du Dr Shen Zhongyang : il apparaît sur le site de l’Hôpital des Forces armées de la police générale de Pékin, en tenue de cérémonie paramilitaire complète, où il sert en tant que directeur du département de la transplantation d’organes. La Police armée du peuple est une armée permanente interne de 1,2 million d’hommes, déployés à travers le pays et mobilisée pour réprimer les émeutes.
L’obstacle le plus fondamental dans la réalisation d’un grand nombre de transplantations d’organes est la source des donneurs. Étant donné que la Chine n’a pas de système volontaire et ouvert à la greffe, les relations politiques, souvent entremises par des courtiers, sont la seule façon d’obtenir des organes.
Comme Huang Jiefu l’a fait remarquer dans une interview au début de 2015: « Notre pays est très grand. Cette source d’organes de prisonniers utilisables, ce genre de situation amènerait avec elle naturellement toutes sortes de problèmes obscurs et difficiles. Vous savez ce que je veux dire ? C’est devenu salissant. C’est devenu trouble et difficile à régler. C’est devenu un domaine extrêmement sensible, extrêmement compliqué ; essentiellement une zone interdite. ». Il a ensuite blâmer les abus de transplantation d’organes en Chine sous Zhou Yongkang, l’ancien tsar de la sécurité déchu.
Les théories, sur la façon dont le Premier hôpital central de Tianjin a pu ouvrir le robinet des organes, tournent ainsi autour des liens politiques, y compris ceux de Shen Zhongyang, qui est devenu membre en 2013 du comité consultatif du Parti communiste, la Conférence politique et consultative du peuple chinois. Shen Zhongyang est aussi membre du comité permanent du Parti démocratique paysan et ouvrier de Chine, l’un des huit partis politiques légaux donnant l’illusion d’une fenêtre de démocratie en Chine tout en suivant la ligne dure du Parti.
Mais c’est son titre paramilitaire qui est le plus important pour l’approvisionnement d’organes, étant donné que les hôpitaux militaires et paramilitaires sont branchés sur l’appareil de sécurité qui détient des centaines de milliers de prisonniers politiques et qu’ils sont soupçonnés d’être impliqués dans une grande partie du trafic illégal d’organes humains en Chine.
Une poignée d’enquêteurs ont traqué le lien entre l’armée et les organes pendant des années. Dans son livre publié en 2014, « The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem » (Ndr. Le massacre: meurtres, prélèvement d’organes et solution secrète de la Chine à son problème de dissidents), le journaliste américain Ethan Gutmann mobilise une quantité de preuves, recueillies sur près d’une décennie, pour montrer que les pratiquants de Falun Gong, une discipline spirituelle traditionnelle, ont été les principales cibles du prélèvement d’organes forcés en Chine.
Le Falun Gong, une pratique de cultivation interne qui implique des exercices et des enseignements moraux, est persécutée en Chine depuis 1999, après que le chef du Parti de l’époque, Jiang Zemin, l’ait déclaré comme un défi à la domination du Parti. À la fin des années 1990, le nombre de personnes le pratiquant semblait dépasser les membres du Parti communiste.
Des centaines d’hôpitaux à travers la Chine, comme celui de Tianjin ont connu une hausse spectaculaire des transplantations d’organes à partir de 2000, un an après que la persécution ait commencé en juillet de 1999.
« Il n’y avait pas de distribution nationale d’organes à cette époque. Il n’y avait pas de système de don d’organes. La réponse officielle était la peine de mort », a dit David Matas. « Et après, vous avez la question de la compatibilité avec la taille des organes et le sang, les problèmes d’hépatite en prison ; mais les temps d’attente étaient très courts malgré cela. »
Sans aucune explication officielle à cette batterie de questions, de soupçons et de preuves circonstancielles, « cela nous amène à ce que moi-même, David Kilgour, et Ethan Gutmann avons tiré comme conclusion » a dit Matas : « Ce sont des prisonniers de conscience ». « Plus l’échelle est grande, plus le besoin d’une explication est grand aussi, mais cette explication ne vient pas. Il n’y a pas d’autres sources d’organes évidentes » a-t-il poursuivi.
Dans un entretien téléphonique, il a été demandé à Ethan Gutmann ce qu’il pensait de l’origine probable des organes à Tianjin. Il a déclaré: « Je pense que la majorité de ces organes provient des pratiquants de Falun Gong. » Il a ajouté : « Il y a eu une grande population de pratiquants de Falun Gong, comprise entre un demi-million à un million, qui a été emprisonnée dans le système de laogaï pendant cette période » – en utilisant le terme chinois « laogaï » qui fait référence au système de camps de travaux chinois.
« C’est la seule source potentielle, en terme de quantité et dans laquelle ils auraient pu se servir. Il peut y avoir certains musulmans ouïghours et des Tibétains dans ce nombre, même si les taux de disparition ne sont pas aussi élevés dans ces communautés ».
Les interviews réalisées par Gutmann sur des centaines de réfugiés ont apporté le constat qu’une personne sur cinq et parfois deux sur cinq parmi les détenus de Falun Gong avaient été soumis à des tests sanguins en captivité. Les personnes libérées des camps de travaux forcés décrivent également des disparitions de personnes testées.
Des appels téléphoniques des enquêteurs ont été secrètement enregistrés depuis 2006. Il s’agissait d’appels à des médecins et des infirmières en Chine qui pensaient parler à un collègue médecin ou au parent d’un individu dans le besoin urgent d’un nouveau foie. Ils ont reconnu au téléphone qu’ils se procuraient les organes sur les prisonniers du Falun Gong .
Dans son livre, Gutmann décrit les examens que son interlocuteur, un réfugié du Falun Gong, a subi. « Ce qu’elle a décrit était terrifiant et inexplicable – le médecin plutôt que d’administrer un examen physique normal, était déjà en train de l’examiner comme un cadavre frais … Je me souviens d’avoir senti passer un froid inhabituel dans le dos et le manteau de mon scepticisme est tombé pendant un moment. »
Les examens sanguins de Tianjin
Comme dans les prisons et camps de travaux à travers le pays, il y a eu plusieurs témoignages de prisonniers de conscience à Tianjin pointant du doigt des tests sanguins et d’urine, au cours de la période pendant laquelle le Premier hôpital central de Tianjin était à l’apogée de ses opérations.
Ces comptes-rendus ont été établis à partir du site Minghui.org, un centre d’échange d’informations de première main au sujet du Falun Gong en Chine. Les articles sur le site sont généralement créés par des pratiquants de Falun Gong, des amis ou membres de la famille, souvent afin de documenter leurs expériences sous la persécution. Le site est largement utilisé par les universitaires et les chercheurs en droits de l’homme qui étudient la pratique ou sa répression. Il est considéré comme une source fiable pour un aperçu de la communauté du Falun Gong en Chine.
Une simple recherche sur Minghui.org avec les termes « test sanguins » et « Tianjin » révèle 9 720 résultats. Beaucoup d’entre eux sont probablement des doublons ou ne font pas référence à des expériences personnelles de test sanguin à Tianjin, mais un grand nombre semblent le faire.
Un cas typique, déposé le 9 novembre 2007, est intitulé « La persécution j’ai vu et vécu à la prison pour femmes de Tianjin ». Comme beaucoup d’observations sur Minghui, le rapport est anonyme, pour des raisons évidentes. Il y est dit: « Le troisième escadron dans la prison ciblait spécifiquement le Falun Gong … le chef d’escadron de chaque section du Troisième Escadron de la prison appelait les pratiquants de Falun Gong un par un et leur faisait subir des analyses de sang et d’urine. Ils ne le faisaient pas pour les prisonniers de droit commun. Le chef d’escadron disait que c’était parce qu’ils voulaient s’occuper des prisonniers du Falun Gong ». La prison est à un peu plus de 30 minutes de l’hôpital.
L’auteur, repensant à son expérience, écrit : « Je me demande encore où ces pratiquants disparus ont fini. »
D’autres cas de tests sanguins sont rapportés dans le camp de rééducation par le travail de Qingbowa. Qingbowa est à 23 minutes de route du Premier hôpital central de Tianjin. Le camp de rééducation par le travail Shuangkou est un autre camp dans lequel, selon les rapports de Minghui, les pratiquants de Falun Gong disent avoir eu leur sang testé en détention. Shuangkou est également à environ 30 minutes de route de l’Hôpital central de Tianjin, rapporte le pratiquant de Falun Gong Hua Lianyou, après avoir subi une prise de sang en juin 2013 dans la prison de Binhai, qui est à environ 45 minutes de l’hôpital central de Tianjin. Selon le rapport de Xu Haitang, un autre pratiquant de Falun Gong, son sang a été prélevé en juin 2006 dans le camp de travail pour femmes de Banqiao, qui est à environ 90 minutes de route de Tianjin.
DAFOH (Médecins contre les prélèvements forcés d’organes), un groupe de défense médicale basé à Washington, a mené sa propre analyse préliminaire sur ces rapports de tests sanguins de Minghui. Il écrit: « En suivant les rapports des survivants, il a été noté que les examens médicaux ne sont pas des consultations uniques. Bien que certains cas pourraient manquer d’éléments, ces données révèlent un grand nombre de victimes qui ne sont pas des cas isolés et suggère un usage systématique de divers examens médicaux imposées aux pratiquants de Falun Gong détenus ».
Bien sûr, rien de tout cela ne constitue la preuve que les tests sanguins avaient pour but de vérifier la compatibilité de sang pour la transplantation d’organes.
Mais il est également vrai que la raison réelle de ces tests de sang et d’urine n’est pas claire, voir même confuse : les personnes incarcérées sont, après tout, en prison en raison d’une campagne conduite au plus haut niveau du Parti communiste, pour éradiquer leur croyance. Ils sont généralement soumis à la torture, aux chocs électriques et aux coups en détention pour tenter de les faire renoncer à leur croyance. Le Falun Gong a été calomnié par la presse d’État et ses pratiquants ont été déshumanisés, moqués et déclarés ennemis de l’État. Des milliers de morts par torture ont été signalés et aucune enquête ou peine de prison n’a eu lieu en raison de la nature de la campagne d’éradication de parti communiste. Alors, pour quel profit les responsables des prisons allaient-ils extraire du sang de ces captifs ?
C’est ce contexte qui a conduit les enquêteurs à croire que les analyses de sang, les disparitions en captivité de pratiquants de Falun Gong et le boom de la transplantation qui a eu lieu peu de temps après le début de la persécution, sont probablement expliqués par un prélèvement d’organes de masse.
Le silence gênant
Même si la communauté médicale internationale ne souhaite pas conclure de manière préventive à un crime massif contre l’humanité, on pourrait au moins espérer une plus grande attention et une enquête sur la provenance des organes ainsi que sur l’ampleur à laquelle les prisonniers de conscience ont été ciblés. Il s’agirait, après tout, de l’un des crimes de masse les plus inquiétants du 21e siècle.
En effet, un certain nombre d’organisations et d’individus respectés ont clairement fait savoir qu’ils y voyaient un problème sérieux et que l’idée de prélèvements de masse sur le Falun Gong ne devait pas être reléguée au domaine de la théorie du complot de science-fiction. Le Comité des Nations Unies contre la torture en 2008 a déclaré: « Le parti-État chinois devrait immédiatement effectuer ou faire effectuer une enquête indépendante sur les allégations selon lesquelles des pratiquants de Falun Gong ont été… utilisés pour des greffes d’organes et prendre des mesures, le cas échéant, pour assurer que les responsables de tels abus soient poursuivis et punis ».
Arthur Caplan, éthicien au Centre médical de l’Université de New York, a prêté son nom à une pétition en 2012 appelant la Maison Blanche à « enquêter et condamner publiquement les prélèvements d’organes sur les croyants du Falun Gong en Chine ». Dans une interview à l’époque, il disait : « Je pense qu’on ne peut pas rester tranquille face aux meurtres pour des organes. C’est trop odieux. C’est tout simplement trop mauvais. Cela viole toutes les idées des droits de l’homme ».
Le récent film documentaire « Human Harvest » (Ndr. Prélèvement humain), qui aborde directement la question des prélèvements sur les pratiquants de Falun Gong, a remporté un prestigieux Peabody Award en 2014, l’équivalent dans la diffusion d’un prix Pulitzer. L’attribution d’un Peabody nécessite le soutien unanime des 17 membres du conseil d’administration, qui, dans leur résumé du documentaire ont décrit un « monstrueux système très rentable du don d’organes forcés ».
Certains pays, dont Israël et Taiwan, ont adopté une législation visant à empêcher leurs citoyens voyageant en Chine de recevoir des organes, après que des rapports sur les prélèvements d’organes sur les pratiquants de Falun Gong aient émergé.
Tout cela fait de la réaction de certains des acteurs clés de la transplantation sur la scène internationale – ce genre d’individus dont l’affirmation publique de l’inexistence de ces allégations provoque une censure internationale plus large plutôt qu’une demande d’enquête – est d’autant plus choquante. Ils sont pour la plupart aveugles à la question des crimes contre l’humanité, adoptant plutôt une position complaisante, à la manière de Kissinger – disant qu’il faut aider le projet de la réforme de la transplantation d’organes en Chine.
Le Dr Francis Delmonico, ancien chef de la Transplantation Society et auparavant au poste clé de la liaison internationale avec la Chine sur les questions de la transplantation, a écrit dans un courriel: « Mon commentaire est seulement d’encourager l’Hôpital central de Tianjin à communiquer des données vérifiables. ». Le mot « seulement » avait été mis en gras.
Des médecins comme Jeremy Chapman, ancien chef de la Transplantation Society basée à Sydney et le Dr Michael Millis, chirurgien du foie à l’Université de l’école de médecine de Chicago, ayant travaillé en étroite collaboration avec les autorités chinoises, ont également manifesté peu d’intérêt à poursuivre sur ces questions difficiles. Lorsque l’on a appuyé sur le potentiel d’approvisionnement d’organes venant des pratiquants de Falun Gong, le Dr Millis a fait remarquer dans une interview à Martina Keller, journaliste au magazine allemand Die Zeit, « Cela n’est pas dans ma sphère d’influence. Il y a beaucoup de choses dans le monde qui ne suscitent pas mon attention ou mon intérêt. »
L’actuel chef de la Transplantation Society, le Dr Philip O’Connell et l’agent de liaison de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Chine sur les questions de transplantation d’organes, le Dr Jose Nuñez, n’ont pas répondu aux courriels. Les principes directeurs de l’OMS sur la transplantation d’organes exigent que l’ensemble du processus de la transplantation d’organes soit transparent et ouvert à l’examen, mais pourtant les responsables de l’OMS ont fait peu pour faire de telles demandes publiques concernant la Chine.
En réponse au peu d’attention des médecins relative à la question des sources d’organes manquantes, Kirk Allison, directeur du Programme de droits de l’homme et de la santé à l’Université du Minnesota, a écrit dans un courriel: « Ce genre de questions importe. Tout d’abord, parce que la vérité importe ; le risque moral importe ; les droits de l’homme importe ; et les vies exploitées, même mortes, importent. Ils ont un droit moral sur nous ».
Dr. Lavee, respecté chirurgien cardiaque israélien, a écrit dans un courriel: « Je me sens gêné que mes collègues du monde entier ne se sentent pas comme moi, le devoir moral de demander à la Chine d’ouvrir ses portes pour une inspection approfondie indépendante de son système actuel de greffe, par la communauté internationale de la transplantation »
Il a ajouté: « En tant que fils d’un survivant de l’Holocauste, je me sens obligé de ne pas répéter l’erreur terrible faite par la visite de la Croix-Rouge internationale au camp nazi de concentration de Theresienstadt en 1944, lequel avait été signalé comme un camp de loisirs agréable. »
Version anglaise : Investigative Report: A Hospital Built for Murder
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TEHERAN, 15 février (Xinhua) — Le premier train de marchandises de Chine vers l’Iran est arrivé à Téhéran lundi, représentant un jalon dans la renaissance de la « Route de la Soie », qui ouvre un nouveau chapitre de coopération gagnant-gagnant entre la Chine et l’Iran.
Le train, également appelé train de la Route de la Soie, est passé via le Kazakhstan et le Turkménistan jusqu’en Iran, parcourant une distance de 10 399 kilomètres. Il avait quitté la ville de Yiwu, dans la province du Zhejiang à l’est de la Chine, le 28 janvier.
Ce train transportait des dizaines de containers, selon le vice-ministre iranien des Routes et de l’Urbanisme, Mohsen Pour-Aqaei, qui a prononcé le discours de bienvenue à l’arrivée du train cargo à la gare de Téhéran lundi.
Comme chacun sait, le commerce de la Route de la Soie a été un important pont dans le commerce entre l’Orient et l’Occident et a été un lien étroit entre les civilisations chinoises et perses.
L’initiative de « la Ceinture et la Route » proposée par le président chinois Xi Jinping en 2013, consiste en la Nouvelle ceinture économique de la Route de la Soie, reliant la Chine à l’Europe via l’Asie centrale et occidentale, et la Route de la Soie maritime du 21ème siècle, reliant la Chine aux pays d’Asie du Sud-Est, à l’Afrique et à l’Europe.
« Afin de relancer la Ceinture économique de la Route de la Soie, le lancement du train est une importante initiative, dans la mesure où 700 kilomètres de distance ont été parcourus chaque jour », a déclaré M. Pour-Aqaei, qui était présent à la cérémonie d’accueil du train à la gare de Téhéran.
« Comparé au voyage par mer des bateaux cargos depuis la ville de Shanghai en Chine jusqu’au port de Bandar Abbas en Iran, le temps de voyage du train a été de 30 jours plus rapide », a-t-il lancé.
M. Pour-Aqaei, également PDG de la société des chemins de fer iraniens, a ajouté que conformément au programme, il n’y aurait qu’un seul tel voyage de Chine vers l’Iran chaque mois.
Le voyage du train de marchandises de Chine en Iran fait partie d’une initiative chinoise pour relancer l’ancienne Route de la Soie utilisée par les commerçants pour relier l’Europe et l’Asie de l’Est.
Téhéran ne sera pas la destination finale de ce type de trains depuis la Chine, a indiqué le vice-ministre iranien, ajoutant qu’à l’avenir le train irait jusqu’en Europe.
Cela bénéficiera à l’Iran en tant que point de passage des trains de marchandises entre l’Asie de l’Est et l’Europe, a-t-il estimé.
L’ambassadeur de Chine en Iran Pang Sen a indiqué à Xinhua qu’en tant que projet de coopération après la visite du président Xi en Iran, le train de marchandises joue un rôle important pour promouvoir la mise en oeuvre de l’initiative de » la Ceinture et la Route ».
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HANGZHOU, 28 janvier (Xinhua) — Le premier train de conteneurs reliant la Chine et l’Iran est parti jeudi, depuis la ville de Yiwu dans la province chinoise du Zhejiang (est), chargé de petites marchandises chinoises.
BEIJING, 17 février (Xinhua) — Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a appelé la Chine et l’Australie à renforcer leur relations dans divers domaines, alors qu’il co-présidait, avec son homologue australienne, Julie Bishop, le troisième cycle de dialogue diplomatique et stratégique bilatéral, mercredi à Beijing.
Les liens sino-australiens font face à d’importantes opportunités, a déclaré M. Wang, appelant les deux parties à développer davantage la confiance politique mutuelle, à élargir la coopération mutuellement bénéfique, à respecter les intérêts fondamentaux de chacun et à ajouter de nouveaux contenus au partenariat stratégique global bilatéral.
Il a proposé aux deux pays de promouvoir l’intégration de leurs principales initiatives et stratégies de développement, et d’ouvrir de nouveaux domaines pour la coopération économique après l’entrée en vigueur de l’accord bilatéral de libre-échange.
M. Wang a appelé l’Australie à accorder plus de facilités aux touristes chinois afin de promouvoir les échanges entre les peuples des deux pays.
La Chine espère approfondir la coopération en matière de défense nationale et d’application de la loi avec l’Australie.
De plus, M. Wang a demandé aux deux pays de renforcer leur coordination et coopération dans le cadre des Nations unies, du G20 et de l’APEC.
Saluant hautement le partenariat stratégique global bilatéral, Mme Bishop a déclaré que son pays espérait renforcer la coopération avec la Chine dans divers domaines et à propos d’affaires internationales.
Les deux parties ont échangé leurs points de vue sur la mer de Chine méridionale et le dossier nucléaire coréen et ont convenu que maintenir la paix et la stabilité régionales répondait aux intérêts communs des deux pays et de la communauté internationale.
Les deux ministres ont également décidé de renforcer la communication à propos de ces questions afin de promouvoir la compréhension.
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BEIJING, 16 février (Xinhua) — Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a défendu mardi les constructions de la Chine sur une île en mer de Chine méridionale et a exhorté la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, à être « juste » à ce sujet. Celle-ci a indiqué qu’elle avait l’intention d’évoquer cette question au cours de sa visite à Beijing cette semaine.
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L’impossibilité d’obtenir des chiffres fiables
En Chine, il est extrêmement difficile d’obtenir des chiffres fiables sur le nombre réel de transplantations d’organes effectuées au fil des années, qu’il s’agisse de ceux d’un seul hôpital ou des chiffres globaux. Ce n’est d’ailleurs que récemment que le pays s’est doté d’un système national de transplantation d’organes. Auparavant c’était une jungle d’hôpitaux en concurrence les uns avec les autres pour garnir leurs chiffres d’affaires. Ils étaient tous engagés dans le trafic d’organe afin de s’assurer leur approvisionnement humain par tous les moyens. L’intégrité statistique ou toutes sortes de chiffres fiables étaient le cadet de leurs préoccupations.
Aux États-Unis par exemple, obtenir le nombre de transplantations d’organes effectuées est très simple. Le réseau des prélèvements d’organes et des transplantations est affilié au Ministère de la Santé et alimente une base de donnée, qui peut être interrogée sur une dizaine de critère. Ainsi par exemple, le nombre total de greffe réalisées entre janvier et septembre 2015 aux États-Unis est précisément de 23 134.
D’autres centres de données fournissent des informations hospitalières spécifiques. Le registre scientifique des receveurs de greffes est capable de fournir des informations détaillées sur n’importe quel centre de transplantation. Ainsi, dans l’État de New York, le centre le plus actif est le New York PresbyterianHospital/Columbia Univ. Medical Center.
Selon un rapport qui compile les informations remontant jusqu’en avril 2015, 110 greffes de foie ont eu lieu en 2013, contre 142 en 2014. Le rapport d’une soixantaine de pages contient d’abondantes informations sur les patients sur liste d’attente, les types de donneurs, les taux de greffes et bien plus encore. Aucune information de cette nature n’existe sur les hôpitaux en Chine – et à juste titre : c’est un secret d’État.
L’année dernière, dans une rare interview accordée aux journalistes chinois, le Dr Huang Jiefu, fonctionnaire chinois et porte parole de la politique de transplantation des organes en Chine, a été inhabituellement franc sur la difficulté d’obtenir des chiffres. L’interview faisait partie d’un plan de propagande permettant à Huang d’envoyer un message (plus tard dévoilé) stipulant que la Chine n’utilisait plus d’organes des prisonniers exécutés.
« La peine de mort est un secret d’État », a déclaré Huang. « Les organes provenaient des prisonniers exécutés. Si vous connaissez le nombre de transplantations effectuées, alors vous êtes détenteur d’un secret d’État ».
Pressé par le journaliste de mieux s’expliquer, Huang a répliqué à nouveau : « La question que vous abordez est trop sensible. Voilà pourquoi je ne peux pas en parler plus clairement. Si vous y réfléchissez, vous comprendrez. Parce qu’il n’y a pas de transparence dans ce pays, vous ne pouvez pas savoir d’où proviennent les organes ; le nombre de transplantations effectuées est aussi un secret ».
Mais des chiffres fuitent inévitablement, même d’une formidable machine de propagande comme celle du Parti communiste chinois. Dans le cas du Premier hôpital central de Tianjin, plusieurs moyens permettent de se les procurer. Même si le procédé n’est pas extraordinairement original, examinons-en quelques-uns.
Les chiffres officiels
La première source de donnée est tout simplement un graphique pris sur une page du Centre oriental de transplantation, aujourd’hui disparue mais archivée. Ce graphe indique le nombre cumulé des greffes de foie entre 1998 et 2004. D’une année sur l’autre, les chiffres annuels ont explosé : 9, 24, 78, 129, 272, 289 et 800. Toutefois, ces chiffres sont contredits par ceux obtenus à partir d’autres sources officielles.
Sur la même page, une publicité annonce le temps d’attente pour obtenir une greffe de foie : deux semaines – du jamais vu dans les pays où existent des systèmes de dons volontaires. Les données sur les foies sont un bon moyen pour estimer le nombre d’exécutions réalisées pour faire les transplantations, puisque qu’il s’agit d’un organe vital et que sa greffe complète est synonyme de mort de l’individu. Puisse qu’en Chine, les exécutions ont toujours été la seule source de transplantation d’organes – jusqu’à preuve du contraire – la question du nombre devient cruciale. Le problème avec ce graphe est que ses données s’arrêtent en 2004.
Le pastiche
Une autre méthode consiste à s’intéresser aux chiffres avancés par les médias. Dans ce cas, à partir de l’an 2000, le chiffre était de 78 – le même que celui de la source précédente. La source est un article consacré à Shen Zhongyang dans la revue Science and Technology Daily intitulé :« Il a porté la technique de greffe de foie à l’apogée de la médecine mondiale ». Un peu plus tard, une autre source de 2000, avance le chiffre total de 100.
En 2001, il n’y a pas de chiffres cumulés, mais le total annuel était de 109 greffes de foies et 80 de rein, selon l’encyclopédie médicale chinoise et certaines dépêches.
En 2002, il n’y a pas de chiffre annuel non plus, mais le cumulatif était de 300 selon Shen Zhongyang. En 2003, le total cumulé à Tianjin était 645 (même si l’équipe de l’hôpital de Tianjin a effectué près de 400 autres greffes dans d’autres hôpitaux à travers la Chine, selon un rapport officiel) et les chiffres annuels de 253. C’est à ce moment là, en fin d’année qu’un budget est approuvé pour la construction de 17 étages supplémentaires au Centre oriental de la transplantation d’organe. En 2004, aucun total annuel spécifique n’a été publié – mais le total cumulatif se situait aux alentours de 1 000, selon un rapport de la grande encyclopédie médicale chinoise en ligne, le réseau de l’éducation médicale.
En 2006, 655 transplantations ont été effectuées selon la page officielle de Shen Zhongyang et un article qu’il a rédigé pour un journal médical. Dans cet article, il expliquait avec fierté que son centre venait de battre le record du monde des transplantations hépatiques détenu sur les dix dernières années par l’Université de Pittsburgh. Et puis… silence radio.
Le Centre oriental de la transplantation d’organe de Tianjin a officiellement ouvert ses portes le 1er septembre 2006. On ignore pourquoi, au moment où les chiffres devaient exploser, les données annuelles ont tari.
Coïncidence ou pas, des allégations ont commencé à surgir en mars 2006, faisant état de prisonniers de Falun Gong qui servaient de principale source au trafic d’organes en plein essor en Chine. Les fonctionnaires chinois ont rejeté ces allégations comme étant de la propagande fumeuse, sans jamais sérieusement réfuter les arguments présentés ni leurs conclusions. De toutes les sources disponibles, seuls deux chiffres apparaissent après 2006 et ils proviennent de la même source : un site web sur Shen Zhongyang publié par les autorités de propagande de Tianjin.
Les informations d’une page officielle
La page officielle de Shen Zhongyang est visible sur ttwj.gov.cn. Le site est géré par le bureau du gouvernement municipal et des ressources humaines de Tianjin et sert de porte-drapeau aux dirigeants de Tianjin. Dans la section « Qui nous sommes » de la page internet, on peut lire « le Comité du Parti de Tianjin et le gouvernement accordent une grande attention au travail des ressources humaines ».
La page raconte l’incroyable succès de Shen Zhongyang, son esprit d’entreprise – qui a aidé à la construction de l’industrie chinoise de transplantation – et fournit quelques chiffres sur les transplantations. Les premiers chiffres sont grosso modo les mêmes que ceux ci-dessus et même si après 2006, aucun chiffre précis n’a été donné, la page déclare que « pour les deux années suivantes, il était devenu le principal centre de greffe de foie en terme de volume et d’actes, et le plus grand Centre de transplantation d’Asie ». Et d’ajouter qu’à la fin 2013, c’était le centre qui avait réalisé le plus de chirurgies en Chine, 16 années de suite. Certaines de ses techniques étaient devenues « les plus avancées » au monde.
Et le profil fournit deux chiffres édifiants : un total cumulé de 5 000 greffes de foie en 2010 et un total cumulé de « près de 10 000 » fin 2014 – censé représenter le quart du total national. Sur ce graphique on peut voir l’évolution des transplantations.
Ces chiffres sont déjà inquiétants et très difficilement compatibles avec le récit officiel, qui fait des prisonniers exécutés la seule source des organes utilisés. On ignore toujours pourquoi les statistiques annuelles ont disparu après la construction du principal nouveau centre de transplantation, jetant le doute sur la fiabilité de chiffres précis et soignés.
Selon d’autres documents, le nombre réel de transplantations serait beaucoup plus élevé. Trois indicateurs vont dans le sens de cette probabilité : des anecdotes liées au business en plein essor de l’approvisionnement en organes pour des touristes coréens ; d’importants chiffres de transplantations avancés par les collègues de Shen Zhongyang ; et une analyse dérivée des propres dossiers de rénovation de l’Hôpital central de Tianjin, extraites d’une obscure base de données chinoises.
L’envol du tourisme médical coréen
Selon Li Lianjin, infirmière en chef au Premier hôpital central de Tianjin, les patients coréens ont commencé à affluer en Chine et en particulier à Tianjin – qui se trouve à 90 minutes de vol de Séoul, en 2002. L’hôpital a procédé à des greffes d’organes sur plus de 500 patients coréens entre 2002 et 2006, a précisé Li.
Li s’était exprimée sur Phoenix Weekly, un magazine dirigé par la télévision Phoenix pro-Pékin installée à Hong Kong. L’article s’intitulait : « Enquête sur les dizaines de milliers d’étrangers qui viennent en Chine pour obtenir des greffes d’organes ».
Toute cette activité a eu lieu avant l’ouverture en septembre 2006 du Centre oriental de transplantation d’organes. Du coup, les médecins improvisaient. Un tiers des 12 étages de leur bâtiment d’origine a été transformé pour accueillir les patients transplantés ; le 8e étage d’un autre hôpital (l’Hôpital international de cardiologie) a également été utilisé pour les receveurs coréens ; les 24e et 25e étages d’un hôtel à proximité ont également été réservés aux patients en attente de greffe. Deux infirmières y ont été affectées. « Malgré tout cela, nous étions toujours à court de lits », a expliqué Li.
Tianjin est une destination prisée pour le tourisme médical coréen car en Corée les patients ne peuvent généralement recevoir que des greffes hépatiques partielles de donneurs vivants. Or en Chine, ils peuvent obtenir des foies entiers « et des foies d’excellente qualité, en provenance de donneurs », dit le rapport.
En outre les procédures ont été accélérées : les patients étrangers peuvent simplement faxer leurs dossiers médicaux avant de prendre l’avion. Les temps d’attente étaient extrêmement courts, au regard des normes internationales. « Au début, les patients devaient attendre environ une semaine. Mais maintenant, avec une liste d’attente de plus en plus longue, les délais d’attente se sont rallongés. La plus longue durée est à présent d’un peu plus de trois mois », indique le rapport.
Trois mois pour obtenir un foie, reste toujours un délai remarquablement court. Le Chosun Ilbo, un grand quotidien coréen, a rapporté que le Premier Hôpital Central de Tianjin avait effectué 44 greffes de foie en une semaine en décembre 2004 et 24 en un seul jour (dont aussi des greffes de rein), précise l’article de Phoenix Weekly.
Il y avait aussi des patients venant d’autres pays : du Japon, de la Malaisie, d’Égypte, du Pakistan, d’Inde, d’Arabie Saoudite, d’Oman, de Hong Kong, de Macao et de Taiwan. Selon le journal Chosun Ilbo, le café de la salle d’attente au 4e étage était devenu un « club international », où les patients de différentes origines ethniques se rencontraient et discutaient de leurs expériences.
Le rapport relate cette anecdote : « Tous les jours, les chirurgiens de l’hôpital sont débordés, courant entre les salles communes et les salles d’opérations. Ils n’ont même pas le temps de se saluer. Chaque jour, ils marmonnent la même chose : ‘ Je suis tellement pris en ce moment, j’ai dix interventions chirurgicales à réaliser aujourd’hui ‘. Certains médecins passaient toute la nuit en salle, à opérer ».
Le rapport ne fournit pas de chiffres mais confirme au moins que le personnel de l’Hôpital centre de Tianjin avait été extrêmement occupé, afin de mener à bien le projet du nouveau bâtiment de transplantations.
Le personnel médical
Le Centre oriental de transplantation d’organe compte 110 médecins participant aux opérations de foies et de reins, parmi lesquels 46 qui sont chirurgiens et médecins en chef et 13 médecins traitants, révèle l’Organisation Mondiale d’Enquête sur la Persécution du Falun Gong, un réseau d’enquêteurs qui a réalisé la monumentale tâche de cataloguer le personnel de centaines d’hôpitaux à travers la Chine.
Les reportages médias, les déclarations d’un certain nombre de collègues de Shen Zhongyang, ainsi que des informations sur le site de l’hôpital et d’autres rapports, indiquent qu’une grande partie du personnel médical avait individuellement réalisé un certain nombre de greffes.
Par exemple, en 2011, Zhu Zhijun, vice-président de l’hôpital a procédé à pas moins de 1 400 greffes de foie, dont 100 étaient des dons de foie partiel de parents vivants. C’est ce que montre sa page sur le site Web « Nous, les Médecins », un répertoire pour les médecins chinois.
En juillet 2006, Pan Cheng, chirurgien adjoint en chef, a personnellement effectué plus de 1 000 greffes de foie et obtenu 1 600 greffons de foie.
Après dix années de pratique, le chirurgien en chef Gao Wei a effectué plus de 800 greffes
de foie, selon ce qui est inscrit sur son profil à jour sur le site « Good Doctors Online », une autre base de données bien connu des médecins chinois.
Song Wenli, chirurgien en chef adjoint du département de transplantation rénale, a effectué environ 2 000 greffes de rein ; le chirurgien en chef associé, Mo Chunbo plus de 1 500, selon leurs deux profils à jour sur le même site internet.
Certaines de ces opérations n’ont pas entraîné la mort du donneur – des centaines d’organes ont ainsi été donné par des parents vivants (les liens de parenté restant à déterminer). Mais beaucoup d’opérations ont causé la mort des donneurs.
Si l’on extrapole le volume moyen de greffes totales opérées par ces chirurgiens au reste du personnel médical – une méthodologie certes pas forcement fiable – le volume total des greffes à partir de 2014 serait de plusieurs fois supérieur au chiffre officiel de 10 000. Il est clair qu’à partir de seulement quelques profils de médecins, les chiffres commencent à s’approcher des totaux annoncés par l’hôpital.
Bien sûr, les médecins dont les profils sont disponibles peuvent simplement être des cas particuliers. Ils peuvent avoir gonfler leurs statistiques ou avoir participé à des opérations conjointes – tout cela est possible. Dans tous les cas, même en procédant à des soustractions drastiques, le nombre d’organes greffé par les chirurgiens excède largement les chiffres officiels.
Cependant les rapports de construction du Centre oriental de la transplantation indiquent que le volume des transplantations pourrait être beaucoup plus élevé.
Rénovation d’un centre de transplantation d’organe
Dans la mesure où le gouvernement municipal a dépensé environ 130 millions de yuans (18 millions d’euros) pour construire le nouveau Centre oriental pour la transplantation d’organes, il est logique de penser que c’est pour une utilisation bien précise.
Mais, il faut savoir qu’en Chine, les choses fonctionnent différemment. Des dépenses pharaoniques en infrastructures vont parfois en pure perte, servant plus à promouvoir des figures économiques locales qu’à la création d’entreprises productives. Ainsi, la simple construction ou la rénovation de bâtiments n’est en rien une garantie. Il existe toutefois des preuves convaincantes que le nouveau bâtiment a été mis en service immédiatement et a été intensément utilisé.
Cette information vient des dossiers propres à l’hôpital, consignés dans la base de donnée de l’organisme China Construction and Remodeling, une ressource publique alimentée par divers organismes officiellement affiliés qui fournit les détails de la construction et des travaux de rénovation dans toute la Chine.
Ces documents montrent ce qui semble avoir été délibérément dissimulé dans toutes les autres sources chinoises disponibles : après l’ouverture du nouveau centre de transplantation en 2006, le Premier hôpital central de Tianjin a fonctionné à plein régime.
La preuve clé est un document PDF de 22 pages, téléchargeable après la création d’un identifiant utilisateur et d’un mot de passe sur le site et donnant nombre de détails sur les rénovations et les nouvelles constructions achevées en 2008.
La rénovation décrite dans le document concerne en premier lieu le bâtiment principal, le bâtiment ambulatoire et la salle d’urgence (le bâtiment de la greffe est laissé tel quel). Il comprend l’ajout d’isolant à la façade « pour assurer des économies d’énergie et augmenter le confort de patients ». Un autre étage aurait été ajouté au bâtiment ambulatoire qui passerait de trois à quatre étages. Cependant, la ligne cruciale est la suivante : « Il y a en moyenne 2 000 consultations externes quotidiennes ; le taux d’utilisation des lits est de 86 % ; les lits consacrés aux transplantations rénales et hépatiques sont à 90 % du taux de remplissage ».
Le nombre total de lits dédiés aux transplantations du Premier hôpital central de Tianjin, pendant cette période était de 500 au Centre oriental de transplantation. Le nombre total de lits à l’hôpital s’établissait à 1 226, dont 726 initialement disponibles. Le document précise que la surface totale est à ce moment là de 46 558 mètres carrés.
Ainsi, selon ces documents, 450 lits servaient aux greffes de foie, de reins et d’autres organes. D’après les documents publicitaires de Tianjin destinés aux patients étrangers, la durée totale d’un séjour de tourisme d’organes à l’hôpital serait comprise entre un et deux mois et dépendrait du temps d’attente pour l’organe et de la durée de la convalescence du patient.
Si le séjour moyen pour une greffe était de 30 jours par patient, alors 5 400 greffes auraient eu lieu chaque année au Centre oriental de la fin 2006 à la fin 2008. Si le séjour moyen était de deux mois, le total serait de 2 700. Il est impossible de connaître la durée moyenne réelle des séjours à l’hôpital central mais les chirurgiens de transplantation qui ont examiné ce rapport ont estimé que les deux scénarios étaient plausibles.
Mais cet accroissement de l’activité était-il exceptionnel et lié aux deux premières années d’ouverture du nouveau centre ? Non, révèlent d’autres rapports de rénovation. C’est vite devenu la norme. Les données suivantes disponibles permettent de faire le point sur le taux de remplissage des lits de transplantation du Premier hôpital central de Tianjin. Ils viennent de la page de l’hôpital publié sur Enorth Netnews, le porte-parole officiel du gouvernement de Tianjin, le 25 juin 2014.
On peut y lire, que « des progrès ont été faits » dans divers départements en 2013 et il a ainsi été atteint un taux de remplissage des lits de l’ordre de 131,1 %, soit une augmentation de 5,7 % par rapport à 2012. (Le rapport ne précise pas comment ce taux de plus de 100 % d’utilisation est possible, mais il est courant dans les hôpitaux chinois de voir des lits d’appoint s’intercaler entre des lits officiels des chambres.)
En 2013, 300 nouveaux lits ont été ajoutés, ce qui porte le nombre total actuel à 1 500 lits. L’hôpital a également ajusté le nombre de lits alloués aux différents départements, y compris le Centre oriental de transplantation d’organes, sans toutefois préciser le nombre de lits attribués par secteur.
Il est difficile de savoir combien de lits, sur les 1 500 au total ou sur les 500 du Centre oriental ont été utilisés pour des greffes d’organes entre 2012 et 2013.
Mais il y a une cohérence dans les taux d’utilisation signalés : 90 % d’utilisation signalée en 2009, 130 % en 2013. Que ce ratio ait chuté pendant quatre ans avant de flamber – ou d’augmenter lentement, comme l’indique les chiffres officiels des transplantations (clairement manipulés), est impossible à vérifier. Une augmentation régulière semble plus intuitive et plus cohérente.
Pourtant, de nouvelles constructions sont en cours en 2015 sur un tout nouveau site, dont un service de consultation externe capable d’accueillir entre 6 000 et 7 000 patients journaliers, un centre d’urgence capable de traiter 1 200 patients par jour, un parking souterrain d’une capacité de 2 000 véhicules et un héliport.
Cette nouvelle construction, qui a débuté en juillet 2015 et devrait se terminer à la fin de 2017, aura une capacité totale de 2 000 lits. On ignore encore combien de lits seront consacrés aux transplantations.
Lire la suite et fin de cette enquête exclusive dans les prochains jours.
Version anglaise : http://www.theepochtimes.com/n3/1958171-china-hospital-built-for-murder/2
Cet article Chine : un hôpital construit pour tuer – Deuxième partie est apparu en premier sur Epoch Times.
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