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Une première en Birmanie : une femme ministre

La nouvelle ministre de la santé publique, Myat Myat Ohn Khin, est la première femme à accéder aux fonctions de ministre depuis l’indépendance de la Birmanie.

Comparée à ses voisins occidentaux – Bangladesh, Inde et Pakistan – et même à la Thaïlande, la Birmanie accuse un retard considérable dans le domaine de l’accès des femmes aux fonctions gouvernementales – ce qui ne laisse pas d’être paradoxal quand on connaît le charisme et la popularité de la cheffe de l’opposition parlementaire Aung San Suu Kyi. Un premier petit pas a été fait pour commencer à combler ce déficit, le 4 août dernier, lors de la nomination par le président Thein Sein de Myat Myat Ohn Khin au poste de ministre de la Santé publique, a indiqué le 10 septembre le site d’information online Mizzima, quelques jours après la prestation de serment des nouveaux ministres. « Autant que je sache, Khin Kyi [la mère d’Aung San Suu Kyi] a occupé le plus haut poste [pour une femme] dans l’histoire moderne de la Birmanie en tant qu’ambassadrice en Inde », commente Win Tin, membre de la direction de la Ligue nationale pour la démocratie, principale formation d’opposition, citée par Mizzima. Le gouvernement birman comprend 36 ministres.

Quatre femmes figurent parmi les 15 vice-ministres. La faible proportion des femmes en politique est particulièrement criante dans les deux chambres du Parlement. Ainsi, il n’y a que 25 femmes députées dans la Chambre basse qui comprend 440 sièges et 4 dans la Chambre haute pourvue de 224 sièges. Selon un rapport du Parlement, la Birmanie se situe au 134e rang sur 143 pays listés en ce qui concerne la participation des femmes au Parlement. Il n’y a pas non plus de femmes parmi les sept juges de la Cour suprême.

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La loi sur les investissements étrangers est votée en Birmanie

Le parlement de Birmanie a voté le 7 septembre une loi assez libérale pour encadrer les investissements étrangers dans le pays.

Un vif débat avait opposé les partisans d’une loi assez souple pour les investisseurs étrangers à ceux qui désiraient de fortes mesures de protection des entreprises locales. Selon le quotidien thaïlandais Bangkok Post, c’est le premier groupe qui a prévalu. Ainsi, le niveau minimum d’investissements, qui avait été fixé dans un premier temps à 4 millions d’euros a été abaissé afin de ne pas dissuader les petits et moyen entrepreneurs. De même, le seuil maximal des parts d’un investisseur étranger a été porté de 49 % à 50 % – sauf dans les secteurs sensibles comme l’agriculture et la pêche -, et même au-delà dans certains secteurs (comme, semble-t-il, celui des hautes technologies). Enfin les baux fonciers pour les étrangers dans le cadre d’un investissement ont été portés de 35 ans à 50 ans avec possibilité d’une extension de 50 ans.

Le président Thein Sein doit encore promulguer la loi ou la renvoyer au Parlement pour modification. Mais, selon le Bangkok Post, comme Thein Sein faisait partie du groupe de ceux qui s’opposaient à une loi trop restrictive, il est probable qu’il la promulgue tel quel. Les investissements des pays occidentaux sont pratiquement inexistants en Birmanie depuis le début des années Soixante, d’abord du fait de la politique isolationniste de la dictature de Ne Win, puis, à partir de 1988, à cause des sanctions économiques occidentales. Seules de rares firmes occidentales, comme Total, Alsthom, Diethelm et Siemens avaient, malgré le contexte politique, investi dans le pays.

 

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Total renforce sa position en Birmanie

En acquérant 40 % dans un bloc gazier, Total, longtemps vilipendé pour ses investissements en Birmanie, consolide ses positions.

La firme Total S.A. continue à avancer ses pions en Birmanie en acquérant 40% du bloc gazier M 11, opéré par le Thaïlandais PTTEP, au large des côtes sud-est de Birmanie, non loin du gisement de Yadana dont la firme française est l’opératrice depuis les années 90. Le troisième partenaire du bloc M 11 est le Japonais JX Nippon Oil and Gas Exploration Corp avec 15% des parts. En 2011, Total avait atteint une production cumulée en Birmanie de 15.000 barils équivalent pétrole par jour.

Selon la firme d’analyse économique Zacks Investment Research, la décision de la firme française semble motivée par la possibilité de découverte de nouveaux gisements dans la zone et par le fait que les pays de la région deviennent des consommateurs d’énergie de plus en plus importants. La grande majorité du gaz extrait du gisement de Yadana alimente les centrales électriques de Thaïlande.

Total a été longtemps critiqué pour ses investissements en Birmanie, initiés dès le début des années 1990, et pour certaines violations alléguées des droits de l’Homme notamment aux alentours du gazoduc reliant le gisement de Yadana à la Thaïlande. Un règlement à l’amiable avait mis un terme à une action judiciaire concernant l’emploi de travail forcé sur le chantier du gazoduc.

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Crise institutionnelle en Birmanie

La Birmanie a connu, avec la démission le 6 septembre des neufs juges constitutionnels, sa première crise institutionnelle depuis l’ouverture politique au début de 2011.

C’était une première épreuve pour la démocratie embryonnaire de la Birmanie. Le fait qu’elle ait pu la surmonter sans répercussions négatives majeures est un signe rassurant. Un arrêt de la Cour constitutionnelle saisie par le président Thein Sein et statuant que les comités parlementaires n’ont pas le droit de remettre en cause les amendements aux lois effectués par l’exécutif, ni de convoquer les ministres pour les questionner, est à l’origine du conflit. Jeudi 6 septembre, les deux tiers des députés de la Chambre basse du parlement – ceux de la Ligne nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, comme ceux du Parti de la solidarité et du développement de l’union (USDP) majoritaire – ont voté la destitution des neuf juges constitutionnels. Ceux-ci ont démissionné dans la soirée du même jour après avoir consulté Thein Sein. Seuls les députés militaires, qui occupent de droit 25 % des sièges de la Chambre basse, avaient voté contre la destitution ou s’étaient abstenus.

Cette mini-crise montre qu’un véritable jeu institutionnel existe et que les députés du parti majoritaire n’obéissent pas au doigt et à l’œil du gouvernement. Elle témoigne aussi des tensions entre le président Thein Sein et celui qui apparaît comme son principal rival dans le camp des anciens de la junte, l’ex-général Thura Shwe Mann, président de la Chambre basse. Réputé ambitieux et corrompu, il viserait à se porter candidat à la succession de Thein Sein aux élections de 2015 – ou même avant si ce dernier a un accident de santé. Ce chassé-croisé constitutionnel lui a permis de se positionner comme défenseur des libertés parlementaires, tout en montrant que le nouveau système birman était capable de gérer une crise sans à-coups majeurs.

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Les Chins de Birmanie victimes de persécutions religieuses

Une organisation de protection des droits des minorités dénonce la politique d’assimilation des Chins pratiquée par le gouvernement birman.

Dans un rapport de 130 pages publié le 5 septembre, l’Organisation chin des droits de l’homme (CHRO) a dénoncé les persécutions religieuses et les violations des droits de l’homme dont est victime la minorité ethnique Chin de Birmanie, laquelle compte environ un million de personnes. Même si la liberté religieuse est inscrite dans la Constitution birmane de 2008, les droits religieux des Chins, dont 90 % sont de confession chrétienne, sont bafoués dans les faits, selon cette organisation. Le CHRO évoque notamment un programme s’étalant sur 30 ans de « développement de la jeunesse dans les zones frontialières » dans le cadre duquel ont été récemment mises en place des écoles gratuites pour les Chins de familles pauvres. « Les Chins qui vont dans ces écoles ne peuvent plus pratiquer le christianisme et sont forcés de s’orienter vers le bouddhisme et d’apprendre le pali [la langue sacrée du bouddhisme theravada]. Ils sont sous une intense pression pour se convertir au bouddhisme sous peine d’être envoyés dans les rangs de l’armée », a indiqué Rachel Fleming, membre du comité directeur du CHRO.

Originairement animistes et divisés en tribus rivales, les Chins, qui vivent dans ce qui est aujourd’hui l’Etat Chin près de la frontière avec l’Inde, ont été convertis au christianisme par des missionnaires durant la période de la colonisation britannique. Cette religion est devenue un élément essentiel de leur identité et un facteur d’unité. « Le christianisme fait partie de notre identité et cela est mis en péril par une politique de discrimination et d’assimilation », a déclaré Salai Ling, directeur du CHRO, lors d’une conférence de presse à Bangkok pour présenter le rapport. 200.000 Chins ont fui la Birmanie depuis le début de la dictature militaire en 1962.

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25 ans d’aventures en Birmanie : un livre de Thierry Falise

Un journaliste et photographe belge, qui a sillonné la Birmanie depuis les années 80, raconte ses expériences dans un livre en anglais.

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Birmanie : le gouvernement relâche des enfants-soldats

Le gouvernement  birman a rendu le 3 septembre à la vie civile 42 enfants soldats, âgés de 15 à 17 ans.

Ces ex-enfants soldats ont reçu une carte d’identité et ont été remis à leur famille lors d’une cérémonie à Rangoon à laquelle assistaient des représentants des Nations unies et de l’armée birmane. Selon le magazine online Irrawaddy, le représentant de l’Organisation internationale du travail (OIT) en Birmanie, Steve Marshall s’est félicité de cette initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un accord signé en juin entre le gouvernement de Birmanie et les Nations unies, tout en soulignant qu’il ne s’agissait « que du début d’un long processus ». Il a souligné que l’OIT recevait de moins en moins de plaintes des familles concernant des cas d’enfants soldats. 93 enfants soldats avaient été remis à leurs familles au cours de l’année 2010. Mais le représentant de l’OIT a insisté sur la nécessité d’organiser aussi des discussions avec certains groupes de guérillas ethniques qui comptent  également des enfants dans leurs rangs.

L’Irrawaddy contrebalance toutefois le relatif enthousiasme du représentant de l’OIT par les propos d’Aye Myint, un militant des droits des enfants qui travaille dans la division de Pégou. Celui-ci estime que la cérémonie du 3 septembre n’est qu’un spectacle à l’adresse de la communauté internationale et exige que le gouvernement annonce le nombre exact d’enfants soldats qui demeurent dans les rangs de l’armée. La plupart du temps, ces enfants sont kidnappés sur le chemin de l’école et soumis à une formation brutale avant d’être intégrés dans l’armée. Dans certains cas, ils sont poussés à prendre l’uniforme par certains membres de leur famille qui sont des militaires d’active et gagnent un pécule par ce trafic.

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Voie libre pour les quotidiens privés en Birmanie

Le nouveau ministre birman de l’information a annoncé que des quotidiens privés vont pouvoir être publiés à partir du début 2013.

Durant des décennies l’austère New Light of Myanmar a été la voix quotidienne, en anglais, de la propagande de la junte de Birmanie. Avec ses titres de Une dignes de la Pravda – comme « Le ministre de l’Industrie N°2 et les dignitaires de sa délégation ont visité l’usine textile de Mawlamyine-Ouest [Moulmein] » – et sa typographie début du XXe siècle, le journal et ses équivalents en birman ont donné le ton de la couverture médiatique des années de dictature. Si l’on en croit le nouveau ministre de l’Information, Aung Kyi, considéré comme un réformateur, des concurrents privés, en anglais et en birman, vont pouvoir faire leur apparition à partir du début de 2013, écrit le Myanmar Times. Si l’on se réfère à l’explosion du nombre des magazines et des hebdomadaires depuis le début de 2011, la presse quotidienne devrait donc passer à la vitesse supérieure dans les prochains mois.

Le départ du ministre précédent, Kyaw Hsan, lors du remaniement de la fin août, a clairement apaisé les tensions entre le gouvernement et les journalistes. Kyaw Hsan, un partisan de la ligne dure, avait ordonné fin juillet la suspension de deux hebdomadaires parce qu’ils n’avaient pas soumis certains articles à la censure préalable. Cette censure a été abolie fin août. La floraison des nouveaux titres quotidiens et périodiques sera à terme encadrée par une nouvelle loi sur la presse en train d’être étudiée par le Parlement. Aung Kyi, le ministre de l’information, souhaite consulter des journalistes et des experts pour affiner le projet de loi, lequel ne sera donc pas adopté dans l’immédiat.