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Les bonzes de Birmanie défilent contre les Rohingyas

Plusieurs centaines de bonzes ont défilé à Mandalay pour manifester leur soutien à la politique du président Thein Sein envers les Rohingyas.

Les longues colonnes bien ordonnées de bonzes en robe rouge foncé rappellent la « révolution safran » de septembre 2007, lorsque les moines bouddhiques de Birmanie avaient courageusement manifesté contre le régime militaire, avant d’être durement réprimés. Mais, le 2 septembre, les moines ont manifesté pour demander l’exclusion de la communauté nationale des Rohingyas, les musulmans vivant dans l’Etat Rakhine, secoué depuis juin par des violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait officiellement 90 morts. Selon un des leaders du cortège, les manifestations devraient se poursuivre pendant plusieurs jours et visent à soutenir la politique du président Thein Sein. Celui-ci avait indiqué sur son site internet officiel en juillet que les Rohingyas devaient être déportés ou regroupés dans des camps en attendant qu’un pays tiers les accepte, mais qu’il était « impossible d’accepter les Rohingyas entrés illégalement dans le pays, car ils ne constituent pas une des ethnies du Myanmar (Birmanie) ».

Les Rohingyas sont privés de nombreux droits et ne peuvent pas accéder à la nationalité birmane, bien qu’ils aient souvent vécu dans l’Etat Rakhine depuis plusieurs générations. Lors de la manifestation de Mandalay, certaines pancartes dénonçaient l’envoyé spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme Tomas Ojea Quintana, accusé d’avoir des « préjugés favorables envers les Rohingyas ». L’organisation des droits de l’Homme Human Rights Watch a accusé dans un récent rapport les militaires birmans d’avoir fait feu sur les Rohingyas durant les violences dans l’Etat Rakhine en juin. Sous les pressions, le gouvernement birman a ouvert une enquête en août sur les affrontements.

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La Birmanie allège sa liste noire

Le gouvernement civil de Birmanie a retiré 2.000 noms de sa liste noire, sur laquelle il reste environ 4.000 interdits de séjour.

Un article de trois paragraphes à la dernière page du quotidien New Light of Myanmar du 28 août a annoncé la nouvelle : environ 2.000 noms ont été retirés de la mystérieuse liste noire, précisant qu’il y restait toutefois quelque 4.000 indésirables. C’est donc un geste limité du gouvernement civil du président Thein Sein, qui s’inscrit dans la logique de son appel au retour des exilés.

Des milliers de Birmans – fonctionnaires, membres des professions libérales ou journalistes – avaient quitté leur pays dans les années 1980 sous l’emprise de fer du régime militaire, idiosyncratique et corrompu de Ne Win. Après la grande révolte de l’été 1988, des milliers d’autres, pour la plupart des étudiants qui avaient participé aux manifestations, avaient aussi pris le chemin de l’exil pour échapper à la terrible répression qui avait suivi le coup d’Etat du 18 septembre de cette année-là. Placés sur la liste noire, ils ne pouvaient remettre le pied sur le sol birman sous peine d’être incarcéré.

Le contenu exact de cette liste noire n’est pas connu, mais on sait qu’il y figure aussi des étrangers, comme par exemple certains journalistes ainsi que l’actrice malaisienne Michelle Yeoh, laquelle a interprété le rôle de l’opposante Aung San Suu Kyi dans le film « The Lady » de Luc Besson. Chacun semble donc devoir vérifier par lui-même s’il y figure ou non. Cette levée partielle des interdictions de séjour pourrait inciter certains Birmans exilés à rentrer au pays à un moment où celui-ci a plus besoin que jamais de ses ressources humaines. Le départ des exilés sous le régime militaire avait en effet privé la Birmanie de ses forces vives et aggravé son enlisement économique.

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Le mausolée d’un ancien roi de Thaïlande bientôt détruit en Birmanie

Selon des historiens birmans, le tombeau du roi Uthumphon d’Ayuthaya, situé près de Mandalay, va être démantelé pour laisser place à un projet de développement immobilier.

Le mausolée du roi Uthumphon d’Ayuthuya, plus connu par les Thaïlandais sous le nom du roi Dok Dua (fleur de figuier), qui se trouve sur la colline Lin Zin à l’Ouest de Mandalay, va être détruit dans le cadre d’un projet de développement urbain, selon le magazine Irrawaddy. Le site se trouve tout près de l’ancienne capitale royale d’Amarapura. Couronné en 1758, le roi Uthumphon abdiqua en faveur de son frère Suriyamarin après seulement deux mois de règne à cause des interférences constantes de ce dernier dans la direction du royaume. Uthumphon se fit ensuite ordonner bonze et vécut dans un temple jusqu’à la destruction d’Ayuthaya par les Birmans en 1767. Il fut alors emmené en Birmanie comme prisonnier de guerre avec des milliers d’autres membres de la famille royale par le roi birman Hsinbyushin (1736-1776) et mourut en captivité en 1796.

Les historiens locaux déplorent la prochaine destruction de ce mausolée magnifique, d’une taille exceptionnelle et qui ressemble à un stupa. «Les Thaïlandais viennent régulièrement sur cette tombe pour honorer leur ancien roi. Je dois toujours la nettoyer avant leur arrivée. Ils vont être blessés si elle est détruite», indique Nyein Win, un archéologue à Amarapura. Des universitaires à Mandalay se sont aussi plaints de cette probable perte du patrimoine historique et architectural, soulignant que cela n’aiderait pas à faire du pays une destination touristique de premier plan. En 1997, la junte militaire avait détruit le cimetière de Kyandaw à Rangoon, où se trouvaient les cendres ou les sépultures de nombreuses personnes respectées du monde politique, économique et social.

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Birmanie : une sérieuse crise humanitaire menace l’Etat Rakhine

Les Nations unies et des organisations non gouvernementales tirent la sonnette d’alarme devant la dégradation de la situation humanitaire dans l’Ouest birman.

Plus d’un mois après des affrontements entre bouddhistes et musulmans, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et plusieurs ONG basées en Birmanie mettent en garde contre une catastrophe humanitaire dans l’Etat Rakhine. Selon le gouvernement birman, 50.000 personnes se sont réfugiées dans des camps après les violences, mais les agences internationales estiment que le nombre réel est d’environ 100.000, en très grande majorité des Rohingyas, une minorité musulmane vivant dans l’Etat Rakhine. Avant les violences, les indicateurs humanitaires de la région étaient déjà parmi les plus mauvais du pays : dans le district de Maungdaw, dans le nord de l’Etat Rakhine, seulement 30 % de la population a accès à des services de santé. Près de la moitié des habitants n’ont pas accès à l’eau potable.

L’installation des réfugiés dans des camps, décrits par un travailleur humanitaire comme des «prisons à ciel ouvert», et l’arrivée de la saison des pluies qui va durer jusqu’à octobre risquent de faire empirer cette situation. «Le plus grand défi auquel nous faisons face à présent est l’accès. La tension et l’insécurité font que nous ne pouvons pas atteindre les personnes qui nécessitent des soins de manière urgente», a indiqué Victoria Hawkins, chef-adjointe de Médecins Sans Frontières en Birmanie citée par le bulletin de l’OCHA. Les causes principales de mortalité dans l’Etat Rakhine sont le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires et cutanées, le choléra et les parasites intestinaux.

Selon l’ONG Action Contre la Faim, les taux de malnutrition dans le nord de l’Etat Rakhine où sont concentrés les réfugiés sont alarmants et risquent d’empirer. La quasi-totalité des travailleurs humanitaires ont été forcés de quitter la région qui est placée sous état d’urgence depuis début juin. Dix d’entre eux, dont trois travaillant pour le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, trois pour le Programme alimentaire mondial (PAM) et quatre pour Médecins sans frontières, ont été arrêtés dans l’Etat Rakhine en juin par les autorités birmanes et sont détenus sans possibilité de communiquer avec l’extérieur.

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Un proche de l’ex-chef de la junte nominé vice-président de Birmanie

Les députés militaires ont nominé le 10 juillet Myint Swe, un général à la retraite proche de Than Shwe, l’ancien leader de la junte, pour prendre le poste de vice-président.

L’image de Myint Swe, qui va très probablement devenir le nouveau vice-président de Birmanie, est contrastée. Il est considéré comme relativement propre, notamment quand on le compare à son prédécesseur le très corrompu Tin Aung Myint Oo, lequel avait démissionné au début mai pour raisons de santé. Mais Myint Swe, âgé de 60 ans, a aussi été l’officier en charge de la sécurité dans la région de Rangoon lors de la répression de la «révolution safran» à la fin de l’été 2007. Selon le magazine Irrawaddy, basé en Thaïlande, «il a été directement impliqué dans la répression condamnée internationalement» et «sa campagne pour pacifier les bonzes en leur offrant de l’argent a échoué».

Dans les années 2000, Myint Swe a collaboré étroitement avec les généraux Than Shwe et Maung Aye, deux des leaders du régime militaire. Il est aussi l’organisateur de deux opérations délicates : l’arrestation des membres de la famille de l’ancien dictateur Ne Win en 2002 (soupçonnés de fomenter un coup d’Etat) et l’arrestation de l’ex-chef des services de renseignements militaires Khin Nyunt en 2004. Malgré son rôle lors de la révolte des bonzes, Myint Swe passe, auprès de certains observateurs, pour un homme pragmatique, qui pourrait jouer un rôle de pont entre les partisans d’une ligne dure et les réformateurs – un profil assez proche de celui du président Thein Sein.

Un quart des sièges au Parlement de Birmanie est occupé d’office par des militaires, auxquels revient le droit de nominer le vice-président.

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Le patrimoine architectural de Rangoon menacé par l’ouverture

En Birmanie, une organisation non gouvernementale tente de sensibiliser le gouvernement à la préservation des bâtiments historiques de l’ancienne capitale.

Fondée au début de 2012 par des architectes et des historiens birmans et occidentaux, l’ONG Yangon Heritage Trust a établi une liste de 189 bâtiments historiques de Rangoon, pour la plupart des édifices gouvernementaux construits entre les années 1880 et la première guerre mondiale. Ces experts ont entamé des discussions avec des membres du gouvernement birman pour les inciter à adopter une stratégie de préservation du patrimoine. «Dans mes conversations avec des officiels birmans, j’ai essayé de souligner le fait que s’ils voulaient encourager le tourisme, préserver Yangon [nom officiel de Rangoon] et en faire une des villes asiatiques les plus attractives d’ici quinze ans serait un atout considérable. J’ai aussi avancé l’argument selon lequel le paysage urbain de la ville est très important pour comprendre l’histoire birmane», a indiqué l’historien birman Thant Myint-U, lors du lancement du livre «30 Heritage Buildings of Yangon» au Club des correspondants de Bangkok.

Des architectes ont déploré le fait que des «centaines de bâtiments anciens ont été détruits au cours des dernières années». La déliquescence des immeubles et les effets du climat sont l’une des principales menaces, mais l’amorce d’une ouverture politique et économique depuis le début de 2011 a aussi poussé les autorités à vouloir «moderniser» la ville et les promoteurs immobiliers à investir dans de nouveaux complexes commerciaux ou immeubles de bureaux. Ces mêmes experts soulignent toutefois qu’il est nécessaire de trouver un compromis entre préservation et développement économique. «Nous ne vivons pas 52 semaines par an dans ces immeubles. Et la rénovation peut parfois s’avérer très, très chère. Il doit y avoir une forme de compromis», a indiqué Ian Morley, historien de l’urbanisme à l’université de Hong Kong. «Yangon est un exemple unique d’une ville qui a encore l’essentiel de sa structure historique dans un environnement moderne. Cette esthétique de la fin de la période victorienne, où la beauté se voyait assigner un rôle éducatif, a été perdue en Grande-Bretagne», a-t-il ajouté. Selon Thant Myint-U, les discussions avec le gouvernement de la Birmanie ont commencé à porter fruit depuis le début de l’année.

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Aung San Suu Kyi sommée d’opter pour Myanmar

Les autorités du Myanmar ont demandé à la parlementaire Aung San Suu Kyi de ne plus utiliser le terme Birmanie, ancienne appellation du pays.

Birmanie ou Myanmar ? Depuis que l’appellation du pays a été changée par la junte militaire en 1989, le choix entre les deux termes n’a jamais été une simple question de sémantique mais bien plus l’affirmation de convictions politiques. Aung San Suu Kyi a toujours milité pour le maintien du terme Birmanie, indiquant dans les années 1990 que Myanmar «sonnait horriblement». Lors de sa récente tournée européenne, elle a constamment utilisé le mot Birmanie pour parler de son pays, ce qui a agacé le gouvernement civil du président Thein Sein. Le 29 juin, la Commission électorale s’est donc plainte de cette attitude dans le quotidien gouvernemental New Light of Myanmar. Mme Suu Kyi a été sommée de «respecter la Constitution» et d’utiliser le «mot approprié».

Le mot Myanmar reflète mieux la diversité ethnique du pays (composé à 65 % de Birmans ou Bamars et à 35 % de minorités ethniques) que Birmanie, terme à connotation ethnique qui semble affirmer que le pays appartient aux Bamars. Cette querelle de mots est peut-être unique sur la planète, car contrairement aux autres pays, l’emploi d’un terme ou de l’autre est considéré comme porteur d’une signification politique. Les organisations birmanes (ou myanma) en exil ainsi qu’une bonne partie des gouvernements occidentaux utilisent Birmanie pour signifier leur rejet du régime militaire (devenu gouvernement civil depuis novembre 2011), mais les natifs qui résident à l’intérieur du pays utilisent Myanmar. Parmi les médias, les agences de presse ont relativement rapidement opté pour Myanmar, mais les quotidiens de presse écrite ont conservé leur préférence pour Birmanie. Dans des situations similaires, la pratique a été d’utiliser le terme officiel quel que soit le régime l’ayant imposé. Ainsi, quand le capitaine Thomas Sankara – arrivé au pouvoir par un coup d’Etat – a substitué Burkina-Faso à Haute-Volta, tout le monde a suivi le bouillant militaire. Interrogé, lors de son passage  au Myanmar en janvier 2012, sur la position de la France quant à cette querelle de mots, Alain Juppé, alors ministre français des Affaires étrangères, avait répondu que la France utilisait «l’un ou l’autre terme suivant la situation».

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Les Kachins de Birmanie réfugiés en Chine en péril

L’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch met en garde contre une grave crise humanitaire menaçant plusieurs milliers de Kachins réfugiés au Yunnan chinois.

«C’est une population oubliée; beaucoup d’observateurs en ignoraient jusqu’à l’existence», a indiqué le 26 juin Philip Robertson, directeur-adjoint de Human Rights Watch (HRW) pour l’Asie en présentant le rapport « Isolés au Yunnan. Réfugiés kachin de Birmanie dans la province chinoise du Yunnan ». Sur les 75.000 civils kachins qui ont fui depuis juin 2011 les combats entre l’Armée indépendante kachine (KIA) et l’armée birmane, entre 7.000 et 10.000 d’entre eux se sont réfugiés dans cette province chinoise «dans une douzaine de camps improvisés» ou parfois «en louant des espaces dans des blocs d’appartements abandonnés». Si ces réfugiés ont pu, au départ, subvenir grâce aux réserves qu’ils avaient emportées, ils font désormais face à une pénurie de nourriture et de médicaments. «Nous voyons s’annoncer une crise humanitaire majeure», a indiqué Philip Robertson lors d’une conférence de presse à Bangkok.

Sollicitées à plusieurs reprises par le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et des ONG internationales, les autorités chinoises leur ont refusé l’accès aux réfugiés kachins, affirmant qu’elles leur «apportaient l’aide humanitaire nécessaire». «Mais d’après nos entretiens avec les réfugiés kachins, pas un seul d’entre eux n’a reçu une assistance quelconque», a affirmé Philip Robertson. Evoquant la situation sanitaire, le représentant de HRW a précisé qu’il y avait «un seul WC pour 300 réfugiés» et mis en garde contre les maladies contagieuses. «Les enfants ont la diarrhée et toussent constamment», a-t-il dit. Il a en revanche reconnu l’attitude positive de Pékin, qui, après avoir repoussé à deux reprises durant l’été 2011 les Kachins fuyant les combats, les a ensuite autorisés à s’installer au Yunnan. Le rapport recommande, entre autres, au gouvernement chinois d’accorder un statut susceptible de  permettre aux réfugiés de travailler légalement sur le sol chinois et de leur fournir une assistance humanitaire. L’enquête de Human Rights Watch a été effectuée entre juillet 2011 et mai 2012.