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Faux pas: le président birman renonce à une visite à Bangkok

Le président Thein Sein a reporté un voyage officiel en Thaïlande et annulé sa participation à un forum à Bangkok à cause de la présence simultanée d’Aung San Suu Kyi.

Il n’est pas facile de comprendre ce qui est passé par la tête des organisateurs du Forum économique mondial sur l’Asie (WEF), qui se tient à Bangkok du 30 mai au 1er juin, lorsqu’ils ont invité en même temps le chef d’Etat birman Thein Sein et la principale dirigeante de l’opposition Aung San Suu Kyi. L’aura de méga-star mondiale de la «Dame de Rangoon», dont la vie est l’objet d’un récent film de Luc Besson, ne pouvait qu’humilier le président birman, dépourvu de légitimité électorale et plutôt moins «sexy» que l’opposante. Inévitablement, un choc s’est produit : Thein Sein a annulé sa participation au Forum et même reporté de quelques jours son voyage officiel en Thaïlande. Celui-ci aura lieu les 4 et 5 juin.

Une certaine confusion règne sur l’ordre du jour de la visite d’Aung San Suu Kyi elle-même. Ce n’est que le 28 mai au soir que la presse a été informée de sa visite le 30 au matin dans un centre de travailleurs migrants birmans à Mahachai, au bord du golfe de Thaïlande, alors qu’on évoquait, quelques heures auparavant, une visite dans un camp de réfugiés karens de la province de Mae Sot. Le voyage d’Aung San Suu Kyi en Thaïlande revêt une importance symbolique considérable car il s’agit de la première fois qu’elle quitte le territoire birman depuis qu’elle était rentrée au chevet de sa mère malade en avril 1988. Dès le mois d’août de cette année, elle avait pris la tête des manifestations contre le régime militaire.

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Birmanie Société

Nouvelles manifestations contre les coupures de courant en Birmanie

Les réactions maladroites du gouvernement et le soutien d’Aung San Suu Kyi donnent de l’élan au mouvement de protestation.

Les manifestations pour dénoncer l’insuffisance de l’approvisionnement en électricité, qui ont débuté le 20 mai, sont devenues quotidiennes en Birmanie, bien qu’elles ne mobilisent pour l’instant que quelques centaines de personnes à chaque rassemblement. Ce mouvement pourrait s’étendre après une réaction brutale de la police, laquelle a arrêté cinq manifestants lors d’un rassemblement le 24 mai à  Pyay, à 260 kilomètres au nord-ouest de Rangoon. De surcroît, un conseiller du président Thein Sein a avivé les tensions lorsqu’il a déclaré publiquement que les Birmans devraient «économiser», comme les Japonais l’ont fait après le tsunami qui a frappé leur pays l’an dernier. «Allumons nos bougies dans nos maisons après avoir éteint les lumières et tout ira bien», a déclaré ce conseiller, Ko Ko Hlaing, dont les propos ont aussitôt été propagés sur les réseaux sociaux et ont provoqué de nombreux commentaires enflammés. Les manifestants défilent bougies à la main pour signifier leur mécontentement devant l’incapacité du gouvernement à assurer un approvisionnement en électricité 24 heures sur 24. Dans la seconde ville du pays, Mandalay, les habitants ne bénéficient de l’électricité que trois à quatre heures par jour.

Le 25 mai, peu avant le début d’une manifestation, Aung San Suu Kyi a apporté son soutien à cette campagne. «Je suis contente de voir (ces bougies), parce que je sais que ces gens s’expriment de manière pacifique. Je me souviens d’un ancien proverbe : si vous allumez une torche, une bougie, cela signifie : faites ce que vous pouvez faire», a-t-elle dit. Le gouvernement a annoncé l’achat de plusieurs générateurs pour essayer de pallier la pénurie de courant. Les deux principaux mouvements de protestation de ces 25 dernières années, en 1988 et en 2007, ont débuté à cause d’un mécontentement devant les conditions de vie.

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Les faux médicaments accentuent les effets du paludisme

Une étude montre que les faux médicaments compromettent les efforts pour vaincre le paludisme

Un article publié dans la revue scientifique Lancet Infectious Diseases Journal conclut que 36 % des médicaments anti-paludéens en Asie du Sud-Est étaient des faux et que 35 % contenaient une mauvaise combinaison de composants. Cette proportion est supérieure à celle des médicaments analysés sur le continent africain, pour lequel les chiffres sont respectivement 35 % et 20 %. Dans le cas de la souche Plasmodium Falciparum, la forme la plus grave de paludisme, un patient infecté par le parasite meurt en trois jours s’il prend des médicaments sans principe actif. Les médicaments comprenant un principe actif mais en quantité insuffisante, ou selon une mauvaise combinaison, augmente la résistance au seul traitement efficace à ce jour, la trithérapie à base d’artémisinine.

La résistance à ce traitement, constatée depuis plusieurs années dans l’ouest et le nord-ouest du Cambodge (Pailin et Anlong Veng), est récemment apparue sur la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, faisant craindre une propagation. Dans le passé, la résistance à certains anti-paludéens, comme la méfloquine, s’est propagée d’Asie du Sud-Est à l’Afrique où 2000 enfants meurent du paludisme chaque jour. L’un des auteurs de l’article, Gaurvika Nayyar, du National Institute of Health américain a expliqué que «les profits économiques pour les criminels impliqués dans la production de faux médicaments surpassaient les risques liés à la production et à la vente» et a appelé à poursuivre les contrefacteurs pour crime contre l’humanité.

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Birmanie Société

Manifestations contre les coupures d’électricité en Birmanie

Des manifestations ont eu lieu en Birmanie, les 20 et 21 mai, pour protester contre les coupures d’électricité et l’exportation de courant en Chine.

Dans la soirée du 20 mai, ils étaient un millier à défiler, bougies à la main, dans les rues de Mandalay, certains brandissant des pancartes avec la mention «Chine, rends-nous notre électricité». Le même jour, près de 2000 personnes participaient à un défilé similaire à Monywa, à l’ouest de Mandalay. Ce sont les manifestations les plus importantes depuis celles de 2007, provoquées par la hausse des prix du gaz et des combustibles de cuisson, puis réprimées violemment après que des milliers de bonzes furent descendus dans les rues. Ce sont aussi les premiers rassemblements depuis que le Parlement a adopté une loi autorisant les manifestations sous certaines conditions strictes, notamment l’obtention d’une autorisation cinq jours à l’avance. Bien que, cette fois-ci, les manifestants n’aient pas demandé d’autorisation, la police n’est pas intervenue.

Ces trois derniers mois, en raison des coupures de courant, les habitants de Mandalay n’ont bénéficié d’électricité que de trois à quatre heures par jour. Leur exaspération est d’autant plus vive qu’ils affirment que le gouvernement vend une partie importante de sa production d’électricité à la Chine. La Chine doit, en effet, construire et gérer 33 des 45 centrales hydroélectriques planifiées en Birmanie. Ko Tun Myint, le ministre régional en charge de l’énergie a tenu une conférence de presse le 20 mai pour rassurer les habitants et leur dire que l’approvisionnement en électricité s’améliorerait rapidement.

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Birmanie Société

Birmanie : accord de paix entre le gouvernement et la guérilla Shan

La Shan State Army (South), un mouvement de guérilla actif depuis les années 60, a signé un accord de paix avec les dirigeants birmans.

L’accord signé le 19 mai à Kentung, principale ville de l’Etat Shan, entre le général Soe Win, commandant en second de l’armée birmane, et le colonel Yod Seuk, leader de la Shan State Army (South), délimite les zones respectives de contrôle et demande au mouvement de guérilla de mettre en place 31 bureaux chargés de l’éradication de la culture et du trafic de drogue dans l’Est de la Birmanie d’ici à 2015. Il a été conclu après un premier cessez-le-feu signé le 16 janvier mais suivi d’une série d’incidents armés. Le ministre des Transports Ferroviaires Aung Min, principal initiateur de la série d’accords de paix et de cessez-le-feu conclus depuis le début de 2011, était aussi présent à Kentung.

«Il s’agit d’un problème de confiance. C’est comme quand il y a des problèmes dans une famille, l’important est de discuter et d’établir une relation de confiance», a-t-il déclaré au magazine Irrawaddy. Soe Win, pour sa part, s’est limité à dire que les négociations avaient été, cette fois-ci, suffisamment détaillées pour garantir qu’il n’y aurait plus d’affrontements armés. Un officier anti-narcotique de la Shan State Army s’est dit sceptique sur l’objectif d’éradiquer la drogue de l’est de la Birmanie d’ici à 2015 du fait du grand nombre de groupes impliqués dans ce trafic. Le Bureau des Nations unies contre la drogue et les crimes (UNODC) a estimé la production d’opium dans l’Etat Shan à 580 tonnes en 2010 et affirme qu’une récolte record a eu lieu en 2011, bien qu’il n’ait pas encore donné d’estimation.

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Lady Gaga et le Gay Pride : l’Indonésie fléchit, la Birmanie s’épanouit

Le concert de la star trash à Jakarta est menacé d’annulation, alors que les dirigeants birmans autorisent le premier festival Gay

Les idées simples conviennent mal pour traduire les réalités de l’Orient compliqué. Là où la massue de l’autoritarisme est la plus attendue, on reçoit avec étonnement un bouquet de fleurs. Là où la porte semblait ouverte, on se la prend soudainement dans la figure. Ainsi, la Birmanie, dirigée pendant près de cinquante ans par une implacable dictature militaire, a organisé le 17 mai sa première Gay Pride, témoignage de ce que l’ouverture politique que vit ce pays depuis le début de 2011 s’accompagne d’un appréciable assouplissement social. En revanche, l’Indonésie, donnée en exemple pour la modération de son islam et ses progrès démocratiques depuis la chute de Suharto en 1998, a interdit un concert de la pop star américaine Lady Gaga en tournée en Asie.

La Gay Pride de Birmanie s’est limitée à la représentation de pièces de théâtre, à des débats d’écrivains et à la diffusion de documentaires dans quatre villes du pays, dont Rangoon et Mandalay. Elle s’est déroulée dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la discrimination envers les transsexuels. Le célèbre défilé qui ponctue la manifestation dans les autres pays n’a guère eu lieu, mais dans ce pays conservateur où les lois coloniales toujours en place punissent l’homosexualité, ce premier pas est significatif. En Indonésie, la police n’a, en revanche, pas autorisé l’organisation du concert de Lady Gaga, cédant aux pressions de petits groupes islamistes, comme le Front de défense de l’islam (FPI), lequel menaçait d’empêcher la chanteuse de sortir de l’aéroport. Le FPI s’est illustré dans le passé par ses raids violents contre les bars et autres lieux de sortie nocturne. De son côté, le Conseil des Oulémas, un organisme officieux, a fustigé les tenues «sexy et érotiques» de la star. Les organisateurs du concert, dont les 50.000 billets ont été vendus en deux semaines, ont rassuré les fans de Lady Gaga, appelés les «petits monstres», en expliquant qu’ils essayaient encore de convaincre les autorités. Sinon, Rangoon pourrait être intéressé…

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Asie Birmanie Indonésie Politique

En Asie du sud-est, deux Coréens qui ne se rencontrent pas

Le chef  de l’Etat (nominal) de la Corée du Nord est en Indonésie ; le président (élu) de la Corée du Sud est en Birmanie. Etrange ballet.

Le ballet est d’autant plus étrange que, voilà deux ans à peine, la Birmanie (Myanmar) n’avait d’yeux que pour Pyongyang et que les deux régimes étaient soupçonnés de collaboration nucléaire par les Occidentaux. Reçu par le président Thein Sein à Naypyidaw le 14 mai, Lee Myung-bak est, en outre, le premier chef d’Etat sud-coréen à se rendre en Birmanie depuis près de trois décennies : en 1983, l’un de ses prédécesseurs, Chun Doo-hwan, avait échappé de justesse à un attentat qui avait fait, à Rangoon, 21 victimes, dont quatre ministres sud-coréens. Trois Nord-Coréens avaient été arrêtés : l’un s’est suicidé en prison, le second a été pendu et le troisième est mort en détention en 2008. A l’époque, le dictateur Ne-Win avait rompu les relations diplomatiques avec Pyongyang (rétablies en 2007).

Il faut croire qu’avec le changement de gouvernement en Birmanie, les réticences des Sud-Coréens se lèvent. Leurs investissements se multiplient et une coopération officielle s’amorce. Le 15 mai, le président Lee a rendu visite à Mme Aung San Suu kyi à Rangoon.

Entre Jakarta et Pyongyang, il ne s’agit pas d’une alliance mais de relations qui remontent aux années 50. Si Kim Yong-Nam, 84 ans, président de l’Assemblée populaire suprême du Nord, en est à sa troisième visite en Indonésie, c’est bien parce que l’Indonésie entend maintenir un canal de communication avec le régime ermite dont les souverains, y compris l’actuel, Kim Jong-Un, ne prisent guère les voyages à l’étranger (à l’exception notoire de ceux en Chine).

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Birmanie Société

Birmanie : pénurie de médicaments pour les malades du sida

L’insuffisance du système local de santé et de l’assistance internationale met en péril la vie de dizaines de milliers de Birmans atteints par la maladie

Médecins sans Frontières (MSF) en Birmanie s’alarme de l’écart béant entre les besoins des personnes atteintes par le virus du sida et l’offre locale de médicaments antirétroviraux. Environ 240.000 personnes sont porteuses du VIH en Birmanie ; sur ce nombre, la moitié a un besoin urgent d’une trithérapie à l’aide d’antirétroviraux. Mais seules 30.000 d’entre elles bénéficieraient de ce traitement régulier en 2010.

«Nous voyons des patients ramper pour venir nous voir, certains léthargiques et d’autres presque morts», dit Maria Guevara, coordinatrice médicale pour MSF en Birmanie, citée par le Guardian. «En tant que médecins, nous devons faire face et leur dire que nous ne pouvons pas les traiter, car ils ne correspondent pas aux critères; c’est tragique».

MSF espérait pouvoir bénéficier d’un soutien accru grâce au prochain cycle d’allocations de donations du Fonds global contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mais ce cycle a été annulé à cause d’un manque de fonds. En conséquence, les médecins doivent rationner les médicaments antirétroviraux, ne les prescrivant qu’aux patients les plus faibles. Selon les groupes d’assistance locaux, le taux de mortalité des patients atteints par le sida arrivant dans les cliniques s’élève à 25 %. La prévalence de la tuberculose, dont souffrent environ 300.000 Birmans et qui s’attaque particulièrement aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, constitue un facteur aggravant.