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L’Asie reste le moteur de la croissance mondiale en 2012

Si ses exportations vers l’Occident diminuent, la région continue de s’imposer comme « l’ancre de la stabilité économique mondiale », écrit une agence onusienne dans son dernier rapport.

La Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (Economic and Social Commission for Asia and the Pacific ou Escap) a rendu publiques le 10 mai ses projections économiques pour les mois à venir. En 2012, la croissance dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique se tassera légèrement, passant de 7 % en 2011 à 6,5 %. Principale raison, une demande en recul en Europe et en Amérique du Nord. «Cependant, un ralentissement de la croissance aidera à maîtriser l’inflation qui devrait, cette année, s’élever à 4,8% contre 6,1% en 2011», précise l’Escap dans un son «Etude économique et sociale».

La volatilité du prix des matières premières constitue un des principaux défis auxquels la région est confrontée. L’Asie du sud-est (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) n’y échappe pas. Mais, si elle est «gravement affectée par la crise mondiale», elle devrait enregistrer malgré tout une croissance en légère hausse cette année (+5,2%), portée par le «prompt rétablissement» de la Thaïlande (+5,8% en 2012) après les inondations catastrophiques de l’année précédente. Le taux de croissance en Indonésie, première économie de l’Asean, devrait avoisiner les 6,5% en 2012 grâce avant tout au dynamisme de son vaste marché intérieur. Toutefois, pour consolider sa croissance, l’archipel devra s’efforcer d’accroître «le nombre d’emplois de qualité», le secteur informel représentant toujours 60% des emplois.

Singapour, qui avait rebondi en 2010 de manière exceptionnelle (+14,8%), devra se contenter de 3% de croissance cette année. La Malaisie voisine, qui ambitionne de rejoindre la catégorie des pays développés en 2020, continue de souffrir de grandes inégalités de revenus, note l’ Escap qui lui recommande des réformes plus en profondeur que les quelques aides dispensées aux ménages les plus modestes. En 2012, son taux de croissance devrait s’élever à 4,5%, en léger retrait par rapport à 2011. Un taux similaire (+4,8%) est annoncé pour les Philippines qui devraient lancer un programme de grands travaux, comptera sur le secteur d’externalisation des services (« outsourcing ») en pleine expansion ainsi que sur des transferts de fonds par les Philippins émigrés toujours aussi importants (20 milliards de dollars en 2011).

Parmi les pays ayant intégré l’Asean à la fin des années 90, le Vietnam, qui a redoublé d’efforts pour juguler une inflation galopante, devrait connaître une croissance de 5,8%. La maîtrise de l’inflation – qui devrait retomber sous la barre des 10% au second semestre 2012 – aidera à stimuler la consommation et à améliorer la confiance des investisseurs. Porté par les secteurs de la confection textile, de l’agriculture et du tourisme, le Cambodge, largement dépendant des marchés européen et nord-américain, résistera bien avec 6,7% de croissance. Les réformes politiques et économiques en cours au Myanmar (Birmanie) devraient dynamiser l’économie en attirant davantage d’investissements étrangers et une assistance technique plus importante. Son taux de croissance pourrait ainsi atteindre 6,2% contre 5,5% en 2011. Mais l’ouverture actuelle, insiste l’ESCAP, «devra s’accompagner d’une hausse des investissements dans l’éducation, la santé, le développement rural et les infrastructures». Dans son rapport, l’ Escap n’a pas passé en revue ni le Laos, ni Brunei.

 

 

 

 

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Birmanie Société

Birmanie : La biodiversité menacée par l’ouverture

Face à l’arrivée massive d’investisseurs, la Birmanie est confrontée à la nécessité de protéger l’environnement si elle veut éviter le sort des pays voisins.

La ruée des hommes d’affaires vers la Birmanie (Myanmar) pour étudier les possibilités d’investissement inquiète les militants de la protection de l’environnement. Ils craignent que la riche biodiversité de ce pays, isolé de l’extérieur  pendant les soixante années de régime militaire, devienne victime de l’ouverture économique engagée depuis un an par le gouvernement civil du Président Thein Sein.

La Birmanie n’a pas été épargnée dans le passé par les entrepreneurs avides d’exploiter les forêts et les autres ressources naturelles, qu’il s’agisse des firmes coloniales britanniques avant la seconde guerre mondiale, des forestiers de Thaïlande dans les années 90 ou des firmes hydroélectriques de Chine plus récemment. Mais ce pays, situé entre les flancs de l’Himalaya, le sous-continent indien, la péninsule malaise et l’Asie du Sud-Est continentale abrite encore une faune considérablement plus variée que celle des nations voisines. On y trouve 1.099 espèces d’oiseaux sud-est asiatiques sur un total de 1.324. En termes de superficie, sa forêt tropicale se classe dans les premiers rangs mondiaux aux côtés du Brésil, de l’Inde et de la République Démocratique du Congo.

Les organisations de protection de l’environnement comme la Société de Préservation de la Vie sauvage (Wildlife Conservation Society) craignent surtout l’arrivée massive  d’investisseurs malaisiens et indonésiens dans le domaine des plantations de palmiers à huile. Il n’existe pas encore de loi sur la protection de l’environnement dans le pays.

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Birmanie Politique

Le Président de Birmanie consolide son pouvoir

Le départ d’un dur du régime indique que les réformistes menés par le président Thein Sein renforcent leurs positions.

Tin Aung Myint Oo, l’un des deux vice-présidents de Birmanie (Myanmar) et le principal leader des partisans de la ligne dure au sein du gouvernement civil, a démissionné, selon le programme en birman de la BBC, après plusieurs semaines de spéculations sur des fortes tensions entre les réformistes et les conservateurs du régime. Ce  général à la retraite, âgé de 61 ans et proche de l’ex-chef de la junte Than Shwe, aurait remis sa démission le 3 mai pour « raisons de santé » – une justification fréquemment invoquée lors des changements de personnel politique en Birmanie. Ce départ, non encore confirmé officiellement, renforcerait la main du président Thein Sein, arrivé au pouvoir en mars 2011 après des élections législatives condamnées par l’Occident en novembre 2010.

Bien que les informations précises à ce sujet soient rares, la série de réformes initiées depuis environ un an par Thein Sein – libération de prisonniers politiques, dialogue avec l’opposante Aung San Suu Kyi, levée partielle de la censure de la presse – semble avoir entrainé le mécontentement de certains militaires d’active et d’officiers à la retraite, notamment ceux qui bénéficiaient des contrats passés avec la Chine. L’un des effets les plus spectaculaires de ces réformes a été l’entrée au Parlement, en avril, d’Aung San Suu Kyi et de 42 membres de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, élus lors des élections partielles du 1er avril.

Henri Emanglon 

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Asie : dix sites archéologiques en péril selon l’Unesco

Des trésors patrimoniaux au Cambodge, en Thaïlande, aux Philippines, en Birmanie et au Laos sont menacés de destruction.

Un rapport du Fonds du patrimoine mondial (FPM) de l’Unesco, rendu public début mai, alerte sur les dangers encourus par dix sites archéologiques exceptionnels en Asie. Pillage, absence d’entretien, désastres naturels, développement non maitrisé du tourisme de masse,  pression des investisseurs, conflits armés… le Fonds recense une série de menaces qui pèsent sur ces trésors architecturaux. L’Asie du sud-est est malheureusement très présente : Ayutthaya en Thaïlande, Fort Santiago aux Philippines, Myauk-U en Birmanie, la Plaine des Jarres au Laos, Preah Vihear au Cambodge se retrouvent ainsi sur cette liste de sites en danger.

L’Unesco demande aux gouvernements concernés de ne pas dilapider ce patrimoine. L’Organisation rappelle dans son rapport que les revenus générés dans le monde par les sites archéologiques exceptionnels sont passés de 6 à 19 milliards d’€ pendant les dix dernières années. En 2025, les recettes devraient avoisiner les 76 milliards d’€. Le FPM inclut dans son étude trois sites dont la conservation fait figure d’exemple. Deux d’entre eux sont situés en Asie du sud-est : le temple angkorien de Bantheay Chhmar au Cambodge et le Wat Phu au Laos. Une manière de rappeler qu’en matière de préservation du patrimoine, tout est une question de volonté politique.

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Birmanie Histoire

La Birmanie après Orwell : une inconnue

Les évènements intervenus récemment en Birmanie surprennent, tel un scénario illisible. Prophète, George Orwell s’était arrêté à la dictature militaire. Après ?

George Orwell n’a passé que cinq ans en Birmanie, de 1922 à 1927, dans la peau d’un flic colonial, «cinq années d’ennui, sans même le son des trompettes !». Il en a tiré le toujours célèbre portrait, bien peu flatteur mais rédigé avec «ferveur», de la colonie britannique,  Burmese Days (1934, Une histoire birmane). Une minuscule communauté de petits blancs britanniques, distante, comme portant des gants de peur de se salir (sauf en cas de nécessité biologique élémentaire). L’univers que décrit Orwell, avec son immense talent, est si loin de celui des petits blancs français, qui rêvent tant que tout devienne comme eux, sans idée de caste, la fameuse mission-prétexte civilisatrice.

Dans son introduction à Burmese Days (Penguin Classics),  Emma Larkin, journaliste américaine considérée comme l’autorité à propos de George Orwell, écrit qu’en y regardant de près, Orwell a tiré une trilogie de son séjour en Birmanie.  Les deux volets suivants sont  Animal Farm (1945, La ferme des animaux)  et 1984 (publié en 1948, soit deux ans avant sa mort de maladie à l’âge de 47 ans).

«Récit allégorique», Animal Farm rapporte une révolution qui tourne mal quand les cochons, après avoir renversé les êtres humains, conduisent la ferme à sa ruine. 1984 fait penser à ce que la Birmanie a souffert pendant des décennies d’une dictature militaire «tenace». «Une évocation glaciale», juge Emma. Elle rappelle également que les intellectuels birmans nomment Orwell «le prophète» puisque, disparu en 1950, il n’a pas connu les déboires d’une Union birmane victime d’un coup d’Etat en 1962 et, depuis, d’un demi-siècle de mal-administration en uniforme. A relire Burmese Days, Orwell ne donnait pas cher non plus des empires européens du XIXème siècle.

Ce qui ne nous dit rien du futur proche. Devenu le Myanmar officiellement en 1989, donc depuis plus de deux décennies, la Birmanie le devient également dans les faits avec son ouverture sur le reste du monde, ses «réformes» dont on ignore encore ce qu’elles sont, importantes ou illusoires.  Le talentueux prophète nous a laissé des chefs d’œuvre. Et une inconnue.

Jean-Claude Pomonti

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Asie Birmanie Brunei Politique

L’UE ouvre une représentation à Rangoon

Catherine Ashton s’est rendue en Birmanie (Myanmar) le 28 avril. L’UE ouvre un bureau à Rangoon,  qui deviendra le siège de sa délégation en janvier 2013.

La dix-neuvième réunion des ministres des affaires étrangères de l’Asean et de l’UE s’est déroulée, pour la première fois depuis longtemps, dans une excellente atmosphère le 27 avril à Bandar Seri Begawan, capitale du petit sultanat de Brunei. «Un important processus de réforme a été lancé au Myanmar [Birmanie] et il est très important d’entretenir l’élan pour le rendre irréversible», a résumé Marty Natalegawa, ministre  des affaires étrangères de l’Indonésie, au Brunei Times. Les Européens, qui ont, le 23 avril, suspendu pour un an la majorité de leurs sanctions à l’égard de la Birmanie, sont entièrement d’accord.  C’est bien la première fois que l’Asean et l’UE tiennent le même langage sur ce dossier.

Nickolay Mladenov, ministre bulgare des affaires étrangères, a estimé qu’une enveloppe d’aide européenne d’un montant de 150 millions d’€ était donc déjà sur la table. «Nous avons soutenu la suspension des sanctions et j’espère que ce sera le premier pas vers une levée totale des sanctions», a-t-il ajouté,  toujours selon le Brunei Times.

Mme Ashton s’est donc rendue le 28 avril à Rangoon pour y ouvrir un bureau appelé à devenir le siège d’une délégation européenne. L’assistance européenne sera, au moins dans un premier temps, orientée vers les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’aide aux personnes déplacées, selon une déclaration, en février, de la Commission européenne. Mme Ashton doit également se rendre à Naypyidaw, la capitale, pour y être reçue par le président Thein Sein et rencontrer Mme Suu Kyi à Rangoon.

 

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Birmanie Politique

Aung San Suu Kyi va se rendre à l’étranger

Pour la première fois depuis 24 ans, l’ancienne dissidente birmane, va s’absenter de son pays. Aung San Suu Kyi doit, en juin, se rendre en Norvège et en Grande Bretagne.

Initiative impensable voilà encore quelques semaines, Mme Suu Kyi, aujourd’hui âgée de 66 ans, a fait savoir, le 18 avril, qu’elle ira, probablement en juin, à Oslo pour remercier le Comité qui lui a décerné en 1991 le Prix Nobel de la paix, puis au Royaume Uni, où elle a étudié et vécu de longues années.

Revenue en 1988 en Birmanie, au chevet d’une mère mourante, Mme Suu Kyi avait pris la tête à Rangoon de manifestations contre la dictature qui ont été dispersées dans un bain de sang par l’armée. Depuis, assignée à résidence plus de la moitié de son temps, elle n’avait jamais osé quitter la Birmanie (Myanmar), même quand son époux britannique, Michael Aris, est décédé des suites d’un cancer en 1999. Elle n’a pas vu grandir ses deux fils.

Membre d’un Parlement qui se réunit le 23 avril, la fille d’Aung San, héros de l’indépendance, estime qu’elle peut désormais se rendre à l’étranger sans risquer d’être interdite de retour. Cette décision est donc accueillie comme un signe positif. Le 13 avril, lors de son passage à Rangoon, le premier ministre britannique David Cameron l’a invité à retourner notamment à Oxford, où elle a poursuivi des études dans les années 70 et où elle a élevé ses fils lorsqu’ils étaient enfants.

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Birmanie Politique

Birmanie: un ancien Premier ministre interrogé

L’interrogation par des officiels de l’ancien Premier ministre birman Khin Nyunt souligne à quel point la Birmanie demeure en liberté surveillée.

Libéré le 13 janvier, Khin Nyunt a été interrogé par des officiels  pour avoir déclaré au Bangkok Post (8 avril 2012) qu’il avait «sauvé»  Aung San Suu Kyi en 2003, lorsque le convoi dans lequel elle se trouvait avait été attaqué (50 morts).  Chef du renseignement militaire pendant vingt ans, puis assigné à résidence pendant huit ans, Khin Nyunt a démenti avoir tenu de tels propos. Selon l’Irrawaddy , le magazine et site qui rapporte cette information, cette affaire pourrait conduire à une réassignation à résidence de celui qui fût Premier ministre pendant treize mois en 2003-2004.
«Des officiels de haut rang seraient furieux», rapporte l’Irrawaddy, «et disent redouter des représailles de la part de Than Shwe, l’ancien chef de la junte ». Il a «sorti le tigre de son sommeil», aurait déclaré l’un de ces officiels, à propos de la réaction de Than Shwe, qui ne se manifeste plus en public depuis qu’il s’est retiré.

Ce genre d’incident fait l’effet d’un rappel aux réalités. Les prisonniers politiques, y compris d’anciens collaborateurs de Khin Nyunt, se compteraient encore par centaines. Une fraction importante de la caste militaire, qui conserve le pouvoir, surveille de près les pas accomplis par le tandem formé par le président Thein Sein et Mme Suu Kyi, qui se sont de nouveau rencontrés le 11 avril à Naypyidaw. La Birmanie demeure en liberté surveillée.