Le Conseil d’Etat a annulé la nomination, sous Sarkozy, de deux ambassadeurs, Damien Loras à Bangkok et Bertrand Lortholary à Jakarta. Ils devront être remplacés.
Les deux diplomates appartenaient à la cellule diplomatique de l’Elysée dirigée, sous Nicolas Sarkozy, par Jean-David Levitte. Lortholary avait été nommé en Indonésie en février et Damien Loras l’avait été en Thaïlande début mai, entre les deux tours de l’élection présidentielle. La section CFDT du Quai d’Orsay avait contesté ces deux nominations au nom d’une réforme introduite en 2009 et qui prévoit que les conseillers des affaires étrangères ont vocation aux fonctions d’ambassadeur «s’ils ont démontré, notamment par l’exercice de fonctions d’encadrement, leur aptitude à occuper ces emplois.»
Le Conseil d’Etat a, le 23 juillet, donné raison au syndicat en précisant que les intéressés n’avaient, au Quai d’Orsay ou à l’Elysée, exercé «aucune fonction leur conférant une autorité hiérarchique sur un service ou une partie de ces services». Auparavant, le syndicat avait obtenu l’annulation de la nomination d’Yves Marek, conseiller au Sénat, à l’ambassade de Monaco. Thierry Dubos, secrétaire de la CFDT, a précisé : «Nous n’en voulons à personne. Nous savons que Damien Loras est quelqu’un de brillant, le problème n’est pas non plus du fait qu’il vienne de l’Élysée. C’est une question de principe. S’il avait été nommé consul général, comme David Martinon, ou directeur d’administration centrale, cela n’aurait pas été illégal.»
Bertrand Lortholary avait rejoint son poste à Jakarta et il avait même participé, à la mi-mars, à la conférence des ambassadeurs français en Asie qui s’est réunie, en 2012 à Bangkok, en la présence de Paul Jean-Ortiz, alors directeur d’Asie au ministère des affaires étrangères et sherpa à l’Elysée depuis la prise de fonctions de François Hollande.
La tradition veut qu’un président sortant recase un certain nombre de collaborateurs ou de membres de son entourage. Selon le site d’information Owni, il y aurait eu au moins 115 de ces nominations au cours des derniers mois de la présidence de Sarkozy. Dans le cas des diplomates, l’ironie veut que la réforme de 2009 a été adoptée alors que Bernard Kouchner était encore ministre des affaires étrangères.