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Indonésie Société

Les fumeurs indonésiens demeurent imbattables

L’Indonésie est le troisième consommateur de tabac au monde derrière la Chine et l’Inde. Et la consommation de tabac continue d’augmenter dans l’archipel.

En Indonésie, 65 millions de gens achètent chaque année 250 milliards de cigarettes, rapporte le Jakarta Post en citant des sources médicales. Ils dépensent environ 8 milliards d’€ par an pour satisfaire ce besoin. Le paquet de cigarettes les plus populaires coûte en moyenne 1 € en Indonésie, contre au moins trois fois plus à Singapour. L’Association des médecins indonésiens (IDI) estime qu’entre 2000 et 2008, le nombre des fumeurs a augmenté de 0,9%, alors que ce nombre diminue pratiquement partout ailleurs sur la planète.

La Commission nationale pour la protection de l’enfance a évalué en 2010, selon le Jakarta Globe, que 800 000 enfants âgés de 10 à 14 ans étaient des fumeurs. L’IDI estime que, la même année, 19% des personnes âgées de 15 à 19 ans fumaient, contre 7% en 1995. Dans le quatrième pays le plus peuple du monde, avec 240 millions d’habitants, deux cent mille individus sont morts en 2011 de maladies liées à la consommation de tabac.

Les campagnes anti-tabac n’ont qu’un effet limité et l’interdiction de fumer dans les lieux publics n’est pas toujours respectée. Les Indonésiens consomment, pour l’essentiel, des cigarettes parfumées au clou de girofle.

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Indonésie Politique

Violences en Papouasie indonésienne : 13 morts

La Papouasie occidentale est sous la coupe des militaires et, quand ces derniers s’énervent, une pluie de mauvais coups s’abat sur les civils.

Les nouvelles de Papouasie occidentale, la moitié de la grande île rattachée à l’Indonésie en 1969 à l’occasion d’un référendum honteux, sont à prendre au conditionnel car le territoire est interdit aux journalistes étrangers. Cette fois-ci, le 6 juin, dans un village proche du chef-lieu de district de Wamena, alors que se déroulaient des funérailles, deux soldats sur une motocyclette ont heurté un petit garçon, qui serait mort. La foule se serait jetée sur les deux soldats et les aurait lynchés, selon Radio Australia, qui précise que ces informations ne peuvent être vérifiées de façon indépendante.

La réaction du bataillon 757, en garnison à Wamena, aurait été brutale. Les soldats se seraient répandus en ville, où ils auraient brûlé, saccagé, tué. On compterait plus d’une dizaine de morts parmi la population civile, selon Radio Australia. Le Jakarta Post n’a pas, sur le moment fait état de victimes. Un porte-parole militaire a démenti tout acte de vandalisme de la part des soldats.

La Papouasie occidentale, ex-Irian Jaya, compte environ deux millions d’habitants, dont la moitié est désormais constituée de migrants venus des autres îles de l’Indonésie. Les Papous sont en passe de devenir la minorité. Ancien territoire hollandais, très riche (minerais, gaz, pétrole, plantations), elle est occupée militairement par les Indonésiens depuis 1963. Elle est le théâtre d’une insurrection indépendantiste sporadique mais tenace. Divisée en deux provinces, elle est censée bénéficier d’une autonomie spéciale mais qui a été bafouée à plusieurs reprises.

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Indonésie Société

L’islamisation légale se renforce en Indonésie

Atjeh est la seule province indonésienne où la charia est légale. Mais des éléments de la loi islamique sont adoptés un peu partout à travers l’archipel.

Tout en évoquant la croyance en un seul dieu, la Constitution indonésienne est séculière. L’Indonésie n’est pas un Etat religieux et la seule province où la charia est légale est, depuis 1999, celle d’Atjeh, à l’extrémité nord de l’île de Sumatra, qui bénéficie d’une autonomie spéciale. Toutefois, depuis le début du siècle, les arrêtés des municipalités et des régences (districts) introduisent des éléments de la loi islamique : port du voile, interdiction d’alcool, autorisation de sortie, etc.

En-dehors d’Atjeh, qui ne regroupe que 5 millions sur les 240 millions d’Indonésiens, le Jakarta Post a recensé, dans ses éditions du 5 juin 2012, 79 de ces arrêtés islamiques, essentiellement sur les grandes îles de Java et de Sumatra. Mais certains ont également été décrétés à Kalimantan (partie indonésienne de l’île de Bornéo),  à Sulawesi (Célèbes) ou dans l’est de l’archipel.

Le gouvernement et le Parlement de Jakarta manifestant une grande passivité, les administrations locales continuent de prendre des mesures contraires à la Constitution. Leur application est plus problématique dans un pays à forte majorité musulmane mais qui compte des minorités religieuses (entre 10% et 15% de la population) dont les aspirations sont de moins en moins respectées. La police évite également d’intervenir.

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Indonésie

Entre Batam et Bintan, un nouveau port indonésien

L’Indonésie va entreprendre, en 2013, la construction d’un nouveau port de transbordement. Juste en face de Singapour, le grand concurrent.

L’opération prendra du temps mais, s’appuyant sur une solide expansion économique, l’Indonésie compte aménager à Tanjung Sauh, face à Singapour et entre les îles de Batam et de Bintam, un port en eau profonde affecté au transbordement, afin de faire face aux besoins croissants du vaste archipel.

Les autorités indonésiennes estiment, de leur côté, selon le Straits Times de Singapour, que le port et ses deux km de quais prévus (capables d’accueillir quatre millions de conteneurs) offriront plutôt un «complément», en 2015, aux services offerts par Singapour. Le financement initial devrait s’élever à un demi-milliard d’€. Tanjung Sauh s’inscrirait dans la création d’un «corridor maritime» impliquant les ports de Medan (Sumatra), Jakarta, Surabaya (Java), Makassar (Sulawesi) et Sorong.

A Batam, dont l’économie est «moribonde», les autorités espèrent que le projet entrainera un sursaut, notamment en s’appuyant sur le port déjà en place de Batu Ampar. Le triplement prévu de la capacité de Tanjung Priok, le port de Jakarta, moyennant un investissement de près de deux milliards d’€, devrait jouer dans le même sens. Une société française, CMA-CGM, avait enlevé un contrat en 2005 pour construire à Batu Ampar un terminal pour petits conteneurs, mais le projet ne s’était pas réalisé.

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Indonésie Politique

L’Indonésie sans Lady Gaga

Le concert de la star américaine, le 3 juin à Jakarta, n’aura pas lieu. La raison invoquée : la sécurité. L’image de l’Indonésie n’en sort pas grandie.

Pendant que Lady Gaga se produisait à Singapour, son projet de concert à Jakarta, le 3 juin, est tombé à l’eau, avec promesse de rembourser les 52.000 billets vendus aux «petits monstres» indonésiens. La vedette s’est dite «dévastée» et a admis que les problèmes de sécurité ont mis fin au projet après des semaines de controverse parsemées de rebondissements et de maladresses.

Des groupuscules de miliciens islamistes se réjouissent. La chanteuse accusée de pratiquer «le culte de satan»  et censée être porteuse de valeurs occidentales rejetées ne mettra pas les pieds en Indonésie. Des miliciens avaient même envisagé de lui barrer la route à la sortie de l’aéroport ou de s’introduire dans les rangs du jeune public pour y semer le désordre au cas où la représentation aurait lieu.

Une fois de plus, le gouvernement indonésien n’est pas monté en première ligne. Les milices islamistes ont pris l’habitude de prendre la loi entre leurs mains et de jouer les polices religieuses. La police nationale laisse faire. Le gouvernement préfère, en général, regarder ailleurs. Le message n’est pas clair et la manœuvre consiste à renvoyer la balle dans le camp adverse. Alors qu’aucune décision n’avait été encore prise, Lady Gaga et son équipe ont obtenu leurs visas indonésiens et les billets, pour le concert, ont été mis en vente.  Puis, l’évidence a été annoncée : la police a refusé de s’engager à assurer la sécurité du concert. L’équipe de Lady Gaga a alors pris la décision pour tout le monde : elle a renoncé.

Mais l’Indonésie n’en sort pas grandie. Le Jakarta Post estime, dans un éditorial le 28 mai, que la décision «correcte» a été prise. C’est possible, à ce détail près qu’aucune décision n’a été prise par les autorités indonésiennes. Et c’est cette pusillanimité à répétition qui offre une médiocre image d’un pays que l’on présente comme l’une des grandes démocraties de la planète. Que gagne la liberté quand un gouvernement élu refuse systématiquement de prendre ses responsabilités ?

Jean-Claude Pomonti

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Histoire Indonésie

Au cœur de Jakarta, rue Cendana, le souvenir de Suharto

Quatorze ans après la démission de Suharto et quatre ans après sa mort, Cendana est redevenue une rue comme les autres.

Voilà encore quatre ans, dans le quartier résidentiel de Menteng à Jakarta, à proximité de la grande place centrale de Monas, la rue Cendana était encombrée de rouleaux de barbelés et de chevaux de frise. Policiers et soldats étaient omniprésents. Les visiteurs de marque se succédaient pour aller saluer Suharto, le deuxième président de l’Indonésie (1966-1998), qui y occupait trois villas, aux numéros 6,8 & 10, dont les jardins communiquent.

Aujourd’hui, rapporte le Jakarta Post, les uniformes ont disparu, la rue est rouverte à la circulation et seuls quelques gardes et serviteurs demeurent sur place. Suharto (1921-2008) n’a jamais quitté cette demeure et aimait bien y recevoir des hôtes officiels pendant ses trente-deux années de règne et sa retraite. Certains de ses enfants continuent d’habiter dans les parages et envisagent de transformer en musée le domicile de leur père. La seule animation a lieu lors de la fête musulmane de l’Idul Fitri (Aïd el Fitr), quand Tutut, fille aînée de Suharto, y reçoit, selon la tradition des portes ouvertes, en particulier les anciens associés encore en vie de l’ancien autocrate.

Suharto avait ordonné l’éloignement de la chancellerie soviétique, qu’il estimait trop proche de sa demeure, et le site avait été transformé en QG de Paspampres (Force de sécurité présidentielle). Paspampres a déménagé depuis longtemps et Tommy, fils cadet de feu le président, y aménagerait son nouveau domicile. Cendana, l’adresse de «la famille», ainsi qu’on appelait le clan Suharto, a été la rue la plus célèbre d’Indonésie. Musée ou pas, elle appartient à l’Histoire.

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Indonésie Société

Plus d’identité religieuse obligatoire pour les Indonésiens

Les Indonésiens n’auront plus à remplir la case «croyance» sur les nouvelles cartes électroniques d’identité. Un pas dans le bon sens.

La Constitution de l’Indonésie reconnaît l’existence d’un Dieu unique et de six religions : l’islam, le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme. L’inscription de l’une de ces religions était obligatoire sur la carte d’identité, indispensable dans toutes les démarches administratives, y compris le mariage. Pour ceux qui ne se réclament pas de l’une de ces six religions, la mention «croyance » sera facultative sur les nouvelles cartes électroniques, a annoncé, sans tapage, le ministère de l’Intérieur le 1er mai, selon le Jakarta Post.

Plus de quatre cent mille individus seraient concernés par cette disposition selon les statistiques de l’ONG Conférence indonésienne sur la religion et la paix. Cette ONG a dénombré, en 2005, environ 245 croyances. Jusqu’en 2006, quand les députés ont voté une nouvelle loi sur les registres civils, ceux qui refusaient de se réclamer des six religions officielles ne pouvaient pas figurer sur les registres. Ils ne pouvaient donc pas officiellement se marier et leurs enfants étaient déclarés illégitimes.

Ces mesures dataient de la vague de répression anticommuniste qui a fait un demi-million de morts lorsque Suharto s’est installé au pouvoir en 1966. Ne pas déclarer une religion était alors devenu synonyme de communisme, lequel est interdit depuis cette date.

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Birmanie Indonésie Société

Lady Gaga et le Gay Pride : l’Indonésie fléchit, la Birmanie s’épanouit

Le concert de la star trash à Jakarta est menacé d’annulation, alors que les dirigeants birmans autorisent le premier festival Gay

Les idées simples conviennent mal pour traduire les réalités de l’Orient compliqué. Là où la massue de l’autoritarisme est la plus attendue, on reçoit avec étonnement un bouquet de fleurs. Là où la porte semblait ouverte, on se la prend soudainement dans la figure. Ainsi, la Birmanie, dirigée pendant près de cinquante ans par une implacable dictature militaire, a organisé le 17 mai sa première Gay Pride, témoignage de ce que l’ouverture politique que vit ce pays depuis le début de 2011 s’accompagne d’un appréciable assouplissement social. En revanche, l’Indonésie, donnée en exemple pour la modération de son islam et ses progrès démocratiques depuis la chute de Suharto en 1998, a interdit un concert de la pop star américaine Lady Gaga en tournée en Asie.

La Gay Pride de Birmanie s’est limitée à la représentation de pièces de théâtre, à des débats d’écrivains et à la diffusion de documentaires dans quatre villes du pays, dont Rangoon et Mandalay. Elle s’est déroulée dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie et la discrimination envers les transsexuels. Le célèbre défilé qui ponctue la manifestation dans les autres pays n’a guère eu lieu, mais dans ce pays conservateur où les lois coloniales toujours en place punissent l’homosexualité, ce premier pas est significatif. En Indonésie, la police n’a, en revanche, pas autorisé l’organisation du concert de Lady Gaga, cédant aux pressions de petits groupes islamistes, comme le Front de défense de l’islam (FPI), lequel menaçait d’empêcher la chanteuse de sortir de l’aéroport. Le FPI s’est illustré dans le passé par ses raids violents contre les bars et autres lieux de sortie nocturne. De son côté, le Conseil des Oulémas, un organisme officieux, a fustigé les tenues «sexy et érotiques» de la star. Les organisateurs du concert, dont les 50.000 billets ont été vendus en deux semaines, ont rassuré les fans de Lady Gaga, appelés les «petits monstres», en expliquant qu’ils essayaient encore de convaincre les autorités. Sinon, Rangoon pourrait être intéressé…