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En Asie du sud-est, deux Coréens qui ne se rencontrent pas

Le chef  de l’Etat (nominal) de la Corée du Nord est en Indonésie ; le président (élu) de la Corée du Sud est en Birmanie. Etrange ballet.

Le ballet est d’autant plus étrange que, voilà deux ans à peine, la Birmanie (Myanmar) n’avait d’yeux que pour Pyongyang et que les deux régimes étaient soupçonnés de collaboration nucléaire par les Occidentaux. Reçu par le président Thein Sein à Naypyidaw le 14 mai, Lee Myung-bak est, en outre, le premier chef d’Etat sud-coréen à se rendre en Birmanie depuis près de trois décennies : en 1983, l’un de ses prédécesseurs, Chun Doo-hwan, avait échappé de justesse à un attentat qui avait fait, à Rangoon, 21 victimes, dont quatre ministres sud-coréens. Trois Nord-Coréens avaient été arrêtés : l’un s’est suicidé en prison, le second a été pendu et le troisième est mort en détention en 2008. A l’époque, le dictateur Ne-Win avait rompu les relations diplomatiques avec Pyongyang (rétablies en 2007).

Il faut croire qu’avec le changement de gouvernement en Birmanie, les réticences des Sud-Coréens se lèvent. Leurs investissements se multiplient et une coopération officielle s’amorce. Le 15 mai, le président Lee a rendu visite à Mme Aung San Suu kyi à Rangoon.

Entre Jakarta et Pyongyang, il ne s’agit pas d’une alliance mais de relations qui remontent aux années 50. Si Kim Yong-Nam, 84 ans, président de l’Assemblée populaire suprême du Nord, en est à sa troisième visite en Indonésie, c’est bien parce que l’Indonésie entend maintenir un canal de communication avec le régime ermite dont les souverains, y compris l’actuel, Kim Jong-Un, ne prisent guère les voyages à l’étranger (à l’exception notoire de ceux en Chine).

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Indonésie Politique

Corruption: les députés indonésiens passent en tête

Selon les sondages, les institutions les plus corrompues d’Indonésie sont la police, la justice et le Parlement. Les élus semblent désormais l’emporter.

Les statistiques de la Commission pour l’éradication de la corruption (KPK) de l’Indonésie montrent qu’en 2012, «les législateurs sont en tête de la liste des gens inculpés pour avoir contrevenu à la loi et arrêtés en tant que suspects de corruption», rapporte le 8 mai le Jakarta Globe. «Six membres de la Chambre des députés et de celle des représentants de régions» sont actuellement impliqués dans des affaires de corruption, a déclaré Johan Budi, porte-parole de la KPK à Jakarta.

Le deuxième contingent de personnes inculpées pour corruption est fourni par les institutions privées. Le troisième est formé par les hauts-fonctionnaires et les autorités élues de province, comme les gouverneurs ou les maires. Pendant les quatre premiers mois de l’année, la KPK a récupéré l’équivalent de quelque deux millions d’€ volés à l’Etat.

A la suite de la réélection en 2009 de Susilo Bambang Yudhoyono (SBY), il y avait eu un débat public sur une «maffia judiciaire» de connivence avec des officiers de police. Peu de sanctions avaient été prises et le débat était retombé. Les deux Chambres ont été accusées, de leur côté, de dépenses inconsidérées, y compris dans des «voyages d’études» à l’étranger. Ces développements, ainsi que l’inaction de SBY, expliqueraient une désaffection croissante à l’égard des élites politiques.

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L’Asie reste le moteur de la croissance mondiale en 2012

Si ses exportations vers l’Occident diminuent, la région continue de s’imposer comme « l’ancre de la stabilité économique mondiale », écrit une agence onusienne dans son dernier rapport.

La Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (Economic and Social Commission for Asia and the Pacific ou Escap) a rendu publiques le 10 mai ses projections économiques pour les mois à venir. En 2012, la croissance dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique se tassera légèrement, passant de 7 % en 2011 à 6,5 %. Principale raison, une demande en recul en Europe et en Amérique du Nord. «Cependant, un ralentissement de la croissance aidera à maîtriser l’inflation qui devrait, cette année, s’élever à 4,8% contre 6,1% en 2011», précise l’Escap dans un son «Etude économique et sociale».

La volatilité du prix des matières premières constitue un des principaux défis auxquels la région est confrontée. L’Asie du sud-est (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) n’y échappe pas. Mais, si elle est «gravement affectée par la crise mondiale», elle devrait enregistrer malgré tout une croissance en légère hausse cette année (+5,2%), portée par le «prompt rétablissement» de la Thaïlande (+5,8% en 2012) après les inondations catastrophiques de l’année précédente. Le taux de croissance en Indonésie, première économie de l’Asean, devrait avoisiner les 6,5% en 2012 grâce avant tout au dynamisme de son vaste marché intérieur. Toutefois, pour consolider sa croissance, l’archipel devra s’efforcer d’accroître «le nombre d’emplois de qualité», le secteur informel représentant toujours 60% des emplois.

Singapour, qui avait rebondi en 2010 de manière exceptionnelle (+14,8%), devra se contenter de 3% de croissance cette année. La Malaisie voisine, qui ambitionne de rejoindre la catégorie des pays développés en 2020, continue de souffrir de grandes inégalités de revenus, note l’ Escap qui lui recommande des réformes plus en profondeur que les quelques aides dispensées aux ménages les plus modestes. En 2012, son taux de croissance devrait s’élever à 4,5%, en léger retrait par rapport à 2011. Un taux similaire (+4,8%) est annoncé pour les Philippines qui devraient lancer un programme de grands travaux, comptera sur le secteur d’externalisation des services (« outsourcing ») en pleine expansion ainsi que sur des transferts de fonds par les Philippins émigrés toujours aussi importants (20 milliards de dollars en 2011).

Parmi les pays ayant intégré l’Asean à la fin des années 90, le Vietnam, qui a redoublé d’efforts pour juguler une inflation galopante, devrait connaître une croissance de 5,8%. La maîtrise de l’inflation – qui devrait retomber sous la barre des 10% au second semestre 2012 – aidera à stimuler la consommation et à améliorer la confiance des investisseurs. Porté par les secteurs de la confection textile, de l’agriculture et du tourisme, le Cambodge, largement dépendant des marchés européen et nord-américain, résistera bien avec 6,7% de croissance. Les réformes politiques et économiques en cours au Myanmar (Birmanie) devraient dynamiser l’économie en attirant davantage d’investissements étrangers et une assistance technique plus importante. Son taux de croissance pourrait ainsi atteindre 6,2% contre 5,5% en 2011. Mais l’ouverture actuelle, insiste l’ESCAP, «devra s’accompagner d’une hausse des investissements dans l’éducation, la santé, le développement rural et les infrastructures». Dans son rapport, l’ Escap n’a pas passé en revue ni le Laos, ni Brunei.

 

 

 

 

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Lady Gaga et l’Indonésie: la polémique enfle

L’artiste au style peu conventionnel doit se produire dans un grand stade de Jakarta le 3 juin. Une milice islamiste lui reproche le «culte de Satan».

Plus de 30.000 billets – au prix de 35€ à près de 180€, ce qui est très cher en Indonésie – ont déjà été vendus pour le concert du 3 juin. Mais le FPI, ou Front pour la défense de l’islam, l’accuse de faire «la promotion du culte de Satan.» « Si vous voulez le chaos à Jakarta, maintenez le concert», menace Rizieq Shihab, patron du FPI, milice notamment connue pour avoir saccagé, voilà une dizaine d’années, les bars de la capitale.

Rizieq a fait de la prison. Mais il dispose de quelques appuis, notamment parmi des officiers à la retraite. En général, la police laisse le FPI prendre la loi entre ses mains : l’interdiction, par exemple, de réunions de chrétiens. Quant au gouvernement, la plupart du temps, il ne dit rien. Les miliciens du FPI, en robe blanche, sont de plus en plus impopulaires. Mais, jusqu’ici, dans un pays qui compte près de 90% de musulmans,  modérés dans leur immense majorité, le FPI bénéficie paradoxalement d’une quasi-impunité.

Que va-t-il se passer ? Les islamistes décrètent que les concerts de Lady Gaga sont «haram». Ils lui reprochent «son soutien aux homosexuels, aux lesbiennes, aux transsexuels». Comment vont réagir les «petits monstres», les fans de Lady Gaga, très nombreux en Indonésie ? Pour l’instant, ils «ronchonnent», rapporte le Jakarta Post. Le FPI s’est engagé, de son côté, à ne pas laisser sortir de l’aéroport l’artiste, qui vient d’entamer à Séoul une tournée de six mois. L’étape de Jakarta demeure néanmoins au programme.

 

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Alerte : l’Indonésie se peuple trop vite

Le vaste archipel relance le planning familial, rangé dans un tiroir en 1998. La raison : le développement économique ne suit pas la croissance démographique.

L’Indonésie est le chouchou des investisseurs: son taux de croissance est robuste (plus de 6%) et son régime politique à la fois libéral et stable. Toutefois, rapporte le Straits Times de Singapour, sa population pourrait pratiquement doubler d’ici au milieu du XXI° siècle. Au rythme actuel, elle devrait passer de près de 240 millions d’habitants à 450 millions en 2045, selon les calculs du Bureau chargé de la coordination du planning familial et de la population.

 Le risque: au lieu de se résorber, les difficultés dans plusieurs secteurs (infrastructures, élimination des ordures, accès à l’eau potable, instruction publique, transports…) devraient s’accentuer. «Les problèmes dans les transports, les embouteillages, les subventions à l’essence, l’insécurité alimentaire, etc., sont apparus parce que la population est trop importante», a déclaré au Straits Times, Sonny Harmadi, directeur de l’Institut démographique de l’Université d’Indonésie.

 Dans le cas de l’Indonésie, l’argument du «dividende démographique» (une population jeune, 60% de moins de trente ans, alimente la force de travail) a moins de prise sur la situation. Le gouvernement s’est donc résolu à relancer les campagnes de planning familial sans toutefois reprendre le programme impopulaire de transmigrasi appliqué sous Suharto (1966-1998) pour décongestionner Java (qui abrite aujourd’hui la moitié de la population indonésienne).

 

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Cours préparatoire: pas avant l’âge de sept ans

Un débat sur l’âge du début des études : sept ans ? Six ans ? Les enfants étant murs plus jeunes, l’instruction peut démarrer plus tôt, estiment des experts.

A Singapour, aux Philippines et en Malaisie, l’instruction formelle débute à l’âge de six ans. En Indonésie, le ministre de l’éducation, Muhammad Nuh, et celui des affaires religieuses, Suryadharma Ali, en ont décidé autrement. «L’âge parfait pour entrer dans le primaire est sept ans ; les écoles publiques  n’accepteront que des enfants âgés de sept ans et plus», ont-ils décidé dans une circulaire conjointe émise en juin 2011.

Cette décision fait débat. «Les experts sur les questions d’éducation et de développement des enfants disent qu’il faut prendre en considération une série de facteurs et que chaque enfant est un cas différent, mais le gouvernement estime qu’il a trouvé la réponse : l’âge de sept ans», rapporte, le 30 avril, le Jakarta Globe. «Les enfants se développent plus vite qu’auparavant», estime Suryani Sukowati. «Les faire attendre l’âge de sept ans n’est vraiment pas nécessaire», ajoute cette conseillère en éducation.

Selviana Pardosi, spécialisée dans le développement des enfants, pense que l’Indonésie a raison. «A sept ans, les enfants sont capables d’interagir avec d’autres enfants», dit-elle. Un porte-parole du ministère de l’éducation, Ibnu Hamad, reconnaît que les enfants peuvent apprendre à lire, à écrire et à compter sans attendre l’âge de sept ans.  Son conseil aux parents : en attendant, « mettez-les dans une école privée ».

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A Sumatra, un autocar prend feu: 13 morts

Un court-circuit semble à l’origine de l’incendie d’un autocar qui a fait treize morts (dont quatre enfants et un nourrisson) ainsi que douze blessés graves.

Le drame s’est déroulé en pleine nuit. La plupart de la cinquantaine de passagers dormait. Le chauffeur s’est arrêté pour asperger d’eau son moteur surchauffé. «Des témoins ont rapporté que l’autocar a soudainement pris feu», a déclaré le porte-parole de la police locale, selon le Jakarta Post. La tragédie a eu lieu sur la principale route de la province de Sumatra Ouest, à trente km de Payakumbuh, une ville d’une centaine de milliers d’habitants. «De nombreux passagers se sont retrouvés coincés à l’intérieur», a ajouté le porte-parole.

Douze passagers qui souffrent de fractures et de brûlures demeurent hospitalisés à Payakumbuh. Moins grièvement blessés, dix autres ont été relâchés après avoir été soignés. Le chauffeur et son assistant sont interrogés par la police, qui pense qu’un court-circuit explique la soudaineté de l’incendie. En Indonésie, comme aux Philippines, en Thaïlande ou au Vietnam, l’entretien des autocars laisse parfois à désirer, même si les tragédies sont plus souvent liées à la conduite des chauffeurs.

Le drame a eu lieu le 1er mai. L’assureur de la compagnie d’autocars a annoncé, depuis, que les victimes seraient indemnisées «conformément à une loi de 1964» : 25 millions de roupies (2 150 €) aux familles par parent décédé ; remboursement des frais d’hospitalisation jusqu’à un maximum de 10 millions de roupies (854 €) par blessé.

 

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A Sulawesi, quand quinze flics boivent un coup de trop

A Manado, chef-lieu du nord de Sulawesi (ex-Célèbes), quinze flics éméchés ont menacé l’assistance de leurs armes et saccagé un bar.

Le grabuge, rapporte le Jakarta Globe le 2 mai, a commencé sur le parking du bar au moment où ce dernier s’apprêtait à fermer. Une voiture, propriété de l’un des policiers indonésiens, bloquait la sortie. «Mon ami leur a juste demandé de déplacer leur voiture. Ils l’ont frappé», a raconté un employé du bar. L’employé et quelques autres clients ont essayé de calmer la situation.

Non seulement ils ont essuyé des coups mais les flics ont, sur leur lancée, pénétré dans le bar, selon d’autres témoins, et se sont mis à frapper d’autres employés du bar. Quand ces derniers ont tenté de se défendre, les policiers «ont dégainé leurs armes et les ont pointées vers nous», a rapporté l’employé précité. «Nous nous sommes mis à courir», a-t-il ajouté.

Le manager du bar a rapporté l’incident à la police, laquelle a confirmé les faits. Un porte-parole du commandement local de la police pour la province a affirmé qu’une enquête avait été lancée. Les policiers «pourraient être démis de leurs fonctions et renvoyés», a-t-il estimé. Des sanctions sont rarement prises en Indonésie. L’histoire ne dit pas l’endroit où les flics se sont saoulés. Etaient-ils de service ? Si ce n’était pas le cas, pourquoi étaient-ils armés ?