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Un éléphant sauvage empoisonné par des paysans

Dans le district d’Atjeh Jaya, à Sumatra, un éléphant s’est effondré après plusieurs heures de souffrance. Des paysans l’auraient empoisonné.

Il s’agit d’une femelle d’une vingtaine d’années. «Nous l’avons vue chanceler avant de s’effondrer», a déclaré un garde forestier au Jakarta Post. Elle était accompagnée d’un éléphanteau de trois ans retrouvé près de la carcasse de sa mère. L’incident s’est produit sur une plantation de palmiers à huile, en bordure d’une forêt où vivent encore une quarantaine d’éléphants sauvages et à proximité d’une piste d’éléphants.

Le remplacement des forêts par des plantations a considérablement réduit l’habitat des éléphants sauvages en Indonésie. Les éléphants circulent donc sur dans les plantations, ou dans les fermes, et s’en prennent parfois à l’habitat humain. Pour éviter les destructions, la procédure prévue par les gardes, le cas échéant, est de les chasser à l’aide d’éléphants domestiqués. Mais encore faut-il que les paysans ou planteurs avertissent les gardes forestiers de leur présence.

Ce qui n’est pas toujours le cas. Des planteurs, pour s’en débarrasser définitivement, préfèrent parfois les empoisonner plutôt que d’alerter les autorités. «Nous pensons que la présence de l’éléphant n’a jamais été rapportée parce que les résidents voulaient l’abattre eux-mêmes», a déclaré un responsable local, tout en précisant que le fait était rare. Une autopsie a été ordonnée et les résultats permettront de savoir les causes de la mort.

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De plus en plus de fumeurs en Indonésie

Les bénéfices des grandes marques de cigarettes ne cessent d’augmenter en Indonésie. Et ce n’est pas fini.

Les campagnes et les mesures anti-tabac ont beau se multiplier en Indonésie, les fumeurs y sont de plus en plus nombreux. Rien n’y fait. En 2011, Aldi Rizal, âgé de 2 ans, avait fait sensation en consommant deux parquets de cigarette par jour (il a arrêté depuis). Plus de 400 000 enfants âgés de 10 à 14 ans fumaient en 2010 (contre 71 000 en 1995). Selon le Jakarta Globe, la Commission nationale pour la protection de l’enfance pense que leur nombre était le double voilà deux ans.

Selon le Jakarta Post, le premier fabricant de cigarettes, Hanjaya Mandala Sapoerna, a vu les recettes de ses ventes augmenter de 31,56% pendant le premier trimestre de 2012 (et ses bénéfices augmenter de 37,74% par rapport au premier trimestre 2011). Le deuxième fabricant national, Gudang Garam, a vu les siennes croître de 21,07% (et ses bénéfices de 10%).

L’une des raisons: alors que le pouvoir d’achat augmente régulièrement dans une économie à la croissance solide, le prix des cigarettes reste peu élevé, ce qui permet aux fabricants de reporter sur le consommateur le poids de taxes supplémentaires (déjà + 16% en 2012). Le paquet de cigarettes le plus populaire coûte moins d’un euro (contre plus de 3 € à Singapour). La deuxième raison : les mises en garde contre les effets du tabac sur la santé ont une influence encore très limitée. Dans le quatrième pays le plus peuple du monde, avec 240 millions d’habitants, deux cent mille individus sont morts en 2011 de maladies liées à la consommation de tabac.

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L’appel public à la prière: le débat s’ouvre à Jakarta

Le vice-président indonésien a dénoncé la cacophonie des appels à la prière à Jakarta. Politiquement incorrect ? L’accueil n’est pas pour autant négatif.

Qui se souvient de l’époque où Jakarta, capitale de la becak, feu le cyclo-pousse indonésien, était bercée par l’appel un peu lointaine du muezzin à la prière ? Depuis le milieu des années 80, des moyens plus puissants de diffusion,  la construction de centaines de mosquées supplémentaires, les appels préenregistrés à la prière, cinq fois par jour, à quelques secondes d’intervalle, ont fini par déboucher sur une cacophonie. Seule protection efficace : l’addition de double vitrages et de la climatisation,  privilèges de riches.

Le vice-président Boediono a pris son courage à deux mains et soulevé la question, le 27 avril, dans son discours d’ouverture du sixième Conseil des mosquées de l’Indonésie. «Trop bruyant», a-t-il dit, en réclamant des mesures pour limiter le son des haut-parleurs. Selon le Jakarta Post, Ahmad Suaedy, président de l’Institut Wahid (ONG musulmane prônant le pluralisme), l’a félicité d’avoir abordé un «sujet tabou».

Amidan, président de l’officieux mais influent Conseil indonésien des Oulémas, à majorité islamiste, a exprimé son désaccord tout en reconnaissant que les mosquées devraient s’entendre en ce qui concerne leurs appels, à l’image de ce qui se pratique au Caire depuis 2006.  En outre, selon une réglementation adoptée en 1978, les haut-parleurs extérieurs ne devraient être utilisés que pour les appels à la prière, en cas d’alerte ou pour les sermons exceptionnels lors de fêtes musulmanes. Ce qui n’est pas le cas.

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Des Japonais en quête de refuge

Les Japonais sont de plus en plus nombreux à s’installer en Asie du sud-est. La cause : les nombreuses facettes d’une grave crise que traverse leur archipel.

Appelons-le Naoya, discret, élégant, poli, bientôt la quarantaine. Il est venu enseigner en Thaïlande voilà cinq ans – le terme normal de l’expatriation – au lycée japonais de Bangkok. Il doit donc soit regagner son pays soit trouver  un poste dans une école privée, avec un salaire nettement moins élevé. Il a épousé une collègue thaïlandaise et le couple a deux très jeunes enfants. Au Japon, la vie sera difficile : la froideur inévitable de sa famille à l’égard de son épouse ; le rejet probable des enfants par leurs camarades de classe. Il a renoncé à rentrer chez lui.

Beaucoup de Japonais en Thaïlande sont dans une situation similaire : leurs enfants ont beau parler le japonais, les métis sont mal accueillis dans un pays culturellement fermé. Le Japon n’a pas de politique d’immigration, même sélective. A la fin des années 70, il s’est révélé, parmi les pays riches, le plus frileux à l’égard des boat people qui ont fui le Vietnam. Bref, on ne devient pas Japonais.

L’empire du Soleil levant se dépeuple. Il a perdu, en 2011, un quart de million de gens, conséquence de la chute du taux des naissances mais aussi de départs à l’étranger. Si la tendance actuelle se confirme, le Japon, 127 millions d’habitants aujourd’hui, n’en comptera pas plus de 87 millions en 2060, dont 40% âgés de plus de 65 ans. Un effondrement démographique.

Surtout depuis le boom économique des années 70, des centaines d’entreprises nippones se sont délocalisées en Asie du sud-est. Le Japon a été le premier donateur et, avec les Etats-Unis, l’un des premiers investisseurs dans la région.  En avril encore, Tokyo a accordé plus de 5 milliards d’€ aux cinq pays de la Commission du Mékong. Les expatriés japonais sont donc traditionnellement très nombreux dans la région, avec leurs clubs de golf, leurs boites de nuit exclusives, leurs écoles, leurs restaurants  et même leurs épiceries.

Multiplication des petits Tokyo

A Jakarta-Sud, depuis 2010, le fameux et immense centre commercial Blok M, qui a retrouvé un peu de son allure, accueille chaque année un festival japonais de  plus en plus populaire (en 2012,  le 30 juin et le 1er juillet).  Le quartier lui-même a été rebaptisé «le petit Tokyo» en raison de l’abondance de bars, restaurants, boîtes de nuit, karaoké à clientèle japonaise. Le thème du festival sera «Arigato Kokoro No Tomo» (‘Merci, véritables amis’), à l’intention des étrangers qui ont aidé les Japonais, en 2011, à la suite de la catastrophe de Fukishima et des dévastations causées par les tsunamis.

Un autre courant s’est amorcé à la suite de ces désastres de 2011 – avec, en prime, la peur permanente d’un nouvel accident nucléaire – et l’Asie du sud-est en est l’une des destinations. Jusqu’alors, des retraités fortunés s’installaient dans la région, notamment en Malaisie. Cette fois, les déménagements à l’extérieur du Japon sont beaucoup plus nombreux et il ne s’agit pas que de retraités, mais de gens encore actifs en quête de sécurité ou de meilleurs conditions de travail.

«De plus en plus de gens disent qu’ils veulent déplacer leurs résidences ailleurs en Asie, là où il y a davantage de possibilités de faire des affaires», a expliqué Masanori Fujimura, patron du consultant en investissements Gaim, dans les colonnes du Japan Times. Du coup, les «petits Tokyo » se multiplient en Asie du sud-est. Selon Gaim, dans le secteur de l’immobilier, les demandes de clients japonais ont augmenté rapidement depuis mars 2011.

Une ville japonaise de dix mille âmes

Sur l’île de Cebu, au centre des Philippines, un complexe de 500 appartements – avec visas de long séjour pour retraités – a été vendu par Gaim en quarante-huit heures. Un autre complexe de taille identique, en construction à Ayutthaya, au nord de Bangkok, s’est vendu en l’espace d’une seule journée.

Encore plus ambitieux s’annonce, à long terme, un projet à Johor, Etat malaisien frontalier de Singapour. Les 300 premières unités, en construction, d’un ensemble réservé exclusivement à des Japonais ont été vendues, selon le Japan Times. S’installeront sur place notamment des commerces japonais et une clinique avec un médecin japonais.  Le développement ultérieur du projet permettra l’accueil, dans cinq ans, de dix mille Japonais, en créant ainsi un autre «petit Tokyo».

Auparavant, la Malaisie avait déjà lancé, surtout à l’intention de la riche clientèle japonaise, un programme «My Second Home» (Mon deuxième chez moi) proposant aux étrangers fortunés, candidats à l’achat immobilier, des visas de séjour de dix ans. La Thaïlande et l’Indonésie, qui acceptent déjà des retraités âgés de plus de 50 ans, envisagent également de viser les Japonais fortunés.

Jean-Claude Pomonti

 

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Jakarta s’enfonce plus vite que toute autre ville

La capitale de l’Indonésie s’enfonce rapidement. La raison première : les nappes phréatiques sont pompées pour satisfaire les besoins des habitants

Ho Chi Minh Ville, on le sait, s’enfonce de deux cm environ par an, ce qui est déjà préoccupant. Jakarta, toutefois, bat tous les records : dans certains endroits, elle s’enfonce chaque année de dix, quinze ou même vingt cm. 40% de sa superficie se trouvent déjà en-dessous du niveau de la mer. Le pompage de l’eau, pour satisfaire les besoins de dix à douze millions de citadins, n’arrange rien. La capitale de l’Indonésie «est l’un des cas les pires au monde» dans ce domaine, estime l’hydrologiste néerlandais Janjaap Brinkman, cité par le magazine The Atlantic.

L’eau,  qui se trouve  parfois à des centaines de mètres sous la mégapole, est difficile à remplacer. Une fois vides d’eau, les cavités contribuent à l’affaissement des sols.  «Faute de mettre fin à une extraction si profonde de l’eau, Jakarta s’enfoncera de cinq à six mètres supplémentaires» d’ici à la fin du siècle,  juge Brinkman.  De 1974 à 2010, de larges pans de la ville se sont enfoncés de 25 à 70 cm et les quartiers les plus peuplés, sur la côte, ont perdu de 1,4 à 2,1 mètres.

Le long de la mer de Java, un mur de trente km a été construit pour prévenir les inondations. En cas de brèche, des centaines de milliers de gens pourraient être inondés et les réserves d’eau potable détruites. Un deuxième mur amorcé en appui devrait être terminé en 2025. Quoi qu’il en soit, en cette saison de fortes pluies, les inondations sont déjà fréquentes et les voies d’eau sont pratiquement toutes polluées.

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Millionnaires indonésiens

L’analyse des comptes bancaires en Indonésie souligne une forte concentration des avoirs. Sur ce plan-là, rien n’a changé depuis le limogeage de Suharto en 1998.

Le résultat est probant : 0,1% des comptes bancaires regroupent plus de la moitié de l’ensemble des dépôts en Indonésie, selon une enquête de LPS, agence officielle d’assurances. Dans un pays de 240 millions d’habitants et de 101 millions de comptes bancaires, 136 890 comptes bancaires seulement, soit un peu plus de 0,1%, dépassent les 2 milliards de roupies (165 000 €).

Selon le Jakarta Globe, l’un des placements favoris des riches indonésiens est l’immobilier en Australie et à Singapour (sécurité, climat, conditions de vie, marchés solides). Au cours des dix dernières années, les achats à Singapour ont pratiquement décuplé (1714 propriétés achetées en 2011, contre 430 en 2000). Les acheteurs étrangers les plus nombreux dans la cité-Etat sont les Chinois et les Malaisiens mais les Indonésiens achètent les propriétés les plus couteuses et celles du centre-ville, selon le Straits Times.

Une augmentation des achats à Londres est rapportée par le Jakarta Post. L’immobilier londonien est jugé comme un placement sûr et les Indonésiens y acquièrent des propriétés d’une valeur moyenne de 400 000 € (alors qu’à Singapour, ils achètent des propriétés dans une fourchette de 600 000 € à 3 millions d’€).

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L’Indonésie et Justin Bieber: la gaffe et le désamour

A Londres pour la première de son dernier album «Believe»,  Justin Bieber a présenté  l’Indonésie comme un «random country », un pays rencontré à l’aveuglette.

Pauvres fans indonésiens du chanteur canadien au visage d’éternel poupin, aujourd’hui âgé de 18 ans, qui étaient allés, en avril 2011, l’acclamer à Bogor (Java Ouest) au cours d’une tournée en Asie du sud-est! Justin Bieber ne s’en souvient plus. Les jeunes indonésiennes étaient si fières qu’il ait enregistré l’une des ses chansons chez eux. «Je l’ai enregistrée dans un studio, dans un petit endroit, les gens ne savaient pas ce qu’ils faisaient», a-t-il dit, avant que son impresario le reprenne.

Les nouvelles circulent vite en Indonésie, le champion en Asie du sud-est des abonnés à Twitter et Facebook. Dans un pays de quelque 240 millions d’habitants, où l’immense majorité de musulmans pratiquent un islam modéré, les fans de Justin Bieber sont nombreux, très nombreux. Les clubs sont interloqués. Beaucoup ne parviennent pas à y croire.

Les sites indonésiens consacrés à la jeune vedette vivent dans le refus et reçoivent de nombreux messages de soutien. Des fans redoutent même que Justin ne les aime plus. Quant aux forums de médias sociaux, ils  sont indignés et ne souhaitent plus en entendre parler. En 2011, Bieber s’était également rendu à Singapour et en Malaisie.

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Détroit de la Sonde: le pont nommé désir

Un pont reliant Java à Sumatra fût le rêve jamais réalisé de Sukarno, père de l’indépendance indonésienne. Il pourrait devenir réalité.

Trente kilomètres de longueur, divisé en cinq sections, dont deux suspendues de 2,2 km chacune. 80 mètres de hauteur à son point le plus élevé pour laisser passer les gros tankers. Six voies routières, deux voies ferrées, des conduits d’eau, d’essence, de gaz, des câbles électriques et fibre-optiques. Tel est le projet de pont au-dessus du détroit de la Sonde qui relierait les deux îles les plus peuplées de l’Indonésie, Java et Sumatra, soit 80% des 240 millions d’habitants.

Sans oublier une facture salée : 7 milliards d’€, selon le Jakarta Globe, à la charge de la China Railway Construction Corporation, société d’Etat chinoise déjà responsable de plusieurs projets de voies ferrées en Afrique et au Proche orient. A la suite de la visite du président indonésien à Pékin en février, l’étude de faisabilité a été lancée avec le concours des deux provinces riveraines du détroit et du richissime Tommy Wanata, qui veut déjà doter Jakarta d’une tour de 111 étages. Les travaux prendront dix ans.

L’ouvrage  sera construit pour pouvoir résister à un séisme de 9 sur l’échelle de Richter, notamment en raison de la présence, à 50 km de distance, de l’Anak Krakatau, volcan formé à l’occasion de la dévastatrice éruption du Kakratoa en 1883. Le pont sera situé à 200 km du point sous-marin de rencontre entre les plaques indo-australienne et eurasienne, donc à une distance jugée raisonnable des lieux de formation de tsunamis en cas de frottements entre les deux plaques.