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L’odeur de la kretek

Le lobby anti-tabac américain est furieux : l’Organisation mondiale du commerce a dénoncé l’interdiction d’importer la kretek, fameuse cigarette de l’Indonésie.

Dégoût des uns, régal des autres, l’odeur du clou de girofle qui crépite en se consumant est le symbole, la mémoire de l’Indonésie. N’importe où, cette odeur signifie la présence d’un amateur de kretek, cigarette inventée en 1880 par un javanais asthmatique et qu’il avait truffée de clous de girofle dont le contenu en eugénol soulageait ses douleurs de poitrine. Les fabriques de kretek emploient aujourd’hui 180.000 personnes et cette cigarette est consommée par 90%  des fumeurs indonésiens, y compris ceux qui ont émigré aux Etats-Unis.

Quand, en 2009, les Etats-Unis ont décidé de bannir les cigarettes parfumées – à la cannelle, à la fraise, à la cerise, censées séduire un public jeune –, la kretek n’a pas échappé au couperet. Mais les Indonésiens ont réagi en intervenant auprès de l’OMC, qui a fini par trancher, le 4 avril, en déboutant Washington. La raison : la cigarette mentholée, produite par d’influents fabricants américains, n’est pas interdite aux Etats-Unis. Que faire? Il est vrai que les amateurs de kretek aux Etats-Unis sont surtout des Indonésiens.

Comme les Indonésiens sont encore de gros fumeurs, le clou de girofle conserve un avenir. Originaire de Ternate aux Moluques, l’ancien «archipel aux épices»  le giroflier s’est répandu jusqu’à Madagascar, aux Comores et à Zanzibar. Mais l’Indonésie représente plus des deux tiers de la production mondiale de clous de girofle.

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Des enseignants qui ne valent pas la moyenne

L’enseignement, en Indonésie, est un secteur en retard. Des tests de connaissances auxquels ont été soumis les enseignants le confirment.

Triste constat: des tests de compétence auxquels ont été soumis 98,3% des 285 884 enseignants indonésiens ont montré que leur note était de 4,2 sur 10, soit inférieure à la moyenne, a récemment rapporté le Jakarta Globe. «Le score moyen est médiocre. Toutefois, d’une certaine façon, je suis satisfait de la pléthore de mauvais résultats car cela prouve que ces derniers sont fiables. Si la moyenne avait été plus élevée, j’aurais eu des doutes », a réagi Muhammad Nuh, ministre indonésien de l’Éducation et de la culture.

L’éducation nationale, estime le quotidien anglophone de Jakarta, est « depuis longtemps la cible de critiques » : fabrication de «CV hors de propos» ; corruption ; tricheries très répandues lors des examens ; infrastructures insuffisantes. Cette fois, c’est le personnel qui n’est pas à la hauteur. La formation des enseignants va se renforcer, a annoncé Mohammad Nuh, notamment lors de stages prévus en mai et en juin.

Les meilleurs enseignants – ou les moins mauvais – sont à Yogyakarta, la ville universitaire. Viennent ensuite : Jakarta, Java Est, Java Central. En dernière position se trouvent les Moluques.

Fin décembre 2011, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait jugé que l’instruction publique avait «fait de nombreux progrès mais qu’il restait encore bien des améliorations à réaliser.»

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Des minijupes jugées pornographiques

En Indonésie, le ministre chargé de l’application de la loi contre la pornographie est sans doute maladroit. Mais il est le reflet des aspirations de la présidence. 

Suryadharma Ali, ministre indonésien des affaires religieuses, insiste: toute jupe «qui ne recouvre pas les genoux sera jugée pornographique», a-t-il déclaré, selon le Jakarta Post du 28 mars, deux semaines après avoir été chargé par le président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY) de la gestion d’un nouveau Comité d’application de la loi contre la pornographie votée en 2008. La mini-jupe fera donc partie des critères de pornographie. Le président du Parlement, Marzuki Alie, approuve. «Vous savez comment sont les hommes !», a-t-il dit selon le Sydney Morning Herald.

Suryadharma veut que les standards qui seront décidés pour le vêtement soient imposés à tout l’archipel, donc à quelque trois cents ethnies, y compris les Papous aux étuis péniens. Il lui arrive de déraper : il a traité en janvier les shiites d’ «hérétiques». Mais il est surtout le reflet du conservatisme religieux sensible dans l’entourage de SBY.

Commentaires de lecteurs : «un retour à l’âge de pierre» ; «bienvenue en Arabie saoudite». L’immense majorité des Indonésiens pratiquent un islam modéré. En février, la Commission pour la suppression de la corruption s’est interrogée sur le sort des intérêts – qui se comptent en millions d’euros – sur les dépôts des pèlerins à la Mecque faits auprès du ministère des affaires religieuses, lequel passe pour le plus riche en raison de la gestion de ces dépôts et de dons aux pauvres.

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Une guêpe monstrueuse à Sulawesi

Une entomologiste américaine a découvert une guêpe d’une envergure impressionnante. Rien à voir avec le frelon d’Asie qui se répand dans le sud de la France.

L’insecte a été découvert dans le sud de Sulawesi (Célèbes, Indonésie) par Lynn Kimsey, entomologiste de l’université de Californie. Le mâle dépasse les cinq centimètres quand il déploie ses gigantesques mâchoires, lesquelles lui servent notamment à enserrer le thorax de la femelle, deux fois plus petite, pendant l’accouplement.

Repéré pour la première fois en 2009, l’insecte a été surnommé la «guêpe guerrière». Lynn Kimsey a déclaré au Daily Mail (Londres) qu’elle comptait la baptiser «Garuda» en référence à l’oiseau mythique, symbole de l’Indonésie, moitié homme, moitié aigle, de large envergure, à la grande bravoure et à la rapidité exceptionnelle.

Les mâles protègent l’entrée du nid et l’accouplement intervient à chaque retour d’une femelle. Lynn Kimsey a découvert plus de trois cents nouvelles espèces d’insectes au cours d’une riche carrière. Ses terrains actuels de recherche sont les monts Mekongga (sud de Sulawesi) et les dunes Aldodones (sud de la Californie).

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Manifestations contre la hausse des prix en Indonésie

Un bras de fer s’est amorcé en Indonésie entre le gouvernement et un mouvement populaire contre une hausse du prix de l’essence annoncée pour le 1er avril.

Des manifestations contre la hausse des prix des carburants ont pris une tournure violente, lundi 26 mars, notamment dans la grande ville de Medan (Sumatra-Nord), dont l’aéroport a dû fermer pendant cinq heures et où des actes de vandalisme ont été commis. Des incidents ont également eu lieu à Makassar,  ville militante de Sulawesi-Sud, et à Bandoung (Java-Ouest) ainsi que dans deux villes de Java-Central (Solo et Yogyakarta), selon le Jakarta Post.

Afin de pouvoir réduire à terme d’énormes subventions, le gouvernement a annoncé qu’il comptait notamment relever de 33% le prix de l’essence (le portant à un demi-euro le litre). Cette mesure, prévue pour le 1er avril, doit être débattue par le Parlement le 29 mars. Les leaders des étudiants et les syndicats ouvriers espèrent faire pression pour forcer le gouvernement à renoncer à une hausse des prix des carburants qui se répercuterait dans beaucoup d’autres domaines (industrie, transports, alimentaire).

Suharto, en mai 1998, avait dû se retirer à la suite des manifestations contre la cherté de la vie. Quand elle était présidente, Megawati Sukarnoputri, avait renoncé à cette hausse. Plus courageux, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait maintenu cette hausse pendant son premier mandat. Mais, cette fois-ci, sa majorité parlementaire semble sur la réserve. Le bras de fer se poursuit.

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Multiplication des enlèvements d’enfants en Indonésie

Un récent rapport sur les enlèvements d’enfants lie leur multiplication au laxisme de la police en Indonésie.

Au cours des trois derniers mois, huit petites filles ont été kidnappées dans le sud de Sulawesi (Célèbes). Une autre – un bébé d’un an – a été enlevée à Yogyakarta avec l’intention de la vendre à un couple de Jakarta, a rapporté Arist Merdeka Sirait, président de Komnas Anak (Commission nationale pour la protection de l’enfance). Selon le Jakarta Globe, les fillettes de Sulawesi, retrouvées vivantes, avaient subi des violences sexuelles. A Yogyakarta, un homme a été arrêté pour avoir tenté d’acheter le nourrisson.

Arist a déclaré le 22 mars que l’approche de la police est «très faible». Elle s’en prend, dit-il, aux individus pris sur les faits alors que «la plupart des enlèvements impliquent des réseaux auxquels la police devraient faire la guerre». Elle ne le fait pas. Résultat : les kidnappings se multiplient (Komnas Amnak indique que 120 enlèvements lui ont été rapportés en 2011, contre 111 en 2010). Arist dit que «les cibles sont toujours des enfants de familles pauvres et dans le besoin ; les syndicats disposent de gens qui les surveillent».

En 2010, à la suite d’une série d’enlèvement dans le Grand Jakarta, des foules apeurées avaient tué trois hommes soupçonnés d’avoir organisé l’abduction d’enfants. A l’époque, toujours selon le Jakarta Globe, Arist avait admis que l’accumulation des cas de disparitions non résolus par la police avait contribué à provoquer une paranoïa.

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En Indonésie, quatre millions d’individus sont invisibles

L’Indonésie bénéficie d’une économie robuste. Mais elle compte également, comme la Birmanie,  le Cambodge ou les Philippines, des laissés-pour-compte. 

Ils sont partout et, pourtant, n’existent pas. Beaucoup sont des chiffonniers, qui revendent à très bas prix leurs médiocres collectes d’ordures dans les poubelles ou sur les décharges. Ils n’ont pas de domicile, dorment sous les ponts ou les raccords d’autoroutes, auprès de leurs carrioles. Ils n’ont pas de carte d’identité : ils ne peuvent donc pas bénéficier d’une aide médicale officielle et leur progéniture ne peut pas fréquenter de l’école.

Ils sont quatre millions, sur de 230 à 250 millions d’Indonésiens. La fonction publique les qualifie d’”invisibles” car ils ne sont recensés nulle part, rapporte Al Jazeera, qui les a filmés. Beaucoup sont des paysans pauvres qui ont émigré dans les villes dans l’espoir d’une vie meilleure. Toutefois, faute d’un certificat de résidence ou d’un métier officiel, ils n’ont pas droit à des cartes d’identité et ne peuvent pas bénéficier de l’aide aux programmes d’éradication de la pauvreté, alors qu’ils sont les premiers concernés par le fléau. Ils sont donc condamnés à vivre des restes rejetés par les autres.

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Un concert de Lady Gaga en Indonésie : les oulémas divisés

Un concert de Lady Gaga, programmé début juin à Jakarta, divise les oulémas d’une Indonésie qui compte deux cent millions de musulmans.

Membre de l’officieux mais très influent Conseil indonésien des Oulémas (MUI), Cholil Ridwan a demandé aux musulmans de ne pas assister à un concert de Lady Gaga programmé le 3 juin à Jakarta. Ce concert a pour objectif «la destruction de la moralité de la nation», a-t-il déclaré en précisant, toutefois, qu’il s’agissait d’une opinion personnelle. Il a déclaré n’avoir jamais visionné un spectacle de Lady Gaga mais que les tenues, les mouvements et l’exposition des «parties intimes» de la vedette étaient choquants.

Il estime donc le concert «haram», interdit par l’islam, religion largement majoritaire en Indonésie (près de 90% de la population s’en réclament). 25 000 billets ont été vendus en moins de deux heures le 10 mars. Cholil Ridwan a demandé aux jeunes musulmans de rendre leurs billets et de se faire rembourser.

Mais, tout en qualifiant d’«attaques culturelles» les concerts donnés par des vedettes occidentales, Choli Ridwan s’est gardé de parler de fatwa, une mesure que le MUI ne peut prendre que par consensus. Un autre membre du MUI, l’ouléma Slamet Effendi Usuf, a déclaré qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que les jeunes musulmans assistent au concert, tout en souhaitant que Lady Gaga s’habille de façon décente. Quant aux radicaux islamistes, fort peu populaires en ce moment, ils se sont tus.