Des analyses de sang effectuées à Danang se sont toutes révélées positives à la dioxine. L’aéroport local avait abrité un dépôt d’agent orange pendant la guerre.
Les tests de 62 individus choisis au hasard dans une zone qui jouxte l’aéroport, où se trouvait l’aire de stockage de l’agent orange, ont tous été positifs à la dioxine, qui est à la base du très puissant défoliant dont les avions américains ont, selon Hanoï, déversé 80 millions de litres sur la moitié sud du Vietnam de 1961 à 1971.
Aucun des individus testés entre 2006 et 2012 n’a participé à la guerre ou n’a vécu dans les zones où l’aviation américaine a déversé le défoliant. Leurs seuls points communs, selon le quotidien Thanh Nien : ils étaient âgés de plus de 18 ans lors des tests et résident depuis au moins cinq ans à proximité de l’aéroport où l’agent orange a été stocké. L’un d’entre eux, Vo Duoc, âgé de 58 ans, a déclaré que les 18 membres de sa famille élargie vivaient près de l’aéroport et que les résultats pourraient signifier «une catastrophe pour les enfants». Ces résultats ont déjà provoqué une vive inquiétude dans un secteur où résident des milliers de gens.
Le projet, dans lequel s’inscrivent les tests, est parrainé par la Fondation Ford et Hatfield Consultants, une société environnementaliste canadienne. 25 parmi les individus testés vont être envoyés dans un hôpital militaire de Hanoï pour y bénéficier, gratuitement, d’un traitement déjà testé sur des anciens combattants.
L’aéroport de Danang, dans le centre du Vietnam, est la première de trois anciennes aires de stockage de l’agent orange que les Américains ont commencé à décontaminer le 9 août dernier en collaboration avec l’armée vietnamienne. Les deux autres aires sont les anciens aéroports de Bien Hoa, près de Hochiminh-Ville, et de Phu Cat, dans la province de Vinh Binh (au sud de Danang).
De 2,1 millions à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés à l’agent orange et à d’autres produits chimiques liés à des cancers, à des malformations à la naissance ou à des maladies chroniques, notamment respiratoires. Depuis la fin de la guerre, la dioxine représente un danger supplémentaire en raison de l’influence de la contamination de sols sur la chaîne de consommation alimentaire. Un organisme américano-vietnamien a estimé à 450 millions de dollars le montant nécessaire à l’élimination de la dioxine et à l’aide aux victimes.