Après dix-sept ans de procédure, la Cour suprême a condamné une orpheline à quatre ans et huit mois de prison pour avoir empoisonné son époux membre de la haute aristocratie.
La saga sordide de la mort du prince Thitipan Yugala, un parent éloigné du roi de Thaïlande, s’est close le 17 août avec l’arrêt de la Cour suprême qui a condamné à la prison l’épouse du prince, Mom Louk Plaa ou Bébé poisson, âgée de 42 ans, pour avoir empoisonné son mari en versant de l’insecticide dans sa tasse de café en août 1995. L’affaire avait, un temps, ému une partie de l’opinion thaïlandaise car elle avait permis de lever un coin du voile sur le comportement peu reluisant d’une partie de la haute aristocratie de Thaïlande, un sujet très rarement évoqué dans les médias du royaume.
L’histoire de Bébé poisson ressemble à un conte de fée qui vire au mauvais film de série B. A quatre ans, Bébé poisson avait été abandonnée par ses parents et recueillie dans la famille princière de Bhanubhandh Yugala, vieil aristocrate qui détient le rang de Mom Chao, c’est-à-dire d’un rejeton issu de l’union de deux Altesses Royales. A l’âge de 14 ans, Bébé poisson avait été violée par le fils du prince Bhanubhand Yugala, le prince Thitipan Yugala, puis était devenue son « objet sexuel ». A l’âge de 24 ans, Bébé poisson avait épousé le prince Thitipan, alors âgé de 59 ans. Mais très vite, Bébé poisson s’était consolée auprès d’un vendeur de marrons de son âge. Un an après, le prince Thitipan était retrouvé mort dans sa demeure. Les analyses montrèrent que son corps contenait une forte dose d’insecticide. Deux ans après, Bébé poisson confessa avoir versé de l’insecticide dans le café du prince, mais elle revint ensuite sur cette déclaration.
L’histoire se compliqua encore quand deux maîtresses du prince défunt apparurent pour réclamer leur part de l’héritage. En 2000, l’éditorialiste du Bangkok Post Sanitsuda Ekkachai, écrivit : « comme à l’époque féodale, Louk Plaa a été violée dans son tout jeune âge par son père adoptif et maître, le prince Thitipan. (…). Celui-ci n’a jamais hésité à la présenter comme sa ‘machine sexuelle’ ». Bébé poisson avait été acquittée en 2005 par la Cour d’appel pour manque de preuves. C’est ce verdict qui a été infirmé le 17 août par la Cour suprême. En 2002, elle avait été condamnée en première instance à six ans de prison.