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Sauvetage d’une frégate chinoise échouée près des Philippines

Des bâtiments chinois ont réussi à remettre à l’eau un navire de guerre échoué sur un banc de sable au large des Philippines. Un incident de plus.

Au moins six bâtiments de la flotte de guerre chinoise ont réussi, le 15 juillet, à remettre à l’eau une frégate chinoise qui s’était échouée le 11 juillet sur un banc de sable à 70 km à l’ouest de l’île philippine de Palawan. Le banc en question – Half Moon en anglais, Hasa Hasa en tagalog – fait partie de l’archipel des Spratleys, dont Pékin revendique la propriété, et se trouve dans un secteur situé, selon Manille, dans la zone territoriale exclusive des Philippines. Légèrement endommagée, la frégate a pu reprendre sa route alors que des gardes-côte philippins s’étaient regroupés pour participer, en cas de besoin,  à son renflouement.

Cet incident intervient alors que des échanges entre Pékin et Manille n’ont pas encore permis de régler le face-à-face entre des navires des deux pays en mai à proximité du récif de Scarborough, situé à 700 km plus au nord, au large de la grande île philippine de Luçon. Manille s’est félicité du succès de la libération de la frégate chinoise et n’a pas protesté car les eaux de toute zone territoriale exclusive sont ouvertes à la circulation de navires étrangers.

Au même moment, en dépit des protestations de Pékin qui affirme sa souveraineté sur 80% des eaux de la mer de Chine du Sud, Manille a annoncé l’ouverture à l’exploration étrangère (gaz et pétrole) d’un nouveau lot situé à 55 km de la côte de Palawan. Le Vietnam en a fait autant, récemment, du côté ouest de l’archipel des Spratleys. L’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dont la mer de Chine du Sud est censée regorger risque de devenir le principal sujet de tensions entre les Chinois et les autres Etats riverains, parmi lesquels figurent également la Malaisie et Brunei.

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Marchés émergents: l’Indonésie et le Vietnam à l’honneur

Parmi les marchés émergents  ciblés par les multinationales de 2012 à 2017, deux pays d’Asie du sud-est tirent leur épingle du jeu : l’Indonésie et le Vietnam.

Dans les cinq années à venir, les membres du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) demeureront les leaders des marchés émergents, selon les multinationales en mal d’investissements. Mais, dans ce classement des trente principaux marchés émergents,  les quatre du Bric seront suivis de près par, dans l’ordre, l’Indonésie (5°), l’Afrique du Sud (6°) et le Vietnam (7°).

La Thaïlande se retrouve en onzième position, derrière l’Argentine et devant la Chili, selon les résultats d’une enquête menée auprès des multinationales et rapportée le 13 juillet par la GIA (Global Intelligence Alliance).  Selon les projections du FMI, la croissance économique (2012-2017)  sera de 8,5% en Chine et de 7,4% en Inde. Des taux plus faibles en Russie (3,9%) et au Brésil (3,7%) seront compensés par les potentiels de marchés domestiques énormes, de ressources naturelles abondantes et de l’acquis d’une «domination régionale».

Les concurrents du Bric les mieux placés pour récupérer les investissements des grandes sociétés sont en Asie et en Amérique latine, avec trois exceptions, l’Afrique du Sud, la Turquie et le Nigéria. L’Indonésie est tête de liste et le Vietnam pointe non loin derrière, ce qui confirme la bonne santé de l’Asie du sud-est.

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Analyse Politique Thaïlande

Chronique siamoise : une société bloquée en quête de nouveaux appuis

La décision de la Cour constitutionnelle du 13 juillet, rejetant les accusations de renversement de la monarchie absolue à l’encontre du parti Peua Thaï au pouvoir en Thaïlande, n’a fait qu’apporter un répit.

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Politique Thaïlande

Petit incident de santé pour le roi de Thaïlande

Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej a dû annuler une visite en province à cause d’un léger saignement au cerveau.

Un communiqué du Palais royal a indiqué que le roi avait été victime le 13 juillet de spasmes musculaires dans la main droite et que son rythme cardiaque s’était accéléré. Après une radiographie, les médecins ont conclu qu’un saignement mineur s’était produit dans le lobe frontal gauche. «Après l’administration de médicaments, les spasmes ont disparu et le rythme cardiaque est redevenu normal», ajoute le communiqué. Les médecins ont toutefois conseillé au souverain d’arrêter toutes ses activités publiques dans l’immédiat.

Une visite de projets royaux dans la province de Ratchaburi, prévu le 14 juillet, a donc été reportée sine die. Agé de 85 ans, le roi Bhumibol, qui est monté sur le trône en 1946, est hospitalisé depuis septembre 2009. Il a effectué récemment deux sorties, l’une en mai dernier dans la province d’Ayuthaya, à 80 km au nord de Bangkok, la seconde à Nonthaburi, dans la grande banlieue de la capitale, dans le cadre d’une croisière fluviale. Les deux fois, il était accompagné de la reine Sirikit et de sa seconde fille, la princesse Sirindhorn, populaire auprès de nombreux Thaïlandais. Le prince héritier Vajiralongkorn était absent. Monarque dont le règne est le plus long depuis le début de la dynastie Chakri en 1782, le roi Bhumibol est un ferment d’unité nationale pour de nombreux Thaïlandais, mais son image a pâti, ces dernières années, de la crise politique qui étreint la Thaïlande.

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Politique Thaïlande

Thaïlande : la Cour constitutionnelle choisit la voie moyenne

La Cour constitutionnelle a pris une décision qui satisfait le parti Peua Thai au pouvoir. Elle estime en effet que son projet de réforme de la constitution ne menace pas la monarchie.

Quelques heures avant le jugement de la Cour constitutionnelle le 13 juillet en début d’après-midi, certains évoquaient encore la possibilité d’une guerre civile. Finalement, les huit juges ont décidé de rejeter les recours déposés par l’opposition allégeant que le parti gouvernemental voulait renverser la monarchie absolue en changeant la constitution. La Cour a motivé sa décision en précisant que cette accusation était basée sur un procès d’intention. Dans la foulée, les juges ont estimé que le rejet de ces recours rendait caduque la demande de dissolution du parti Peua Thai. Ces décisions ont provoqué la joie des Chemises rouges, les partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, dont la sœur cadette Yingluck est actuellement à la tête du gouvernement. Ce dernier ainsi que plusieurs leaders du parti Peua Thai se sont dits satisfaits aussi de ce verdict.

Deux des leaders des Chemises rouges, Jatuporn Prompan et Thida Thavornseth, ont toutefois exprimé un certain mécontentement, car la Cour a aussi estimé que la majorité parlementaire ne pouvait pas convoquer une assemblée constituante pour réécrire une nouvelle constitution sans un référendum préalable. Leur argument est que, comme la constitution de 2007, mise en place après le coup d’Etat de septembre 2006, a été approuvée par un référendum, seule une consultation similaire peut ouvrir la voie à un changement de constitution. Selon les juges, les articles de la constitution «qui posent problème» pourront toutefois être amendés un par un par la voie parlementaire.

Ce jugement a permis d’apaiser les tensions qui s’étaient accumulées ces dernières semaines autour de ce projet de loi d’amendement constitutionnel. La crise politique, qui voit s’affronter les élites conservatrices et les forces favorables à une plus grande égalité sociale, n’est pas réglée pour autant.

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Mer de Chine du Sud : l’échec de l’Asean

Les dix Etats membres de l’Asean sont incapables d’adopter une position commune sur le contentieux en Mer de Chine du Sud. Ce qui fait le jeu de Pékin.

Les Chinois avaient mis leurs voisins d’Asie du sud-est en garde : n’abordez pas le contentieux territorial en Mer de Chine du Sud, dont Pékin revendique 80% des eaux, lors des rencontres ministérielles de l’Asean, réunies du 9 au 13 juillet à Phnom Penh. Le vice-ministre chinois des affaires étrangères Fu Ying avait même déclaré que la négociation d’un Code de conduite, adopté voilà déjà dix ans, ne commencera que lorsque «les conditions seront mûres».

Selon une source thaïlandaise, le Cambodge, qui assure la présidence annuelle de l’Association des nations de l’Asie du sud-est (Asean) et est un allié de la Chine, a refusé un compromis proposé par les neuf autres Etats membres. Il n’y a donc pas eu de communiqué conjoint, un fait sans précédent selon le ministre indonésien des affaires étrangères Marty Natalegawa. «C’est justement le genre d’occasion où l’Asean devrait se prononcer d’une seule voix», a-t-il regretté.

Les deux Etats de l’Asean les plus concernés par le diktat chinois en Mer de Chine du Sud sont le Vietnam et les Philippines, en raison des empiètements chinois sur leurs zones économiques exclusives. Deux autres Etats membres, Brunei et la Malaisie, émettent des revendications territoriales. Mais Brunei n’est pas présent et la Malaisie se montre plus discrète ces derniers mois, peut-être parce que l’achat de sous-marins à la France est l’objet d’une sérieuse controverse. Ces sous-marins étaient destinés à des patrouilles en Mer de Chine du Sud.

L’incapacité de l’Asean à adopter une position commune sur le principal contentieux régional souligne le peu de poids de l’Association sur la scène internationale et explique sans doute pourquoi plusieurs gouvernements d’Asie du sud-est souhaitent un contrepoids américain face à la montée en puissance de la Chine.

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Cambodge Histoire Politique

Sihanouk n’est pas blanc sur la question khmère rouge, selon un documentariste

Lors d’un débat au Club des correspondants de Thaïlande, un documentariste français évoque la responsabilité de l’ancien chef d’Etat dans la tragédie khmère rouge.

« La responsabilité de Sihanouk est énorme. Sans doute devrait-il être jugé. Il est responsable de l’avènement des Khmers rouges, il s’est allié à eux par deux fois (1) dans le seul but de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat de 1970 », a estimé Bruno Carette, lors d’un débat qui suivait la projection de son documentaire « Khmers Rouges Amers » au Club des correspondants étrangers de Thaïlande (FCCT). Ce film d’une heure et demie, réalisé avec Sien Meta, témoigne de la perspective des Khmers rouges, des hauts dirigeants aux simples soldats, sur la tragédie qui a provoqué la mort de près de deux millions de Cambodgiens (un quart de la population de l’époque) entre la chute de Phnom Penh, le 17 avril 1975, et l’invasion vietnamienne qui a provoqué l’effondrement du régime totalitaire en janvier 1979.

Le documentaire inclut de nombreux extraits d’entretiens avec deux des anciens dirigeants du Kampuchea démocratique, l’ex-numéro deux du régime Nuon Chea et l’ex-chef d’Etat Khieu Samphan, actuellement en cours de jugement devant un tribunal composé de juges cambodgiens et internationaux à Phnom Penh. Il présente aussi de rares témoignages comme celui de Suong Sikoeun, un proche de l’ex-chef de la diplomatie Ieng Sary, et de son épouse française de l’époque, Laurence Picq, la seule Occidentale à avoir vécu durant toute la durée du régime khmer rouge au Cambodge.

Sceptique mais tempérant les nombreuses critiques faites à l’encontre du « procès à caractère international » en cours à Phnom Penh, Bruno Carette a souligné le fait que le premier procès, lequel a abouti en février 2012 à la condamnation de Kaing Guek Ieuv, alias Duch, l’ex-chef du centre de torture S- 21 à la prison à perpétuité, avait permis « à quelques victimes et parents des victimes de s’exprimer ». « Depuis un an des livrets retraçant l’histoire de la tragédie khmère rouge sont aussi distribués dans toutes les écoles du pays », une période de l’histoire auparavant occultée a-t-il ajouté.

(1) Le 23 mars 1970 Sihanouk, renversé par un coup d’Etat cinq jours plus tôt, appelle le petit peuple à soutenir les Khmers rouges dans leur lutte pour le pouvoir ; en 1982, Sihanouk préside à la formation d’une « coalition de résistance anti-vietnamienne » qui inclut les Sihanoukistes, les partisans de Son Sann et les Khmers rouges.

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Politique Thaïlande

Crime de lèse-majesté : un Américain libéré en Thaïlande

Joe Gordon, un Américain d’origine thaïlandaise condamné à un an de prison pour insulte envers le roi de Thaïlande a été remis en liberté le 10 juillet après avoir reçu un pardon royal.

L’ambassade américaine à Bangkok a confirmé que Joe Gordon, qui avait été condamné à deux ans et demi de prison en décembre dernier, a quitté la prison de Klong Prem, dans le nord de Bangkok, dans la soirée du 10 juillet. Il avait été jugé pour avoir traduit en Thaï et posté sur son blog des extraits de la biographie du roi Bhumibol Adulyadej «The King Never Smiles», publiée en 2006 par le journaliste américain Paul M. Handley. La thèse centrale  de ce livre, interdit en Thaïlande, est que le roi a orchestré une campagne massive de propagande pour consolider le pouvoir monarchique au détriment du développement de la démocratie.

Résidant aux Etats-Unis depuis trente ans mais d’origine thaïlandaise, Joe Gordon, âgé de 56 ans, avait été arrêté en mai 2011 alors qu’il se rendait en Thaïlande pour visiter sa ville natale. Une demande de pardon royal avait été déposée en début d’année. L’ambassade américaine s’était montrée solidaire de son ressortissant en discutant régulièrement de son cas avec les autorités thaïlandaises. Le directeur d’une ONG a confié récemment à Asie-Info que le Palais royal, inquiet du ressentiment contre la loi de lèse-majesté, cherche à favoriser le pardon royal pour la quasi-totalité des condamnés et, dans ce but, les pousse à en faire la demande.

Des milliers de personnes du monde universitaire et des milieux de la société civile ont lancé depuis environ deux ans une campagne en Thaïlande et à l’étranger pour réclamer une réforme de l’article 112 du code pénal qui punit les insultes envers le roi, la reine et le prince héritier d’une peine entre trois et quinze ans de prison. Plusieurs dizaines de personnes en attente de procès ou condamnées sont actuellement en prison pour crime de lèse-majesté.