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Birmanie Politique

Chaos et loi martiale dans l’ouest de la Birmanie

Le gouvernement birman a décrété la loi martiale dans un district de l’Etat Rakhine après une flambée de violences entre musulmans et bouddhistes.

Un couvre-feu est imposé depuis le 9 juin dans le district de Maungdaw, à 230 km à l’ouest de Rangoon après que, selon les autorités, des centaines de musulmans eurent saccagé et brûlé des maisons et des commerces appartenant à des bouddhistes. Ces violences ont fait au moins cinq morts et une centaine de blessés. « Dix-neuf magasins, 386 maisons et un hôtel ont été brûlés. Quatre hommes et une femme ont été poignardés à mort », dit un communiqué sur le site internet officiel du président Thein Sein. L’armée a été déployée dans le secteur et des soldats explorent les montagnes autour du chef-lieu de district pour soigner les villageois qui s’y sont réfugiés.

Les tensions entre bouddhistes et musulmans de l’Etat Rakhine existent depuis des décennies, mais elles ont brutalement explosé fin mai après le viol et le meurtre d’une jeune Arakanaise bouddhiste. Des suspects musulmans ont été arrêtés, mais le 2 juin des centaines de bouddhistes, disant avoir repéré les coupables, ont stoppé un autocar et tué dix pèlerins musulmans. Le 8 juin, des violences, apparemment exercées par des musulmans en représailles, ont éclaté dans la ville de Maungdaw après la prière du vendredi. Les musulmans de l’Etat Rakhine, appelés Rohingyas, ont été amenés dans cette région comme ouvriers par les Britanniques durant la période coloniale. Après l’indépendance, ils se sont vus privés de nombreux droits et n’ont jamais pu obtenir la nationalité birmane.

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Thaïlande

Thaïlande : dix ans de prison pour un financier véreux

Rakesh Saxena, l’ancien conseiller financier de la Bangkok Bank of Commerce, dont l’effondrement avait été l’une des causes de la crise Tom Yam Kung, a été condamné le 8 juin.

A son échelle la Bangkok Bank of Commerce a été le Merrill Lynch asiatique, et à son niveau Rakesh Saxena, le conseiller auprès du président de la banque, le Bernard Madoff thaïlandais. Rakesh Saxena, qui s’était enfui au Canada en 1996 et en a été extradé en 2009, a été condamné le 8 juin à dix ans de prison et à 24.400 euros d’amende, pour avoir «causé des dommages à l’économie thaïlandaise». De nationalité indienne, il était arrivé au tribunal pénal de Bangkok Sud poussé par des aide-soignants dans un fauteuil roulant.

De concert avec le directeur de la banque, Krikkiat Jalichandra, Rakesh Saxena avait emprunté pour le compte d’une société sous leur contrôle 40 millions d’euros de leur propre banque sur la base de collatéraux faussement évalués à cent fois leur valeur réelle. La supercherie avait été découverte en 1996 et les ondes de choc avaient déstabilisé le système financier thaïlandais, entrainant par ricochet le pays dans une profonde crise financière et économique en 1997-1998 – une crise retenue par l’histoire sous le nom de crise Tom Yam Kung d’après l’appellation d’une soupe épicée thaïlandaise.

Krikkiat avait été condamné, après une série de procès entre 2006 et 2009, à 130 ans de prison et à 268 millions d’euros d’amende. Le tribunal a aussi demandé à Rakesh Saxena de restituer 27 millions d’euros qui ont disparu des caisses de la banque. Jusqu’à présent, le bureau du procureur général et la banque de Thaïlande ont réussi à récupérer environ un million d’euros appartenant à la défunte Bangkok Bank of Commerce, qui étaient cachés sur des comptes dans des banques suisses.

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Birmanie Politique

Reprise des violences interreligieuses en Birmanie

Une femme musulmane dans l'état Rakhine (DR)

Des flambées de violence ont eu lieu à nouveau  le 8 juin  dans l’Etat Rakhine, en Birmanie après la prière du vendredi. La situation serait très tendue.

Des résidents musulmans, à leur retour de la prière en début d’après-midi, se seraient répandus dans les rues de Maungdaw, une ville de l’ouest proche de la frontière du Bangladesh, et auraient détruit restaurants et écoles. La police aurait ouvert le feu notamment sur ceux qui paraissaient être les meneurs. Un policier aurait été tué et quatre autres blessés, selon le site indépendant Democratic Voice of Burma. On ignore le nombre de victimes parmi les manifestants. L’ordre aurait été ainsi rétabli en ville alors que les émeutes se poursuivaient dans les villages du voisinage.

Les tensions ont commencé fin mai avec le viol et l’assassinat d’une jeune Arakanaise, méfaits qui ont été attribués à trois hommes musulmans. Le 2 juin, dix pèlerins musulmans ont été lynchés par une foule appartenant à la minorité bouddhiste arakanaise. Les tensions entre les Arakanais bouddhistes et les musulmans locaux, appelés Rohingyas, existent depuis des décennies. Les Rohingyas, descendants d’Indiens musulmans amenés en Birmanie par les Britanniques à l’époque coloniale, sont dépourvus de nombreux droits et se voient refuser la nationalité birmane.

Les violences de ces deux dernières semaines sont les premières depuis que le gouvernement du président Thein Sein a autorisé sous certaines conditions – notamment l’obtention d’une autorisation cinq jours à l’avance – les manifestations publiques. La présidence s’est aussitôt empressée d’intervenir pour empêcher que la situation prenne une plus vilaine tournure. Le risque d’escalade est évident et les appels au calme se sont multipliés. Les musulmans représentent en Birmanie environ 4% d’une population évaluée à près de 60 millions de gens.

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Birmanie Politique

Un an de combats entre les Kachin et l’armée de Birmanie

Les membres de la minorité Kachin de Birmanie commémorent le premier anniversaire de la reprise des hostilités contre l’armée birmane dans le nord-est du pays.

Le 9 juin 2011, le cessez-le-feu en place depuis 17 ans entre la Kachin Independence Army (KIA, la guérilla kachin) et l’armée birmane avait volé en éclats du fait de tensions autour de projets hydroélectriques dans le nord-est de la Birmanie. De multiples heurts armés ont eu lieu depuis, entrainant la fuite de dizaine de milliers de civils. Pour marquer le premier anniversaire de cette reprise des combats et sonner l’alerte sur la crise humanitaire qui s’en est suivie, des militants kachin ont organisé les 5 et 8 juin des manifestations devant les ambassades de Birmanie à Bangkok et à Canberra. D’autres doivent se tenir dans d’autres grandes villes où vivent des communautés kachin.

Naw San, le secrétaire-général de l’Union des étudiants et de la jeunesse kachin, laquelle a organisé la manifestation à Bangkok, a déclaré dans un entretien avec le magazine Irrawaddy que les combats avaient forcé 70.000 Kachin à fuir leur village et que la plupart d’entre eux s’étaient réfugiés sur le sol chinois. Il a aussi indiqué que les villageois ne recevaient pas suffisamment d’assistance humanitaire. Des agences humanitaires des Nations unies se sont plaintes d’avoir été empêchées par les autorités birmanes d’accéder aux zones où se trouvent les villageois déplacés. Un convoi onusien de cinq camions est toutefois arrivé le 5 juin près de la frontière chinoise et a pu délivrer de la nourriture à 3.000 réfugiés. Plusieurs rounds de pourparlers de cessez-le-feu ont eu lieu ces derniers mois entre représentants de la Kachin Independence Organisation (KIO, le bras politique de la guérilla) et émissaires du gouvernement birman, mais ceux-ci n’ont pas abouti, les leaders kachin demandant «la reconnaissance des droits du peuple Kachin».

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Politique Thaïlande

Thaïlande : galimatias juridique autour de la réforme constitutionnelle

Le Bureau du procureur général a contredit le 7 juin la Cour constitutionnelle, laquelle avait ordonné la suspension d’un débat parlementaire.

La guerre de tranchées engagée, en Thaïlande, entre le Bureau du procureur général et la Cour constitutionnelle devrait passionner les étudiants en droit public. Le bureau du procureur général a indiqué qu’il ne donnait pas suite aux pétitions déposées par des députés du Parti démocrate d’opposition, lesquelles demandaient de suspendre le débat parlementaire sur un projet de loi d’amendement de la Constitution. Cette déclaration a pris le contre-pied de la position adoptée depuis une semaine par la Cour constitutionnelle, laquelle a examiné ces mêmes pétitions et ordonné la suspension du débat parlementaire. Pour bien montrer qu’elle persistait dans sa position, la Cour constitutionnelle a immédiatement réagi à la déclaration du bureau du procureur général, indiquant que cette dernière n’avait «aucun rapport» avec la décision de la Cour d’engager un examen juridique du projet de loi.

Ce bras de fer entre les deux organes juridiques se joue sur fond de forte tension entre le Peua Thai, principal parti de la coalition gouvernementale, et le Parti démocrate d’opposition. Ce dernier veut bloquer toute tentative de réforme de la Constitution instaurée en 2007 après un coup d’Etat un an auparavant. La confusion sur les pouvoirs respectifs de la Cour constitutionnelle et du Bureau du procureur général repose sur l’interprétation d’un passage de l’article 68 de la Constitution, lequel stipule : la personne qui a connaissance d’actes (visant à renverser la monarchie constitutionnelle) «a le droit de demander au procureur général d’enquêter sur les faits et de soumettre une motion à la Cour constitutionnelle pour qu’elle ordonne la cessation de tels actes». C’est la question de savoir qui peut «soumettre la motion» à la Cour qui donne lieu à différents avis.

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Analyse Asie Histoire Viêtnam

Leon Panetta à Cam Ranh: l’accélération de l’histoire

Dans la foulée de la victoire vietnamienne de 1975, le cours de l’histoire a été fort lent entre Washington et Hanoi. Mais, tout à coup, il semble s’accélérer.

Voilà deux ans encore, qui aurait pu penser qu’un chef du Pentagone, de surcroît ancien patron de la CIA, aurait pu aller admirer, au Vietnam, Cam Ranh et ses installations aéroportuaires en se rendant à bord du USNS Richard E. Byrd, navire ravitailleur américain  ancré dans la baie ? Leon Panetta l’a pourtant fait le 3 juin après avoir annoncé, la veille à Singapour, un renforcement de la présence militaire en Asie et avant de se rendre à Hanoi pour s’y entretenir, le lendemain, avec le premier ministre vietnamien Nguyên Tan Dung.

On en oublierait presque que le président Lyndon Johnson était allé à Cam Ranh avant l’offensive du Têt de 1968 pou y prodiguer ses encouragements au contingent américain. A la tribune figuraient alors les deux faucons de service, le général William Westmoreland et le proconsul américain à Saigon Ellsworth Bunker. On en oublierait également le très lent cheminement après la victoire communiste de 1975. A la suite de l’humiliante défaite américaine, deux diplomates clairvoyants se sont efforcés, en vain, de ménager l’avenir, Nguyen Co Thach et Richard Holbrooke. Un combat frustrant qui n’a pas abouti.

En 1978, alors que la Chine avait déjà grignoté les positions vietnamiennes en mer de Chine du Sud et qu’elle appuyait Pol Pot au Cambodge, le bureau politique du PC vietnamien n’a trouvé qu’une porte de sortie : s’en remettre à son seul point d’appui à l’étranger, une Union soviétique à bout de souffle, pour répondre aux débordements incessants des Khmers rouges. Ce fut le pacte de fin 1978 : le financement soviétique de l’intervention militaire vietnamienne au Cambodge ; et, entre autres dispositions, la concession pour vingt-cinq ans aux Soviétiques de l’ancien complexe aéroportuaire américain de Cam Ranh. Quand, après s’être rendu aux Etats-Unis en janvier 1979, Deng Xiaoping a lancé ses troupes à travers la frontière entre la Chine et le Vietnam, les relations de Hanoi se sont retrouvées non seulement au plus bas avec Pékin mais aussi avec Washington.

La pente à remonter a été lente et ardue. Le président Bill Clinton a dû attendre 1994 pour pouvoir lever l’embargo économique imposé en 1975 au Vietnam et l’année suivante pour établir des relations diplomatiques avec Hanoi. Et il a fallu attendre l’admission du Vietnam au sein de l’OMC, en 2007 seulement, pour que les capitaux américains s’intéressent à ce pays ouvert aux investissements étrangers depuis 1986, soit depuis plus de vingt ans. Sur le plan politique, le mouvement a été encore plus lent. Si Bill Clinton s’est rendu au Vietnam en 2000 et George W. Bush en a fait autant en 2007, un engagement américain ne s’est réalisé qu’en 2010, quand Hillary Clinton, de passage à Hanoi, y a manifesté l’«intérêt» de son gouvernement pour des solutions pacifiques aux contentieux en mer de Chine du Sud. En 2011, les Etats-Unis et le Vietnam ont, finalement, signé un Protocole d’accord militaire limité et peu contraignant.

Désormais, l’Histoire a clairement retrouvé sa logique. Le Vietnam, rappelait l’éminent savant Paul Mus, a été le seul pays à avoir barré, au fil des siècles, la route du Sud aux Chinois. Et c’est bien cet aspect des choses que retient aujourd’hui Washington à un moment où il s’agit de contenir la Chine sans le dire. Dans la foulée de la fin des interventions militaires américaines en Irak et en Afghanistan, de nouveaux équilibres apparaissent  dans une immense zone qui comprend l’Océan indien et le Pacifique. Petit voisin de la puissante et débordante Chine, le Vietnam ne saurait l’ignorer. A Leon Panetta et aux autres stratèges de Washington d’imaginer l’avenir en intégrant le rôle que peut jouer ce Vietnam redevenu un pays charnière dans les rééquilibrages en cours. On n’a sûrement pas fini de reparler de Cam Ranh, mais en songeant à l’avenir, non au passé.

Jean-Claude Pomonti

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Indonésie Politique

Violences en Papouasie indonésienne : 13 morts

La Papouasie occidentale est sous la coupe des militaires et, quand ces derniers s’énervent, une pluie de mauvais coups s’abat sur les civils.

Les nouvelles de Papouasie occidentale, la moitié de la grande île rattachée à l’Indonésie en 1969 à l’occasion d’un référendum honteux, sont à prendre au conditionnel car le territoire est interdit aux journalistes étrangers. Cette fois-ci, le 6 juin, dans un village proche du chef-lieu de district de Wamena, alors que se déroulaient des funérailles, deux soldats sur une motocyclette ont heurté un petit garçon, qui serait mort. La foule se serait jetée sur les deux soldats et les aurait lynchés, selon Radio Australia, qui précise que ces informations ne peuvent être vérifiées de façon indépendante.

La réaction du bataillon 757, en garnison à Wamena, aurait été brutale. Les soldats se seraient répandus en ville, où ils auraient brûlé, saccagé, tué. On compterait plus d’une dizaine de morts parmi la population civile, selon Radio Australia. Le Jakarta Post n’a pas, sur le moment fait état de victimes. Un porte-parole militaire a démenti tout acte de vandalisme de la part des soldats.

La Papouasie occidentale, ex-Irian Jaya, compte environ deux millions d’habitants, dont la moitié est désormais constituée de migrants venus des autres îles de l’Indonésie. Les Papous sont en passe de devenir la minorité. Ancien territoire hollandais, très riche (minerais, gaz, pétrole, plantations), elle est occupée militairement par les Indonésiens depuis 1963. Elle est le théâtre d’une insurrection indépendantiste sporadique mais tenace. Divisée en deux provinces, elle est censée bénéficier d’une autonomie spéciale mais qui a été bafouée à plusieurs reprises.

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Philippines Politique

L’époux de l’ex-présidente philippine : inculpé et arrêté

Jose Miguel «Mike» Arroyo est à son tour rattrapé par la justice. Arrêté, il est accusé de corruption en compagnie d’une demi-douzaine de complices.

Fin 2003, afin de faciliter la campagne de son épouse Gloria Macapagal-Arroyo, candidate en 2004 à la présidence des Philippines (et élue), Mike Arroyo avait acheté deux hélicoptères. Il est accusé de les avoir revendus à la police en 2009 comme neufs, alors qu’ils étaient d’occasion. Parmi ses complices figurent un ancien chef de la police ainsi qu’une douzaine d’officiers.

Mike Arroyo est également accusé d’avoir perçu des millions d’euros de pots-de-vin pour obtenir la signature en 2007 d’un contrat avec une entreprise chinoise de télécommunications d’un montant de 330 millions de dollars, alors qu’il était de 130 millions au départ. Mme Arroyo avait approuvé ce contrat sur le moment mais avait été contrainte de le dénoncer par la suite en raison d’une enquête du Congrès et d’un tollé général.

Nommée présidente en 2001 à la suite du limogeage de Joseph Estrada pour corruption et élue en 2004 lors d’un scrutin très controversé, Gloria Arroyo est actuellement sous arrestation dans un hôpital où elle est soignée. Mike Arroyo est en état d’arrestation en attendant une réponse à sa demande de libération sous caution. Le couple plaide non-coupable. L’arrestation de Mike Arroyo est intervenue une semaine après le limogeage de Renato Corona, ancien président de la Cour suprême de justice, nommé par Mme Arroyo et lui-même accusé de s’être enrichi de façon abusive.