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Birmanie Politique

Aung San Suu Kyi demande une réforme judiciaire

Lors de son premier discours devant une audience internationale, la parlementaire a insisté sur la nécessité d’assainir l’appareil judiciaire en Birmanie.

Son intervention était sans doute la plus attendue du Forum économique mondial sur l’Asie qui s’est tenu à Bangkok, en Thaïlande, le 30 mai et le 1er juin. La prestation de celle qui figure, par son long combat pour la démocratie, aux côtés du Dalai Lama, de feu Vaclav Havel et de Nelson Mandela, n’a pas déçu. Pétillante d’intelligence, souriante, Aung San Suu Kyi a lancé à un appel aux hommes d’affaires et aux leaders politiques de la région pour qu’ils fassent preuve d’un «scepticisme sain» dans leur évaluation des changements en cours en Birmanie. Elle a notamment insisté sur l’importance d’une refonte du système judiciaire dans son pays, lequel est totalement sous l’influence de l’armée et du pouvoir politique. «Nous avons déjà de bonnes lois en Birmanie, mais nous n’avons pas un système judiciaire propre et indépendant. Sans un tel système, les meilleures lois du monde ne servent à rien», a-t-elle déclaré devant une salle bondée dans l’hôtel Shangri-La de Bangkok.

Aung San Suu Kyi, qui a longtemps soutenu les sanctions économiques occidentales contre la Birmanie (dont la plupart ont été récemment suspendues), a aussi demandé aux investisseurs de ne pas penser uniquement à leurs bénéfices, mais d’agir de manière éthique en prenant garde de ne pas «renforcer la corruption et les inégalités». Qualifiant le chômage parmi les jeunes Birmans de «bombe à retardement», elle a insisté sur le fait que les investissements devaient viser à la création du «plus grand nombre possible d’emplois». Sur une note plus légère, Aung San Suu Kyi a dit qu’elle avait été impressionnée, lors de l’atterrissage de son avion, par «les lumières de Bangkok», alors qu’elle venait d’un pays où les coupures de courant sont une calamité quotidienne.

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Thaïlande

Le PDG limogé de la Thai Airways vide son sac

Piyasvasti Amranand, ex-PDG de la Thai Airways, limogé par le conseil d’administration de l’entreprise d’Etat le 21 mai, évoque les pratiques de corruption au sein de la firme

En Thaïlande, Piyasvasti est connu aussi bien pour sa franchise – atypique parmi les technocrates thaïlandais – que pour son parcours professionnel exemplaire. Démis de ses fonctions par le conseil d’administration de la Thai Airways qu’il a sortie du rouge depuis sa prise de fonctions en 2009, il a décrit, lors d’une conférence de presse à Bangkok, la «culture de népotisme» et les pratiques de corruption qui, selon lui, «existent à tous les niveaux de la firme» et qu’il reconnaît n’avoir pas su éradiquer. «Si vous voulez faire de l’argent sur la fourniture d’équipements à la Thai Airways, c’est très simple : placez vos hommes en bas de la hiérarchie (de la firme), au sommet et quelques-uns au niveau intermédiaire, de manière à ce que le processus se déroule de manière lisse», a-t-il expliqué.

«Il y a au sein de la Thai Airways une culture enracinée selon laquelle les supérieurs protègent les infractions de leurs subordonnés», a-t-il ajouté, en donnant plusieurs exemples précis. Parmi ceux-ci, le cas d’un employé de haut rang qui avait déclaré être parti en voyage d’affaires à quarante reprises durant l’année 2011 et dont il s’est avéré qu’il allait jouer dans les casinos de Poipet sur la frontière cambodgienne. «Est-ce que vous garderiez un tel employé ? Bien sûr que non, mais avant 2009, les supérieurs faisaient en sorte qu’une telle personne conserve son poste », a-t-il affirmé. Interrogé sur d’éventuels «abus royaux» qu’il aurait pu constater pendant ses trois ans à la tête de la firme aérienne, l’ex-PDG s’est contenté de sourire et de dire : «Demandez aux personnels d’équipage, ils sont nombreux dans la salle».

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Politique Thaïlande

Gueule de bois au Parlement de Thaïlande

Au lendemain d’une séance parlementaire chaotique à propos d’un projet de loi sur la «réconciliation», l’opposition demande le renvoi du président de l’Assemblée nationale.

Le chaos qui a prévalu le 30 mai au sein de l’Assemblée nationale de Thaïlande n’a pas atteint la dimension épique des pugilats parlementaires à Taiwan ou en Ukraine, mais la scène n’en a pas moins enrichi la collection locale, déjà copieuse, des incidents de séance. La controverse a éclaté après que le président de l’Assemblée Somsak Kiatsuranont eut décidé, sans tenir compte des protestations de l’opposition, d’appeler à un vote pour inscrire en priorité à l’ordre du jour un projet de «loi de réconciliation», lequel aurait notamment comme effet de lever la condamnation pour abus de pouvoir pesant sur l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, exilé à Dubaï. Dans un concert de cris, un député du Parti démocrate d’opposition a lancé au président : «Est-ce qu’il y a le tampon de Dubaï sur votre maillet de séance? C’est une dictature parlementaire! De qui êtes-vous le sbire?». Des dizaines de députés de l’opposition ont ensuite entouré le président de l’Assemblée, provoquant l’intervention des policiers affectés au Parlement.

Le 31 mai, 100 députés de l’opposition ont remis au président du Sénat une requête demandant le limogeage de Somsak pour violation de la Constitution. Ils lui reprochent de n’avoir pas voulu classer le projet de loi de réconciliation parmi les projets pouvant avoir des implications financières, ce qui aurait exclu une inscription prioritaire à l’ordre du jour. Selon eux, une des conséquences du projet, s’il devient loi, pourrait être de restituer à Thaksin 1,2 milliard d’euros qui lui ont été confisqués en 2010 sur décision de la Cour suprême pour fraude financière. Le leader du Parti démocrate, l’ancien premier ministre Abhisit Vejjajiva, a reconnu que l’incident du 30 mai avait terni l’image de son parti, tout en disant qu’il n’était pas nécessaire de s’excuser car «rien d’illégal n’avait été commis». Le projet de loi de réconciliation, proposé par le gouvernement, vise à lever toutes les peines  infligées à des personnes dans le contexte de la crise politique entre le 15 septembre 2005 et le 10 mai 2011.

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Politique Thaïlande

Thaïlande : prison avec sursis pour la directrice de Prachatai

Chiranuch Premchaiporn, directrice du site indépendant d’informations thaïlandais Prachatai, a été condamnée le 30 mai à une peine de prison de huit mois avec sursis dans le cadre d’une procédure de lèse-majesté.

Pour la justice thaïlandaise, c’est une façon de couper la poire en deux. Chiranuch était passible de 50 ans de prison, selon la loi contre les crimes informatiques, parce qu’elle n’avait pas effacé suffisamment vite dix commentaires critiques envers la monarchie écrits par des utilisateurs sur le forum de discussion du site. Celle-ci avait plaidé non coupable, adoptant une stratégie inverse de la plupart des personnes accusées de crime de lèse-majesté. Généralement, la plaidoirie de non-culpabilité entraine une condamnation sévère des juges. Mais le procès de Chiranuch, qui a reçu le prix Human Rights Watch 2011 pour les journalistes menacés, est suivi de près par la communauté internationale, car il est devenu emblématique des menaces pesant sur la liberté d’expression en Thaïlande. Tenant peut être compte de ce contexte, le juge a imposé une peine d’un an de prison avec sursis, réduite ensuite à huit mois du fait la «bonne coopération» dont a fait preuve l’accusée. Elle doit aussi payer une amende de 20.000 bahts (500 euros).

Réagissant au verdict, l’organisation de protection des droits de l’Homme Human Rights Watch a considéré que cette condamnation «ajoutait au climat de peur et d’autocensure au sein des médias thaïlandais». «De plus en plus de modérateurs de sites et de fournisseurs d’accès internet vont censurer les discussions sur la monarchie par peur qu’ils puissent, eux aussi, être poursuivis pour des commentaires écrits par d’autres», estime l’organisation dans un communiqué. Chiranuch n’a pas indiqué si elle avait l’intention d’interjeter appel. Une autre procédure, basée sur l’article 112 du code pénal réprimant les crimes de lèse-majesté et concernant les mêmes dix commentaires controversés, est toujours en cours contre elle.

 

 

 

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Birmanie Politique

Aung San Suu Kyi rend visite aux ouvriers birmans en Thaïlande

La figure charismatique de l’opposition birmane a réservé sa première visite à l’étranger depuis 24 ans à ses concitoyens immigrés en Thaïlande.

Ils étaient des milliers à l’attendre depuis tôt dans la matinée : des femmes aux joues poudrées de tanaka brandissant des portraits de la Dame de Rangoon et de son père, le héros de l’indépendance birmane Aung San, des hommes en sarong une rose à la main, tous hurlant «Daw Suu» (Madame Suu) et chantant. Compressés dans une ruelle de Mahachai, une ville au bord du golfe de Thaïlande où sont implantées de nombreuses usines qui emploient des dizaines de milliers de Birmans, ils voulaient tous apercevoir leur héroïne, celle dont ils entendent parler depuis un quart de siècle mais qu’ils n’ont jamais vue. «Tout le monde l’aime ici. Elle est un peu comme notre mère. Nous sommes très contents qu’elle ait pu sortir du pays», indique, frémissante d’émotion, Zarchi Htike, une interprète qui travaille dans une usine de la ville.

Quand le cortège transportant Aung San Suu Kyi arrive, l’ambiance devient chaotique. Des cameramen tombent de leur perchoir, poussés par la pression de la foule. Les policiers thaïlandais sont débordés. Aung San Suu Kyi, vêtue d’un chemisier à fleurs et d’un foulard blanc apparaît au balcon de l’immeuble d’un compartiment chinois. «Je vois tellement de Birmans que j’ai l’impression d’être en Birmanie», dit-elle dans un micro. Quelques-uns dans la foule ne peuvent retenir leurs larmes. Pour ces ouvriers birmans, souvent considérés comme des citoyens de seconde classe en Thaïlande, la décision d’Aung San Suu Kyi de leur rendre visite en priorité leur procure joie et fierté.

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Indonésie

Entre Batam et Bintan, un nouveau port indonésien

L’Indonésie va entreprendre, en 2013, la construction d’un nouveau port de transbordement. Juste en face de Singapour, le grand concurrent.

L’opération prendra du temps mais, s’appuyant sur une solide expansion économique, l’Indonésie compte aménager à Tanjung Sauh, face à Singapour et entre les îles de Batam et de Bintam, un port en eau profonde affecté au transbordement, afin de faire face aux besoins croissants du vaste archipel.

Les autorités indonésiennes estiment, de leur côté, selon le Straits Times de Singapour, que le port et ses deux km de quais prévus (capables d’accueillir quatre millions de conteneurs) offriront plutôt un «complément», en 2015, aux services offerts par Singapour. Le financement initial devrait s’élever à un demi-milliard d’€. Tanjung Sauh s’inscrirait dans la création d’un «corridor maritime» impliquant les ports de Medan (Sumatra), Jakarta, Surabaya (Java), Makassar (Sulawesi) et Sorong.

A Batam, dont l’économie est «moribonde», les autorités espèrent que le projet entrainera un sursaut, notamment en s’appuyant sur le port déjà en place de Batu Ampar. Le triplement prévu de la capacité de Tanjung Priok, le port de Jakarta, moyennant un investissement de près de deux milliards d’€, devrait jouer dans le même sens. Une société française, CMA-CGM, avait enlevé un contrat en 2005 pour construire à Batu Ampar un terminal pour petits conteneurs, mais le projet ne s’était pas réalisé.

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Birmanie Politique Thaïlande

Faux pas: le président birman renonce à une visite à Bangkok

Le président Thein Sein a reporté un voyage officiel en Thaïlande et annulé sa participation à un forum à Bangkok à cause de la présence simultanée d’Aung San Suu Kyi.

Il n’est pas facile de comprendre ce qui est passé par la tête des organisateurs du Forum économique mondial sur l’Asie (WEF), qui se tient à Bangkok du 30 mai au 1er juin, lorsqu’ils ont invité en même temps le chef d’Etat birman Thein Sein et la principale dirigeante de l’opposition Aung San Suu Kyi. L’aura de méga-star mondiale de la «Dame de Rangoon», dont la vie est l’objet d’un récent film de Luc Besson, ne pouvait qu’humilier le président birman, dépourvu de légitimité électorale et plutôt moins «sexy» que l’opposante. Inévitablement, un choc s’est produit : Thein Sein a annulé sa participation au Forum et même reporté de quelques jours son voyage officiel en Thaïlande. Celui-ci aura lieu les 4 et 5 juin.

Une certaine confusion règne sur l’ordre du jour de la visite d’Aung San Suu Kyi elle-même. Ce n’est que le 28 mai au soir que la presse a été informée de sa visite le 30 au matin dans un centre de travailleurs migrants birmans à Mahachai, au bord du golfe de Thaïlande, alors qu’on évoquait, quelques heures auparavant, une visite dans un camp de réfugiés karens de la province de Mae Sot. Le voyage d’Aung San Suu Kyi en Thaïlande revêt une importance symbolique considérable car il s’agit de la première fois qu’elle quitte le territoire birman depuis qu’elle était rentrée au chevet de sa mère malade en avril 1988. Dès le mois d’août de cette année, elle avait pris la tête des manifestations contre le régime militaire.

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Indonésie Politique

L’Indonésie sans Lady Gaga

Le concert de la star américaine, le 3 juin à Jakarta, n’aura pas lieu. La raison invoquée : la sécurité. L’image de l’Indonésie n’en sort pas grandie.

Pendant que Lady Gaga se produisait à Singapour, son projet de concert à Jakarta, le 3 juin, est tombé à l’eau, avec promesse de rembourser les 52.000 billets vendus aux «petits monstres» indonésiens. La vedette s’est dite «dévastée» et a admis que les problèmes de sécurité ont mis fin au projet après des semaines de controverse parsemées de rebondissements et de maladresses.

Des groupuscules de miliciens islamistes se réjouissent. La chanteuse accusée de pratiquer «le culte de satan»  et censée être porteuse de valeurs occidentales rejetées ne mettra pas les pieds en Indonésie. Des miliciens avaient même envisagé de lui barrer la route à la sortie de l’aéroport ou de s’introduire dans les rangs du jeune public pour y semer le désordre au cas où la représentation aurait lieu.

Une fois de plus, le gouvernement indonésien n’est pas monté en première ligne. Les milices islamistes ont pris l’habitude de prendre la loi entre leurs mains et de jouer les polices religieuses. La police nationale laisse faire. Le gouvernement préfère, en général, regarder ailleurs. Le message n’est pas clair et la manœuvre consiste à renvoyer la balle dans le camp adverse. Alors qu’aucune décision n’avait été encore prise, Lady Gaga et son équipe ont obtenu leurs visas indonésiens et les billets, pour le concert, ont été mis en vente.  Puis, l’évidence a été annoncée : la police a refusé de s’engager à assurer la sécurité du concert. L’équipe de Lady Gaga a alors pris la décision pour tout le monde : elle a renoncé.

Mais l’Indonésie n’en sort pas grandie. Le Jakarta Post estime, dans un éditorial le 28 mai, que la décision «correcte» a été prise. C’est possible, à ce détail près qu’aucune décision n’a été prise par les autorités indonésiennes. Et c’est cette pusillanimité à répétition qui offre une médiocre image d’un pays que l’on présente comme l’une des grandes démocraties de la planète. Que gagne la liberté quand un gouvernement élu refuse systématiquement de prendre ses responsabilités ?

Jean-Claude Pomonti