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Birmanie Société

Manifestations contre les coupures d’électricité en Birmanie

Des manifestations ont eu lieu en Birmanie, les 20 et 21 mai, pour protester contre les coupures d’électricité et l’exportation de courant en Chine.

Dans la soirée du 20 mai, ils étaient un millier à défiler, bougies à la main, dans les rues de Mandalay, certains brandissant des pancartes avec la mention «Chine, rends-nous notre électricité». Le même jour, près de 2000 personnes participaient à un défilé similaire à Monywa, à l’ouest de Mandalay. Ce sont les manifestations les plus importantes depuis celles de 2007, provoquées par la hausse des prix du gaz et des combustibles de cuisson, puis réprimées violemment après que des milliers de bonzes furent descendus dans les rues. Ce sont aussi les premiers rassemblements depuis que le Parlement a adopté une loi autorisant les manifestations sous certaines conditions strictes, notamment l’obtention d’une autorisation cinq jours à l’avance. Bien que, cette fois-ci, les manifestants n’aient pas demandé d’autorisation, la police n’est pas intervenue.

Ces trois derniers mois, en raison des coupures de courant, les habitants de Mandalay n’ont bénéficié d’électricité que de trois à quatre heures par jour. Leur exaspération est d’autant plus vive qu’ils affirment que le gouvernement vend une partie importante de sa production d’électricité à la Chine. La Chine doit, en effet, construire et gérer 33 des 45 centrales hydroélectriques planifiées en Birmanie. Ko Tun Myint, le ministre régional en charge de l’énergie a tenu une conférence de presse le 20 mai pour rassurer les habitants et leur dire que l’approvisionnement en électricité s’améliorerait rapidement.

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Birmanie Société

Birmanie : accord de paix entre le gouvernement et la guérilla Shan

La Shan State Army (South), un mouvement de guérilla actif depuis les années 60, a signé un accord de paix avec les dirigeants birmans.

L’accord signé le 19 mai à Kentung, principale ville de l’Etat Shan, entre le général Soe Win, commandant en second de l’armée birmane, et le colonel Yod Seuk, leader de la Shan State Army (South), délimite les zones respectives de contrôle et demande au mouvement de guérilla de mettre en place 31 bureaux chargés de l’éradication de la culture et du trafic de drogue dans l’Est de la Birmanie d’ici à 2015. Il a été conclu après un premier cessez-le-feu signé le 16 janvier mais suivi d’une série d’incidents armés. Le ministre des Transports Ferroviaires Aung Min, principal initiateur de la série d’accords de paix et de cessez-le-feu conclus depuis le début de 2011, était aussi présent à Kentung.

«Il s’agit d’un problème de confiance. C’est comme quand il y a des problèmes dans une famille, l’important est de discuter et d’établir une relation de confiance», a-t-il déclaré au magazine Irrawaddy. Soe Win, pour sa part, s’est limité à dire que les négociations avaient été, cette fois-ci, suffisamment détaillées pour garantir qu’il n’y aurait plus d’affrontements armés. Un officier anti-narcotique de la Shan State Army s’est dit sceptique sur l’objectif d’éradiquer la drogue de l’est de la Birmanie d’ici à 2015 du fait du grand nombre de groupes impliqués dans ce trafic. Le Bureau des Nations unies contre la drogue et les crimes (UNODC) a estimé la production d’opium dans l’Etat Shan à 580 tonnes en 2010 et affirme qu’une récolte record a eu lieu en 2011, bien qu’il n’ait pas encore donné d’estimation.

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Politique Viêtnam

Vinalines : Hanoi fait le ménage dans les compagnies d’Etat

Trois anciens dirigeants de la compagnie nationale de shipping ont été arrêtés. Une enquête a été ouverte sur cette compagnie d’Etat à la gestion douteuse.

Les medias du Vietnam ont rapporté l’arrestation, le 18 mai, de Duong Chi Dung, qui a dirigé la compagnie d’Etat Vinalines pendant sept ans avant d’être promu, en février 2012, directeur de l’administration maritime. Deux anciens collaborateurs de Dung, Mai Van Phuc (ex-directeur général) et Tran Huu Chieu (son adjoint) ont également été placés sous les verrous.

L’inspection d’Etat aurait rapporté, selon le quoditien Thanh Nien (La Jeunesse) et le site VnExpress, de «nombreuses irrégularités» dans la gestion de Vinalines de 2007 à 2010, en particulier l’acquisition de vieux cargos – contraire au règlement – et l’inefficacité de leur utilisation. Les bénéfices rapportés par Vinalines ont été mis en doute, notamment en raison des importantes pertes annoncées récemment par plusieurs de ses filiales en dépit de la vente de nombreux biens.

Cinq des filiales déficitaires d’une autre compagnie d’Etat, Vinashin, au bord de la banqueroute en 2010, on été transférées à Vinalines en 2011. Mais, avant même ce boulet supplémentaire, Vinalines était en difficulté. Sa flotte de 154 cargos représente la moitié de la capacité vietnamienne de transport maritime, un secteur nettement dominé par les étrangers. Vinalines doit être restructurée et ses résultats financiers devraient être rendus publics avant toute opération de sauvetage.

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Indonésie Société

Plus d’identité religieuse obligatoire pour les Indonésiens

Les Indonésiens n’auront plus à remplir la case «croyance» sur les nouvelles cartes électroniques d’identité. Un pas dans le bon sens.

La Constitution de l’Indonésie reconnaît l’existence d’un Dieu unique et de six religions : l’islam, le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme. L’inscription de l’une de ces religions était obligatoire sur la carte d’identité, indispensable dans toutes les démarches administratives, y compris le mariage. Pour ceux qui ne se réclament pas de l’une de ces six religions, la mention «croyance » sera facultative sur les nouvelles cartes électroniques, a annoncé, sans tapage, le ministère de l’Intérieur le 1er mai, selon le Jakarta Post.

Plus de quatre cent mille individus seraient concernés par cette disposition selon les statistiques de l’ONG Conférence indonésienne sur la religion et la paix. Cette ONG a dénombré, en 2005, environ 245 croyances. Jusqu’en 2006, quand les députés ont voté une nouvelle loi sur les registres civils, ceux qui refusaient de se réclamer des six religions officielles ne pouvaient pas figurer sur les registres. Ils ne pouvaient donc pas officiellement se marier et leurs enfants étaient déclarés illégitimes.

Ces mesures dataient de la vague de répression anticommuniste qui a fait un demi-million de morts lorsque Suharto s’est installé au pouvoir en 1966. Ne pas déclarer une religion était alors devenu synonyme de communisme, lequel est interdit depuis cette date.

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Analyse Thaïlande

Chronique siamoise : l’insoutenable légèreté de la non-responsabilité

En Thaïlande, l’art de l’esquive prévaut sur la reconnaissance de ses fautes, laquelle risquerait d’entrainer une perte de face difficile à digérer

A la question d’un journaliste lui demandant s’il se sentait responsable des morts lors des manifestations anti-gouvernementales d’avril-mai 2010, l’ancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva répondit : «Nous sommes tous un petit peu responsables». Habile répartie qui a permis au politicien diplômé d’Oxford de se sortir d’une situation potentiellement embarrassante. En thaï, le mot «responsabilité» se traduit littéralement par quelque chose comme «accepter le mal avec le bien qui va avec». Souvent, après une crise ou un incident, les personnes affectées diront qu’il «faut que quelqu’un accepte de prendre la responsabilité». Le problème est que dans le pays du matin bruyant, les candidats ne se bousculent pas au portillon de la perte de face.

Chaque culture a sa propre façon de confronter cet inconfort. Les ministres ou les PDG japonais semblent presque jouir intérieurement dans l’humiliation publique, dans l’acceptation totale de la faute y compris si c’est celle des autres, une sorte de culte de l’autosacrifice bien dans les mœurs de cette nation adulant la discipline. Aux Etats-Unis, le système judiciaire fera plus ou moins le travail : les vautours des banques d’investissement et les escrocs de haut vol savent bien qu’ils ne pourront pas échapper éternellement au bras armé du glaive. La Thaïlande, elle, a privilégié l’opportunisme par rapport à l’héroïsme. L’important est de «s’en tirer» ou de «sauver sa peau» : ao tua rot. Avez-vous entendu parler dans les quarante dernières années d’un ministre thaïlandais proposant sa démission après avoir été impliqué dans un scandale de corruption ? La phrase sibylline «le conducteur a fui la scène de l’accident» que l’on trouve à la fin de presque tous les articles narrant de graves accidents de circulation peut être transposée à tous les niveaux de la société. Qu’un incident survienne, et chacun se hâtera d’assurer qu’il «n’était pas là» (mai ju) ou «qu’il ne sait pas» (mai ru). La reconnaissance et la pleine acceptation de la faute prendra une forme amollie ; elle se perdra dans les brumes de l’être collectif : «un autre», «eux», «nous».

Cette faculté d’esquiver les coups a son penchant positif : la compassion. Telle Chemise rouge qui risque sa vie en mai 2010 pour sauver un journaliste touché de plusieurs balles, tel résident d’un bidonville se faisant à moitié brûlé pour protéger une famille lors de l’incendie qui ravage son quartier… des exemples qui montrent qu’il existe aussi une conception individuelle du devoir moral, mais celle-ci semble curieusement plus vivace parmi les gens de condition modeste que dans les cercles du pouvoir politique et économique. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait que la compassion au sens bouddhique suppose que l’on n’ait pas eu sa part dans la création du problème et que l’on n’agit pas dans le but de bénéficier soi-même de son geste.

Cela nous ramène au discours prononcé par l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra le 19 mai, lors de la commémoration de la répression de 2010, dans lequel il a demandé aux dizaines de milliers de Chemises rouges présentes d’oublier ce qui s’était passé il y a deux ans et de renoncer à la justice en faveur de paix et de la réconciliation. Visiblement empreint d’une intense compassion envers sa propre personne, Thaksin n’a pas eu l’élégance d’évoquer sa «petite part de responsabilité» pour avoir poussé les Chemises rouges à la provocation, puis les avoir abandonnées à leur destin sanglant.

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Société Viêtnam

Vietnam: 200 enfants noyés en deux mois

En raison d’une vague de chaleur, les enfants se mettent à l’eau dans les rivières, les canaux, à la mer. Deux cents noyades ont été recensées en deux mois.

Dans la province centrale de Nghe An, quatorze  enfants se sont noyés ces deux dernières semaines. Dans celle méridionale de Dong Nai, cinq enfants, dont trois appartenant à la même famille, en ont fait autant le même jour, le 12 mai. Depuis 2005, indique Nguyên Trong An, un responsable de la protection des enfants, sur plus de 7.000 décès accidentels d’enfants recensés au Vietnam, 50% ont été la conséquence de noyades. Telles sont les données rapportées par le site VietNamNet.

Dans de nombreux cas, les enfants sont victimes de l’inattention et de la négligence de leurs parents. La plupart des noyades a lieu parce que les enfants ne savent pas nager ou n’ont pas appris les gestes nécessaires pour éviter une noyade. Dans le delta du Mékong, où les enfants vivent souvent sur des bateaux et circulent sur de petites embarcations, 35% seulement des enfants âgés de 12 à 15 ans savent nager. Dans le Nord, cette proportion tombe à moins de 10%.

Des programmes d’enseignement de la natation ont été mis en place mais sont difficiles à appliquer : les écoles ne disposent pas de piscine. Quant à la prévention, elle se heurte à un manque d’effectifs : un volontaire seulement par commune, alors que les communes sont peuplées en moyenne de 25.000 habitants.

 

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Viêtnam

Terres rares : une coopération Japon-Vietnam révélatrice

Tokyo et Hanoi ont signé, le 17 mai, un protocole d’accord sur l’exploitation des «terres rares» vietnamiennes. Nouveau coup à un quasi-monopole chinois.

Le Vietnam figure sur la courte liste de pays qui disposent de terres rares. Elles sont situées dans le nord de la province de Lai Châu, sur la frontière chinoise. Dans cette région, la mine de Dong Pao couvre onze km2 et dispose, selon le site Vietnamnet, de plus de cinq millions de tonnes d’oxyde de terres rares. Le protocole d’accord avec Tokyo prévoit, dans une première phase, une coopération entre deux sociétés (Vimico pour le Vietnam, Dong Pao pour le Japon) en vue du traitement de dix mille tonnes de minerai par an. Dans un deuxième temps, une société mixte sera créée pour exploiter la mine de Dong Pao.

Depuis la suspension de la production américaine, dans les années 90, la Chine détenait un quasi-monopole de la production. Mais depuis que Pékin a, au moins momentanément, limité ses exportations à la suite d’un incident naval sino-japonais, plusieurs initiatives ont été prises pour diversifier les sources de terres rares, métaux indispensables en haute technologie (des missiles aux téléphones portables). Le 1er février, la Malaisie a autorisé la filiale locale de la compagnie australienne Lynas à ouvrir une usine de traitement de minerai porteurs de terres rares et importés d’Australie.

Mais ce type de traitement produit de nombreux déchets légèrement radioactifs. On ignore encore comment Lynas va se débarrasser de ces déchets. Les Vietnamiens risquent de se retrouver face à une équation tout aussi délicate à Lai Châu. Le protocole d’accord avec le Japon ne mentionne pas ce qui est prévu.

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Société Thaïlande

Thaïlande : marée rouge à Bangkok en souvenir de 2010

Des dizaines de milliers de Chemises rouges ont occupé le quartier commercial de Bangkok à l’occasion du deuxième anniversaire de la répression meurtrière du 19 mai 2010.

Au moins 60.000 Chemises rouges, partisans de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, se sont rassemblées dans la soirée du 19 mai dans le quartier commercial de Rajprasong à Bangkok, pour commémorer le deuxième anniversaire de la répression des militaires contre les manifestants anti-gouvernementaux en avril-mai 2010. L’avenue Rajdamri, le long du complexe commercial Central World, était entièrement occupée par des militants vêtus en rouge et agitant des applaudisseurs en forme de cœur – leur signe de ralliement – de part et d’autre d’une estrade surmontée d’une banderole sur laquelle était écrit : «Il ne faut pas que nos amis soient morts en vain». Ce rassemblement, qui s’est tenu dans une ambiance de kermesse ponctuée de chansons et de discours, confirme que la capacité de mobilisation du mouvement reste considérable à l’heure où les Chemises jaunes, leurs adversaires partisans de l’establishment traditionnel, sont en pleine déconfiture.

Le 19 mai 2010, l’armée avait donné l’assaut au camp retranché des Chemises rouges sur l’ordre du gouvernement. 91 personnes, en majorité des manifestants mais aussi des militaires, avaient été tués durant les manifestations qui avaient paralysé plusieurs quartiers de Bangkok pendant trois mois. Durant la commémoration, nombre de manifestants brandissaient des effigies montrant l’actuelle cheffe du gouvernement, Yingluck Shinawatra, étreignant son frère Thaksin, évincé du pouvoir par un coup d’Etat en 2006. La plupart des Chemises rouges restent des inconditionnels de Thaksin, lequel a fui le pays en 2008 peu avant sa condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir. «Comme le parti Démocrate (actuellement dans l’opposition) ne savait pas comment battre Thaksin selon les règles démocratiques, il a utilisé l’armée», indique Vichai Nirun, un commerçant venu de Nakhon Ratchasima pour participer au rassemblement. «Thaksin n’a jamais rien fait de mal, mais les politiciens du Parti démocrate lui ont cherché des poux dans la tête», estime, pour sa part, Vichita Samunprai, venue de Sisaket.