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Indonésie Société

Millionnaires indonésiens

L’analyse des comptes bancaires en Indonésie souligne une forte concentration des avoirs. Sur ce plan-là, rien n’a changé depuis le limogeage de Suharto en 1998.

Le résultat est probant : 0,1% des comptes bancaires regroupent plus de la moitié de l’ensemble des dépôts en Indonésie, selon une enquête de LPS, agence officielle d’assurances. Dans un pays de 240 millions d’habitants et de 101 millions de comptes bancaires, 136 890 comptes bancaires seulement, soit un peu plus de 0,1%, dépassent les 2 milliards de roupies (165 000 €).

Selon le Jakarta Globe, l’un des placements favoris des riches indonésiens est l’immobilier en Australie et à Singapour (sécurité, climat, conditions de vie, marchés solides). Au cours des dix dernières années, les achats à Singapour ont pratiquement décuplé (1714 propriétés achetées en 2011, contre 430 en 2000). Les acheteurs étrangers les plus nombreux dans la cité-Etat sont les Chinois et les Malaisiens mais les Indonésiens achètent les propriétés les plus couteuses et celles du centre-ville, selon le Straits Times.

Une augmentation des achats à Londres est rapportée par le Jakarta Post. L’immobilier londonien est jugé comme un placement sûr et les Indonésiens y acquièrent des propriétés d’une valeur moyenne de 400 000 € (alors qu’à Singapour, ils achètent des propriétés dans une fourchette de 600 000 € à 3 millions d’€).

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Indonésie

L’Indonésie et Justin Bieber: la gaffe et le désamour

A Londres pour la première de son dernier album «Believe»,  Justin Bieber a présenté  l’Indonésie comme un «random country », un pays rencontré à l’aveuglette.

Pauvres fans indonésiens du chanteur canadien au visage d’éternel poupin, aujourd’hui âgé de 18 ans, qui étaient allés, en avril 2011, l’acclamer à Bogor (Java Ouest) au cours d’une tournée en Asie du sud-est! Justin Bieber ne s’en souvient plus. Les jeunes indonésiennes étaient si fières qu’il ait enregistré l’une des ses chansons chez eux. «Je l’ai enregistrée dans un studio, dans un petit endroit, les gens ne savaient pas ce qu’ils faisaient», a-t-il dit, avant que son impresario le reprenne.

Les nouvelles circulent vite en Indonésie, le champion en Asie du sud-est des abonnés à Twitter et Facebook. Dans un pays de quelque 240 millions d’habitants, où l’immense majorité de musulmans pratiquent un islam modéré, les fans de Justin Bieber sont nombreux, très nombreux. Les clubs sont interloqués. Beaucoup ne parviennent pas à y croire.

Les sites indonésiens consacrés à la jeune vedette vivent dans le refus et reçoivent de nombreux messages de soutien. Des fans redoutent même que Justin ne les aime plus. Quant aux forums de médias sociaux, ils  sont indignés et ne souhaitent plus en entendre parler. En 2011, Bieber s’était également rendu à Singapour et en Malaisie.

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Philippines

Sortie de torpeur aux Philippines

Le prudent et sérieux Financial Times fait l’éloge des Philippines. L’économie a démarré, à l’image du «lama qui se met à trotter», estime-t-il.

L’image des Philippines à la traine, mauvais élève de l’Asie du sud-est qui ne parvient pas à sortir de la pauvreté, est en train de s’estomper.  L’archipel aux près de cent millions d’habitants (douzième population de la planète) «a pris un tournant», écrit, le 25 avril, le quotidien londonien.

La dette extérieure de Manille est aujourd’hui inférieure à ses réserves de devises, évaluées à environ 60 milliards d’€. Les Philippines sont devenues un créditeur net. La raison : l’argent envoyé par quelque 8 millions de travailleurs à l’étranger a pratiquement triplé en huit ans, pour atteindre 15 milliards d’€ par an. En outre, dans ce pays en partie anglophone, l’externalisation des ressources est un succès aussi impressionnant qu’en Inde. En l’espace six ans, les recettes ont « quintuplé » pour dépasser les 8 milliards d’€ par an.

De surcroît, les impôts commencent à rentrer. Le déficit budgétaire, de 6%  voilà dix ans, a été ramené à 2%. Contrairement à ce qui se passe en Indonésie, les subventions à l’essence ont été supprimées voilà des années. Le taux de croissance est honorable : de 4% à 5% depuis 2006, avec une pointe à 7,6% en 2010 (et une baisse à 3,7% en 2011). Le pays est encore pauvre mais la population est jeunes (50% de moins de 25 ans). Enfin, le gouvernement actuel a plutôt tendance à décourager la corruption, ce qui n’a pas été le cas auparavant.

 

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Société Viêtnam

Vingt manifestants arrêtés au Vietnam

La police a dispersé une manifestation de paysans contre l’expropriation de leurs terres le 23 avril. Vingt manifestants ont été arrêtés.

Depuis huit ans, les autorités veulent construire à vingtaine de km au sud-est de Hanoi, dans la province de Hung Yen, une ville satellite qualifiée d’Ecoparc sur un demi-millier d’hectares répartis entre trois communes. Au total, quatre mille familles seront expropriées moyennant compensations.

La manifestation du 24 avril a opposé, selon la presse officielle, quelque trois mille policiers et miliciens à un millier de membres des 166 familles propriétaires de près de 6 hectares. Accueillis par des jets de pierres et de briques, les policiers ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser sans ménagement la foule. Vingt manifestants ont été arrêtés en raison de leur «comportement extrémiste», a affirmé un membre de l’administration locale, cité par le quotidien Thanh Nien.

Les évictions se font au fur et à mesure de l’avancement de travaux confiés à Viet Hung, une compagnie privée. Les compensations offertes à la suite d’interminables négociations, émaillées de nombreuses manifestations, ont triplé pour atteindre un peu plus de 5 € le mètre carré, un montant encore rejeté par quelque 1600 familles. D’autres paysans refusent de céder leurs terres, de peur de se retrouver sans ressources.

 

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Analyse Histoire Philippines

Symbole d’une époque dite révolue, Luisita n’existe plus

La Cour suprême des Philippines a ordonné, le 24 avril, la distribution aux fermiers de la moitié de l’Hacienda Luisita, propriété de parents du président Aquino.

Le verdict a été voté à l’unanimité. Comme c’est souvent le cas aux Philippines, la décision populaire a été suivie d’une messe de grâces dite par Mgr Carlito Cenzon, évêque de Baguio, où siège la Cour suprême. Cenzon s’est empressé de conseiller aux fermiers de continuer de cultiver la terre. Quant à l’archevêque José Palma, président de la très influente Conférence des évêques des Philippines, il s’est félicité d’une distribution de cinq mille hectares de terres, soit la moitié de la superficie de Luisita, à 6 300 fermiers. Un conflit de trente ans a donc pris fin. Il a parfois été sanglant, comme le 6 novembre 2004, quand douze paysans et deux enfants ont été tués – et des centaines de gens blessés – lors de la répression d’une manifestation par la police et l’armée.

Cette plantation de cannes à sucre est de la taille d’une ville moyenne dans le centre de l’île de Luçon, à proximité du chef-lieu de Tarlac. Dans cette région, une insurrection avait été matée – celle des Huks communistes – au début des années 50 par Ramon Magsaysay, avec l’aide du futur général Edward Lansdale. Ce dernier, spécialiste américain de la contre-guérilla émigrera ensuite, après la chute de Diên Biên Phu, à Saigon où il dirige de la mission militaire américaine et propulse Ngô Dinh Diêm au pouvoir (Graham Greene en a fait le héros malheureux de son fameux roman, Un Américain bien tranquille).

Luisita est alors en vente et Ramon Magsaysay, élu président en 1953, veut éviter son achat par un de ses adversaires politiques. Peu avant d’être tué dans un accident d’avion en 1957, Magsaysay propose donc au riche José Cogjuanco de lui en faciliter l’achat à l’aide d’un crédit de l’Etat. José est le beau-père de Ninoy Aquino, l’adversaire le plus dangereux de Ferdinand Marcos (Ninoy sera assassiné en 1983). José est donc le père de Cory Aquino, la dame en jaune (présidente de 1986 à 1992) et le grand-père de l’actuel président Noynoy, élu en 2010. Après avoir été un brillant reporter de guerre en Corée, Ninoy a plongé dans la politique sous la protection de Magsaysay, ce qui explique pourquoi le président de l’époque a proposé à José Cogjuanco de l’aider à acheter Luisita. L’opération s’est finalement réalisée en 1958.

Les deux cents familles et la réforme agraire

En 1969, soit onze ans plus tard, lors de la réélection de Ferdinand Marcos, Ninoy Aquino, alors jeune sénateur, m’a emmené à Luisita. A l’aube, il est venu me chercher à mon hôtel à Manille à bord d’une grosse limousine américaine. Sur la banquette avant, deux gardes du corps étaient assis à côté du chauffeur, mitraillette sur les genoux. Pendant les quatre heures de trajet, Ninoy s’est expliqué. Les deux cents familles qui dominent alors les Philippines sont, pour la plupart, de grands propriétaires terriens. Les rejetons de ces familles, dont lui-même, peuplent les deux chambres. Aucune réforme n’est concevable sans leur accord (ce qui est encore en grande partie le cas de nos jours). Luisita était, par sa superficie, la deuxième propriété foncière privée de l’archipel. Que José Cogjuanco ait sorti les fermiers de l’esclavage dans lequel ils se trouvaient, en améliorant leurs conditions de vie, ne changeait rien à l’équation : pour développer les Philippines, il fallait commencer par une réforme agraire.

Elle n’a pas eu lieu. Ninoy Aquino a été en prison, puis en exil, pour être assassiné à sa descente d’avion le jour de son retour (et, de toute façon, faute d’un passage au pouvoir, il demeure une énigme). A l’aide d’une loi martiale (1973-1983), Marcos est resté 21 ans au pouvoir (1965-1986). L’un de ses proches amis a été Danding Cojuangco, fils de José, ce qui a permis de mettre Luisita à l’abri de toute réforme. Quand elle a succédé à Marcos, Cory Aquino a distribué ses parts de propriété. Son fils Noynoy en fait autant lorsqu’il a été élu. Du coup, faute d’un démembrement, Luisita est devenue le symbole de ce qui ne devrait plus se faire car les autres membres de la famille Cogjuanco se sont accrochés à leur bien. Comme son père et sa mère autrefois, Noynoy se dit partisan d’une réforme agraire. Il reste à voir si son gouvernement peut et veut appliquer rapidement le verdict encourageant de la Cour suprême.

Jean-Claude Pomonti

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Politique Thaïlande

Abhisit taille un costume au gouvernement en Thaïlande

Le leader de l’opposition dénonce l’impéritie économique et l’opportunisme politique du gouvernement de Yingluck Shinawatra.

Lors de sa première intervention devant le Club des correspondants de Thaïlande (FCCT) depuis les élections de juillet dernier, le leader du Parti démocrate d’opposition Abhisit Vejjajiva s’est vivement attaqué aux programmes économique et politique du gouvernement de Yingluck Shinawatra. Abhisit, premier ministre entre 2008 et 2011, a présenté le récent succès de son parti aux élections législatives partielles dans la province de Pathum Thani, un fief des chemises rouges, comme le signe de la déconvenue des partisans de Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre et frère ainé de Yingluck.

Sur le plan économique, le leader du Parti démocrate a fustigé le programme de garantie des prix du riz, affirmant qu’il est « miné par la corruption à toutes les étapes ». Il a aussi noté que de très nombreuses entreprises s’étaient organisées pour contourner l’augmentation du salaire minimum quotidien à 300 bahts (7,4 euros). Concernant la politique, Abhisit a assuré ne pas être opposé à une réforme constitutionnelle, mais, à ses yeux, « celle-ci est détournée par un gouvernement qui a un ordre du jour d’amnistie ». Cette amnistie, souhaitée par le Parti Peua Thaï, pilier de la coalition gouvernementale, vise à exonérer toutes les personnes poursuivies ou condamnées à cause des événements politiques depuis le coup d’Etat de septembre 2006, y compris Thaksin.

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Indonésie

Détroit de la Sonde: le pont nommé désir

Un pont reliant Java à Sumatra fût le rêve jamais réalisé de Sukarno, père de l’indépendance indonésienne. Il pourrait devenir réalité.

Trente kilomètres de longueur, divisé en cinq sections, dont deux suspendues de 2,2 km chacune. 80 mètres de hauteur à son point le plus élevé pour laisser passer les gros tankers. Six voies routières, deux voies ferrées, des conduits d’eau, d’essence, de gaz, des câbles électriques et fibre-optiques. Tel est le projet de pont au-dessus du détroit de la Sonde qui relierait les deux îles les plus peuplées de l’Indonésie, Java et Sumatra, soit 80% des 240 millions d’habitants.

Sans oublier une facture salée : 7 milliards d’€, selon le Jakarta Globe, à la charge de la China Railway Construction Corporation, société d’Etat chinoise déjà responsable de plusieurs projets de voies ferrées en Afrique et au Proche orient. A la suite de la visite du président indonésien à Pékin en février, l’étude de faisabilité a été lancée avec le concours des deux provinces riveraines du détroit et du richissime Tommy Wanata, qui veut déjà doter Jakarta d’une tour de 111 étages. Les travaux prendront dix ans.

L’ouvrage  sera construit pour pouvoir résister à un séisme de 9 sur l’échelle de Richter, notamment en raison de la présence, à 50 km de distance, de l’Anak Krakatau, volcan formé à l’occasion de la dévastatrice éruption du Kakratoa en 1883. Le pont sera situé à 200 km du point sous-marin de rencontre entre les plaques indo-australienne et eurasienne, donc à une distance jugée raisonnable des lieux de formation de tsunamis en cas de frottements entre les deux plaques.

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Laos

Bon démarrage pour l’économie laotienne

Discret et enclavé, le Laos se porte mieux. S’il part de loin, il fait preuve d’un dynamisme assez étonnant ces dernières années.

Le taux d’expansion économique du Laos est l’un des plus élevés de la planète : 7,9% depuis 2006 ; plus de 8% depuis 2011. Les moteurs : l’exploitation des minerais (cuivre, or), le tourisme, l’hydroélectricité, la consommation interne. Dans ce pays de 6,5 millions d’habitants (dont deux tiers d’ethnie lao et un tiers de montagnards), le revenu annuel par tête a plus que doublé depuis 2006, pour franchir la barre des 800€, selon la Banque mondiale. Toutefois, les Occidentaux y investissent peu pour diverses raisons : marché interne réduit, opacité des pratiques, monolithisme politique.

Le Vietnam investit dans l’agro-alimentaire. L’extraction minière (dominée par la Chine) et l’hydroélectricité (la Thaïlande) représentent 80% des investissements directs étrangers. Sous la pression du Vietnam et du Cambodge, les Thaïlandais ont dû provisoirement suspendre la construction d’un barrage sur le Mékong, à Xayaburi (un investissement de 2,5 milliards d’€, dont 70% par deux sociétés thaïlandaises). Mais des dizaines d’autres barrages sont projetés ou en construction, dont la moitié de la production sera orientée vers les pays voisins.

Les signes de la modernisation : un réseau d’une vingtaine de banques commerciales, dix millions de téléphones portables en circulation, l’ouverture d’une bourse en janvier 2011 (avec appui sud-coréen), l’achat par Lao Airlines de deux Airbus 320.