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Indonésie Société

Jakarta s’enfonce plus vite que toute autre ville

La capitale de l’Indonésie s’enfonce rapidement. La raison première : les nappes phréatiques sont pompées pour satisfaire les besoins des habitants

Ho Chi Minh Ville, on le sait, s’enfonce de deux cm environ par an, ce qui est déjà préoccupant. Jakarta, toutefois, bat tous les records : dans certains endroits, elle s’enfonce chaque année de dix, quinze ou même vingt cm. 40% de sa superficie se trouvent déjà en-dessous du niveau de la mer. Le pompage de l’eau, pour satisfaire les besoins de dix à douze millions de citadins, n’arrange rien. La capitale de l’Indonésie «est l’un des cas les pires au monde» dans ce domaine, estime l’hydrologiste néerlandais Janjaap Brinkman, cité par le magazine The Atlantic.

L’eau,  qui se trouve  parfois à des centaines de mètres sous la mégapole, est difficile à remplacer. Une fois vides d’eau, les cavités contribuent à l’affaissement des sols.  «Faute de mettre fin à une extraction si profonde de l’eau, Jakarta s’enfoncera de cinq à six mètres supplémentaires» d’ici à la fin du siècle,  juge Brinkman.  De 1974 à 2010, de larges pans de la ville se sont enfoncés de 25 à 70 cm et les quartiers les plus peuplés, sur la côte, ont perdu de 1,4 à 2,1 mètres.

Le long de la mer de Java, un mur de trente km a été construit pour prévenir les inondations. En cas de brèche, des centaines de milliers de gens pourraient être inondés et les réserves d’eau potable détruites. Un deuxième mur amorcé en appui devrait être terminé en 2025. Quoi qu’il en soit, en cette saison de fortes pluies, les inondations sont déjà fréquentes et les voies d’eau sont pratiquement toutes polluées.

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Asie Birmanie Brunei Politique

L’UE ouvre une représentation à Rangoon

Catherine Ashton s’est rendue en Birmanie (Myanmar) le 28 avril. L’UE ouvre un bureau à Rangoon,  qui deviendra le siège de sa délégation en janvier 2013.

La dix-neuvième réunion des ministres des affaires étrangères de l’Asean et de l’UE s’est déroulée, pour la première fois depuis longtemps, dans une excellente atmosphère le 27 avril à Bandar Seri Begawan, capitale du petit sultanat de Brunei. «Un important processus de réforme a été lancé au Myanmar [Birmanie] et il est très important d’entretenir l’élan pour le rendre irréversible», a résumé Marty Natalegawa, ministre  des affaires étrangères de l’Indonésie, au Brunei Times. Les Européens, qui ont, le 23 avril, suspendu pour un an la majorité de leurs sanctions à l’égard de la Birmanie, sont entièrement d’accord.  C’est bien la première fois que l’Asean et l’UE tiennent le même langage sur ce dossier.

Nickolay Mladenov, ministre bulgare des affaires étrangères, a estimé qu’une enveloppe d’aide européenne d’un montant de 150 millions d’€ était donc déjà sur la table. «Nous avons soutenu la suspension des sanctions et j’espère que ce sera le premier pas vers une levée totale des sanctions», a-t-il ajouté,  toujours selon le Brunei Times.

Mme Ashton s’est donc rendue le 28 avril à Rangoon pour y ouvrir un bureau appelé à devenir le siège d’une délégation européenne. L’assistance européenne sera, au moins dans un premier temps, orientée vers les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et de l’aide aux personnes déplacées, selon une déclaration, en février, de la Commission européenne. Mme Ashton doit également se rendre à Naypyidaw, la capitale, pour y être reçue par le président Thein Sein et rencontrer Mme Suu Kyi à Rangoon.

 

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Indonésie Société

Millionnaires indonésiens

L’analyse des comptes bancaires en Indonésie souligne une forte concentration des avoirs. Sur ce plan-là, rien n’a changé depuis le limogeage de Suharto en 1998.

Le résultat est probant : 0,1% des comptes bancaires regroupent plus de la moitié de l’ensemble des dépôts en Indonésie, selon une enquête de LPS, agence officielle d’assurances. Dans un pays de 240 millions d’habitants et de 101 millions de comptes bancaires, 136 890 comptes bancaires seulement, soit un peu plus de 0,1%, dépassent les 2 milliards de roupies (165 000 €).

Selon le Jakarta Globe, l’un des placements favoris des riches indonésiens est l’immobilier en Australie et à Singapour (sécurité, climat, conditions de vie, marchés solides). Au cours des dix dernières années, les achats à Singapour ont pratiquement décuplé (1714 propriétés achetées en 2011, contre 430 en 2000). Les acheteurs étrangers les plus nombreux dans la cité-Etat sont les Chinois et les Malaisiens mais les Indonésiens achètent les propriétés les plus couteuses et celles du centre-ville, selon le Straits Times.

Une augmentation des achats à Londres est rapportée par le Jakarta Post. L’immobilier londonien est jugé comme un placement sûr et les Indonésiens y acquièrent des propriétés d’une valeur moyenne de 400 000 € (alors qu’à Singapour, ils achètent des propriétés dans une fourchette de 600 000 € à 3 millions d’€).

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Indonésie

L’Indonésie et Justin Bieber: la gaffe et le désamour

A Londres pour la première de son dernier album «Believe»,  Justin Bieber a présenté  l’Indonésie comme un «random country », un pays rencontré à l’aveuglette.

Pauvres fans indonésiens du chanteur canadien au visage d’éternel poupin, aujourd’hui âgé de 18 ans, qui étaient allés, en avril 2011, l’acclamer à Bogor (Java Ouest) au cours d’une tournée en Asie du sud-est! Justin Bieber ne s’en souvient plus. Les jeunes indonésiennes étaient si fières qu’il ait enregistré l’une des ses chansons chez eux. «Je l’ai enregistrée dans un studio, dans un petit endroit, les gens ne savaient pas ce qu’ils faisaient», a-t-il dit, avant que son impresario le reprenne.

Les nouvelles circulent vite en Indonésie, le champion en Asie du sud-est des abonnés à Twitter et Facebook. Dans un pays de quelque 240 millions d’habitants, où l’immense majorité de musulmans pratiquent un islam modéré, les fans de Justin Bieber sont nombreux, très nombreux. Les clubs sont interloqués. Beaucoup ne parviennent pas à y croire.

Les sites indonésiens consacrés à la jeune vedette vivent dans le refus et reçoivent de nombreux messages de soutien. Des fans redoutent même que Justin ne les aime plus. Quant aux forums de médias sociaux, ils  sont indignés et ne souhaitent plus en entendre parler. En 2011, Bieber s’était également rendu à Singapour et en Malaisie.

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Philippines

Sortie de torpeur aux Philippines

Le prudent et sérieux Financial Times fait l’éloge des Philippines. L’économie a démarré, à l’image du «lama qui se met à trotter», estime-t-il.

L’image des Philippines à la traine, mauvais élève de l’Asie du sud-est qui ne parvient pas à sortir de la pauvreté, est en train de s’estomper.  L’archipel aux près de cent millions d’habitants (douzième population de la planète) «a pris un tournant», écrit, le 25 avril, le quotidien londonien.

La dette extérieure de Manille est aujourd’hui inférieure à ses réserves de devises, évaluées à environ 60 milliards d’€. Les Philippines sont devenues un créditeur net. La raison : l’argent envoyé par quelque 8 millions de travailleurs à l’étranger a pratiquement triplé en huit ans, pour atteindre 15 milliards d’€ par an. En outre, dans ce pays en partie anglophone, l’externalisation des ressources est un succès aussi impressionnant qu’en Inde. En l’espace six ans, les recettes ont « quintuplé » pour dépasser les 8 milliards d’€ par an.

De surcroît, les impôts commencent à rentrer. Le déficit budgétaire, de 6%  voilà dix ans, a été ramené à 2%. Contrairement à ce qui se passe en Indonésie, les subventions à l’essence ont été supprimées voilà des années. Le taux de croissance est honorable : de 4% à 5% depuis 2006, avec une pointe à 7,6% en 2010 (et une baisse à 3,7% en 2011). Le pays est encore pauvre mais la population est jeunes (50% de moins de 25 ans). Enfin, le gouvernement actuel a plutôt tendance à décourager la corruption, ce qui n’a pas été le cas auparavant.

 

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Société Viêtnam

Vingt manifestants arrêtés au Vietnam

La police a dispersé une manifestation de paysans contre l’expropriation de leurs terres le 23 avril. Vingt manifestants ont été arrêtés.

Depuis huit ans, les autorités veulent construire à vingtaine de km au sud-est de Hanoi, dans la province de Hung Yen, une ville satellite qualifiée d’Ecoparc sur un demi-millier d’hectares répartis entre trois communes. Au total, quatre mille familles seront expropriées moyennant compensations.

La manifestation du 24 avril a opposé, selon la presse officielle, quelque trois mille policiers et miliciens à un millier de membres des 166 familles propriétaires de près de 6 hectares. Accueillis par des jets de pierres et de briques, les policiers ont fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser sans ménagement la foule. Vingt manifestants ont été arrêtés en raison de leur «comportement extrémiste», a affirmé un membre de l’administration locale, cité par le quotidien Thanh Nien.

Les évictions se font au fur et à mesure de l’avancement de travaux confiés à Viet Hung, une compagnie privée. Les compensations offertes à la suite d’interminables négociations, émaillées de nombreuses manifestations, ont triplé pour atteindre un peu plus de 5 € le mètre carré, un montant encore rejeté par quelque 1600 familles. D’autres paysans refusent de céder leurs terres, de peur de se retrouver sans ressources.

 

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Analyse Histoire Philippines

Symbole d’une époque dite révolue, Luisita n’existe plus

La Cour suprême des Philippines a ordonné, le 24 avril, la distribution aux fermiers de la moitié de l’Hacienda Luisita, propriété de parents du président Aquino.

Le verdict a été voté à l’unanimité. Comme c’est souvent le cas aux Philippines, la décision populaire a été suivie d’une messe de grâces dite par Mgr Carlito Cenzon, évêque de Baguio, où siège la Cour suprême. Cenzon s’est empressé de conseiller aux fermiers de continuer de cultiver la terre. Quant à l’archevêque José Palma, président de la très influente Conférence des évêques des Philippines, il s’est félicité d’une distribution de cinq mille hectares de terres, soit la moitié de la superficie de Luisita, à 6 300 fermiers. Un conflit de trente ans a donc pris fin. Il a parfois été sanglant, comme le 6 novembre 2004, quand douze paysans et deux enfants ont été tués – et des centaines de gens blessés – lors de la répression d’une manifestation par la police et l’armée.

Cette plantation de cannes à sucre est de la taille d’une ville moyenne dans le centre de l’île de Luçon, à proximité du chef-lieu de Tarlac. Dans cette région, une insurrection avait été matée – celle des Huks communistes – au début des années 50 par Ramon Magsaysay, avec l’aide du futur général Edward Lansdale. Ce dernier, spécialiste américain de la contre-guérilla émigrera ensuite, après la chute de Diên Biên Phu, à Saigon où il dirige de la mission militaire américaine et propulse Ngô Dinh Diêm au pouvoir (Graham Greene en a fait le héros malheureux de son fameux roman, Un Américain bien tranquille).

Luisita est alors en vente et Ramon Magsaysay, élu président en 1953, veut éviter son achat par un de ses adversaires politiques. Peu avant d’être tué dans un accident d’avion en 1957, Magsaysay propose donc au riche José Cogjuanco de lui en faciliter l’achat à l’aide d’un crédit de l’Etat. José est le beau-père de Ninoy Aquino, l’adversaire le plus dangereux de Ferdinand Marcos (Ninoy sera assassiné en 1983). José est donc le père de Cory Aquino, la dame en jaune (présidente de 1986 à 1992) et le grand-père de l’actuel président Noynoy, élu en 2010. Après avoir été un brillant reporter de guerre en Corée, Ninoy a plongé dans la politique sous la protection de Magsaysay, ce qui explique pourquoi le président de l’époque a proposé à José Cogjuanco de l’aider à acheter Luisita. L’opération s’est finalement réalisée en 1958.

Les deux cents familles et la réforme agraire

En 1969, soit onze ans plus tard, lors de la réélection de Ferdinand Marcos, Ninoy Aquino, alors jeune sénateur, m’a emmené à Luisita. A l’aube, il est venu me chercher à mon hôtel à Manille à bord d’une grosse limousine américaine. Sur la banquette avant, deux gardes du corps étaient assis à côté du chauffeur, mitraillette sur les genoux. Pendant les quatre heures de trajet, Ninoy s’est expliqué. Les deux cents familles qui dominent alors les Philippines sont, pour la plupart, de grands propriétaires terriens. Les rejetons de ces familles, dont lui-même, peuplent les deux chambres. Aucune réforme n’est concevable sans leur accord (ce qui est encore en grande partie le cas de nos jours). Luisita était, par sa superficie, la deuxième propriété foncière privée de l’archipel. Que José Cogjuanco ait sorti les fermiers de l’esclavage dans lequel ils se trouvaient, en améliorant leurs conditions de vie, ne changeait rien à l’équation : pour développer les Philippines, il fallait commencer par une réforme agraire.

Elle n’a pas eu lieu. Ninoy Aquino a été en prison, puis en exil, pour être assassiné à sa descente d’avion le jour de son retour (et, de toute façon, faute d’un passage au pouvoir, il demeure une énigme). A l’aide d’une loi martiale (1973-1983), Marcos est resté 21 ans au pouvoir (1965-1986). L’un de ses proches amis a été Danding Cojuangco, fils de José, ce qui a permis de mettre Luisita à l’abri de toute réforme. Quand elle a succédé à Marcos, Cory Aquino a distribué ses parts de propriété. Son fils Noynoy en fait autant lorsqu’il a été élu. Du coup, faute d’un démembrement, Luisita est devenue le symbole de ce qui ne devrait plus se faire car les autres membres de la famille Cogjuanco se sont accrochés à leur bien. Comme son père et sa mère autrefois, Noynoy se dit partisan d’une réforme agraire. Il reste à voir si son gouvernement peut et veut appliquer rapidement le verdict encourageant de la Cour suprême.

Jean-Claude Pomonti

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Politique Thaïlande

Abhisit taille un costume au gouvernement en Thaïlande

Le leader de l’opposition dénonce l’impéritie économique et l’opportunisme politique du gouvernement de Yingluck Shinawatra.

Lors de sa première intervention devant le Club des correspondants de Thaïlande (FCCT) depuis les élections de juillet dernier, le leader du Parti démocrate d’opposition Abhisit Vejjajiva s’est vivement attaqué aux programmes économique et politique du gouvernement de Yingluck Shinawatra. Abhisit, premier ministre entre 2008 et 2011, a présenté le récent succès de son parti aux élections législatives partielles dans la province de Pathum Thani, un fief des chemises rouges, comme le signe de la déconvenue des partisans de Thaksin Shinawatra, ancien premier ministre et frère ainé de Yingluck.

Sur le plan économique, le leader du Parti démocrate a fustigé le programme de garantie des prix du riz, affirmant qu’il est « miné par la corruption à toutes les étapes ». Il a aussi noté que de très nombreuses entreprises s’étaient organisées pour contourner l’augmentation du salaire minimum quotidien à 300 bahts (7,4 euros). Concernant la politique, Abhisit a assuré ne pas être opposé à une réforme constitutionnelle, mais, à ses yeux, « celle-ci est détournée par un gouvernement qui a un ordre du jour d’amnistie ». Cette amnistie, souhaitée par le Parti Peua Thaï, pilier de la coalition gouvernementale, vise à exonérer toutes les personnes poursuivies ou condamnées à cause des événements politiques depuis le coup d’Etat de septembre 2006, y compris Thaksin.