Catégories
Analyse Asie Birmanie Cambodge Chine Philippines Politique Thaïlande Viêtnam

Barack Obama en Asie du Sud-Est : le coup de maître birman

Le point fort de la tournée du chef de l’Etat américain demeurera sa visite à Rangoon, où il a ancré l’espérance, sentiment rare par les temps qui courent.

Six heures seulement à Rangoon, capitale déchue depuis 2005 par la volonté mégalomaniaque d’un ancien tyran qui avait choisi d’extraire de la jungle Naypyidaw, nouvelle capitale isolée, ville surréaliste pour dieux-rois, bunker-retraite pour généraux apeurés par la nouvelle planète, ces mêmes généraux qui avaient refusé en 2008, aux populations du delta de l’Irrawaddy dévasté, l’aide internationale acheminée par bateaux.

Une demie heure à l’Université de Rangoon, fermée près d’une année sur deux pendant deux décennies, fermée comme un refus du savoir, de l’avenir, de l’ouverture sur une jeunesse et sur le monde. Une génération délibérément sacrifiée. Barack Obama a fait rêver les étudiants non en leur promettant la lune mais en leur rappelant que le chemin serait long, plein d’obstacles, et en affirmant qu’il continuerait de se tenir à leurs côtés comme il l’a fait au cours des quatre dernières années.

La grâce ? Thein Sein n’en est plus un officier déguisé en civil mais un gouvernant fréquentable, qui bénéficie d’un préjugé favorable et qui fait face à une tâche surhumaine. Mme Suu Kyi n’en est plus l’assignée permanente à résidence, muselée. Elle rebondit sur terre, met en garde contre les défis à venir et s’apprête à mettre les mains dans le cambouis.

Après avoir recherché une solution avec l’aide de Hillary Clinton, Barack Obama a enfin trouvé la brèche et l’a exploitée dès la première opportunité. Etat-voyou hier, attiré par le nucléaire nord-coréen, la Birmanie n’est plus le même pays aujourd’hui. Ses conflits ethniques, les retards de ses campagnes, son déficit de structures, son sous-développement ne sont plus statiques. Elle part de très loin, mais elle bouge.

Du coup, le Cambodge qui se modernise, ouvert à tous, les bons comme les mauvais, a vu ses gouvernants tancés comme de mauvais élèves, enfoncés à s’en cacher dans les profondeurs de leurs fauteuils de nouveaux riches. Ils ont pris un coup de vieux. Certes, ils se rattrapent en se disant que les leçons de morale américaine ne durent qu’un temps et que ce qui compte le plus est de conserver quelques bons amis aux poches pleines. Mais, dans ce genre de panorama très large, il y a les habitudes d’hier et celles de demain, avec une Thaïlande égale à elle-même, plantée en plein milieu du décor, qui ne dit jamais non mais se contente, souvent, d’observer.

Barack Obama le réélu, qui n’a même pas pris le temps de sabrer le champagne de la victoire, s’est précipité à l’est. Dès le premier voyage à l’étranger et en Asie de son second  mandat, il a su trouver un souffle en dépit de l’environnement dans lequel il s’est retrouvé. Vladimir Poutine a fait faux bond, Wen Jiabao est un premier ministre sur le départ, le chef du gouvernement japonais Yoshhiko Noda ne survivra pas aux élections qu’il vient d’annoncer, le premier ministre du Vietnam est controversé et le président sud-coréen s’apprête à prendre sa retraite.

En outre, l’année qui vient n’annonce pas de bouleversements. L’Asean a beau s’être entendue sur le refus d’une «internationalisation» des contentieux en mer de Chine du sud, ce consensus a été exprimé du bout des lèvres et ne satisfait déjà pas le président Aquino des Philippines (et si les Vietnamiens ne disent encore rien, ils n’en pensent pas moins). Ce contentieux se résorbe d’autant moins qu’en 2013, Chinois et Américains auront d’autres priorités : les premiers, avec l’écart croissant entre riches et pauvres ou la dégradation de leur environnement ; les seconds avec leur économie.

Visant le long terme, Obama aborde déjà un rééquilibrage de son pivotement vers l’Asie en insistant désormais davantage sur les aspects économiques, non les militaires. Personne, pour le moment, ne semble avoir envie d’en découdre et c’est une partie complexe qui se réamorce. Les points marqués à Rangoon par Obama font déjà réfléchir Pékin.

Catégories
Asie Chine Indonésie Malaisie Philippines Politique Singapour Thaïlande Viêtnam

Asie du sud-est : le bond des achats d’armes, face à la Chine

Les gouvernements de la région multiplient leurs achats d’armes. La raison première: la montée en puissance du géant chinois.

Lorsqu’une vingtaine de dirigeants de l’Asie-Paicifique se réuniront à Phnom Penh, le 20 novembre, ils ne pourront pas oublier que l’Asie du sud-est s’arme à tours de bras, estime le Sydney Morning Herald.  Le quoditien de Sydney rapporte que, selon l’International Peace Research Institute (Stockholm), les budgets militaires ont augmenté, en Asie du sud-est, de 13,5% en 2011 pour atteindre un total de plus de 25 milliards de dollars. Les projections indiquent que ce montant sera porté à 40 milliards de dollars en 2016.

L’Institut de Stockholm estime que les budgets de défense de l’Indonésie, du Vietnam, de la Thaïlande et du Cambodge ont augmenté dans une fourchette de 66% à 82% pendant la première décennie du XXI° siècle. Jakarta, poursuit le Sydney Morning Herald, achète des sous-marins à la Corée du Sud et des systèmes de radars côtiers à la Chine ; Hanoï se fournit en sous-marins et en avions d’attaque auprès de la Russie (et aurait également acquis des missiles balistiques israéliens).

Cinquième importateur mondial d’armes, Singapour a un budget de la defense de 9,7 milliards de dollars en 2012 (24% du budget national). Ses achats comprennent des chasseurs-bombardiers américains et des sous-marins suédois. La Thaïlande étudie l’achat de sous-marins et de chasseurs-bombardiers. Les Philippines ont émis plusieurs requêtes auprès des Etats-Unis et entrepris quelques achats ailleurs, notamment de vedettes garde-côtes françaises. Quant au Vietnam, son budget de la défense a augmenté de 35% en 2012, pour dépasser les 3 milliards de dollars.

Ces efforts pèseront d’un certain poids pendant le 7ème sommet de l’Asie de l’est, lequel réunit les dix Etats membres de l’Asean, trois pays d’Extrême Orient (Chine, Japon, Corée du sud), ainsi que les Etats-Unis (Barack Obama sera présent), la Russie, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ils sont souvent liés au renforcement considérable des moyens militaires chinois et aux pressions que Pékin exerce en Mer de Chine du sud pour imposer sa souveraineté sur ces eaux.

Catégories
Indonésie Philippines

La vraie peur en Indonésie : explosifs et bombes en liberté

L’arrestation de onze terroristes présumés les 26 et 27 octobre à Java s’est accompagnée de la découverte de bombes assemblées. De quoi alarmer les autorités.

L’agence nationale anti-terroriste (BNPT, selon son acronyme indonésien) s’est félicitée du succès des derniers raids du Détachement 88, l’unité de police spécialisée dans la traque des terroristes. Les onze récentes arrestations dans quatre villes de Java, dont Jakarta, ont sans doute permis de démanteler un petit groupe d’extrémistes qui s’apprêtaient à commettre plusieurs attentats, notamment contre les ambassades australienne et américaine en Indonésie. Mais comment se fait-il que la police ait découvert, par la même occasion, des stocks d’explosifs et, surtout,  plusieurs bombes déjà assemblées et prêtes à exploser ? La police a également confisqué du matériel, des détonateurs, des armes légères et des manuels pour la fabrication de bombes.

Selon le maréchal de l’air Chairul Akbar, secrétaire du BNPT, se procurer des explosifs en Indonésie est facile car beaucoup de gens les utilisent dans leurs activités quotidiennes, rapporte le Jakarta Post. «Les gens achètent des explosifs pour la pêche ou pour le travail dans les mines. Même les enfants peuvent y avoir accès parce qu’ils sont utilisés dans les feux d’artifices», a déclaré Chairul, en ajoutant : «pour cette raison, les terroristes savent comment se procurer, sans difficultés, ce dont ils ont besoin».

Chairul pense que le BNPT et les autres agences en charge éprouveraient beaucoup de mal à contrôler la circulation d’explosifs compte tenu de leur large utilisation. Il est illégal de posséder des explosifs et la peine maximale est l’emprisonnement à vie. Mais l’application de la loi dans ce domaine semble manquer. «Le BNPT n’a aucune autorité pour limiter la distribution d’explosifs. C’est le travail de la police», a déclaré Chairul au Jakarta Post.

L’Indonésie abrite dix manufactures d’explosifs qui servent, pour l’essentiel, les secteurs minier et de la défense. Mais les services de renseignements ont également détecté un trafic clandestin d’explosifs en provenance du sud des Philippines, où se trouvent des milices musulmanes armées et de petits groupes terroristes actifs.

En outre, selon le site Khabar, les contrôleurs de la Toile ne sont pas assez bien équipés et assez nombreux en Indonésie pour bloquer des centaines de sites islamistes utilisés dans le recrutement de jeunes jihadistes. Ces sites proposent généralement un chapitre expliquant au visiteur comment fabriquer lui-même une bombe artisanale.

Catégories
Philippines Politique Société

Philippines : Mme Arroyo refuse l’autorité d’un tribunal

Présidente pendant dix ans et aujourd’hui membre de la Chambre des Représentants, Mme Arroyo refuse de reconnaître un tribunal dans une affaire de corruption.

Convoquée par la Cour en charge des affaires de corruption officielle, l’ancienne présidente (2000-2010), qui s’est présentée le 30 octobre portant une minerve, a nié à ce tribunal le droit de la juger. «Nous ne reconnaissons pas la juridiction de cette Cour en ce qui concerne le cas en cause», a déclaré l’un de ses avocats en évoquant une «persécution politique». L’affaire porte sur une accusation de détournement de 6,8 millions d’€ de la loterie nationale en vue de gains personnels dans laquelle sont impliqués Mme Arroyo et neuf autres officiels de l’époque.

Mme Arroyo, 65 ans, s’est présentée en chaise roulante. Elle a subi deux opérations de la colonne vertébrale voilà deux ans. Son avocat a déclaré qu’une pétition avait été remise à la Cour suprême de justice des Philippines en ce qui concerne la validité du dossier et du tribunal chargé de se prononcer. La séance n’a duré que quinze minutes car le tribunal a décidé de déclarer que Mme Arroyo plaidait non-coupable, selon le Philipine Daily Inquirer du 30 octobre.

Mme Arroyo avait été libérée sous caution à la suite d’une accusation de sabotage electoral, mais elle a été à nouveau arrêtée à la suite de cette accusation de détournement de fonds. Elle est actuellement hospitalisée, sous surveillance, au Veterans Memorial Medical Center de Manille pour des contrôles de routine. Elle est également poursuivie en justice à la suite d’un scandale de plusieurs millions d’€ concernant un contrat avec une entreprise chinoise de télécommunications, lequel a, du coup, été avorté en 2007.

Cette nouvelle accusation «la rend triste», a déclaré son avocat. Le tribunal chargé de la lutte contre la corruption a annoncé que la prochaine audience, préalable au procès, était fixée au 24 février 2013. Le jour de la Saint-Valentin.

Catégories
Indonésie Malaisie Philippines Politique Singapour

Indonésie: raids antiterroristes, onze arrestations

En l’espace de 48 heures, au cours d’une série de raids à Java, la police a arrêté onze individus soupçonnés de terrorisme et récupéré des explosifs.

Les raids du Détachement 88, unité antiterroriste formée en Indonésie après l’attentat qui avait fait 202 victimes en 2002 à Bali et dont le dixième anniversaire vient d’être célébré, ont permis l’arrestation, le 26 octobre, de deux terroristes présumés à Madiun (Java Est) où des explosifs, des munitions et des détonateurs ont également été découverts. Ce raid a conduit à l’arrestation de neuf autres suspects à Jakarta, à Surakarta (Solo, Java Central) et Bogor (Java Ouest).

Ils sont tous soupçonnés d’appartenir à Hasmi (acronyme indonésien de Mouvement sunnite Harakah de l’Indonésie populaire), petit groupe extrémiste repéré voilà deux ans et qui serait, comme beaucoup d’autres de ces groupes réduits, un succédané de la Jemaah Islamiyah (JI), le mouvement terroriste clandestin formé dans les années 1990 en Malaisie et qui a essaimé en Indonésie, aux Philippines et à Singapour avant d’être décapité (le dernier émir de la JI, Abou Bakar Baachir, purge actuellement une peine de quinze ans de prison pour le financement d’un camp d’entraînement terroriste découvert à Atjeh).

Parmi les trois individus arrêtés le 27 octobre à Solo figure Abu Hanifa, qui serait le leader spirituel d’Hasmi. Un autre dirigeant d’Hasmi, Adi Mulyadi, a démenti les accusations de la police. «Hasmi est une organisation non-violente qui se consacre à la prédication»,  a-t-il déclaré au Jakarta Post, en ajoutant : «nous ne savons pas encore si les terroristes présumés sont des membres de notre mouvement ou non. Ce que je sais, c’est que notre groupe expulsera immédiatement tout membre qui a recours à la violence».

L’inspecteur général Suhardi Alius, porte-parole de la police a déclaré que les explosifs découverts à Madiun devaient être utilisés contre les chancelleries australienne et américaine à Jakarta, ainsi que contre le le QG de PT Freeport, le conglomérat américain qui exploite la plus grande mine à ciel ouvert d’or et de cuivre en Papouasie indonésienne. Ce QG jouxte l’ambassade d’Australie. Le consulat des Etats-Unis à Surabaya devait également être attaqué, selon Alius. Selon le Sydney Morning Herald, l’objectif d’Hasmi serait l’instauration d’un califat en Indonésie.

Catégories
Asie Philippines Politique Société

Philippines : nouveau cardinal, nouvelle génération

Rome a annoncé que Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, sera créé cardinal lors du consistoire du 24 novembre 2012. Il représente une nouvelle génération.

L’église catholique des Philippines, la première d’Asie, n’avait plus de cardinal depuis la disparition de Jaime Sin en 2005, soit deux ans après son abandon de ses fonctions d’archevêque de Manille pour raisons d’âge et de santé. Le Pape vient d’annoncer la création du septième cardinal d’un archipel où les conversions ont commencé voilà cinq siècles avec la conquête espagnole et où, de nos jours, plus de 80% d’une population de près de cent millions d’habitants se réclament de la religion catholique.

Le nouveau cardinal , Mgr Tagle, âgé de 55 ans, est devenu archevêque de Manille en décembre 2011 seulement. Eglises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris, rapporte sur son site ( eglasie.mepasie.org ) qu’interrogé par Radio-Vatican depuis Rome où il participe au Synode pour la nouvelle évangélisation, Mgr Tagle a déclaré avoir été «surpris par cet honneur», auquel il n’était «pas préparé», mais qu’il le recevait comme «le signe que l’Eglise des Philippines avait un rôle important à jouer pour la mission dans l’Asie tout entière».

L’église catholique a joué un rôle en politique, notamment quand le cardinal Sin avait offert son soutien aux manifestants qui, en 1986, ont mis fin au règne de Ferdinand et Imelda Marcos, les obligeant à s’exiler à Hawaï. Aujourd’hui, la hiérarchie catholique est confrontée à un autre débat, celui concernant des mesures appuyées par le président Noynoy Aquino (notamment, le recours aux préservatifs) pour réduire le taux d’expansion démographique. Pour l’instant, Mgr Tagle s’est contenté d’affirmer avoir «conscience que dans certaines régions de l’Asie, la pondération voire le quasi-silence avec laquelle l’Eglise s’exprime sont interprétés comme la peur d’affirmer nos convictions mais c’est faux. Il s’agit seulement de rendre l’Eglise plus crédible ».

Catégories
Asie Cambodge Philippines Politique Singapour

M. Ayrault en Asie du Sud-Est : quid de l’adieu à Sihanouk?

Après une escale à Singapour, le premier ministre passe le week-end à Manille. Au programme : contrats commerciaux. Fera-t-il, au retour, le détour par Phnom Penh ?

Fixé bien avant l’annonce du décès de Sihanouk, le voyage en Asie du Sud-Est, du 18 au 22 octobre, concerne deux pays intéressants, Singapour et les Philippines. La cité-Etat est le troisième partenaire commercial asiatique de la France, derrière la Chine et le Japon. Singapour est le QG régional de nombreuses sociétés françaises et la communauté française, essentiellement des cadres supérieurs, y a doublé en cinq ans pour atteindre les dix mille expatriés.

Le dernier membre d’un gouvernement français à visiter officiellement les Philippines a été, en 1991 ou 1992, Edwige Avice, ministre de la coopération et du développement dans le cabinet d’Edith Cresson. Au passage, elle était alors accompagnée de Paul Jean-Ortiz,  membre de son cabinet et aujourd’hui sherpa à l’Elysée. Renouer avec cet archipel oublié semble donc judicieux.

Le président Noynoy Aquino, élu en 2010, a donné une chance à son pays de redémarrer. L’expansion économique a repris et, pour la première fois, la corruption officielle y recule. Manille vient de signer un accord-cadre de paix avec des rebelles musulmans. Les investissements étrangers reprennent, y compris les français qui ont augmenté, pour leur part, de 90% en 2011. On ignore souvent que la communauté française de Manille compte déjà 3.000 membres et ne cesse de gonfler.

Jean-Marc Ayrault est accompagné d’hommes  d’affaires (Alstom, EADS, RATP, PSA et Eiffage) qui participent, le 20 octobre, à un forum d’affaires franco-philippin à l’occasion duquel plusieurs contrats commerciaux doivent être signés. Doit être notamment annoncé l’achat par Philippines Airlines de dix Airbus pour un total de 2,5 milliards d’euros. On parle aussi d’équipement militaire dont l’armée philippine a besoin pour se refaire une santé. Le président Aquino devrait se rendre en visite officielle en France en 2013. Tout cela est de la «diplomatie économique», comme l’on dit aujourd’hui, dans une région où les Français sont de plus en plus nombreux.

Mais ces initiatives, de bon aloi à l’occasion du premier voyage hors d’Europe du premier ministre français, ne peuvent faire oublier que la France officielle se doit d’aller s’incliner, à moins de trois heures de vol de Manille et sur le chemin du retour, devant la dépouille de Norodom Sihanouk, celui qui a été l’asiatique francophone le plus francophile. A la fin de 1990, une fois Sihanouk en meilleure santé et remonté sur son trône, Jacques Chirac lui avait offert une dernière visite d’Etat à Paris, qui l’avait bouleversé. L’absence, en ce moment, de la France à Phnom Penh doit être, d’une manière ou d’une autre, comblée.

Catégories
Philippines Politique

Philippines : Bangsamoro est né, espoir de paix

Bangsamoro – la «patrie des Moros» – est née avec l’accord de paix signé, à Manille le 15 octobre, entre le gouvernement et le principal mouvement musulman armé.

Comme les interminables négociations entre Manille et le Fmil (Front moro islamique de libération) se sont déroulées à Kuala Lumpur, Najib Razak, premier ministre de Malaisie a fait le déplacement, de même que Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique. L’accord a été signé par le président Noynoy Aquino et le chef du Fmil, Murad Ibrahim. Des délégations qui ont défilé dans la capitale des Philippines pour célébrer l’évènement sont venues, pour l’essentiel, de la grande île méridionale de Mindanao où vit l’essentiel d’une minorité musulmane estimée à plus de 4 millions d’individus.

Il s’agit d’un accord-cadre sur le Bangsamoro, une zone autonome musulmane dont les limites et les attributions restent à préciser. Elle remplacera une autre zone autonome, créée en 1996 à la suite d’un accord de paix avec un autre mouvement armé, le FLNM (Front de libération national Moro), zone qui n’a pas fonctionné plus d’un an. Depuis, le FLNM a perdu beaucoup de sa force et de son influence.

Cette fois-ci, pour éviter de mauvaises surprises, le gouvernement semble avoir assuré ses arrières auprès des autres mouvements qui animent la communauté musulmane du sud ainsi qu’auprès des catholiques, devenus au fil des décennies majoritaires à Mindanao. Le Bangsamoro disposera d’une autonomie de fonctionnement et pourra appliquer la charia aux musulmans seulement. Mais le Fmil  – et sans doute les autres groupes armés – devront rendre progressivement leurs armes ou accepter leur intégration dans l’armée ou la police nationales. Sécurité, défense, diplomatie et commerce international demeureront entre les mains de Manille. Noynoy Aquino espère pouvoir meubler cet accord-cadre avant la fin de son mandat présidentiel unique, qui expire en 2016