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Philippines : Arroyo toujours dans de beaux draps

A nouveau hospitalisée depuis le 11 octobre, l’ancienne présidente Gloria Macapagal Arroyo va être formellement placée en état d’arrestation une deuxième fois.

Mme Arroyo commence à bien connaître le Veterans Memorial Medical Center (Vmmc), un hôpital militaire de Manille où elle a déjà été détenue, pour raisons de santé, jusqu’en juillet 2012. Un tribunal avait alors autorisé sa libération sous caution à la suite d’une inculpation pour fraude électorale prononcée contre elle, en novembre 2011, par la Commission électorale et le ministère de la justice des Philippines.

Mais, cette fois-ci, la possibilité d’une libération sous caution semble exclue car l’accusation porte sur un acte criminel : un détournement de fonds publics entre 2008 et 2010 (les dernières années de son mandat présidentiel). Un tribunal a ordonné son arrestation tout en reportant le choix de son lieu de détention «en attendant que ses docteurs déterminent la nature exacte de son état de santé», selon le Philipine Daily Inquirer. En bref, l’hôpital ou la prison.

Nona Legaspi, directrice du Vmmc a déclaré que Mme Arroyo, âgée de 65 ans et élue membre de la Chambre des Représentants en 2010, est depuis le 12 octobre en soins intensifs. Elle souffrirait d’ischémie coronaire, dans son cas une insuffisance de la circulation du sang dans le cœur accompagné d’un élargissement du ventricule gauche. Elle se serait plainte de douleurs à la poitrine. Son arrestation formelle interviendra avec la lecture de l’acte d’accusation.

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Asie du sud-est : la croissance demeure substantielle

Le FMI a réduit d’un demi-point ses prévisions de croissance en Asie du sud-est : elle devrait être de 5,5% en 2012 et de 5,75% en 2013. Une performance honorable.

Selon le dernier rapport du Fonds monétaire international publié le 8 octobre et repris par le Nation (Bangkok), la croissance dans les cinq principaux pays de l’Asean (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Vietnam) devrait atteindre 5,75% en 2013, en très légère progression donc (5,5% en 2012). Si le Vietnam est freiné par une crise bancaire et politique depuis 2010, l’économie thaïlandaise s’est nettement remise de la catastrophe consécutive aux inondations de l’année précédente (un taux d’expansion de 5,6% en 2012, et sans doute de 6% en 2013).

Le taux de croissance de l’Asie du sud-est est supérieur à celui de l’économie mondiale, qui pourrait être, selon le FMI, de 3,3% en 2012 et de 3,6% en 2013. Mais les perspectives à moyen terme sont moins brillantes en raison d’un affaiblissement prévu de la demande extérieure et d’un tassement de la croissance en Chine (7,75% en 2012 et 8,25% en 2013) et en Inde (une fourchette de 5% à 6% en 2012-2013). «Une demande extérieure plus faible est le principal facteur d’une croissance légèrement plus faible des 5 de l’Asean», estime le FMI, à l’exception de la Thaïlande, où la croissance a rebondi.

En dehors de l’influence de facteurs extérieurs (la crise de la zone euro, les problèmes de fiscalité aux Etats-Unis),  l’un des risques pour l’Asie serait un «renversement» de la poussée récente des investissements en Chine. «Le résultat pourrait être, dans le futur, un ralentissement des investissements plus brutal que prévu [en Chine] ; un tel choc affecterait fortement les économies qui font partie d’un chaine de ravitaillement asiatique très imbriquée – par exemple, la Corée du sud, la Malaisie, Taïwan, la Thaïlande – et qui aurait des effets importants, indirectement, sur d’autres exportateurs majeurs, en particulier l’Allemagne et le Japon», note le FMI.

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Philippines Politique

Philippines : l’éternel retour de Joseph Estrada

L’ancien président, destitué pour corruption, est candidat à la mairie de Manille en mai 2013. Il dispose encore d’un bon lot de partisans.

Un combat de titans, mais de titans un peu fatigués. D’un côté, Estrada, connu sous le petit nom d’Erap («mon pote»), ancien acteur de films de série B dans lesquels il incarnait un flic irréprochable, ancien président des Philippines destitué pour corruption au bout de trois ans, lié à des organisateurs de jeux clandestins, amateur de Château Petrus et de vie nocturne, qui conserve néanmoins assez de supporters parmi les petites gens pour s’être retrouvé en deuxième position derrière Noynoy Aquino lors de l’élection présidentielle de 2010. Estrada aura 76 ans en mai 2013.

De l’autre, Alfredo Lim, surnommé «Dirty Harry» en référence au film de Clint Eastwood (1971), un ancien flic aux méthodes intimidantes, qui appartenait à l’entourage de feu Cory Aquino, la «dame en jaune», présidente de 1986 à 1992 et mère de l’actuel chef de l’Etat. Lorsque Lim était flic, il peignait «des croix sur les portes des dealers de drogue», rapporte le Straits Times. Il est maire de Manille depuis 2007. Il aura 83 ans l’an prochain.

Estrada a officiellement déposé sa candidature le 2 otobre. Il a fait un beau score lors de l’élection présidentielle mais l’élite et les classes moyennes ne l’aiment pas. Il a été condamné pour corruption à la prison à vie mais Gloria Macapagal-Arroyo, qui lui a succédé à la tête de l’Etat, l’a gracié (histoire de ne pas se mettre à dos les partisans d’Estrada). Aujourd’hui, c’est le tour de Mme Arroyo : elle est accusée de corruption et de tricherie électorale. Estrada, pour sa part, tente une fois de plus sa chance.

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Philippines : le cadre d’un accord de paix avec les musulmans

Le président Aquino a annoncé le 7 octobre qu’un accord préliminaire de paix avec le FMIL, principal mouvement armé musulman, pourrait être signé le 15 octobre.

Dans un discours télévisé, le président des Philippines a déclaré que Manille s’était entendu avec le Fmil (Front moro islamique de libération, principal mouvement musulman armé dans le sud de l’archipel) sur le «cadre d’un accord» de paix. Négocié à Kuala Lumpur sous l’égide de la Malaisie, cet accord préliminaire pourrait mettre fin à quatre décennies de conflit qui ont fait au moins 120.000 victimes sur l’île méridionale de Mindanao. Les Philippines, où les catholiques prédominent, ont une minorité musulmane de quelques millions de personnes installées, pour l’essentiel, dans le sud de l’archipel.

Cet accord préliminaire porterait, selon le Philippine Daily Inquirer, sur «les principes généraux» concernant «les pouvoirs, les revenus et l’étendue du territoire» d’une nouvelle région musulmane autonome. « Si tout se passe bien», ajoute l’Inquirer, un accord final de paix pourrait se réaliser avant la fin, en 2016, du mandat présidentiel de Noynoy Aquino. Ce dernier a, toutefois, prévenu que «le travail ne s’arrêtait pas là» et que «des détails doivent encore être finalisés par les deux côtés»

La nouvelle région autonome musulmane remplacera celle qui a été mise en place par un accord en 1989 et qu’Aquino a qualifiée d’«échec». Une Commission de transition de quinze membres disposera de deux ans pour définir les détails de l’accord et rédiger le projet de loi donnant naissance à la zone autonome. Un «programme échelonné» règlera la question du désarmement progressif de la guérilla. L’accord préliminaire sera signé à Manille en présence du premier ministre malaisien Najib Razak, du président Aquino et du chef du Fmil, Al Haj Murad Ibrahim.

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Philippines: recul du terrorisme dans le Sud

Une décennie de présence militaire américaine a contribué à faire reculer le terrorisme dans les petites îles de l’extrême sud de l’archipel et à Mindanao.

Au tournant du siècle, Zamboanga, à l’extrémité occidentale de Mindanao, la grande île du sud des Philippines, était une ville dangereuse où il ne faisait pas bon traîner dehors après la tombée de la nuit. Sur les îles de Basilan et de Jolo, juste au sud, enlèvements et attentats étaient fréquents. Des dizaines d’étrangers, y compris des journalistes français, avaient été kidnappés. Certains s’étaient échappés, les plus nombreux avaient été libérés contre rançon, d’autres avaient eu la tête tranchée.

De nos jours, rapporte le 28 septembre le site des forces américaines Stars & Stripes ( www.stripes.com ), les rues de Zamboanga «sont pleines de camions de livraison et de SUV flambant neufs». Sur le port, le front de mer rassemble «une collection de restaurants et de bars à la mode». Le soir, sur une place attenante, l’attraction principale est formée par «les eaux dansantes d’une fontaine inaugurée au printemps dernier moyennant un financement d’un demi-million de dollars de la municipalité.»

Un an après les attaques du 9 septembre 2001 contre New York, déclarant l’Asie du Sud-Est le «deuxième front de la guerre contre le terrorisme», le président Bush a envoyé des «conseillers et instructeurs militaires» américains à Mindanao, aidé à reéquiper l’armée philippine et mis en place des services de renseignements. La cible principal : Abu Sayaff, collection locale  de terroristes alliés de la Jemaah Islamiyah dans l’Indonésie voisine et d’Al-Qaïdah. Abu Sayaff se finançait en pratiquant l’enlèvement pour rançon.

Une décennie plus tard, le nombre des terroristes n’est plus estimé qu’à «quelques centaines» d’individus, pour l’essentiel repliés sur «les denses jungles méridionales de Jolo et de Basilan». Les leaders d’Abu Sayaff ont été, pour l’essentiel, éliminés. Le gouvernement est assez confiant pour envisager de transférer dans un délai de quatre ans la responsabilité de la sécurité de l’armée à la police. Le contingent américain sur place a été réduit de 600 à 400 hommes.

Tout n’est pas gagné pour autant et, à l’intérieur du camp militaire philippin de Navarro à Zamboanga, le QG américain ressemble à une forteresse sans fenêtres. Les soldats américains n’ont pas l’autorisation d’aller se promener en ville. En outre, «fin juillet, huit soldats philippins ont été tués à Basilan lors de l’attaque d’un camp d’Abu Sayyaf ; quatre autres sont tombés dans une embuscade et ont été tués sur la route en tentant de rejoindre» le lieu des affrontements, rapporte Stars & Stripes.

En tout état de cause, le recul du terrorisme et l’amélioration de la sécurité ne peuvent pas décourager les négociations de paix en cours entre le gouvernement de Manille et le FMIL (Front moro de libération islamique), mouvement armé le plus représentatif de la minorité musulmane du Sud.

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Mer de Chine du Sud : les Etats de l’Asean peinent à s’entendre

L’Indonésie s’efforce de trouver un compromis au sein de l’Asean sur les disputes maritimes avec la Chine avant un sommet prévu en novembre. Difficile.

Le temps presse. Du 18 au 20 novembre, les dix Etats membres de l’Asean retrouveront la Chine à Phnom Penh pour un sommet dominé par le contentieux en mer de Chine du Sud. Il leur reste donc deux mois pour trouver un terrain d’entente après le fiasco de juillet au Cambodge quand, pour la première fois en 45 ans, les ministres des affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est ont dû renoncer à un communiqué conjoint. La raison : un désaccord sur le contentieux qui oppose en mer de Chine du Sud certains Etats membres (en premier lieu, le Vietnam et les Philippines) à la Chine.

«D’ici au sommet de Phnom Penh en novembre, nous devons faire un gros effort. Il faut préparer, consulter, écarter les surprises. Nous ne pouvons rien laisser à l’improviste», vient de déclarer, selon le Jakarta Globe, Marty Natalegawa, chef de la diplomatie indonésienne. «Avons-nous tiré les leçons [de l’échec de juillet] ? Sommes-nous plus sages ? L’Indonésie veut montrer que ce qui s’est passé était une exception», a ajouté l’Indonésien qui a pris en main le dossier avec la bénédiction ouverte de Washington et l’assentiment, plus discret, de Pékin.

La prochaine échéance sera, le 27 septembre, une réunion des ministres des affaires étrangères de l’Asean à New-York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. La neutralité de l’Indonésie est acceptée car Natalegawa a indiqué qu’il veut négocier avec la Chine sur des bases claires : un Code de conduite, dont le principe a été accepté en 2002 mais qui n’est pas appliqué ; le respect de la loi internationale ; le rejet du recours à la force par toutes les parties impliquées.

Pour l’instant, estime Natalegawa, il existe un «cycle vicieux de confiance et de méfiance entre les pays membres. Tout le monde se comporte en fonction de la pire interprétation des intentions du pays voisin. Les gens pensent que, s’ils font preuve de retenue, les autres en profiteront. Il faut changer le momentum.» En juillet, le Cambodge, un allié de la Chine qui assure la présidence annuelle de l’Asean en 2012, s’est opposé à la mention du conflit réclamée par les Philippines et le Vietnam.

Les Etats de l’Asean ont d’autant plus besoin de s’entendre sur une position commune qu’une réunion à la mi-septembre à Phnom Penh entre hauts- fonctionnaires de l’Asean et de la Chine n’a donné aucun résultat positif. Selon le Jakarta Globe, Natalegawa refuse, toutefois, de verser dans le pessimisme. Les ministres de l’Asean travailleront à New York sur le Code de conduite, dit-il. Et de toute façon, ajoute-t-il, «qu’un processus diplomatique se déroule bien à l’intérieur de l’Asean est également dans l’intérêt de la Chine.»

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Aux Philippines, 40 ans après, une vraie sortie de tunnel

En 1972, Ferdinand Marcos a proclamé la loi martiale et les Philippines ont amorcé  leur descente aux enfers. 40 ans plus tard, une lueur est au bout du tunnel.

Il aura fallu deux générations pour que les Philippines se remettent du plongeon imposé par Ferdinand Marcos quand, le 22 septembre 1972, il a décrété la loi martiale pour se maintenir au pouvoir au-delà de son deuxième mandat présidentiel. Marcos, mort en exil à Hawaï en 1989, demeurera en place jusqu’à la révolte populaire de 1986, dont l’icône a été Cory Aquino, la «dame en jaune», veuve de Ninoy Aquino, principal adversaire de Marcos, assassiné en 1983 à son retour d’exil.

Il se trouve également que le redressement du vaste archipel s’amorce sous la présidence de Noynoy Aquino, fils de Ninoy et de Cory, élu en 2010 et qui a fait revivre l’espoir, vertu oubliée par ses compatriotes. Et il se trouve également que la richissime Imelda, 83 ans,  veuve de Ferdinand, est membre de la Chambre des Représentants où elle a été triomphalement élue en 2010 au siège détenu par son fils Bongbong, lequel s’est fait élire sénateur. Aux Philippines en particulier, les dynasties politiques ont la vie dure.

Avec la présidence de Noynoy Aquino, la confiance, que onze années de loi martiale avait fait disparaître, refait surface. Entre 2011 et 2012, le taux de l’épargne est passé de 20,1% à 24,6%. Le budget de l’Etat a renoué avec l’équilibre et la dette publique a fondu. Sur l’échelle mondiale de la compétitivité, les Philippines ont gagné vingt places en deux ans. Enfin, pendant le premier trimestre de 2012, le taux d’expansion économique a été de 6,1%, soit le troisième d’Asie derrière la Chine et l’Indonésie, ce qui encourage une reprise des investissements étrangers.

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Le film controversé sur l’islam fait quelques vagues en Asie du Sud-Est

Manifestations, fermeture d’ambassades et interventions de Google Inc… L’impact de «L’innocence des musulmans» commence à se faire sentir dans la région.

Les manifestations de musulmans en colère se sont poursuivies le 17 septembre devant l’ambassade des Etats-Unis à Jakarta, où plusieurs dizaines de membres du Front de défense de l’islam, une organisation radicale, et des étudiants ont lancé des cocktails molotov contre des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes. Google Inc, la firme qui possède le site YouTube, où le film controversé est visible, a retiré la vidéo du site en Indonésie et en Malaisie, mais l’existence de multiples versions postées par des internautes rend difficile un blocage total de l’accès. Alors que le ministère indonésien de l’information et de la communication fait preuve de compréhension en disant apprécier la coopération de Google, le ton était nettement moins amène en Malaisie où le ministre de l’information et de la communication Rais Yatim déclarait que «le propriétaire de YouTube ne mérite pas d’être épargné par la colère des musulmans ou le long bras de la loi».

Une autre manifestation a rassemblé 300 musulmans dans la ville de Marawi, dans la région de Mindanao, au sud des Philippines, où vivent de nombreux musulmans. Les manifestants ont brûlé des drapeaux américains, mais ne s’en sont pas pris aux intérêts des Etats-Unis dans la région où sont stationnés des petits contingents de militaires américains impliqués dans la formation anti-terroriste. La principale organisation insurrectionnelle musulmane des Philippines, le Front de Libération Islamique Moro, basé à Mindano, a rejeté les appels d’Al Qaeda à attaquer des cibles américaines. Ghazali Jaafar, le leader politique de l’organisation qui observe actuellement un cessez-le-feu, a déclaré qu’on «ne vivait pas au Moyen-Age et que les lois devaient être suivies».

Le gouvernement des Philippines, archipel où la majorité de la population est catholique, a indiqué qu’il ne demanderait pas à Google Inc de bloquer l’accès au film controversé dans le pays. Une manifestation doit aussi se tenir dans la capitale de Thaïlande, Bangkok, le 18 septembre face à l’ambassade américaine, rue Wireless, à la mi-journée. L’ambassade sera fermée à partir de midi.