Catégories
Société Thaïlande

Thaïlande : case prison pour le roi des massages

L’ex-patron d’une chaîne de massages coquins est condamné à cinq ans de prison pour la destruction de « beer bars » en 2003.

Chuvit Kamovisit, qui a lontemps dirigé une chaîne de massages érotiques à Bangkok avant de se lancer dans la politique au début des années 2000, va-t-il encore trouver le moyen de rebondir ? Le coup est cette fois-ci rude pour celui qui aimait à poser avec un énorme marteau sur l’épaule sur ses affiches électorales : la cour d’appel l’a condamné à cinq ans de prison, pour avoir organisé en 2003 la destruction de plus d’une centaine de bars situé au coin de la rue 10 de Sukhumvit Road, dans le centre de Bangkok, non loin du célèbre quartier chaud Nana Plaza. Ce terrain appartenait à Chuvit et on peut désormais y trouver, loin du fracas des assauts et des querelles, le bucolique Parc Chuvit. Le politicien, qui occupe un siège parlementaire en tant que leader du parti Rak Thailand (Amour de la Thaïlande), s’est immédiatement pourvu en cassation. Grâce à son immunité parlementaire, il est laissé en liberté jusqu’à la fin de la session parlementaire. Deux de ses complices, des officiers de l’armée de terre, ont aussi été condamnés à cinq ans de prison.

Le tribunal pénal de première instance avec acquitté Chuvit et ses acolytes (sauf un) en 2006. Depuis son entrée en politique, Chuvit s’est fait une spécialité de dénoncer la corruption au sein des forces de police. Il a notamment filmé récemment l’intérieur d’une série de casinos clandestins avant de distribuer ces vidéos à la presse au grand embarras des chefs locaux de la police.

Catégories
Thaïlande Tourisme

Thaïlande: quand les touristes jouent à se faire peur avec des tigres

Sous prétexte de porter secours à des tigres soi-disant victimes de braconnage, des moines ont transformé leur temple en attraction touristique. Les protecteurs des animaux s’indignent.

A Kanchanaburi, dans l’ouest de la Thaïlande, le temple Wat Pa Luangta Maha Bua et son refuge pour tigres ont acquis, en moins de 10 ans, une notoriété considérable. Ouvert aux touristes, son attraction principale consiste à taquiner les fauves en leur tendant de la nourriture accrochée au bout d’une perche. Ils bondissent, on se fait peur et on peut prendre des photos mémorables. Les fauves sont alors en liberté, à quelques pas des touristes.

Le 11 septembre, le tabloïd britannique The Sun a publié un article sur l’endroit. Une vidéo l’accompagne. En la visionnant, Sybelle Foxcroft, qui a travaillé incognito pendant plusieurs années au sein du temple afin d’enquêter pour l’organisation Care for the Wild, ne retient pas sa colère. Pour elle, les touristes se rendent coupables de cruauté, sans parler des risques considérables qu’ils prennent. «Tous les gens doivent prendre conscience que de 150 à 280 kg de crocs et de griffes viennent vers vous», explique-t-elle, se disant par ailleurs convaincue que les fauves sont drogués pour les rendre moins dangereux. La biologiste australienne, auteure d’un ouvrage sur le sujet (Behind the Cloak of Buddha), dénonce également les mauvais traitements infligés aux tigres et le régime alimentaire, essentiellement végétarien, qui leur est imposé.

Le filon est, il est vrai, juteux. A 600 bahts (15 euros) l’entrée pour les étrangers et 300 pour les Thaïlandais, le chiffre d’affaires du temple s’élèverait à 84 millions de bahts (2,1 millions d’euros) chaque année. Ce qui explique vraisemblablement que les moines continuent d’accueillir toujours davantage de ces pensionnaires peu ordinaires. Selon le Bangkok Post, le temple n’en abritait en 2001 que sept. Ils seraient aujourd’hui 99 (115 selon le Sun). Après une plainte déposée contre le Wat Pa Luangta Maha Bua pour exploitation des animaux à des fins mercantiles, les autorités se sont contentées de demander à l’abbé supérieur de faire davantage d’efforts pour que les conditions de vie des fauves ne se détériorent pas.

Le trafic de tigres ne se limite malheureusement pas à ce temple. Dernière illustration en date, le 10 septembre, le Nation rapportait que six tigres avaient été découverts dans une cage installée sur le toit d’un immeuble de la périphérie de Bangkok. Leur propriétaire les élevait dans le but de les revendre. Selon le Bangkok Post, les zoos de Thaïlande abritent aujourd’hui 1.328 tigres, dont 143 sauvés des mains de trafiquants. Deux cents environ vivent encore à l’état sauvage dans les forêts thaïlandaises.

Catégories
Société Thaïlande

Inondations en Thaïlande : le gouvernement tente de rassurer

Après l’envahissement par les eaux du centre-ville de Sukhothai, les autorités thaïlandaises affirment qu’il n’y aura pas de réédition de la catastrophe de 2011.

Le centre de Sukhothai est sous un mètre d’eau, les inondations progressent dans les provinces de Pichit, de Phitsanulok et d’Ayutthaya, mais rassurez-vous : tout va bien ! C’est en substance le message délivré par les autorités thaïlandaises devant la montée des craintes au sein de la population. L’inondation-éclair le 10 septembre du centre-ville de Sukhothai, près des ruines de l’ancienne capitale royale, a frappé les imaginations et mis en mouvement tout ce que la Thaïlande compte d’autorités en matière de gestion des eaux. « Les inondations peuvent toucher certaines régions, mais cela n’aura absolument pas l’ampleur de ce qu’on a vu en 2011 », a assuré Royol Chitradon, membre de la Commission de gestion des inondations, cité par le quotidien Bangkok Post.

Selon celui-ci, deux des grands-barrages réservoirs du Nord, les barrages Sirikit et Bhumibol, ne sont qu’à moitié pleins. Ils ne libèrent que cinq millions de mètres cubes d’eau par jour contre 30 à 50 millions de mètres cubes l’an passé, affirme l’expert. De surcroît, cinq tempêtes avaient successivement malmené la Thaïlande en 2011, ce qui n’est pas le cas cette année. « Il faudrait une tempête énorme ou cinq tempêtes pour connaître une situation de l’ampleur de celle de l’an dernier », dit-il. Les inondations dans certaines provinces, conclut-il avec un sens logique imperturbable, sont dues à de fortes pluies. Pas besoin donc de paniquer. Mais prenez tout de même votre parapluie, on ne sait jamais.

Catégories
Société Thaïlande

Les inondations s’étendent en Thaïlande

Après l’envahissement du centre de la ville de Sukhothai par les eaux, d’autres provinces sont affectées.

Le niveau des eaux dans la ville de Sukhothai, située à quelques kilomètres des ruines de l’ancienne capitale des rois du Siam, continuait à monter et atteignait, le 11 septembre, 1 mètre 30, un jour après la rupture de la base de digues de protection. Malgré les assurances du président de la Commission de gestion des inondations, Plodprasob Surawasdee, affirmant que le niveau des inondations s’était stabilisé, l’eau continuait à s’engouffrer dans une brèche d’environ dix mètres de large dans la base du mur anti-inondation protégeant Sukhothai. Plodprasob s’est excusé auprès des habitants de la ville de n’avoir pas constaté à temps la présence de fissures à la base des digues. Une tonne de rochers et de sacs de sable a été apportée sur place par des agences gouvernementales pour tenter de colmater la brèche.

Dans la province de Phetchabun, environ 250 kilomètres plus à l’est, le fleuve Ping a débordé et l’eau a envahi neuf villages du district de Lomsak, au pied de la montagne de Khao Khor. Plus au sud, dans la province de Suphanburi, à 120 kilomètres au nord de Bangkok, le fleuve Tha Chin est sorti de son lit et a inondé des communautés dans le chef- lieu de province et dans les districts de Bang Pla Ma et de Song Phi Nong. Des pluies torrentielles dans la province d’Ayutthaya, à 80 kilomètres au nord de Bangkok, ont endommagé des milliers de rais (un rai = 1.600 mètres carrés) de cultures dans le district de Pak Hai. Le fleuve Noi a débordé inondant plusieurs villages riverains sur une hauteur de 30 à 50 centimètres dans ce district.

Parallèlement, le trou béant qui avait été causé par la pluie sous la voie ferroviaire dans la province de Lamphun, au sud de Chiang Mai, a été comblé après trois jours de travail. Le service ferroviaire Bangkok-Chiang Mai devrait reprendre très prochainement.

Catégories
Thaïlande

La Thaïlande va lancer son propre Viagra

Le 15 octobre, un médicament générique issu du Viagra sera mis en vente en Thaïlande pour le quart du prix de l’original.

Appelée Sidagra, la variante thaïlandaise du Viagra a été mise au point par l’Organisation pharmaceutique gouvernementale (GPO). Le Bangkok Post indique que l’agence nationale responsable de l’alimentation et des médicaments a donné son accord pour la production du Sidagra, qui contiendra du citrate de Sildéfanil, la substance comprise dans la fabrication du Viagra. Le brevet du Viagra détenu par le laboratoire américain Pfizer a expiré en 2011.

En Thaïlande, une tablette de Viagra de 100 mg coûte 200 bahts (5 euros). Le médicament générique sera vendu 45 bahts (1,10 euros) pour 100 mg et 25 bahts (60 centimes) pour la version 50 mg. Des contrefaçons de qualité douteuse voire de purs placebos foisonnent sur les marchés ou dans les artères touristiques de Bangkok, Phuket ou Pattaya. Elles sont proposées pour environ 100 bahts (2,50 euros).

Pas peu fier, Witit Artavatkun, directeur du GPO, a confié au Nation les ambitions de son service en lançant le Sidagra : «La vente du médicament générique à un coût très bas va aider à combattre les médicaments contrefaits, va donner de l’espoir à ceux qui ne peuvent se payer des médicaments jusque-là trop onéreux et va s’adresser aux besoins croissants d’une population qui vieillit.»  Le Viagra reste principalement prescrit pour les troubles de l’érection.

Catégories
Social Thaïlande Tourisme

Le nord de la Thaïlande sous l’eau

Plusieurs provinces du nord du royaume sont victimes d’inondations. C’est également le cas de  Sukhotai.

L’eau descendue de la province de Phrae, dans le nord de la Thaïlande, a soudainement envahi, le 10 septembre, l’ancienne capitale royale de Sukhotai, paralysant la circulation et envahissant les rez-de-chaussée des immeubles du quartier commercial ainsi que ceux de la mairie et du siège de l’Organisation administrative provinciale. Certains quartiers de la ville, située à quelques kilomètres des ruines de l’ancienne cité des rois du Siam, sont sous un mètre d’eau. Commerçants et résidents ont coupé l’électricité et sont partis précipitamment de chez eux.

Dans les provinces plus au nord, les dégâts causés par la montée des eaux s’étendent depuis plusieurs jours. Dans la province de Lamphun, les fondations de la voie ferroviaire BangkokChiang Mai se sont effondrées sur une longueur de 90 mètres et sur plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Les travaux de réfection sont en cours et les trains venant de Bangkok doivent désormais s’arrêter à Lampang, au sud de Chiang Mai. Sept districts de Lampang ont été déclarés le 10 septembre zones sinistrées. Dans la province d’Uttharadit, l’autoroute n°11 est submergée sur une longueur d’un kilomètre. Dans celle voisine de Pichit, inondations éclairs et glissements de terrain ont affecté plusieurs districts. Selon le chef du département d’irrigation de la province d’Ayutthaya, autre ancienne capitale royale située à moins de cent kilomètres de Bangkok, pourrait être inondée dans les prochains jours.

Catégories
Culture Thaïlande

La Thaïlande attire les productions audiovisuelles

Les productions étrangères investissent le royaume pour bénéficier des conditions locales de tournage.

Que cela soit pour tourner des fictions, des séries télés, des documentaires ou des publicités, la Thaïlande séduit de plus en plus les producteurs et réalisateurs étrangers. La campagne marketing initiée par le Département du tourisme et l’Office du film de Thaïlande semble porter ses fruits. Le site eturbonews rapporte en effet que pas moins de 606 réalisations ont été produites par 46 pays différents en 2011, générant 39.2 millions de dollars de revenus pour le royaume. Sur le total, 296 tournages concernaient des publicités, 86 des séries télés et 35 des long-métrages.

Sans surprise, d’autres pays asiatiques comme l’Inde, le Japon ou la Corée du Sud sont les plus demandeurs, suivis par les pays européens. Ubolwan Sucharitakul, directeur par intérim du l’Office du film de Thaïlande, voit plusieurs raisons à l’attrait de son pays : « La Thaïlande a la chance de bénéficier de paysages uniques et de décors variés, ainsi que d’équipes techniques qualifiées et bilingues, qualités qui s’additionnent pour donner un excellent rapport qualité-prix – exactement ce que recherchent les productions aujourd’hui. »

Quelques productions françaises ont récemment tourné des films sur le sol thaïlandais. Luc Besson y a par exemple tourné son long-métrage sur Aung San Suu Kyi – « The Lady » – avec les décors, acteurs et équipes de tournage locaux. Christian Clavier y a aussi réalisé en partie sa première comédie : On ne choisit pas sa famille. Au niveau international, la pitrerie hollywoodienne Very Bad Trip 2 a été tournée dans la capitale. Nicholas Winding Refn, lauréat du prix de la mise en scène au festival de Cannes 2011, a lui aussi choisi Bangkok pour y placer l’intrigue de son nouveau thriller, Only God Forgives, avec Ryan Gosling en vedette et dont la sortie est prévue en 2013.

Catégories
Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : le retour de Super-Chalerm

Vétéran de la politique, l’actuel vice-Premier ministre Chalerm Yubamrung tient le haut du pavé malgré une réputation sulfureuse.

Un nouveau soap-opera sur la chaîne 3 de la télévision thaïlandaise captive, depuis plusieurs semaines, l’attention du grand public en Thaïlande. Il s’agit de Hong Sabad Laï (« Le Gang de la Cité », selon une traduction non littérale) qui décrit de manière hautement colorée les péripéties de la vie d’une famille dont le chef est un politicien corrompu et sans scrupules et le fils aime à manier le revolver pour régler ses comptes avec ses rivaux. Plusieurs Thaïlandais m’ont assuré que le vice-Premier ministre actuel Chalerm Yubamrung aurait inspiré en partie le personnage principal de la série, le patriarche véreux. Si cela est vrai, ce serait une consécration pour cet ancien capitaine de police âgé de 64 ans, entré en politique dans les années 1980 et qui a bien failli sombrer dans l’oubli il y a une dizaine d’années.

Chalerm Yubamrung est le prototype du politicien fort en gueule qui anime la scène politique du royaume, une « bombe à retardement ambulante » comme l’a qualifié l’analyste Chris Baker il y a peu. Aux côtés de la cheffe du gouvernement Yingluck Shinawatra, aussi élégante qu’effacée, Chalerm présente un contraste total, avec ses gesticulations et ses coups de gueule, son absence quasi-totale de retenue et ses piques assassines. Mais quels que soient ses travers, force est de reconnaître qu’il joue aujourd’hui un rôle de tout premier plan, cumulant la fonction de Monsieur anti-drogue avec la supervision des opérations de sécurité dans le Sud à majorité musulmane du pays. Sur les écrans et derrière les micros, sur les perrons et dans les salons de réception, on ne voit que lui. D’où lui vient donc cette présence au-delà d’un hyper-activisme qui n’est pas sans rappeler la bougeotte permanente de l’ancien président Sarkozy ?

Chalerm n’a jamais bien été considéré quand il faisait carrière dans la police. Lors d’un entretien en 1994, le général de police Seri Temiyavej (qui deviendra plus tard chef de la police royale) l’avait qualifié d’«officier de très basse qualité». C’est son entrée en politique en 1988 dans le gouvernement de Chatichai Choonhavan qui lui donna un profil national. Nommé ministre auprès du Premier ministre, il fut chargé de superviser le secteur des médias. Déjà, il se distinguait par ses interférences dans la couverture par les journalistes. C’est à cette époque qu’il rencontra Thaksin Shinawatra, alors un homme d’affaires sur la pente ascendante et qui souhaitait mettre un pied dans le secteur audiovisuel. Chalerm s’entendit bien avec cet homme de sa génération qui était aussi un ancien officier de police. Comme Chalerm avait autorité sur l’Autorité Thaïlandaise de Communication de Masse (MCOT), il fit en sorte que cette agence gouvernementale octroie une licence pour une chaîne de télévision câblée à Thaksin. L’amitié était scellée et ne se démentira jamais.

Mais la carrière politique de Chalerm, souvent accusé d’être propriétaire de casinos clandestins, allait connaître des tournants imprévus. Et comme il s’était fait un certain nombre d’ennemis par ses embardées – qualifiant par exemple l’épouse de l’ex-Premier ministre Chaovalit Yongchaiyud de «boîte à bijoux ambulante» -, ceux-ci ne se prièrent pas pour lui savonner la planche. En 2001, l’un des deux fils de Chalerm, Duangchalerm, jeune officier de police, est impliqué dans le meurtre d’un autre officier de police dans une discothèque. L’accusation est grave : des témoins affirment l’avoir vu tirer une balle dans la tête du policier à bout portant après une querelle. Duangchalerm s’enfuit au Cambodge et son père, alors ministre dans le gouvernement de Thaksin, essaie de temporiser. Après un an de cavale, Duangchalerm rentre au pays et, surprise !, la totalité des témoins refusent de témoigner ou reviennent sur leurs premières déclarations. La cour acquitte Duangchalerm en 2004, alors que de forts soupçons d’ingérences au sein de l’appareil judicaire pèsent sur son père. Chalerm entame une longue traversée du désert, qui ne se terminera qu’en 2011 lorsqu’il entrera au gouvernement de Yingluck Shinawatra.

On peut légitimement se demander comment un politicien qui traine autant de casseroles derrière lui puisse occuper un rôle aussi important dans le gouvernement. Peut-être parce que chaque gouvernement – et particulièrement celui de Yingluck – a besoin d’un « franc-tireur » pour faire reculer les critiques trop agressifs, mais aussi, comme le confie un analyste, simplement parce que personne n’ose s’en prendre à l’ancien capitaine de police qui «connait trop de choses sur trop de monde».