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Chronique siamoise : unité, solidarité ou uniformité

La récente censure dont a fait l’objet un film thaïlandais peut être interprétée de différentes façons.

Pour justifier sa décision début avril d’interdire la projection du film « Shakespeare doit mourir » d’Ing Kanjanavanit en Thaïlande, le bureau thaïlandais de la censure a estimé que la diffusion de cette œuvre, un remake de MacBeth à la sauce siamoise, accroitrait les divisions entre Thaïlandais et saperait l’unité du pays. Cette notion d’unité a été maintes fois invoquée par les autorités depuis le coup d’Etat de septembre 2006, et même avant, pour expliquer la nécessité de mesures répressives contre la liberté d’expression. Ce concept d’unité s’exprime par le mot sammaki, dont une traduction plus exacte est « solidarité » ; il est présenté comme une donnée évidente et intangible du pays.

Pourtant quand on se tourne vers l’histoire, cette notion d’unité paraît absente. Regardez le film « Suriyothai » de M. C. Chatrichalerm et vous y verrez, six heures durant, des princes et des courtisanes des principautés du Siam s’entredéchirer dans des luttes sanglantes, se repaître d’assassinats vicieux et porter la trahison au sommet du génie politique. L’une des scènes les plus frappantes est celle d’un prince-enfant, enfoui dans un sac de velours rouge, dont la tête est cérémonieusement tranchée sur les ordres d’un de ses oncles. La vingtaine de coup d’Etats qui ont ponctué l’histoire de la Thaïlande depuis le renversement de la monarchie absolue en 1932 suggère aussi une fracturation extrême du paysage politique. Et si l’on se penche sur l’aspect social du pays, il est clair que le développement économique depuis les années 1970 a été beaucoup moins bien réparti qu’en Corée du Sud ou à Taiwan ; les classes moyennes urbaines ont grandement bénéficié, les ruraux des provinces ont stagné.

S’il est un ferment d’unité, c’est sans conteste la personne du roi Bhumibol Adulyadej. Le monarque est un lien entre toutes les classes, toutes les ethnies, le miroir qui reflète l’image de tout un chacun et rassure : «Nous sommes donc bien solidaires». D’où l’angoisse de l’après-Rama IX : que restera-t-il comme ciment de la nation ? La Thainess signifie différentes choses selon les milieux. Le consumérisme effréné, le culte de l’argent, le commercialisme envahissant qui dissout les vieilles valeurs communautaires ne peuvent servir de piliers à la nation. Et cette notion d’unité agitée par les autorités et l’establishment ne fait-elle pas plutôt référence à l’uniformité ? Les divisions dénoncées comme le mal menaçant ne sont-elles pas simplement la diversité de cultures, d’opinions et d’idées qui remuent la société thaïe ? Des esprits chagrins iront jusqu’à affirmer que ce repli constant sur une unité insaisissable est une manière d’imposer un « consensus », tolérable pour la majorité mais qui profite surtout à une minorité. Les idées, incontestablement, divisent la société, mais elles constituent aussi les matériaux qui servent à l’édification de valeurs communes.

Nouvelle chronique du site infoasie, «Chronique siamoise» porte un regard décalé sur l’actualité politique de la Thaïlande, mêlant des récits d’anecdotes et une lecture culturelle des événements.

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Chronique siamoise : Thaksin cherche la brèche

Regard sur la tactique employée par l’ancien Premier ministre thaïlandais pour revenir au pays…

Les Thaïs de la plaine centrale utilisent deux expressions pour parler d’un fils renvoyé par son père. La première, ko rua, évoque le fils honni « agrippé à la barrière » de l’enceinte familiale et quémandant au père sa réintégration. La seconde, ro rua, décrit le chenapan en train de « tourner autour de la propriété » dans l’intention apparente de préparer un mauvais coup. Les escapades de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra au Laos et au Cambodge relèvent plus de cette dernière tactique d’intimidation. Thaksin ne veut plus implorer, mais s’imposer.

A Vientiane et à Siem Reap, cet homme vieilli, au bilan si controversé, condamné en 2008 à deux ans de prison pour abus de pouvoir, a péroré plus qu’il n’a parlé. Evoquant la volonté supposée de ses partisans de le ramener en Thaïlande à l’occasion de son anniversaire le 26 juillet prochain (Thaksin s’est exilé pour fuir la justice depuis 2008), il a estimé à Vientiane que ceux-ci voulaient lui faire ce « cadeau », parce qu’ils savaient « combien il avait bénéficié au pays ». Les épaules voutées, le regard plus fatigué que par le passé, son habituel sourire satisfait aux lèvres mais avec un je ne sais quoi d’artificiel, Thaksin ne semble pas avoir fondamentalement changé. Jamais depuis son éviction du pouvoir en 2006, il n’a prononcé une parole pour dire s’être trompé, ne serait-ce qu’une fois, par le passé. On devine sa soif de vengeance.

Cet encerclement de la Thaïlande par Thaksin est une injonction. Il s’agit de faire pression sur ses alliés pour que ceux-ci activent le processus de réforme constitutionnelle qui permettrait de lever sa condamnation. Il montre aussi sa ténacité, qu’il faut reconnaître hors du commun. Sa sœur cadette, Yingluck, à la tête du gouvernement, a parfaitement joué son rôle d’innocente, parcourant Bangkok à l’arrière d’un pick-up pour participer aux festivités du Nouvel an Thaï : «Mon frère, à Siem Reap ? Vraiment ?». Placée à la tête du pays avec pour seul but de faire rentrer son frère au bercail, elle ne peut que vouloir hâter le processus : l’exercice du pouvoir l’épuise. Son sourire désarmant, un peu bébête, s’est depuis peu crispé. Même la solidarité familiale a ses limites.

D’autant plus que la réaction du père reste la grande inconnue. Si, comme il le semble, lui ou ceux qui disent parler en son nom n’acceptent pas la rentrée du « mauvais fils » – c’est-à-dire s’ils ne permettent pas la levée de la condamnation de Thaksin -, un « retour élégant » de ce dernier ne sera pas possible. En tout état de cause, qu’il revienne en vengeur masqué en franchissant le pont entre Vientiane et Nongkhai, comme le lui a suggéré un de ses lieutenants Kwanchai Praipana , ou par la grande porte de Suvarnahbumi, son retour fera exploser le calme latent qui prévaut depuis les élections de juillet 2011 et pulvérisera le verbiage inconsistant sur la «réconciliation».

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Analyse Thaïlande

L’étrange fonctionnement du gouvernement thaïlandais

Curieux jeu politique en Thaïlande. La scène est actuellement, et de nouveau, dominée par les gesticulations de Thaksin Shinawatra, aux frontières du royaume.

Depuis le tournant du siècle, sous une dénomination ou une autre, les partisans, alliés, serviteurs et fanatiques du premier ministre limogé lors du coup d’Etat de septembre 2006 emportent toutes les élections. La dernière fois, en juillet 2011, ils l’ont fait avec, pour tête d’affiche Yingluck, la jolie et souriante sœur cadette de Thaksin, lequel reste sous le coup d’une condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir (et ne peut donc, pour l’instant, regagner la Thaïlande que pour se rendre, d’abord, en prison).

Un peu à la manière populiste de Juan et Evita Peron dans les années 1950 en Argentine, la popularité de Thaskin ne se dément pas, tant s’en faut, même au bout de douze ans. Comme le soulignent les manifestations du week-end, celui du Nouvel an au Laos, au Cambodge et en Thaïlande, les «chemises rouges» continuent d’être au rendez-vous.

Il s’en suit un étrange fonctionnement du gouvernement. Au lendemain du dernier succès électoral et malgré les démentis, l’avis de Thaksin a été déterminant dans le choix des ministres. Il prodigue conseils et instructions pendant les réunions de cabinet auxquelles il est associé par vidéo. Thaksin intervient sur écran géant lors des meetings des «rouges» en province. Et, ces derniers jours, il est passé à une vitesse supérieure, dans ses pressions sur Bangkok, en profitant des appuis officiels dont il dispose dans deux pays voisins, le Laos et le Cambodge, pour y organiser des meetings de politique intérieure thaïlandaise au cours desquels il a rencontré des membres du gouvernement et des députés thaïlandais.

Tout se passe comme si le frère et la sœur s’étaient entendus sur une répartition des tâches. Yingluck est le gant de velours, Thaksin la main de fer. Elle ne manque aucune occasion de manifester son respect pour la monarchie. Lui place ses pions, peu à peu, avec l’espoir d’écarter progressivement le leadership militaire actuel, lequel a bénéficié d’un relatif regain de popularité à la suite de l’intervention des soldats lors des catastrophiques inondations de 2011. Mais les conditions d’un accord sur une amnistie générale – dont Thaksin pourrait également bénéficier – ne semblent pas réunies.

Thaksin est riche et se déplace à bord d’un avion privé. Le gouvernement de Yingluck lui a rendu son passeport thaïlandais. Son réseau d’influence s’élargit : la condamnation à la privation de droits civiques de 111 politiciens (ses alliés) prend fin en mai. Thaksin veut obtenir sa réhabilitation et, dans la foulée, récupérer les avoirs financiers confisqués en Thaïlande, l’équivalent de centaines de millions d’€. Mais il ne paraît pas avoir un tempérament à forcer le destin. Il ne rentrera pas en Thaïlande pour se retrouver en prison. Il veut, également, des garanties sérieuses concernant sa sécurité personnelle. En attendant que ces conditions se réalisent, ce qui peut prendre du temps, l’étrange fonctionnement du gouvernement thaïlandais risque de se poursuivre.

Jean-Claude Pomonti

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Analyse Thaïlande

Confusion dans le Sud thaïlandais

Dans la foulée des attentats dans le sud à majorité musulmane de la Thaïlande, des politiciens d’opposition dénoncent la tenue de discussions entre les rebelles et l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra. Ce dernier s’en défend…

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Indonésie Thaïlande

Blanchiment de l’argent : Jakarta et Bangkok épinglées

L’observatoire intergouvernemental en charge du blanchiment de l’argent et du terrorisme financier a couché l’Indonésie et la Thaïlande sur sa liste noire.

L’Indonésie et la Thaïlande ont rejoint le Myanmar (Birmanie) sur la liste noire des pays (désormais au nombre de dix-sept) qui «n’effectuent pas assez de progrès dans l’application d’un plan» de «lutte contre le risque de blanchiment des capitaux et le terrorisme financier». Cette liste est établie par le Gafi (Groupe d’action financière), organe intergouvernemental qui émet des recommandations, sans pouvoirs de sanction. Cette décision a été rapportée le 16 février à Paris par Rick McDonell, secrétaire exécutif du GAFI.

Quatre autres Etats d’Asie du sud-est (Bruneï, le Cambodge, les Philippines et le Vietnam) sont sur une «liste grise» intermédiaire de vingt-deux pays qui, en dépit de leurs engagements, ne remplissent pas les critères internationaux de lutte contre le blanchiment de l’argent et le terrorisme financier. Dans une déclaration au Bangkok Post, le vice-premier ministre thaïlandais Kittiratt Na-Ranong a admis la possibilité de retards dans «l’application de réformes légales». Il a ajouté que, si la Thaïlande pouvait être une voie de «passage», il n’y avait pratiquement aucune chance qu’elle soit une « source » de ce type de financement.

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Thaïlande Tourisme

Phuket, lieu de villégiature de plus en plus populaire

En dépit des engorgements et des chantiers, Phuket demeure très populaire auprès des étrangers. Le tourisme, activité essentielle, y est en augmentation de 30% par an.

Il n’y a de moins en moins de saisons à Phuket. L’île touristique du sud thaïlandais fait de plus en plus le plein toute la saison. Son aéroport international souffre : neuf millions de passagers attendus en 2012 à la suite d’une augmentation de 30% du trafic passagers en 2011, selon C9 Hotelworks, un groupe d’experts. Sa capacité actuelle est de 6,5 millions de passagers et les avions doivent parfois faire la queue, même sur l’aire de parking. Elle va être portée à 12,5 millions de passagers en 2015 grâce à une extension dont le coût est évalué à 180 millions de dollars.

Phuket était un rendez-vous d’expatriés, Américains, Australiens, Européens, asiatiques. Les Chinois sont désormais plus nombreux (150.000 individus pendant le premier semestre de 2011, soit une augmentation de 103% d’une année sur l’autre) que les Australiens. Les nouveaux contingents de touristes sont également fournis par la Russie et l’Inde. Des chantiers, y compris routiers, sont ouverts un peu partout. Le bétonnage de l’île et de ses côtes se poursuit, notamment à l’est, les hôtels ayant été construits surtout aux abords des plages de l’ouest, qui donnent sur le grand large.