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Société Viêtnam

Vietnam : des instructions pour se suicider sur la Toile

Des Vietnamiens ont récemment découvert sur la Toile, à la portée d’adolescents, des sites qui décrivent différentes façons de se suicider. Un véritable choc.

«Manuel pour se suicider», «Guide pour la mort», «Enseignement gratuit en ligne de la manière de se suicider», telles sont les propositions avancées par des sites en langue vietnamienne, rapporte le site d’information VietnamNet en se gardant de les mentionner. Ces sites décrivent les méthodes pour  se donner la mort : en mettant le feu à de l’essence, en recourant à un choc électrique dans une baignoire… Après avoir aligné leurs instructions, de soi-disant «experts» avertissent leurs lecteurs qu’il ne faut pas suivre les exemples donnés.

Au Vietnam, sur des réseaux sociaux, des appels désespérés d’adolescents sont enregistrés. «Je suis totalement déprimé car je suis soupçonné d’être un chapardeur dans ma classe. Donnez-moi un conseil», écrit un élève de onzième (l’équivalent d’une première française). «Aidez-moi ! Je suis désespéré, je ne sais plus quoi faire», écrit un autre. «J’ai une famille, ce que l’on qualifie d’habitude de foyer, mais c’est un enfer pour moi. Car c’est seulement en enfer que chaque individu n’agit que pour lui-même et que les gens se haïssent. Mes parents se balancent des insultes tous les jours. Je hais réellement cette vie», écrit un troisième.

Récemment, dans la province de Ha Tinh, un élève de onzième (première) s’est immolé par le feu parce que l’aveu de son amour a été rejeté par sa belle. A Hanoï, des gens sont intervenus à temps pour empêcher une écolière de se jeter dans le Fleuve rouge à partir du pont Long Biên (l’ex-Paul Doumer). Dans une société imprégnée de romantisme, les adolescents sont particulièrement sensibles : un amour déçu, une insulte, une dispute suffisent à les déprimer. Des «experts», sur ces sites, vont jusqu’à leur suggérer une «mort romantique» : «dormir dans une pièce fermée avec un million de roses». Ecœurant.

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Histoire Viêtnam

Vietnam : une lettre fascinante de Hô Chi Minh datant de 1921

Une lettre du révolutionnaire vietnamien, adressée à un pasteur protestant, a été découverte et authentifiée par Pascal Bourdeaux. Elle date de 1921.

Cette missive est donc postérieure au Congrès de Tours, où Hô Chi Minh a adhéré au PCF, choisissant donc les communistes contre les socialistes. Les témoignages sur l’évolution de celui qui se fait appeler à l’époque Nguyên ai Quôc (Nguyên le patriote) est mal connue. Il séjourne encore en France avant son départ pour Moscou. La lettre, tapée à la machine et signée d’une écriture «élégante, légèrement en italiques et soulignée à l’encre noire», est une réponse à Ulysse Soulier, pasteur protestant qui projette d’ouvrir une mission au Vietnam. Hô Chi Minh, de façon surprenante, l’encourage à le faire dans certaines conditions. Il existe, note-t-il, des éléments d’«émancipation»  dans le travail des missionnaires qu’il juge en contradiction totale avec la colonisation.

Cette lettre confirme qu’à l’époque, Hô Chi Minh entretenait des correspondances avec des «évangélistes dissidents», qu’il était à la fois un diplomate accompli et un patriote exigeant. C’est la période qui suit son appel au président Woodrow Wilson, lors de la conférence de Versailles en 1919, et sa participation à la fondation du PCF l’année suivante. Elle précède un processus rapide de radicalisation et de militarisation. «Une Indochine sous contrôle ne peut pas être réellement chrétienne», écrit le jeune révolutionnaire, alors âgé de 31 ans.

Spécialiste des religions en Asie du Sud-Est, auteur d’une remarquable thèse sur les sectes politico-religieuses dans le delta du Mékong, Bourdeaux a trouvé cette lettre en fouillant les archives de la Société évangélique missionnaire de Paris. Le texte de Hô Chi Minh et les minutieuses annotations de Bourdeaux, alors professeur associé à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, ont été publiés en anglais dans le numéro de juillet du  Journal of Vietnamese Studies. La version française, donc originale, sera publiée dans le prochain numéro d’Etudes Théologiques et Religieuses (http://revue-etr.org/2012-numero-2.html)

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Analyse Politique Viêtnam

Vietnam : les arrestations se poursuivent dans les milieux financiers

Une série d’arrestations a lieu dans les milieux d’affaires alors que la bourse dégringole et que la dette des entreprises publiques devient très préoccupante.

La dernière arrestation en date est celle de Ly Xuân Hai, ancien PDG de l’Asia Commercial Bank (ACB). Agé de 47 ans, originaire de Hanoi et titulaire d’un master de Paris-Dauphine, Hai a été arrêté en début de soirée le 23 août, selon le site VietnamNet, à son domicile à Hochiminh-Ville. Son domicile et ses bureaux ont été fouillés. Il est accusé d’avoir «intentionnellement violé les règlements de l’Etat sur la gestion économique». Entre-temps, la Banque centrale est intervenue, comme annoncé, pour renflouer en liquidités l’ACB dont la clientèle s’est ruée pour retirer ses fonds et dont l’action en bourse a chuté de 20%. Hai, PDG depuis 2005, avait démissionné dans la matinée et a été aussitôt remplacé par l’un de ses adjoints.

Son arrestation est intervenue deux jours après celle de Nguyên Duc Kiên, l’un des fondateurs de l’ACB et l’une des grandes fortunes du Vietnam. Kiên a été arrêté pour des raisons qui, officiellement, n’ont rien à voir avec la gestion de l’ACB, quatrième banque commerciale du pays. D’autres arrestations avaient précédé, notamment celles, le 8 août, des deux ‘rois de l’acier’ à Haiphong, Pham Van Tu (le père) et Pham Hai Thanh (le fils), dont la compagnie Thai Son (import-export, chantiers navals, fabrication de l’acier) était censée être financièrement solide. En 2011, Thai Son figurait encore, selon VietnamNet, parmi les cinq cents sociétés privées les plus importantes. A la suite de la chute de 50% du prix de l’acier depuis la crise de 2008, Thai Son a connu de sérieux déboires, ne pouvant plus rembourser ses dettes.

La dette des entreprises publiques est évaluée, de son côté, à quelque 40 milliards d’€, ce qui est considérable. Il y a déjà eu les scandales des trous dans les budgets de Vinashin (chantiers navals) et Vinalines (transports maritimes). D’autres affaires pourraient exploser, mettant en cause un système de copinage qui rend l’âme. Les luttes de clans au sein du PC vietnamien, qui conserve le monopole du pouvoir politique, en sont déjà affectées.  Nguyên Duc Kiên passait, par exemple, pour être le partenaire en affaires de la fille du premier minisre Nguyên Tan Dung, considéré comme l’homme-clé du Bureau politique et du gouvernement.

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Analyse Politique Viêtnam

Vietnam: le temps des apprentis sorciers

L’arrestation d’un magnat de la finance illustre les effets d’un laisser aller. Absence de transparence, liens entre politique et affaires : corriger le tir s’annonce difficile.

Le Vietnam souffre à son tour des dérives du capitalisme rouge. Arrêté dans la soirée du 21 août pour «activités économiques illégales» en tant que PDG de trois sociétés, Nguyên Duc Kiên, 48 ans, pèse 70 millions d’€, ce qui fait beaucoup au Vietnam et le range parmi les cent premières fortunes du pays. Le 22 août, la bourse a chuté de 4,7% et d’1,59% le 23 août. Surtout, pour prévenir toute panique, Nguyên Van Binh, gouverneur de la Banque centrale et membre du gouvernement, a annoncé à l’Assemblée nationale que l’Etat ferait tout ce qu’il faut pour renflouer, si nécessaire, l’ACB (Asia Commercial Bank) dont Kiên a été l’un des fondateurs et dont le titre en bourse a plongé deux jours de suite de 7% (chute maximale autorisée au cours d’une journée, qui entraîne automatiquement la suspension du titre).

Binh a affirmé, devant les députés, que Kiên n’occupait plus la moindre fonction au sein de l’ACB et qu’il détenait moins de 5% des parts de cette banque, l’une des plus importantes du pays et dans le capital de laquelle figure la Standard Chartered. Kiên a été arrêté en raison de malversations dans trois autres sociétés dont il est le patron. Plusieurs autres banques ont aussitôt fait savoir que Kiên n’était, chez elles, qu’un partenaire très minoritaire, donc sans influence. C’est, toutefois, le cas d’Eximbank, dont le titre en bourse a chuté de 4,9% le 22 août et de 4,5% le 23 août.

Les autorités vietnamiennes continuent de considérer le secteur étatique, qui demeure majoritaire, comme la locomotive du développement économique (alors que l’immense majorité des créations d’emplois est devenu, depuis plusieurs années, le fait du secteur privé, minoritaire). Les liens entre les entreprises publiques, dont la gestion a fait parfois l’objet de scandales, et les plus hautes instances du Parti communiste sont incestueux. Le pays intervient constamment dans la gestion de ces entreprises, y compris parfois pour les sanctionner (le cas récent de Vinashin, entreprise publique de chantiers navals, dont le budget a compris un trou de près de 4 milliards d’€).

Les banquiers sont également obligés d’avoir leurs introductions au Comité central et au Bureau politique du PC. Ces relations s’opèrent fatalement dans une absence inévitable de transparence. Les fauteuils dans les conseils d’administration se comptent parfois par dizaines (c’est le cas dans l’affaire Nguyên Duc Kiên, dont on ignore encore les motifs précis de l’arrestation). Kiên passait également pour entretenir de très bonnes relations avec certains membres du Bureau politique. Lors de son avant-dernier Congrès, en 2006, le PC a accepté la présence dans ses rangs de «capitalistes rouges» en autorisant ses membres à faire des affaires  privées.

Les complicités et le laisser aller,  donc le trop bon ménage postsocialiste entre affaires et politique, expliquent également la gestion parfois hasardeuse des banques, notamment le taux élevé de mauvaises dettes. En mars dernier, le gouverneur Binh a rapporté au Parlement que les mauvaises dettes, en fait les créances douteuses, représentaient près de 10 milliards d’€, soit 10% de la dette des banques, un taux jugé très élevé.  Une inspection de la Banque centrale a alors révélé que, dans certaines sociétés de crédit, les mauvaises dettes représentaient de 30% à 60% du total. Autant dire que ces sociétés, peu nombreuses, sont déjà étouffées.

Le gouverneur de la Banque centrale a également affirmé, qu’en juin 2012, le taux moyen de mauvaises dettes dans les banques commerciales d’Etat était de 3,76% et qu’il était de 4,73% dans les autres banques commerciales. Ces statistiques sont inquiétantes alors que l’expansion s’est ralentie (4%) et que le secteur immobilier à Hochiminh-Ville est en déroute. L’arrestation de Kiên pourrait annoncer quelques règlements de comptes supplémentaires. La remontée de pente s’annonce ardue pour des apprentis sorciers qui ne contrôlent plus les développements qu’ils ont suscités ou, du moins, laissés se produire.

Jean-Claude Pomonti

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Société Viêtnam

Vietnam : un manque critique d’instituteurs pour la rentrée

Le recrutement dans l’enseignement primaire et les jardins d’enfants se heurte à de sérieux obstacles au Vietnam. Le travail est dur et les salaires médiocres.

En vue de l’année scolaire 2012-2013, Hochiminh-Ville, la mégapole méridionale du Vietnam, a besoin de recruter 1000 instituteurs supplémentaires ainsi que 751 personnels en charge des jardins d’enfants. Selon le site VietnamNet, pour y parvenir, la municipalité a reporté la date de dépôt des candidatures et autorisé le recrutement d’enseignants ne disposant que d’un permis de résidence temporaire. Mais le nombre des candidats est insuffisant : 440  pour les crèches et 525 pour le primaire.

Dans le quartier de Tan Phu, où le déficit d’enseignants est déjà chronique, 130 candidats seulement se sont présentés alors que 291 postes sont à remplir. Dans les écoles normales, la majorité des étudiants sont des migrants qui ne disposent même pas de permis temporaire de résidence. En outre, la rotation du personnel enseignant est très forte en raison du bas niveau des salaires et des contraintes du métier.

La situation est également critique dans le delta du Mékong, où les jardins d’enfants ont besoin de recruter 2300 personnels d’encadrement. La seule province d’An Giang a un déficit de 410 enseignants dans le primaire (y compris les crèches). En outre, danns les universités, le nombre des étudiants en pédagogie baisse régulièrement.

Un recent rapport de l’Institut de recherches de l’éducation et de la science souligne que plus de 50% des enseignants regrettent d’avoir choisi leur métier, dont 41% des instituteurs. Les raisons : leurs revenus sont trop maigres pour élever leurs propres enfants et ils doivent trouver d’autres ressources. Plus de la moitié des enseignants ont exprimé leur lassitude. Le nombre d’heures de travail est souvent supérieur de 50% à ce qui est stipulé (40 heures par semaine).

A Hanoi, les jardins d’enfants de l’enseignement public  peuvent compter de 50 à 70 enfants. Mais de nombreux parents n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants dans les crèches privées. Les classes sont surchargées. «Les enseignants sont épuisés et les enfants s’ennuient», écrit VietnamNet.

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Analyse Asie Brunei Cambodge Chine Indonésie Malaisie Politique Viêtnam

Le taisez-vous des Chinois aux Américains

Le ministre chinois des affaires étrangères est en Asie du sud-est jusqu’au 13 août. Au menu : la défense des intérêts de Pékin en mer de Chine du Sud.

Evitant soigneusement le Vietnam et les Philippines, qui contestent le plus vigoureusement la souveraineté chinoise sur les eaux de la mer de Chine du Sud, Yang Jiechi s’est d’abord rendu à Jakarta, où il a été reçu le 10 août par le président Susilo Bambang Yudhoyono, avant de gagner le petit sultanat de Brunei et la Malaisie. L’objectif de cette tournée éclair, qui prend fin le 13 août : solliciter la compréhension de trois membres de l’Asean, surtout celle de l’influente Indonésie, afin de calmer un peu le jeu et de s’assurer que l’Association des nations de l’Asie du sud-est ne se ressoude pas dans une attitude antichinoise.

L’Indonésie joue les médiateurs depuis que neuf Etats membres de l’Asean ont été incapables d’imposer au dixième, le Cambodge, qui assure la présidence annuelle de l’Association et qui est un allié de Pékin, une position commune à l’issue de leur conférence ministérielle de juillet à Phnom Penh. Fin juillet, une médiation de Marty Natalegawa, ministre indonésien des affaires étrangères, a permis la publication d’une déclaration sur le Code de conduite en mer de Chine du Sud, adopté en 2002 en accord avec Pékin mais qui n’a jamais été appliqué, la Chine expliquant qu’il le serait «au moment opportun».

Entre-temps, l’annonce par Pékin de la création d’une garnison chinoise basée dans l’archipel des Paracels a provoqué une réaction de Washington, un porte-parole du Département d’Etat américain estimant, le 3 août, que cette initiative chinoise et la création, au préalable, de la «ville» chinoise de Shansha couvrant les archipels du secteur contribuait à renforcer les tensions en mer de Chine du Sud. La Chine a rétorqué que les Etats-Unis n’avaient pas le droit de se mêler de cette affaire. Le Quotidien du peuple, organe du PC chinois, a même déclaré que la Chine était en droit de demander de « crier aux Etats-Unis ‘taisez-vous’». La mission confiée à Yang Jiechi est donc de s’assurer que le courant continue de passer entre Pékin et certaines capitales de l’Asean tout en réitérant que la souveraineté chinoise sur les eaux concernées demeure «indiscutable».

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Vidéo Viêtnam

Au Vietnam, des bikinis mis à l’amende

La compagnie aérienne à bas coût VietJetAir a organisé, lors d’un vol inaugural, un défilé de jeunes femmes en tenue légère. Les autorités l’ont sanctionnée.

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Histoire Politique Viêtnam

Vietnam : la dépollution de l’agent orange commence

Les Etats-Unis ont entrepris le 9 août la dépollution, dans l’enceinte de l’aéroport de Danang, d’une ancienne aire de stockage de l’agent orange.

Hanoï  estime que des avions américains ont déversé «80 millions de litres» du très puissant défoliant à base de dioxine sur la moitié sud du Vietnam de 1961 à 1971. L’agent orange a «détruit l’environnement, fait des millions de victimes parmi la population vietnamienne et a eu des effets terribles sur des millions d’autres Vietnamiens qui souffrent de maux incurables», a affirmé en mai Hoang Tuân Anh, ministre vietnamien de la culture, des sports et du tourisme, dans une lettre de protestation au Comité international olympique contre le parrainage des Jeux de Londres par Dow Chemical Cy, l’un des principaux fabricants, à l’époque, de l’agent orange. Anh a ajouté que «quelques centaines de milliers d’enfants de la quatrième génération sont nés avec de sévères déformations congénitales».

Sur l’ancienne base militaire américaine de Danang, dans la partie où l’agent orange était entreposé, 70.000 mètres cubes de terre contaminée vont être nettoyés en recourant à leur surchauffe au cours des trois prochaines années. Des opérations similaires auront également lieu dans d’autres anciens entrepôts, notamment dans les aéroports de Bien Hoa et de Phu Cat dans le sud.

S’infiltrant dans l’eau et dans le sol, où elle peut stagner pendant des décennies, la dioxine est un produit chimique qui peut provoquer cancers et malformations congénitales. Dans le sud du Vietnam, les défoliants déversés par les Américains ont décimé deux millions d’hectares de forêts et deux cent mille hectares de récoltes. Les Etats-Unis vont consacrer près de 40 millions d’€ à l’opération de dépollution amorcée le 9 août.