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Tourisme : un projet de visa unique dans le bassin du Mékong

Quatre Etats riverains du Mékong étudient un projet de visa unique pour les touristes étrangers. Un cinquième pays pourrait les rejoindre.

Réunis le 14 septembre à Hochiminh-Ville, les ministres du tourisme du Vietnam, de la Birmanie (Myanmar), du Cambodge et du Laos se sont entendus sur le principe d’un visa unique pour touristes internationaux qui circulent sur leurs territoires respectifs. Ces quatre pays sont riverains du Mékong. La Thaïlande, qui forme avec les Etats précités la sous-région du Mékong, pourrait se joindre à eux si le projet d’un visa conjoint entre Bangkok et Phnom Penh s’avère efficace.

Les ministres des quatre pays pensent que le visa unique pourrait contribuer à atteindre l’objectif qu’ils se sont fixés : attirer, selon le site de Saigon Giai Phong, 25 millions de visiteurs internationaux de 2013 à 2015, dont quatre millions qui circuleraient au moins dans deux pays. Hoang Tuan Anh, ministre vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme, qui présidait la réunion dans l’ex-Saigon, a déclaré que les quatre Etats «avaient accueilli, en 2011, plus de 12,3 millions de visiteurs internationaux, soit une croissance de 14,5% par rapport à 2010». Il a ajouté  que, sur ce total, 2,1 millions d’étrangers s’étaient rendus dans plusieurs pays.

En dépit d’une croissance rapide du tourisme dans ces quatre pays – et des sites exceptionnels dont ils disposent – leurs infrastructures restent encore très en retard par rapport à celles de la Thaïlande. La prochaine réunion ministérielle se tiendra en 2013 au Cambodge.

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Le film controversé sur l’islam fait quelques vagues en Asie du Sud-Est

Manifestations, fermeture d’ambassades et interventions de Google Inc… L’impact de «L’innocence des musulmans» commence à se faire sentir dans la région.

Les manifestations de musulmans en colère se sont poursuivies le 17 septembre devant l’ambassade des Etats-Unis à Jakarta, où plusieurs dizaines de membres du Front de défense de l’islam, une organisation radicale, et des étudiants ont lancé des cocktails molotov contre des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes. Google Inc, la firme qui possède le site YouTube, où le film controversé est visible, a retiré la vidéo du site en Indonésie et en Malaisie, mais l’existence de multiples versions postées par des internautes rend difficile un blocage total de l’accès. Alors que le ministère indonésien de l’information et de la communication fait preuve de compréhension en disant apprécier la coopération de Google, le ton était nettement moins amène en Malaisie où le ministre de l’information et de la communication Rais Yatim déclarait que «le propriétaire de YouTube ne mérite pas d’être épargné par la colère des musulmans ou le long bras de la loi».

Une autre manifestation a rassemblé 300 musulmans dans la ville de Marawi, dans la région de Mindanao, au sud des Philippines, où vivent de nombreux musulmans. Les manifestants ont brûlé des drapeaux américains, mais ne s’en sont pas pris aux intérêts des Etats-Unis dans la région où sont stationnés des petits contingents de militaires américains impliqués dans la formation anti-terroriste. La principale organisation insurrectionnelle musulmane des Philippines, le Front de Libération Islamique Moro, basé à Mindano, a rejeté les appels d’Al Qaeda à attaquer des cibles américaines. Ghazali Jaafar, le leader politique de l’organisation qui observe actuellement un cessez-le-feu, a déclaré qu’on «ne vivait pas au Moyen-Age et que les lois devaient être suivies».

Le gouvernement des Philippines, archipel où la majorité de la population est catholique, a indiqué qu’il ne demanderait pas à Google Inc de bloquer l’accès au film controversé dans le pays. Une manifestation doit aussi se tenir dans la capitale de Thaïlande, Bangkok, le 18 septembre face à l’ambassade américaine, rue Wireless, à la mi-journée. L’ambassade sera fermée à partir de midi.

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L’Indonésie ou l’émergence d’une puissance moyenne

Un universitaire américain estime que l’Indonésie est devenue une puissance moyenne et qu’elle en joue désormais le rôle. Le jugement ne fait pas l’unanimité.

Bruce Gilley, enseignant à l’université d’Etat de Portland, écrit dans les colonnes du New York Times que l’évènement le plus important de la dernière tournée asiatique de Hillary Clinton a eu lieu à Jakarta, le 3 septembre, quand la secrétaire d’Etat américaine a reconnu que Washington acceptait «le leadership» de l’Indonésie dans la recherche de solutions aux «disputes territoriales» en mer de Chine du Sud, «disputes qui ont été la source de propos belliqueux, ces derniers mois, de la Chine, du Vietnam et des Philippines

Auteur d’un essai récent sur la légitimité des Etats (The Right to Rule : How States Win and Lose legitimacy), Gilley fait valoir que Washington accorde un rôle prédominant à Jakarta dans la négociation en mer de Chine du Sud parce que l’Indonésie ne se range pas dans le camp américain. Au cours de la conférence de presse conjointe avec Mme Clinton, le ministre indonésien des affaires étrangères, Marty Natalegawa, a été clair : le leadership indonésien dans cette affaire «ne signifie pas qu’il se manifeste aux dépens de tout autre parti.»

En observant une stricte neutralité dans le conflit de la mer de Chine du Sud, l’Indonésie peut avoir une influence sur la négociation et se range donc, selon Gilley, dans la catégorie des «puissances moyennes» : de 10 à 20 Etats qui, comme l’Afrique du Sud ou l’Australie, ne sont pas des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ne sont pas des géants comme le Japon, l’Inde ou l’Allemagne. L’appel à l’Indonésie est, de la part des Etats-Unis, l’aveu d’une incapacité à trouver «une réponse stratégique efficace à l’influence croissante de la Chine.»

Promouvoir le rôle de l’Indonésie contraint sans doute Washington à accepter «quelques compromis.» Mais cette attitude devrait encourager des solutions acceptables par Pékin. Il reste que résoudre ce genre de conflit prend beaucoup de temps et que le statut de «puissance moyenne» n’est pas un acquis définitif. «L’Indonésie est une puissance moyenne classique ; c’est un pays devenu récemment démocratique et qui se développe rapidement avec un potentiel militaire et diplomatique notable», estime Gilley. Mais la stabilité politique de l’archipel n’est pas garantie avec une présidence dont la popularité s’est essoufflée et une succession, en 2014, qui s’annonce pleine d’incertitudes.

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Mer de Chine du Sud : les multiples noms d’un contentieux

Les eaux entre le sud chinois et Singapour sont appelées mer de Chine du Sud pour des raisons de simplification. Car les noms abondent.

Aux yeux du Vietnam, il s’agit de la mer de l’Est. Les Chinois l’appellent la mer de Chine méridionale. Le président Noynoy Aquino a officiellement compliqué le tableau en décrétant, le 13 septembre, que la partie occidentale de ces eaux s’appelait désormais la mer des Philippines occidentales là où elles couvrent la zone économique exclusive que peut revendiquer Manille aux termes de législation internationale.

Les rapports et informations sur les contentieux, les disputes et les accrochages dans ces eaux sont simplifiés : les médias et les diplomates utilisent le terme mer de Chine du Sud ; les deux principaux archipels sont appelés par leurs noms anglophones : les Paracels (au nord) et les Spratleys (au sud). Toutefois, les Paracels sont appelés Hoang Sa par les Vietnamiens et Xisha par les Chinois; les Spratleys, Truong Sa (Vietnam) et Nansha (Chine).

La Chine revendique environ 80% de ces eaux, selon une délimitation approximative mais qui couvre les deux archipels ainsi qu’une partie à la fois du plateau continental vietnamien et de la zone économique exclusive des Philippines, au large de Palawan et de Luçon. En juin dernier, Pékin a créé un «territoire municipal» (la ville de Sansha ou ‘Trois sables’) qui inclut les deux archipels ainsi que de petits récifs, ceux de Macclesfied Bank. Pour simplifier les choses, la mairie de Nansha est située sur une île des Paracels connue sous le nom de Woody.

Les Vietnamiens sont exaspérés car ils considèrent que les Paracels et les Spratleys sont sous leur souveraineté. Les Chinois se sont installés aux Paracels en en chassant, en janvier 1974, la faible garnison sud-vietnamienne qui s’y trouvait encore. Tous les pays riverains sont présents aux  Spratleys, y compris Taïwan et la Malaisie (donc à la seule exception du petit sultanat de Brunei, sur l’île de Bornéo). Lors de la débâcle d’avril 1975, ayant reçu l’ordre de se replier sur un secteur maritime contrôlé par la flotte américaine, la marine sud-vietnamienne en avait averti son adversaire nord-vietnamien. La raison : que le Nord occupe les positions du Sud aux Spratleys avant les Chinois.

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En Indonésie, 100 millions de gens sans accès à l’eau potable

L’Indonésie a beau être une «puissance moyenne», membre du G20, près de la moitié de sa population n’a accès ni à des toilettes ni à l’eau potable. Le retard rural.

C’est ce qu’a déclaré la ministre indonésienne de la santé, Nafsiah Mboi, à l’ouverture à Bali, le 10 septembre, de la troisième conférence ministérielle de l’Asie de l’est sur l’hygiène. Elle a précisé que 55% de la population, en Indonésie, n’avait pas accès  à des toilettes et que 43% n’avait pas accès à l’eau potable. Le nombre de gens qui n’ont accès à ni à l’un ni à l’autre s’élève à 109 millions, sur une population estimée à 240 millions d’habitants.

Selon le Jakarta Globe, Nasfiah a ajouté que 76% des citadins disposaient de toilettes et d’eau potable alors que le pourcentage, chez des ruraux qui représentent la majorité de la population, n’est que de 47%. L’objectif du gouvernement est d’assurer, en 2015, l’accès aux toilettes de 62% de la  population et l’accès à l’eau potable de 68% des gens. Le gouvernement, a-t-elle précisé, aura     besoin de plus de 4 milliards d’€ de crédits d’ici à 2020 pour financer une infrastructure dans ce domaine.

Ces mesures sanitaires sont indispensables pour réduire la mortalité infantile dans la région, notamment pour cause de diarrhée, deuxième facteur de la mortalité infantile. «En Asie de l’est, environ 450 millions de cas de diarrhée ont lieu chaque année et le nombre des décès dus à la diarrhée s’élève à 150.000», a déclaré un fonctionnaire de l’OMS lors de la même conférence. Sur les 700 millions de gens qui, en Asie de l’est, n’ont pas accès à des toilettes, plus de cent millions se soulagent dans la nature, a-t-il ajouté. Le manque d’hygiène affecte la fréquentation scolaire et encourage la poursuite du cycle de pauvreté.

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Asie

Selon une étude en Asie, paludisme et évolution génétique sont liés

Des chercheurs constatent que les souches du paludisme influencent l’évolution du génome humain.

Une équipe de chercheurs originaires d’Australie et de Papouasie-Nouvelle Guinée a découvert, après une étude de terrain dans ce dernier pays, que les deux souches connues du paludisme influençaient l’évolution génétique de l’homme en dotant un certain nombre de personnes d’un mécanisme d’auto-protection face au parasite.

Selon un article publié dans le journal médical en ligne Plos Medecine, ces scientifiques ont d’abord été intrigués par la prévalence parmi les habitants de Papouasie Nouvelle-Guinée d’un désordre au sein des cellules rouges du sang, appelé Ovalocytose du Sud-Est Asiatique (SAO) : 35% des résidents des côtes du pays étaient porteurs de cette anomalie qui affecte une protéine de la membrane des cellules et déforme celles-ci. Cette région est aussi une zone de forte prévalence des deux souches du paludisme, vivax et falciparum.

Une étude menée auprès de 1.975 enfants dans la région de Madang en Papouasie Nouvelle-Guinée a montré que le risque d’infection par les deux souches du paludisme était réduit entre 46 % et 55 %. Les chercheurs tenaient déjà pour acquis que la présence dans une zone de la souche falciparum – qui tue un million de personnes dans le monde chaque année – exerçait une influence sur l’évolution génétique, en favorisant la survie des plus adaptés. L’étude en Papouasie Nouvelle-Guinée montre que ces derniers sont ceux qui sont porteurs de l’Ovalacytose du Sud-Est Asiatique, mais aussi que la souche vivax, généralement considérée comme « bénigne », est aussi un facteur d’évolution du génome humain. Ces chercheurs estiment que cette découverte va aider la recherche pour mettre au point un vaccin contre le paludisme.

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Indonésie : une Chine bruyante dans les hôtels de Bali

Les touristes chinois passent pour ne pas être particulièrement discrets. Bali en souffre car ils sont de plus en plus nombreux. Mais les recettes enflent.

Le nombre des visiteurs chinois à Bali, en Indonésie, a augmenté de 53% pendant le premier semestre de 2012 par rapport à la période équivalente de 2011. La Chine est ainsi devenue la deuxième source de touristes étrangers à Bali après l’Australie. Et les Chinois pèsent donc dans les recettes de l’île. Mais ils sont bruyants : ils parlent fort, s’interpellent de loin, chantent à table (l’alcool aidant), bousculent parfois les gens et font fuir le client, du moins celui qui recherche le calme des couchers de soleil sur des rivages de l’île des Dieux et non la cacophonie des boites de nuit ou des magasins de souvenir de Kuta.

Ce dilemme est réel dans d’autres circuits touristiques : au Cambodge, à Siem Reap, la ville des temples d’Angkor, les groupes de touristes chinois ont une réputation identique. L’ensemble de l’Asie du Sud-Est doit s’accommoder de ces nouveaux visiteurs venus du nord, de plus en plus fortunés. Ils font partie de ces échanges qui se sont multipliés avec l’ancien Empire du milieu au fil des dernières décennies.  Le Washington Post rappelle que depuis la visite en Indonésie du président chinois Hu Jintao, voilà sept ans, le commerce entre les deux pays a quadruplé, à telle enseigne que la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de l’Indonésie après le Japon.

Une dégringolade du taux d’expansion de l’économie chinoise ramènerait sans doute un peu de calme dans certains hôtels de Bali. Mais ce n’est pas encore le cas : de 9,2% en 2011, le taux de croissance chinois devrait être proche de 7,5% en 2012, ce qui demeure solide. Les touristes chinois ne semblent pas, pour le moment, pâtir de ce ralentissement et les recettes de Bali devraient continuer d’enfler. Dans le bruit.

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L’Apec et le (re)tour de Vladimir Poutine

La Russie se tourne vers l’Est : tel est le message de Vladimir Poutine à l’occasion d’un sommet de l’Apec dont il vient d’être l’hôte à Vladivostok.

Quelques mois après avoir retrouvé le Kremlin et un mois après l’adhésion de la Russie à l’OMC, Vladimir Poutine a fait sa rentrée asiatique en accueillant à Vladivostok le gratin de l’Asie-Pacifique. Seul manquait à l’appel Barack Obama, retenu par sa campagne pour un deuxième mandat présidentiel. Rentrée russe qui n’a pas manqué d’allure : un centre de conférence futuriste sur l’île Russki désormais rattachée à Vladivostok par un spectaculaire pont d’un coût de près d’un milliard d’€. Poutine en a profité pour présenter son pays comme l’intermédiaire évident entre l’Asie et les marchés européens.

L’Apec (Asia-Pacific Economic Cooperation) est un forum commercial de 21 Etats ou entités (Hong Kong et Taiwan en font partie) créé en 1989 à l’initiative de l’Australie. Son sommet annuel présente l’avantage de réunir les principaux dirigeants d’une région de plus en plus influente, qui abrite les deux cinquièmes de l’humanité, 54% de l’économie mondiale et 44% du commerce international. A l’issue de 48 heures d’échanges et de réunions, le premier ministre néo-zélandais John Key a résumé le sentiment général en estimant que «l’économie mondiale est encore fragile» mais que la «confiance» l’emporte en ce qui concerne la possibilité de traverser la crise et d’en sortir.

Alors que ce sommet a souligné le virage de la Russie en direction de l’Asie, peu de temps après celui  des Etats-Unis, le président Susilo Bambang Yudhoyono en a profité pour lancer un appel à investir dans les projets d’infrastructure en Indonésie, lesquels représenteront la bagatelle de 400 milliards d’€ de fonds publics et privés d’ici à 2025. L’Indonésie assurera la présidence tournante de l’Asean en 2013 et accueillera à Bali le prochain sommet de l’Apec. Ce sera ensuite le tour de la Chine (2014), puis des Philippines (2015).