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Face aux Philippines, la main chinoise est trop forte

Dans la dispute qui oppose Pékin à Manille en mer de Chine du Sud, les Philippines disposent de très peu d’atouts, militaires comme économiques. Une main faible.

La Chine est devenue le troisième partenaire commercial des Philippines, avec des échanges d’un montant de 23 milliards d’€ en 2011. Manille et Pékin ont décidé de doubler ce montant d’ici à 2016, ce qui fera de la Chine le premier marché pour les produits philippins. C’est un atout auquel Pékin peut faire appel en cas de désaccord sur les frontières maritimes entre les deux pays.

Selon le Manila Bulletin, 150 conteneurs de bananes importées des Philippines sont en train de pourrir sur les quais de ports chinois à la suite d’inspections poussées qui ont fait état de la présence d’«insectes». Parallèlement, l’Administration chinoise du tourisme a déconseillé de se rendre aux Philippines et trois compagnies aériennes chinoises ont réduit leurs vols en raison d’un manque de passagers.

Ces mesures soulignent à quel point les Philippines sont dépendantes économiquement de la Chine, au moment où Manille négocie avec Pékin des projets de contrats chinois d’un montant de 6 milliards d’€. En recourant à des bateaux de pêche, formés aux missions en eaux disputées et protégés par des bateaux armés placés à courte distance, Pékin n’a pas besoin de faire intervenir sa marine de guerre (ce qui risquerait de provoquer une réaction américaine).

Le seul navire de guerre philippin présent à proximité du récif de Scarborough, où un face-à-face se poursuivait depuis le 10 avril, s’est donc retiré. «Je pense qu’on en restera là pour le moment», a déclaré Scott Harold, expert de la Rand Corporation, au Christian Science Monitor. En ajoutant : «Pékin a indéniablement le dessus dans le contrôle du récil de Scarborough. Les Chinois n’ont rien à gagner en recourant à la force. Les Philippines, de leur côté, sont si faibles militairement qu’elles vont être très prudentes».

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En Asie du sud-est, deux Coréens qui ne se rencontrent pas

Le chef  de l’Etat (nominal) de la Corée du Nord est en Indonésie ; le président (élu) de la Corée du Sud est en Birmanie. Etrange ballet.

Le ballet est d’autant plus étrange que, voilà deux ans à peine, la Birmanie (Myanmar) n’avait d’yeux que pour Pyongyang et que les deux régimes étaient soupçonnés de collaboration nucléaire par les Occidentaux. Reçu par le président Thein Sein à Naypyidaw le 14 mai, Lee Myung-bak est, en outre, le premier chef d’Etat sud-coréen à se rendre en Birmanie depuis près de trois décennies : en 1983, l’un de ses prédécesseurs, Chun Doo-hwan, avait échappé de justesse à un attentat qui avait fait, à Rangoon, 21 victimes, dont quatre ministres sud-coréens. Trois Nord-Coréens avaient été arrêtés : l’un s’est suicidé en prison, le second a été pendu et le troisième est mort en détention en 2008. A l’époque, le dictateur Ne-Win avait rompu les relations diplomatiques avec Pyongyang (rétablies en 2007).

Il faut croire qu’avec le changement de gouvernement en Birmanie, les réticences des Sud-Coréens se lèvent. Leurs investissements se multiplient et une coopération officielle s’amorce. Le 15 mai, le président Lee a rendu visite à Mme Aung San Suu kyi à Rangoon.

Entre Jakarta et Pyongyang, il ne s’agit pas d’une alliance mais de relations qui remontent aux années 50. Si Kim Yong-Nam, 84 ans, président de l’Assemblée populaire suprême du Nord, en est à sa troisième visite en Indonésie, c’est bien parce que l’Indonésie entend maintenir un canal de communication avec le régime ermite dont les souverains, y compris l’actuel, Kim Jong-Un, ne prisent guère les voyages à l’étranger (à l’exception notoire de ceux en Chine).

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En mer de Chine du Sud, un face-à-face et ses limites

Le ton monte entre Pékin et Manille. Le face-à-face naval à Scarborough peut encore dégénérer. Toutefois, le contraire est plus plausible.

Pékin a réagi vivement aux petites manifestations anti-chinoises organisées, le 11 mai, par des Philippins à Manille et dans d’autres villes, y compris à l’extérieur des Philippines. La Chine a accusé le gouvernement philippin d’avoir «encouragé» le mouvement, ce que ce dernier a démenti. Pékin a pris des mesures de rétorsion : contrôle plus stricts de produits philippins importés et quarantaine pour les fruits ; contingentement des touristes chinois se rendant aux Philippines.

Entre-temps, à proximité du récif de Scarborough revendiqué par les deux pays, le face-à-face entre bateaux armés se poursuit depuis plus d’un mois. Chacun campe sur ses positions, mais sans annoncer de renforts, lesquels pourraient être dépêchés sur place, il est vrai, très rapidement. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. La marine philippine ne fait pas le poids face à la chinoise.

Certes, des dérapages sont toujours possibles quand deux adversaires se placent, au moins en partie, sur un pied de guerre. Et, sur le fond, la Chine dénonce ce que le quotidien de l’armée populaire qualifie de «changement de cap stratégique, de la part des Etats-Unis, vers l’Est», une allusion, en particulier, à l’installation progressive de 2.500 fusiliers-marins américains dans le nord de l’Australie. Depuis 2010, ajoute le journal, l’«intervention» des Etats-Unis «dans le débat sur la mer de Chine du Sud a offert aux Philippines un espace pour manœuvrer et a, dans une certaine mesure, renforcé leur main à notre égard, les encourageant à suivre une voie risquée».

Réserves dans les deux camps

Toutefois, s’il est exact qu’une alliance existe entre les Etats-Unis et les Philippines et que des centaines de soldats américains sont en quasi-permanence sur le territoire philippin depuis le début du siècle, Washingon est demeuré en retrait dans la dispute de Scarborough, se contentant d’exiger le non recours à la force pour la régler. Les Philippins se feraient quelques illusions en estimant qu’ils pourraient bénéficier de l’appui solide des Etats-Unis et de la société internationale dans cette affaire. Même l’Asean, dont Manille est l’un des membres fondateurs, est paralysée par des divisions dans le contentieux territorial qui oppose, en mer de Chine du Sud, la Chine à quatre de ses membres (outre les Philippines, Brunei, la Malaisie et, surtout, le Vietnam).

De leur côté, les Chinois n’ont pas davantage envie d’une confrontation. Le PC chinois est en pleine campagne pour le renouvellement de sa direction en 2013, une campagne très dure si l’on s’en tient à l’affaire Bo Xilai. La Chine est également confrontée à un effritement de son modèle de croissance rapide. Même si une opération de diversion peut être la bienvenue, Pékin souhaite éviter un conflit en mer de Chine du Sud tout en faisant comprendre aux Philippins, sans ménagement, qu’ils doivent revoir leur copie avant de monter au créneau.

Enfin et surtout, les deux principales puissances de l’Asie-Pacifique ont beau être méfiantes l’une vis-à-vis de l’autre, elles cherchent néanmoins une entente sur certaines règles de jeu. Faits sans précédents depuis 1971, c’est-à-dire depuis l’établissement de premiers contacts directs lors du voyage clandestin de Henry Kissinger en Chine, deux ressortissants chinois ont été remis, en 2012, aux autorités chinoises après s’être réfugiés dans des légations diplomatiques américaines. Certes, les deux cas sont bien différents et le sort de Chen Guangcheng, le dissident aveugle, n’est pas encore résolu. Mais que Pékin et Washington puissent aujourd’hui parvenir à gérer de telles crises laisse au moins entendre qu’il en faudrait plus pour déboucher sur un divorce. Et les contentieux en mer de Chine du Sud, si graves soient-ils à long terme, n’en seront pas, pour le moment, l’objet.

Jean-Claude Pomonti

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L’Asie reste le moteur de la croissance mondiale en 2012

Si ses exportations vers l’Occident diminuent, la région continue de s’imposer comme « l’ancre de la stabilité économique mondiale », écrit une agence onusienne dans son dernier rapport.

La Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (Economic and Social Commission for Asia and the Pacific ou Escap) a rendu publiques le 10 mai ses projections économiques pour les mois à venir. En 2012, la croissance dans l’ensemble de l’Asie-Pacifique se tassera légèrement, passant de 7 % en 2011 à 6,5 %. Principale raison, une demande en recul en Europe et en Amérique du Nord. «Cependant, un ralentissement de la croissance aidera à maîtriser l’inflation qui devrait, cette année, s’élever à 4,8% contre 6,1% en 2011», précise l’Escap dans un son «Etude économique et sociale».

La volatilité du prix des matières premières constitue un des principaux défis auxquels la région est confrontée. L’Asie du sud-est (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) n’y échappe pas. Mais, si elle est «gravement affectée par la crise mondiale», elle devrait enregistrer malgré tout une croissance en légère hausse cette année (+5,2%), portée par le «prompt rétablissement» de la Thaïlande (+5,8% en 2012) après les inondations catastrophiques de l’année précédente. Le taux de croissance en Indonésie, première économie de l’Asean, devrait avoisiner les 6,5% en 2012 grâce avant tout au dynamisme de son vaste marché intérieur. Toutefois, pour consolider sa croissance, l’archipel devra s’efforcer d’accroître «le nombre d’emplois de qualité», le secteur informel représentant toujours 60% des emplois.

Singapour, qui avait rebondi en 2010 de manière exceptionnelle (+14,8%), devra se contenter de 3% de croissance cette année. La Malaisie voisine, qui ambitionne de rejoindre la catégorie des pays développés en 2020, continue de souffrir de grandes inégalités de revenus, note l’ Escap qui lui recommande des réformes plus en profondeur que les quelques aides dispensées aux ménages les plus modestes. En 2012, son taux de croissance devrait s’élever à 4,5%, en léger retrait par rapport à 2011. Un taux similaire (+4,8%) est annoncé pour les Philippines qui devraient lancer un programme de grands travaux, comptera sur le secteur d’externalisation des services (« outsourcing ») en pleine expansion ainsi que sur des transferts de fonds par les Philippins émigrés toujours aussi importants (20 milliards de dollars en 2011).

Parmi les pays ayant intégré l’Asean à la fin des années 90, le Vietnam, qui a redoublé d’efforts pour juguler une inflation galopante, devrait connaître une croissance de 5,8%. La maîtrise de l’inflation – qui devrait retomber sous la barre des 10% au second semestre 2012 – aidera à stimuler la consommation et à améliorer la confiance des investisseurs. Porté par les secteurs de la confection textile, de l’agriculture et du tourisme, le Cambodge, largement dépendant des marchés européen et nord-américain, résistera bien avec 6,7% de croissance. Les réformes politiques et économiques en cours au Myanmar (Birmanie) devraient dynamiser l’économie en attirant davantage d’investissements étrangers et une assistance technique plus importante. Son taux de croissance pourrait ainsi atteindre 6,2% contre 5,5% en 2011. Mais l’ouverture actuelle, insiste l’ESCAP, «devra s’accompagner d’une hausse des investissements dans l’éducation, la santé, le développement rural et les infrastructures». Dans son rapport, l’ Escap n’a pas passé en revue ni le Laos, ni Brunei.

 

 

 

 

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La lutte contre des médicaments à base de fœtus humain

Des gélules de poudre aphrodisiaque à base de fœtus humain ? La police et les services de santé ont reçu l’ordre, au Vietnam, d’en interdire la circulation.

Ce sordide commerce a été découvert en Corée du Sud avec la saisie, par les services des douanes, de 17.450 gélules à base de fœtus ou de déchets humains. Ces capsules, présentées comme des revigorants, ont été trouvées dans les bagages de voyageurs ou dans des courriers postaux. Les Sud-Coréens disent qu’elles sont fabriquées dans le nord-est chinois et que des ressortissants sud-coréens sont les responsables des tentatives d’exportation.

La Chine, où la politique de l’enfant unique prévaut encore, a rapidement indiqué qu’aucune gélule de ce type circulait sur son territoire. Mais le Vietnam a choisi la prudence. Si aucune gélule n’a été repérée sur ses marchés, sa frontière terrestre avec le géant chinois reste très poreuse. Ordre a donc été donné à la police et aux services de santé de renforcer les contrôles. Le public a été, de son côté, invité à écarter les médicaments d’origine douteuse.

La douane sud-coréenne a également rapporté,  selon le site Vietnamnet.net, que le processus «horrifiant» de fabrication de la poudre impliquait l’émiettement au couteau de débris humains avant de les passer dans un four avant leur séchage. Les gélules seraient porteuses de microbes. Personne n’a fait état de la présence de ces gélules au Laos, au Cambodge, en Birmanie ou en Thaïlande.

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Pékin n’a pas peur d’une escalade en Mer de Chine du Sud

Accusant Manille d’avoir commis de «sérieuses erreurs», la Chine s’est «préparée à répondre à toute escalade» en Mer de Chine du Sud. Si tu veux la paix…

Pékin ne reculera pas, tel est le message transmis par Fu Ying, une vice-ministre chinoise des affaires étrangères, aux Philippines à propos d’un face-à-face maritime qui dure depuis un mois auprès du récif disputé de Scarborough, à 220 km au large de l’île philippine de Luçon. «Ne jamais faire de compromis» lorsque la souveraineté chinoise est en jeu, titre, de son côté, le China Daily. Le message est valable également pour le Vietnam et les autres pays d’Asie du sud-est (Malaisie, Brunei) qui sont présents dans ces eaux ou en revendiquent une part.

Autrement dit, la ligne officielle chinoise est de répondre aux «provocations continues» attribuées à Manille dont la faible flotte a tenté, sans succès, d’empêcher des chalutiers chinois de piller ses réserves de poissons. Dans un communiqué diffusé le 8 mai, Fu Ying a accusé le gouvernement philippin d’avoir émis des commentaires «erronés» sur la situation.

Toutefois, souligne le Christian Science Monitor, Washington a fait part de sa neutralité dans le face-à-face, «un geste apprécié à Pékin». Le China Daily a estimé que la neutralité américaine «contribuait à la stabilité». Enfin, le président philippin Benigno Aquino aurait décidé d’autoriser dans ces eaux l’exploration (gaz et pétrole) par des compagnies chinoises afin de «séparer dispute politique et opérations commerciales», toujours selon le Christian Science Monitor.

 

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Une monnaie unique en Asie du sud-est ? Hors de question

Les graves difficultés de la zone euro contribuent à reporter l’idée d’une monnaie unique dans la zone Asean. Et à la reporter pour un bon bout de temps.

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Cours préparatoire: pas avant l’âge de sept ans

Un débat sur l’âge du début des études : sept ans ? Six ans ? Les enfants étant murs plus jeunes, l’instruction peut démarrer plus tôt, estiment des experts.

A Singapour, aux Philippines et en Malaisie, l’instruction formelle débute à l’âge de six ans. En Indonésie, le ministre de l’éducation, Muhammad Nuh, et celui des affaires religieuses, Suryadharma Ali, en ont décidé autrement. «L’âge parfait pour entrer dans le primaire est sept ans ; les écoles publiques  n’accepteront que des enfants âgés de sept ans et plus», ont-ils décidé dans une circulaire conjointe émise en juin 2011.

Cette décision fait débat. «Les experts sur les questions d’éducation et de développement des enfants disent qu’il faut prendre en considération une série de facteurs et que chaque enfant est un cas différent, mais le gouvernement estime qu’il a trouvé la réponse : l’âge de sept ans», rapporte, le 30 avril, le Jakarta Globe. «Les enfants se développent plus vite qu’auparavant», estime Suryani Sukowati. «Les faire attendre l’âge de sept ans n’est vraiment pas nécessaire», ajoute cette conseillère en éducation.

Selviana Pardosi, spécialisée dans le développement des enfants, pense que l’Indonésie a raison. «A sept ans, les enfants sont capables d’interagir avec d’autres enfants», dit-elle. Un porte-parole du ministère de l’éducation, Ibnu Hamad, reconnaît que les enfants peuvent apprendre à lire, à écrire et à compter sans attendre l’âge de sept ans.  Son conseil aux parents : en attendant, « mettez-les dans une école privée ».