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Pékin fait à nouveau monter les enchères en mer de Chine du Sud

Les patrouilleurs maritimes chinois ont reçu l’ordre d’expulser tout bâtiment qui pénètre illégalement dans des eaux revendiquées par la Chine.

Pékin maintient une pression constante dans cette mer méridionale que lui disputent, en partie ou totalement, cinq Etats riverains (Vietnam, Philippines, Taïwan, Malaisie et Brunei). Après avoir agrémenté les nouveaux passeports chinois d’une carte de cette mer, dont la Chine revendique 80% des eaux, le Parlement de Hainan, l’île méridionale chinoise, a annoncé que la police maritime de cette province avait reçu l’autorisation, à partir de 2013, «d’aborder, de saisir et d’expulser les bateaux étrangers qui pénètrent illégalement dans les eaux de la province».

Un certain flou subsiste : Pékin n’a fourni qu’en pointillés les limites des eaux que la Chine place sous sa souveraineté. La Chine ne précise pas non plus ce qu’elle considère comme la présence «illégale» d’un bâtiment sur l’une des voies maritimes les plus fréquentées de la planète. Mais ces zones d’ombre signifient également que la Chine s’octroie le droit de faire ce qu’elle veut dans une immense étendue maritime qu’elle considère sous sa juridiction.

L’affaire des passeports a d’autant plus provoqué un tollé que la carte de la Chine qu’ils affichent inclut également les zones disputées depuis des décennies avec l’Inde. Deux capitales, Hanoï et Manille, refusent de tamponner les nouveaux passeports chinois et  délivrent des visas à leurs titulaires sur des formulaires à part. Plusieurs autres capitales ont protesté, dont Jakarta et Washington

«C’est vraiment trop. Pendant que nos recourons à tous les moyens pacifiques, voilà ce qu’ils font», a réagi, selon le Straits Times de Singapour, le général Juancho Sabban, qui commande la région militaire des Philippines orientales. Il s’agit «du droit légitime d’un Etat souverain à exercer la gestion de ses eaux», a aussitôt rétorqué Hong Lei, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. Selon le China Daily, les activités illégales incluent «l’entrée sans permission dans les eaux de Hainan, les dommages commis aux installations de défense et l’engagement d’une publicité qui menace la sécurité nationale». Si le flou artistique se poursuit, la pression n’en monte pas moins de plusieurs crans.

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Passeports chinois : la mer de Chine du Sud au rendez-vous

Les nouveaux passeports de la République populaire de Chine comprennent une carte qui inclut l’essentiel de la mer de Chine du Sud. A bon entendeur…

Le Vietnam et les Philippines ont compris le message : les Chinois, qui revendiquent 80% des eaux de la mer de Chine du Sud, sont chez eux et y font ce qu’ils veulent. Le gouvernement vietnamien a formellement objecté auprès de l’ambassade de Chine à Hanoï et Manille a «fortement protesté» par voie diplomatique en découvrant, selon Les Echos, que les nouveaux passeports chinois étaient dotés d’une carte qui incluait, en mer de Chine du Sud, une unité administrative formée unilatéralement par la Chine et portant le nom de Shansha.

La «ville» de Shansha est, selon Pékin, située sur une île des Paracels généralement appelée Woody (que les Chinois appellent Yongxing). Son territoire couvrirait les Paracels, l’ensemble de Macclesfield, le récif de Scarborough (où une sérieuse tension a régné pendant plusieurs semaines entre la Chine et les Philippines) ainsi que l’archipel plus vaste des Spratleys où sont également présents la Malaisie, Brunei et Taïwan.

La création de Shansha avait été suivie de l’annonce, par l’armée chinoise, de la décision d’installer une garnison sur place. Les Chinois avaient chassé manu militari, en 1974, la petite garnison sud-vietnamienne des Paracels, héritage de la colonisation française. Un affrontement brutal entre marines de guerre chinoise et vietnamienne avait fait, en 1988, des dizaines de morts dans les rangs vietnamiens aux Spratleys.

La carte figurant sur les nouveaux passeports chinois «n’est pas ciblée à l’encontre de tel ou tel pays» et Pékin «souhaite communiquer avec les nations impliquées et promouvoir le développement sain de contacts» sur ce dossier, a expliqué le 23 novembre le ministère chinois des Affaires étrangères. Le grignotage chinois en mer de Chine du Sud se poursuit.

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Asie du Sud-Est : la grippe aviaire recule

Le H5N1, virus de la grippe aviaire, recule depuis plus d’un an. Auparavant, l’Asie du Sud-Est a été l’une des régions du monde les plus affectées.

Le nombre des réapparitions rapportées du H5N1 dans les élevages de volailles et parmi les oiseaux sauvages a décru depuis la mi-2011 et a nettement baissé pendant le deuxième trimestre de 2012, selon la FAO. Six pays ont rapporté à l’agence onusienne 98 cas d’élevages de volailles affectés par le H5N1 et cinq cas d’oiseaux sauvages d’avril à juin 2012, selon le Cidrap (Center for Infectious Disease Research & Policy, de l’université de Minnesota). Parmi les pays concernés figurent le Cambodge, l’Indonésie et la Chine.

Pendant cette période, le déclin du nombre de cas de grippe aviaire a été le plus sensible en Egypte et en Indonésie. Des pays qui sont affectés de façon plus sporadique – comme le Vietnam, le Japon ou la Corée du Sud – n’ont rapporté aucun cas. Le H5N1 avait reculé de 2003 à 2008 avant une nouvelle avancée de la mi-2008 à la mi-2011.

La FAO a néanmoins appelé à la prudence : tous les cas de H5N1 ne sont pas rapportés et «les signes cliniques [de la maladie] peuvent être masqués par le recours régulier à la vaccination des élevages de volailles». En outre, le deuxième trimestre marque la fin de la saison du H5N1, souligne le rapport de la FAO (pendant le premier trimestre de 2012, 198 cas ont été rapportés dans onze pays).

Le Vietnam a eu beau ne rapporter aucun cas pendant le deuxième trimestre, le virus pourrait être endémique dans le delta du Mékong et les provinces qui entourent Hochiminh-Ville. Neuf cas de transmission à l’homme ont été rapportés pendant le deuxième trimestre de 2012 dans quatre pays, dont le Cambodge et l’Indonésie. En 2012, sur 30 personnes sont tombées malades, 19 sont mortes, dont la dernière en août en Indonésie (en 2011, 62 cas ont été rapportés, dont 34 morts).

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Mer de Chine du Sud : la phase dépassée du Code de conduite

En 2002, la Chine et l’Asean s’étaient mises d’accord sur le principe d’un Code de conduite en mer de Chine du Sud. Rien n’a été fait. Y aurait-il une solution ?

Voilà dix ans, face aux conflits de souveraineté en mer de Chine du Sud, la Chine et l’Asean ont admis le principe d’un Code de conduite commun. Depuis, Pékin a fait marche arrière : le Code de conduite interviendra au «moment opportun», disent les Chinois, et seules des négociations bilatérales sont concevables. Entre-temps, la Chine a profité de sa supériorité militaire pour faire la police maritime, y compris dans les zones économiques exclusives des Philippines et du Vietnam. De leur côté, les Etats-Unis sont entrés dans la danse en affirmant, depuis 2010, que des négociations globales doivent avoir lieu entre la Chine et l’Asean. Aujourd’hui, plus rien ne bouge et l’impasse semble totale. Mais l’est-elle vraiment?

L’une des raisons de la paralysie est la désunion au sein de l’Asean, dont la moitié des dix membres n’est pas directement concernée par la volonté chinoise de contrôler 80% des eaux de la mer de Chine du Sud. Les altercations de 2012, au sein de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, laissent penser qu’aucun consensus ne peut se dégager. La Birmanie, même si elle a pris ses distances à l’égard de la Chine, croule sous ses propres problèmes. Le Cambodge privilégie ses relations avec Pékin. Ni le Laos ni la Thaïlande ni même Singapour ne monteront au créneau pour inviter la Chine à davantage de souplesse en mer de Chine du Sud.

Les pays directement concernés sont le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, auxquels peut s’ajouter l’Indonésie, dont les gisements de gaz off-shore de Natuna se trouvent à la limite des eaux revendiquées par Pékin. Ancien directeur de la Far Eastern Economic Review et observateur averti de la région, Philip Bowring suggère que ces cinq Etats, au lieu de tenter en vain de rallier à leur cause d’autre Etats indifférents de l’Asean, forment un groupe de travail «lié de façon informelle à l’Asean» et susceptible de proposer «un consensus sur la négociation avec la Chine». La présence de l’Indonésie, estime-t-il dans les colonnes du Wall Street Journal, serait indispensable pour renforcer la présence du monde malais et donner plus d’autorité au groupe aux yeux des Chinois.

La première tâche de ce groupe serait de s’entendre sur l’histoire de la région antérieure à l’arrivée des Occidentaux et à l’expansion chinoise (les Chinois n’ont, par exemple, colonisé Taïwan qu’en 1650 ; ils ont été chassés du Vietnam en l’an 969). Dans une deuxième phase, poursuit Bowring, les cinq pays devraient régler les contentieux maritimes qui les opposent entre eux (notamment en ce qui concerne la zone très disputée de l’archipel des Spratleys), quitte à s’en remettre à une juridiction internationale pour régler le sort de zones qui se chevauchent.

Bowring estime que la formation de ce nouveau groupe, qui représenterait les deux tiers des côtes de la mer de Chine du Sud, renforcerait la main des pays qui le forment dans une négociation avec Pékin et ramènerait un peu de sérénité dans les rangs de l’Asean où la question de la mer de Chine du Sud a suscité quelques amertumes, encore plus prononcées que celles, autrefois, à propos de la Birmanie. De toute manière, écrit-il, ce développement contribuerait à remettre sur les rails une Asean «qui paraît de plus en plus sans prise sur une agression chinoise».

Que Brunei ait pris la relève du Cambodge à la présidence de l’Asean, jusqu’à la fin 2013, pourrait faciliter les choses. Les Philippines ont déjà annoncé une réunion, le 12 décembre à Manille, des vice-ministres de la Défense des quatre Etats directement impliqués en mer de Chine du Sud. On verra alors ce qu’ils comptent faire et comment réagit Jakarta.

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Barack Obama en Asie du Sud-Est : le coup de maître birman

Le point fort de la tournée du chef de l’Etat américain demeurera sa visite à Rangoon, où il a ancré l’espérance, sentiment rare par les temps qui courent.

Six heures seulement à Rangoon, capitale déchue depuis 2005 par la volonté mégalomaniaque d’un ancien tyran qui avait choisi d’extraire de la jungle Naypyidaw, nouvelle capitale isolée, ville surréaliste pour dieux-rois, bunker-retraite pour généraux apeurés par la nouvelle planète, ces mêmes généraux qui avaient refusé en 2008, aux populations du delta de l’Irrawaddy dévasté, l’aide internationale acheminée par bateaux.

Une demie heure à l’Université de Rangoon, fermée près d’une année sur deux pendant deux décennies, fermée comme un refus du savoir, de l’avenir, de l’ouverture sur une jeunesse et sur le monde. Une génération délibérément sacrifiée. Barack Obama a fait rêver les étudiants non en leur promettant la lune mais en leur rappelant que le chemin serait long, plein d’obstacles, et en affirmant qu’il continuerait de se tenir à leurs côtés comme il l’a fait au cours des quatre dernières années.

La grâce ? Thein Sein n’en est plus un officier déguisé en civil mais un gouvernant fréquentable, qui bénéficie d’un préjugé favorable et qui fait face à une tâche surhumaine. Mme Suu Kyi n’en est plus l’assignée permanente à résidence, muselée. Elle rebondit sur terre, met en garde contre les défis à venir et s’apprête à mettre les mains dans le cambouis.

Après avoir recherché une solution avec l’aide de Hillary Clinton, Barack Obama a enfin trouvé la brèche et l’a exploitée dès la première opportunité. Etat-voyou hier, attiré par le nucléaire nord-coréen, la Birmanie n’est plus le même pays aujourd’hui. Ses conflits ethniques, les retards de ses campagnes, son déficit de structures, son sous-développement ne sont plus statiques. Elle part de très loin, mais elle bouge.

Du coup, le Cambodge qui se modernise, ouvert à tous, les bons comme les mauvais, a vu ses gouvernants tancés comme de mauvais élèves, enfoncés à s’en cacher dans les profondeurs de leurs fauteuils de nouveaux riches. Ils ont pris un coup de vieux. Certes, ils se rattrapent en se disant que les leçons de morale américaine ne durent qu’un temps et que ce qui compte le plus est de conserver quelques bons amis aux poches pleines. Mais, dans ce genre de panorama très large, il y a les habitudes d’hier et celles de demain, avec une Thaïlande égale à elle-même, plantée en plein milieu du décor, qui ne dit jamais non mais se contente, souvent, d’observer.

Barack Obama le réélu, qui n’a même pas pris le temps de sabrer le champagne de la victoire, s’est précipité à l’est. Dès le premier voyage à l’étranger et en Asie de son second  mandat, il a su trouver un souffle en dépit de l’environnement dans lequel il s’est retrouvé. Vladimir Poutine a fait faux bond, Wen Jiabao est un premier ministre sur le départ, le chef du gouvernement japonais Yoshhiko Noda ne survivra pas aux élections qu’il vient d’annoncer, le premier ministre du Vietnam est controversé et le président sud-coréen s’apprête à prendre sa retraite.

En outre, l’année qui vient n’annonce pas de bouleversements. L’Asean a beau s’être entendue sur le refus d’une «internationalisation» des contentieux en mer de Chine du sud, ce consensus a été exprimé du bout des lèvres et ne satisfait déjà pas le président Aquino des Philippines (et si les Vietnamiens ne disent encore rien, ils n’en pensent pas moins). Ce contentieux se résorbe d’autant moins qu’en 2013, Chinois et Américains auront d’autres priorités : les premiers, avec l’écart croissant entre riches et pauvres ou la dégradation de leur environnement ; les seconds avec leur économie.

Visant le long terme, Obama aborde déjà un rééquilibrage de son pivotement vers l’Asie en insistant désormais davantage sur les aspects économiques, non les militaires. Personne, pour le moment, ne semble avoir envie d’en découdre et c’est une partie complexe qui se réamorce. Les points marqués à Rangoon par Obama font déjà réfléchir Pékin.

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Asie du sud-est : le bond des achats d’armes, face à la Chine

Les gouvernements de la région multiplient leurs achats d’armes. La raison première: la montée en puissance du géant chinois.

Lorsqu’une vingtaine de dirigeants de l’Asie-Paicifique se réuniront à Phnom Penh, le 20 novembre, ils ne pourront pas oublier que l’Asie du sud-est s’arme à tours de bras, estime le Sydney Morning Herald.  Le quoditien de Sydney rapporte que, selon l’International Peace Research Institute (Stockholm), les budgets militaires ont augmenté, en Asie du sud-est, de 13,5% en 2011 pour atteindre un total de plus de 25 milliards de dollars. Les projections indiquent que ce montant sera porté à 40 milliards de dollars en 2016.

L’Institut de Stockholm estime que les budgets de défense de l’Indonésie, du Vietnam, de la Thaïlande et du Cambodge ont augmenté dans une fourchette de 66% à 82% pendant la première décennie du XXI° siècle. Jakarta, poursuit le Sydney Morning Herald, achète des sous-marins à la Corée du Sud et des systèmes de radars côtiers à la Chine ; Hanoï se fournit en sous-marins et en avions d’attaque auprès de la Russie (et aurait également acquis des missiles balistiques israéliens).

Cinquième importateur mondial d’armes, Singapour a un budget de la defense de 9,7 milliards de dollars en 2012 (24% du budget national). Ses achats comprennent des chasseurs-bombardiers américains et des sous-marins suédois. La Thaïlande étudie l’achat de sous-marins et de chasseurs-bombardiers. Les Philippines ont émis plusieurs requêtes auprès des Etats-Unis et entrepris quelques achats ailleurs, notamment de vedettes garde-côtes françaises. Quant au Vietnam, son budget de la défense a augmenté de 35% en 2012, pour dépasser les 3 milliards de dollars.

Ces efforts pèseront d’un certain poids pendant le 7ème sommet de l’Asie de l’est, lequel réunit les dix Etats membres de l’Asean, trois pays d’Extrême Orient (Chine, Japon, Corée du sud), ainsi que les Etats-Unis (Barack Obama sera présent), la Russie, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ils sont souvent liés au renforcement considérable des moyens militaires chinois et aux pressions que Pékin exerce en Mer de Chine du sud pour imposer sa souveraineté sur ces eaux.

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L’escale d’Obama en Thaïlande : renforcer les points de repère

Barack Obama a entamé en Thaïlande le premier voyage à l’étranger de son deuxième mandat. Américains et Thaïlandais sont de vieilles connaissances.

Peu après la Deuxième guerre mondiale, il y a eu le repli sur le Triangle d’or, donc aux frontières entre la Birmanie, le Laos et la Thaïlande, des divisions vaincues du Kuomintang. Cette zone a alors été une sorte de no man’s land sillonné par les agents de Taïwan et des Etats-Unis. Cette époque a coïncidé, dans l’Amérique des années 1950, avec la chasse aux sorcières du McCarthysme et le soutien aveugle à des galonnés thaïlandais anti-communistes.

Pendant la décennie suivante, la Thaïlande s’est transformée en un porte-avions de la deuxième guerre du Vietnam, l’américaine. Une base arrière pour les avions chargés de déverser des tapis de bombes sur le Laos et le Vietnam. En outre, les Gis venaient en Thaïlande en «rest & recreation», de courtes vacances débridées qui ont ancré les quartiers rouges de Bangkok et ceux de Pattaya. Ces présences ont contribué à lancer le tourisme et, surtout, à accélérer le développement du royaume.

Une division thaïlandaise a fait ses classes au Vietnam du Sud, aux côtés de soldats américains mais aussi australiens et sud-coréens. Des générations d’officiers thaïlandais ont fréquenté les écoles militaires américaines. Enfin, depuis le désengagement militaire d’Indochine, soit au cours des quatre dernières décennies, les relations sont demeurées étroites : la Thaïlande a servi de relais quand le président Bush (le père, 1988-1992) a monté une vaste opération militaire pour chasser les troupes de Saddam Hussein du Koweït, ou quand il a fallu organiser les secours lors du tsunami de décembre 2004, qui a fait 230.000 victimes sur les côtes de l’Océan indien.

Les Américains sont assez familiarisés avec le terrain pour savoir qu’en Thaïlande, le pouvoir est souvent fractionné et que la main gauche ignore parfois ce que fait la main droite ; et enfin, qu’il ne sert à rien de bousculer les gens car les certitudes du jour ne sont pas forcément un gage sur le futur.

C’est en tenant compte de ce contexte que Barack Obama a visité un temple avant d’aller présenter ses respects à un roi qui ne circule plus qu’en chaise roulante. Venu en éclaireur, le secrétaire à la Défense américain s’était assuré, au préalable, que l’alliance stratégique bilatérale demeure une base relativement solide. Et Obama s’est contenté d’avancer quelques pions dans la perspective du «Partenariat trans-Pacifique», sachant que cette initiative américaine, en vue de l’établissement d’une vaste zone de libre-échange, est accueillie avec tiédeur à Bangkok. Yingluck Shinawatra, premier ministre et qui ne représente qu’une part de pouvoir, lui a fait comprendre que, dans cette affaire, mieux valait ne pas la bousculer. Le 18 novembre au soir, Yingluck s’est envolée pour Phnom Penh. De son côté, après avoir rencontré des compatriotes autour d’un verre, Obama s’est préparé pour l’étape cruciale de son voyage, la Birmanie.

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Obama en Birmanie : le double signal de l’Amérique

Le dessin de Stephff

Selon le Washington Post, la visite d’Obama en Birmanie illustre sa détermination à continuer de pivoter vers l’Asie et adresse un message aux Etats-voyous.

La Maison blanche établit «avec une rapidité étonnante» des liens avec un pays qui a été longtemps un «paria international» et «vient juste d’entreprendre des réformes», relève le quotidien de Washington. Sans précédent. Entre le moment où le gouvernement de Pretoria a tourné le dos à l’apartheid (1990) et la première visite d’un président américain (Bill Clinton, 1998), huit années se sont écoulées. Depuis le renversement du président Slobodan Milosevic, aucun président américain n’a visité la Serbie. Depuis la décision de la Libye d’abandonner son programme nucléaire (2003), aucun chef d’Etat américain ne s’est rendu sur place.

Dans le cas de la Birmanie (Myanmar), vingt mois seulement se seront écoulés entre le premier signal fort annonçant la fin du régime militaire (mars 2011) et la visite attendue de Barack Obama le 19 novembre. Les sanctions les plus accablantes ont été levées entre-temps. A titre de comparaison régionale, après la défaite de 1975 au Vietnam, Washington a attendu dix-neuf ans pour mettre fin à son embargo économique et vingt ans pour établir des relations diplomatiques avec Hanoï.

Toutefois, de nos jours, donc à une époque où l’Amérique «pivote» vers l’Asie, Washington aurait probablement reconnu le régime communiste vietnamien beaucoup plus vite. En tout cas, le Washington Post estime que le renforcement rapide de la collaboration avec le nouveau régime birman est «largement» lié au «pivot» américain vers l’Asie, lui-même l’expression de la gestion américaine de la montée en puissance de la Chine. La Birmanie a fait un geste décisif en prenant, dès 2011, des distances à l’égard de son ancien protecteur chinois. Le Washington Post évoque l’«effort» américain «pour intégrer les pays de l’Asie du sud-est, qui ne sont pas enthousiasmés par l’influence croissante de la Chine mais ont besoin d’un peu d’aide pour s’unir contre le géant qui est leur voisin».

Le Washington Post ajoute que le gouvernement de Barack Obama «voit peut-être aujourd’hui une ouverture pour affirmer son leadership régional, à un moment où les approches diplomatiques de la Chine demeurent peu convaincantes». Le quotidien de Washington estime qu’en précipitant la détente avec la Birmanie, la Maison Blanche adresse «un autre message» aux Etats «voyous» : «ceux qui s’ouvriront pourraient s’attendre à des récompenses de la part des Américains, et promptement».  Certes, les relations de l’Amérique avec, par exemple, l’Iran sont beaucoup plus difficiles à gérer. «Vous pouvez tout de même vous demander, conclut le Washington Post, comment tout cela est vu de Caracas, de Riad et même de Téhéran».