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Culture Société Viêtnam

Vietnam : une société qui regorge d’inventeurs

Les Vietnamiens, en particulier ceux d’outre-mer qui travaillent dans les meilleures conditions, se révèlent inventifs. Leur palmarès se défend.

Le père du DAB (distributeur automatique de billets) est un Vietnamien qui a émigré aux Etats-Unis et y a travaillé pour l’US Citibank pendant vingt ans avant de regagner le Vietnam en 2003. C’est ce qu’affirme le site VietnamNet  en ajoutant que le savant en question, Dô Duc Cuong, est l’auteur d’une cinquantaine d’inventions. Originaire de la province centrale de Quang-Ngai, Cuong s’est révélé un élève d’une intelligence exceptionnelle lors d’un test auquel ont procédé des scientifiques japonais.

Cuong a ainsi obtenu une bourse pour l’université d’Osaka. Tout en poursuivant ses études, il a travaillé pour Toshiba. Il a quitté le Japon pour se rendre, à l’invitation de la Citibank, aux Etats-Unis avec, pour objectif, de découvrir «une technique susceptible d’attirer le milliard de clients». Résultat : l’ATM (automated teller machine, ou DAB en français) est née. Depuis 2003, Cuong est employé dans une banque vietnamienne (banque Dong A).

Deux ingénieurs vietnamiens, Nguyên Thanh Dông et Hoang Diêu Hung ont mis au point en Tchécoslovaquie, avant la division du pays en deux, une nanotechnologie qui élimine totalement l’arsenic de l’eau, une technologie particulièrement utile dans plusieurs régions «où les centrales thermiques et les mines de charbon ont pollué les sources d’eau». A Vinh Long, dans le delta du Mékong, Dang Hoang Son a mis au point un système qui permet de réduire de 20% à 30% la consommation d’essence par les motos (et de prolonger la vie de leurs moteurs). A l’université de Sydney, Viet Hung Nguyen et des chercheurs associés ont mis au point une chaise roulante qui se déplace en évitant les obstacles que sa caméra repère sur son chemin et qui peut répondre aux mouvements des yeux, de la tête ou encore de l’esprit de son utilisateur.

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Culture Viêtnam

Une enquête pour tuer l’ennui ou l’étrange anonymat de Thuân

L’écrivaine vietnamienne, qui a déjà publié en France Chinatown (Seuil), revient sur le thème de l’ennui dans T. a disparu. Roman sous forme d’enquête.

T. a disparu avant l’ouverture de la première page et son mari, dont on ignore jusqu’au nom,  raconte l’enquête qu’il mène, certes, pour savoir ce qui est arrivé mais aussi pour rompre son propre ennui. De T., le lecteur n’apprend rien si ce n’est qu’elle est saigonaise d’origine, mais c’est sans importance. De son époux, le lecteur n’en sait pas beaucoup plus : il est Français, va au bureau, traîne la petite fille du couple, se rend aux funérailles d’un père remarié après un veuvage, ne regarde pas le demi-frère né de cette union, lui abandonne ainsi qu’à sa belle-mère l’héritage, couche furtivement avec l’amante de son père attirée par le mimétisme.

Mais rien ne semble vraiment compter dans un univers de tristesse, de désarroi, entre rêve et réalité, évoqué avec dérision. Thuân vit depuis plusieurs années en France, après des séjours en Russie et en Europe de l’Est, mais elle écrit toujours en vietnamien et joue avec son écriture, recourant à des reprises qui ponctuent le linéaire. Elle appartient à une nouvelle génération d’écrivains du Vietnam qui succède à celle des ténors des années 90,- qui ont pour nom Nguyên Huy Thiêp, Bao Ninh, Duong Thu Huong, …-, des ténors encore marqués par la guerre, somme de sacrifices et de lendemains qui déchantent.

Publié en 2005, Chinatown est le récit de la passion d’une lycéenne vietnamienne de Hanoi pour un camarade de classe chinois en 1979, soit au pire moment du conflit avec Pékin. Une romance qui rapporte le sujet longtemps tabou de la répression des Hoa, les Chinois du Vietnam, ce qui n’a pas pourtant empêché le livre d’être officiellement primé. T. a disparu date de l’année suivante et signale une évolution supplémentaire chez l’écrivaine : un sens encore plus prononcé de l’indépendance et du détachement. La littérature vietnamienne contemporaine n’a pas fini de se renouveler.

Thuân, T. a disparu, traduit du vietnamien par Doan Cam Thi, Riveneuve, 2012.

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Culture Société Viêtnam

L’année du Dragon : engorgement dans les hôpitaux du Vietnam

En Extrême-Orient, le rêve est d’avoir un fils né sous le signe du Dragon, donc en 2012. Résultat : à Hanoï, les hôpitaux débordent déjà de femmes enceintes.

L’année du Dragon, inaugurée le 23 janvier 2012, ne prend fin que le 9 février 2013 pour laisser place le 10 février, Têt ou Jour de l’an au Vietnam, à l’année du Serpent, soit dans environ quatre mois. Toutefois, rapporte le site VietnamNet , l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï est déjà engorgé, avec parfois trois femmes enceintes partageant le même lit, sans parler des lits supplémentaires qui encombrent les couloirs. Les riches – et ceux qui ont des «relations» avec le personnel de l’hôpital – se plaignent de ne pas pouvoir louer une chambre. Le personnel hospitalier est débordé.

Le signe du dragon est considéré comme très favorable aux garçons car il est le symbole de l’empereur, celui de l’idéalisme, de la perfection, de l’inflexibilité. Dans le calendrier chinois, à la fois lunaire et solaire et que les Vietnamiens ont adopté, l’année du Dragon ne se représente que tous les douze ans. Il ne faut donc pas manquer l’occasion d’avoir un fils né sous un bon signe.

La multiplication des accouchements en 2012 a beau être fort prévisible, la pression est devenue énorme à partir d’août. En outre, deux ou trois parents viennent tenir compagnie à la femme enceinte, déroulant leurs nattes, pique-niquant dans les chambres et les couloirs-dortoirs, installant leurs ventilateurs pour rendre l’atmosphère moins étouffante. A l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï, les patients et leur parentèle sont d’autant plus à l’étroit que des travaux de rénovation sont en cours. Le nombre de naissances y a été de 29.000 en 2010, de 37.876 en 2011, et y sera d’au moins 40.000 en 2012.

A l’échelon national, le nombre des naissances a été de 516.169 pendant les cinq premiers mois de 2012, soit 61.000 naissances de plus que pendant la même période de 2011. L’année du Dragon devrait avoir un autre effet, négatif celui-là : le rapport mâle/femelle est de plus en plus déséquilibré en faveur des garçons, notamment dans la capitale.

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Culture Histoire Indonésie Politique

Indonésie : un roi pas comme les autres

Le gouverneur de Yogyakarta est le seul non élu d’Indonésie. Le poste est réservé au sultan local. Ainsi en a récemment décidé le Parlement indonésien.

C’est une anomalie. Dans une Indonésie où même les régents (chefs de district) et les maires désormais sont élus, le Parlement de Jakarta a décidé que les fonctions de gouverneur de la ville de Yogyakarta sont «l’héritage» de la famille royale de ce territoire. L’actuel sultan –  Hamengkubuwono X, né en 1946 et couronné en 1989, anglophone, docteur en droit, à l’allure d’un aristocrate moderne – est donc gouverneur à vie, moyennant quoi il a perdu le droit de s’inscrire à un parti politique. Il vient de retourner sa carte de membre au Golkar, l’un des principaux mouvements politiques de l’archipel (la loi ne dit pas, en revanche, s’il peut ou non se présenter à la présidence de la République).

Le Parlement a ainsi mis fin à plus d’une dizaine d’années de négociations et de disputes. En raison du soutien offert par Hamengkubuwono IX, père de l’actuel sultan, au mouvement indépendantiste contre les Néerlandais dès 1945, Sukarno avait décidé que la famille royale de Yogyakarta hériterait du gouvernorat local. Le père de l’indépendance a respecté sa parole. Toutefois, son successeur Suharto (1966-1998) ne l’a pas fait et a confié le poste de gouverneur à un de ses adjoints, le sultan de Paku Alam, petite principauté enclavée dans le territoire de Yogyakarta.

Après le limogeage de Suharto en mai 1998, le gouvernement central a décidé que le gouverneur de Yogyagkarta serait élu. Hamengkubuwono X l’a été sans difficulté. Depuis, la zizanie n’avait pas cessé de se manifester. A Jakarta, un courant voulait que le sultanat de Yogyakarta s’aligne sur les autres sultanats, qui ne bénéficient plus que de rôles honorifiques.

Mais un fort mouvement local s’y opposait. Le sultan, en 1998, est descendu dans la rue pour appuyer les réformes. Et il s’est interposé physiquement quand des voyous ont voulu profiter des manifestations pour saccager le centre. Il a sauvé sa ville.

Sa popularité n’explique pas tout. Le Palais du sultan ou Kraton, à Yogyakarta, bénéficie d’un grand prestige car cette ville de Java central est le successeur, ainsi que le rappele l’Economist de Londres, «du sultanat de Mataram, le dernier des grands empires de Java à avoir résisté à la conquête coloniale». Yogykarta est demeurée, autour de son vaste kraton, la capitale de la culture, des lettres et des arts. La présidence et le Parlement indonésiens ont donc dû faire marche arrière. Aujourd’hui âgé de 66 ans, le sultan n’a désormais qu’un vrai problème : le trône – et, donc, le gouvernorat – ne peut être occupé que par un héritier mâle. Or, suivant l’exemple de son propre père, il a renoncé au concubinage et son épouse lui a donné seulement cinq filles…

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Culture Histoire Viêtnam

Vietnam: la chanteuse aux pieds nus peut se produire à nouveau

Après 37 ans d’absence, Khanh Ly, la plus connue des interprètes de Trinh Công Son, est autorisée à se produire sur scène au Vietnam. Une page se rouvre.

Les deux noms sont indissociables. Trinh Công Son a été l’auteur-compositeur pacifiste de la deuxième guerre du Vietnam, l’américaine. Khanh Ly a été sa première interprète et la plus émouvante. Elle chantait pieds nus dans un petit cabaret plein de fumée et de mélancolie rue Tu Do, pour Liberté (ancienne rue Catinat, future rue Dong Khoi, pour Insurrection générale). Son vivait entre la maison familiale à Saigon et sa ville natale de Hué.

Les chansons pacifistes de Son, interprétées par Khanh Ly, étaient interdites d’antenne à Saigon comme à Hanoi. De quoi casser le moral des combattants, estimaient les gouvernants des deux bords. Mais elles circulaient à des millions d’exemplaires au nord comme au sud du dix-septième parallèle, ligne de démarcation entre les deux zones. Les guitares des soldats, dans les deux camps, les suivaient au «front». Les Vietnamiens ont la poésie musicale dans le sang.

En 1975, Khanh Ly s’est enfuie aux Etats-Unis. Elle y a poursuivi sa carrière de chanteuse. Trinh Công Son a été en «rééducation» non loin de Hué en attendant l’autorisation de rejoindre son domicile à Saigon. Il s’est remis à écrire, à chanter, et il s’est essayé à la peinture. Et puis, le temps a fait son œuvre, la guerre s’est éloignée, Son s’est éteint en 2001, laissant derrière lui plus de trois cents chansons/poèmes qui ont renouvelé la chanson au Vietnam. Quant à Khanh Ly, elle a refait sa vie aux Etats-Unis. Mais si les Vietnamiens du Vietnam la connaissent moins que Son, ils en repèrent souvent la voix.

A Hanoï, le ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme a accordé, selon le site Tuoi Tre, une licence à Khanh Ly, aujourd’hui âgée de 67 ans, l’autorisant à donner des représentations d’ici à la fin de l’année. Coïncidence ? 2012 marque les cinquante ans de  carrière de Khanh Ly alors que 2011 a été l’occasion de nombreuses manifestations lors du dixième anniversaire de la mort de Trinh Công Son. Une page qui se rouvre, riche en beauté. Et en nostalgie.

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ASEAN Asie Brunei Culture Politique

Asie du Sud-Est : l’anglais, langue de plus en plus officielle

Brunei finance un programme de formation en anglais. L’objectif : faire de la langue de Shakespeare la lingua franca de la région. Pauvre Molière…

L’anglais est la langue de travail de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est. Quand les Etats de la francophonie ont rejoint l’Asean – le Vietnam en 1995, le Laos en 1997 et le Cambodge en 1999 –, ils ont dû donner des cours d’anglais intensifs à leurs fonctionnaires, diplomates ou financiers impliqués dans les activités de l’Association. Le petit mais très riche sultanat de Brunei, ancien territoire britannique niché sur la côte septentrionale de Bornéo, entend accélérer le mouvement.

Selon le Guardian, le sultanat finance à hauteur de 25 millions de dollars un programme de formation de formateurs dont l’application est confiée conjointement à l’Université de Brunei Darussalam (UBD) et à l’East-West Centre américain basé à Honolulu. «Quelque 70 formateurs et officiels participeront au programme», rapporte le quotidien londonien. Des cours intensifs seront fournis pendant sept semaines sur le campus de l’UBD. Ils seront suivis d’un cycle de quatre semaines à Hawaii consacré «à la culture et au leadership», a déclaré au Guardian Terance Bigalke, directeur de l’enseignement à l’East-West Centre. Le projet s’étalera sur cinq ans et comportera donc au moins une vingtaine de sessions de onze semaines.

Des efforts importants ont été entrepris par plusieurs Etats de l’Asean sans tradition anglophone, notamment la Thaïlande, où un projet ambitieux implique quatorze millions d’élèves et d’étudiants. «Le statut dominant de l’anglais au sein de l’Asean n’est pas contesté», a expliqué au Guardian Salbrina Sharbawi, qui dirige le projet associant l’UBD à Hawaii. La participation américaine est, bien entendu, intéressante dans le contexte actuel, le chinois étant le principal concurrent de l’anglais, au moins dans le milieu des affaires.

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Culture Thaïlande

La Thaïlande attire les productions audiovisuelles

Les productions étrangères investissent le royaume pour bénéficier des conditions locales de tournage.

Que cela soit pour tourner des fictions, des séries télés, des documentaires ou des publicités, la Thaïlande séduit de plus en plus les producteurs et réalisateurs étrangers. La campagne marketing initiée par le Département du tourisme et l’Office du film de Thaïlande semble porter ses fruits. Le site eturbonews rapporte en effet que pas moins de 606 réalisations ont été produites par 46 pays différents en 2011, générant 39.2 millions de dollars de revenus pour le royaume. Sur le total, 296 tournages concernaient des publicités, 86 des séries télés et 35 des long-métrages.

Sans surprise, d’autres pays asiatiques comme l’Inde, le Japon ou la Corée du Sud sont les plus demandeurs, suivis par les pays européens. Ubolwan Sucharitakul, directeur par intérim du l’Office du film de Thaïlande, voit plusieurs raisons à l’attrait de son pays : « La Thaïlande a la chance de bénéficier de paysages uniques et de décors variés, ainsi que d’équipes techniques qualifiées et bilingues, qualités qui s’additionnent pour donner un excellent rapport qualité-prix – exactement ce que recherchent les productions aujourd’hui. »

Quelques productions françaises ont récemment tourné des films sur le sol thaïlandais. Luc Besson y a par exemple tourné son long-métrage sur Aung San Suu Kyi – « The Lady » – avec les décors, acteurs et équipes de tournage locaux. Christian Clavier y a aussi réalisé en partie sa première comédie : On ne choisit pas sa famille. Au niveau international, la pitrerie hollywoodienne Very Bad Trip 2 a été tournée dans la capitale. Nicholas Winding Refn, lauréat du prix de la mise en scène au festival de Cannes 2011, a lui aussi choisi Bangkok pour y placer l’intrigue de son nouveau thriller, Only God Forgives, avec Ryan Gosling en vedette et dont la sortie est prévue en 2013.

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Birmanie Culture Politique

25 ans d’aventures en Birmanie : un livre de Thierry Falise

Un journaliste et photographe belge, qui a sillonné la Birmanie depuis les années 80, raconte ses expériences dans un livre en anglais.