Un agent immobilier et ses clients devant des maquettes à Hangzhou (Zhejiang), le 26 novembre 2016
ZHENG RUOLIN*
Voici trois ans et demi que je suis revenu vivre dans mon pays natal. Trois années qui sont passées en un clin d’œil.
Plusieurs de mes amis français se sont inquiétés de ce que je devenais depuis mon retour. Par e-mail, ils m’interrogent chacun à leur tour : « Votre santé résiste-t-elle au smog ? », « Votre niveau de vie a-t-il baissé ? », « Avez-vous encore accès à des livres français ? », « La nostalgie du vin et du fromage français ne vous torture-t-elle pas trop ? »
Je ressens une grande nostalgie pour le vin et le fromage français. Mais je peux en acheter, avec un assortiment réduit, dans les supermarchés de Beijing. Gouda, La Vache qui rit, Brie, Camembert et quelques autres. Pareil pour les vins rouges, importés de France mais aussi du Chili, d’Espagne, d’Italie, des États-Unis et d’autres pays. D’autre part, avec l’appréciation du yuan de 20 % ces dernières années, les prix des produits importés paraissent d’autant plus abordables. Mon intuition est que dans un avenir proche, ils coûteront de moins en moins cher et apparaîtront de plus en plus souvent sur les tables chinoises.
En ce qui concerne ma vie en Chine, telle que je l’ai décrite dans mon livre publié en France, Les Chinois sont des hommes comme les autres, elle ne diffère pas beaucoup de ma vie en France. Dans la mesure où de nombreuses personnes m’ont interrogé à ce sujet, j’ai eu l’idée d’écrire ce petit article qui pourra servir de réponse à tous. Je vais donc aborder différents aspects de la vie ici, qu’il s’agisse d’habillement, de nourriture, de logement ou de déplacement, en quelque sorte les aspects fondamentaux de la vie quotidienne.
Habillement
En ce qui concerne l’habillement, je voudrais mentionner deux points. Le premier, c’est que les vêtements en Chine sont plutôt bon marché et d’une excellente qualité. Il y a dix ans, quand je revenais passer mes vacances, je remarquais que de nombreux Chinois portaient des vêtements simples, parfois même troués. Aujourd’hui, les citoyens de métropoles comme Shanghai ou Beijing n’ont rien à envier à ceux de villes mondialement connues pour le chic de leurs habitants. Les jeunes filles particulièrement, dont le goût esthétique est peut-être un peu plus classique que celui des élégantes parisiennes, ne ressemblent malgré tout plus à des citoyennes d’un « pays pauvre et arriéré ». Si la population s’habille de mieux en mieux, c’est principalement grâce aux prix bas qui règnent sur le marché. Je me suis fait faire, dans la fameuse rue de la couture Maoming à Shanghai, deux complets sur mesure, plus trois chemises et deux paires de boutons de manchette, toujours sur mesure, pour environ 5 800 yuans, soit l’équivalent de 730 euros, le prix moyen d’un costume en France. Sur le plan de la qualité, il n’y a aucune différence fondamentale par rapport à la couture sur mesure française.
En fait, nombreux sont mes amis français qui vivent ou sont établis en Chine, et d’autres voyageant régulièrement entre la Chine et la France, qui profitent de l’occasion pour se faire confectionner des vêtements sur mesure. La rue Maoming est probablement le lieu au monde où la haute couture sur mesure est la plus abordable. Bien sûr, les Chinois ordinaires comme moi ne peuvent se permettre ce luxe qu’occasionnellement. D’ordinaire, nous préférons acheter nos vêtements sur Internet. Sans compter les prix incroyablement bas, la livraison à domicile est également très pratique. Passez la commande dans la matinée et vous êtes livré dans l’après-midi. Pas satisfait ? L’achat peut être remboursé ou échangé sans discussion. Ces trois dernières années, j’ai acheté 80 % de mes vêtements en ligne. Il faut vivre en Chine ou acheter des vêtements ici pour comprendre l’absurdité de la politique de l’Union européenne qui recourt souvent à des sanctions anti-dumping contre les produits textiles chinois.
Le second point est paradoxal : à ce jour, la Chine « superpuissance du textile » aux tout premiers rangs mondiaux ne possède pratiquement pas des marques de haute couture mondialement connue. Ce n’est pas que l’on ne trouve pas de vêtements de qualité en Chine, mais bien parce que la Chine reste un novice sur le plan du marketing. À défaut de posséder des marques de classe mondiale, l’impression générale est que « les vêtements fabriqués en Chine sont de mauvaise qualité ». La réalité est différente : la confection chinoise haut de gamme se compare à celle des marques mondialement connues, et le niveau vestimentaire des Chinois ordinaires s’est énormément amélioré. L’innovation textile reste elle aussi à la pointe : on produit en Chine un nouveau type de tissu fait de fibre de bambou, très confortable à porter, notamment en sous-vêtement.
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