C’est un nouvel indicateur de la chape de plomb chinoise qui s’est abattue sur la ville. L’une des dernières traces de la commémoration des massacres de Tiananmen en juin 1989 va disparaître : pour la première fois en 33 ans il n’y aura pas de messes du souvenir ce samedi 4 juin.
C’était un rituel : tous les 4 juin, depuis 33 ans, l’église catholique de Hong Kong organisait des messes à la mémoire des victimes de la répression après les manifestations de 1989 sur la place Tiananmen à Pékin : de l’ordre de 10 000 morts. C’est terminé. Il n’y aura aucun office catholique de commémoration ce samedi 4 juin, dans une ville qui compte pourtant près de 500 000 catholiques. Les organisateurs expliquent « ne pas vouloir enfreindre la loi ». Ils font référence à la loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur il y a deux ans à Hong Kong.
L’an dernier, l’Église avait malgré tout défié les autorités en organisant sept messes dans sept paroisses différentes. Mais elle avait subi des menaces et des intimidations, avec notamment des banderoles déployées devant les paroisses en question. Des messages dénonçant « les sectes qui invitent au chaos » ou montrant la figure emblématique du cardinal Zen, affublée d’un diable avec des fourches. En 2021 toujours, l’Église avait également enlevé toute référence directe aux mots « lok sei », souvent utilisée en Chine en référence à Tiananmen, parce que ça veut dire 6-4, en référence à la date de la répression, le 4 juin, 6e mois de l’année. C’était le chant du cygne. Cette année, il n’y aura donc rien du tout.
L’effacement progressif de l’Histoire
Ces messes étaient sans doute la dernière référence visible à Tiananmen car tout est effacé progressivement par le pouvoir de Pékin. Sur le sol chinois, ça fait déjà belle lurette. Le sujet est totalement tabou. Il n’existe plus dans les manuels d’Histoire. À Hong Kong, jusqu’à la loi sur la…
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