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Augmentation des infections et baisse de la croissance économique en Inde

Auteur: Kaliappa Kalirajan, ANU

Le 2 juillet 2020, le ministère indien de la Santé a annoncé 226 947 cas actifs de COVID-19, avec 17 400 décès. L’Inde est malheureusement maintenant parmi les cinq premiers pays infectés au monde. En tant que pays ayant l’une des densités de population les plus élevées au monde et un système de santé publique qui grince, l’Inde a connu une croissance exponentielle du nombre d’infections. En conséquence, outre la crise sanitaire, l’économie de l’Inde est au point mort.

L’économie indienne souffrira d’écarts importants entre l’offre et la demande dans presque tous les secteurs en raison des perturbations causées par le virus. Un récent rapport de CRISIL, une société de S&P Global, a initialement réduit ses prévisions de croissance du PIB pour 2020 de 3,5% à 1,8%. Après que le verrouillage ait été prolongé pour une quatrième phase jusqu’au 31 mai 2020, CRISIL a tiré la sonnette d’alarme en notant que l’économie indienne allait reculer de 5% au cours de l’exercice 2020-2021.

La banque d’investissement Nomura estime que le verrouillage, dans lequel tous les constructeurs de motos et d’automobiles ont arrêté la production jusqu’à nouvel ordre, coûterait à l’Inde environ 8,5% du PIB.

Cette perspective pessimiste découle en grande partie des chocs d’offre et de demande résultant du verrouillage. Mais alors que le gouvernement indien accorde la priorité à la santé publique plutôt qu’à la protection des moyens de subsistance, il est tout aussi essentiel de soutenir les communautés les plus durement touchées de l’Inde, à savoir les travailleurs du secteur informel.

Le secteur informel indien amortit souvent l’impact des changements économiques indiens. Mais il est peu probable qu’il en soit de même cette fois en raison des restrictions sévères imposées à la circulation des personnes, des biens et des services en Inde et au-delà des frontières. La plupart des travailleurs du secteur informel sont des migrants des zones rurales à l’intérieur et à l’extérieur des États.

Il n’y a pas de données officielles sur les migrants interétatiques. En utilisant les données de l’enquête nationale par sondage (NSS) tirées du recensement de 2011, on estime qu’il y a 65 millions de migrants interétatiques, dont environ 8 millions de travailleurs sont employés comme occasionnels et 8 autres millions de travailleurs sont employés régulièrement en le secteur informel. Les autres migrants travaillent dans le secteur formel, y compris les secteurs bancaire et informatique.

Le verrouillage a laissé les travailleurs migrants du secteur informel au chômage pendant plus de deux mois. Sans le soutien de leurs employeurs pendant le verrouillage, il incombe aux États et aux gouvernements centraux de protéger ces travailleurs migrants.

Le gouvernement central a annoncé le 12 mai 2020 son deuxième plan de relance de 20 000 milliards de roupies (264,9 milliards de dollars), soit 10% du PIB de l’Inde. Le paquet se concentre principalement sur les injections de liquidité. Entre avril et juin, environ 800 millions de personnes reçoivent gratuitement 5 kilogrammes de blé ou de riz et 1 kilogramme de légumineuses chaque mois. Cela s’ajoute à l’offre mensuelle gratuite existante de 5 kilogrammes de blé ou de riz dans le cadre du programme Pradhan Mantri Garib Kalyan Yojana.

En termes de transferts monétaires, 200 millions de femmes avec des comptes bancaires recevront un paiement mensuel de Rs 500 (US $ 6,6) jusqu’en juin, 30 millions de personnes âgées, veuves et personnes handicapées recevront Rs 1000 (US $ 13,2) et 87 millions d’agriculteurs recevront recevez Rs 6000 (US $ 79.1). La taille de ce plan de relance pourrait être augmentée pour être plus efficace.

Outre ce soutien aux pauvres, de nombreux partis politiques, philanthropes et organisations non gouvernementales ont distribué de l’argent, du riz et des produits alimentaires de base à ceux qui ont perdu leur emploi en raison du blocage.

En termes de mesures de liquidité, la Reserve Bank of India (RBI) a réduit le taux repo (le taux auquel les banques centrales prêtent des fonds à court terme aux banques commerciales) de 75 points de base à 4,4%. Une prolongation de trois mois des versements mensuels assimilés à un prêt a été annoncée le 27 mars.

Malgré les programmes d’aide financière du gouvernement indien, compte tenu de la longue période de verrouillage, qui est actuellement prolongée jusqu’à la fin de juin, le programme n’aborde pas suffisamment la main-d’œuvre indienne en difficulté.

Pour stimuler la consommation, le gouvernement devrait augmenter la composante fiscale de ses plans de relance en augmentant les versements en espèces à tous ceux qui étaient au chômage pendant la fermeture des zones urbaines. Outre l’augmentation des paiements en espèces, une attention particulière devrait être accordée aux micro et petites industries du plan de relance, qui fait actuellement défaut. La loi nationale de garantie de l’emploi rural du Mahatma Gandhi devrait être doublée à 200 jours d’emploi pour les ruraux pauvres. Les prix de soutien minimaux pour le riz et le blé ont été revus à la hausse par rapport aux prix de 2019-2020. Ceux-ci augmenteront respectivement les revenus urbains et ruraux et stimuleront la consommation urbaine et rurale. Plus important encore, il est impératif d’accélérer la distribution des avantages du package pour les personnes qu’il est censé atteindre. Pour ce faire, le ministère des Finances doit créer et contrôler des comités individuels dans chaque État.

Un assouplissement progressif des mesures de verrouillage a été mis en œuvre pour réduire l’incidence de la pauvreté, en particulier parmi les couches les plus pauvres de la population indienne. Le succès futur dépendra de la capacité du gouvernement, des entreprises, des établissements d’enseignement et des citoyens à mettre en œuvre ensemble les politiques et procédures définies par les dirigeants nationaux. Jusqu’à présent, les éléments suggèrent qu’une majorité de la population a coopéré avec les décideurs malgré la difficulté de maintenir la distance sociale, par exemple pour les pauvres des villes en Inde.

Kaliappa Kalirajan est professeur d’économie à la Crawford School of Public Policy de l’Australian National University.

Cet article fait partie d’un Série spéciale EAF sur la nouvelle crise des coronavirus et son impact.

Source : East Asia Forum


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