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Les relations économiques entre l’Inde et le Japon sont essentielles à la stabilité régionale

Auteur : Akash Sahu, Manohar Parrikar-Institut d’études et d’analyses de la défense

L’Inde et le Japon semblent cocher toutes les bonnes cases pour développer un partenariat plus approfondi. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida s’est rendu en Inde le 19 mars 2022 et a rencontré le Premier ministre indien Narendra Modi lors du 14e Sommet annuel Inde-Japon à New Delhi. Alors que les deux dirigeants ont discuté d’un large éventail de questions lors de l’événement, la coopération économique était centrale.

Kishida a annoncé que le Japon investira 5 000 milliards de yens (42 milliards de dollars) en Inde au cours des cinq prochaines années pour financer des projets publics et privés d’« intérêt mutuel ». Les dirigeants ont également salué la signature de l’échange de notes sur 300 milliards de yens (2,5 milliards de dollars) de prêts à l’Inde.

Le partenariat élargi du Japon pour des infrastructures de qualité (EPQI), qui a été annoncé en 2015, vise à fournir des infrastructures de haute qualité dans les pays en développement. L’Inde est le plus grand bénéficiaire de l’aide publique au développement (APD) japonaise depuis 2005. Ce financement a été acheminé vers des secteurs critiques tels que l’énergie, les communications et les infrastructures de transport, en particulier les réseaux de métro et de chemin de fer.

Environ 1 455 entreprises japonaises sont enregistrées en Inde et le gouvernement indien a mis en place un bureau « Japon Plus » au sein du ministère du Commerce. Le Japon a déjà été impliqué dans des projets d’infrastructure indiens tels que le corridor de fret Delhi-Mumbai et le corridor industriel Delhi-Mumbai. Le forum Inde-Japon Act East s’est tenu en mars 2022 pour la sixième fois et s’est concentré sur des projets de connectivité dans le nord-est de l’Inde.

Mais la rationalisation accrue de la bonne volonté politique entre Tokyo et New Delhi ne s’est pas traduite par une intégration économique. Compte tenu de la grande taille de leurs économies, les échanges de commerce et de services sont insuffisants et caractérisés par des déséquilibres. Les exportations de marchandises de l’Inde vers le Japon restent limitées, 13,2 % de toutes les lignes tarifaires étant exclues de l’Accord de partenariat économique global (CEPA) entre les deux pays.

Les accords de libre-échange du Japon avec les économies d’Asie de l’Est et du Sud-Est et les régimes tarifaires favorables dans des blocs commerciaux comme l’APEC et l’Accord de partenariat transpacifique global et progressif ont eu un impact sur l’attrait des exportations indiennes. Le nombre élevé de mesures non tarifaires (MNT) sur les marchandises entrant au Japon et les obstacles techniques au commerce ont également une incidence négative sur les exportations indiennes vers le Japon. Étant donné qu’une grande partie des exportations indiennes provient de micro, petites et moyennes entreprises (MPME) et du secteur agricole, les coûts de mise en conformité des MNT rendent les exportations vers le Japon irréalisables.

Les exportations de services indiens vers le Japon ont augmenté mais restent inférieures à 1 pour cent des importations totales de services du Japon. Bien que l’investissement direct étranger (IDE) japonais en Inde ait augmenté, il reste bien inférieur à l’IDE japonais dans des pays comme la Chine et l’Indonésie. Un environnement commercial complexe, le manque d’infrastructures et une logistique coûteuse ont limité les IDE japonais en Inde. La lente ouverture des frontières du Japon crée également des problèmes pour sa communauté d’expatriés, y compris les chercheurs et étudiants indiens en politique.

Le développement économique continu de l’Inde n’est pas simplement une préoccupation nationale. Seule une Inde économiquement forte pourra contribuer suffisamment à la sécurité régionale, notamment dans le domaine maritime. Pour atténuer le risque d’escalade violente sur son territoire et son voisinage, l’Inde pourrait s’intégrer dans les systèmes économiques et les chaînes d’approvisionnement de l’Asie de l’Est et du Sud-Est.

Le secrétaire du Cabinet japonais pour les affaires publiques, Noriyuki Shikata, a exprimé l’espoir que l’Inde reconsidérerait la négociation de son entrée dans le Partenariat économique global régional (RCEP). La clause des « règles d’origine » permet aux membres du RCEP d’imposer des tarifs plus élevés sur les produits fabriqués dans des pays non membres du RCEP. Pendant ce temps, le libre accès au commerce et des tarifs minimaux sur 91 % des marchandises profiteront aux membres du RCEP. Le retrait de l’Inde du RCEP nuira davantage aux exportations indiennes et limitera la collaboration indo-japonaise dans le secteur manufacturier.

Un dialogue accru entre New Delhi et Tokyo peut aider à garantir un environnement commercial favorable aux IDE japonais en Inde et à renforcer la confiance des décideurs indiens pour réintégrer le RCEP. Le CEPA Inde-Japon peut être revu pour inclure des sujets de préoccupation et une aide pour aider les petits producteurs indiens à supporter les coûts initiaux de mise en conformité. Des efforts concertés pour apprendre la langue japonaise en Inde peuvent aider à stimuler l’exportation de services, et l’assouplissement des restrictions de visa facilitera un plus grand échange de citoyens entre les deux nations.

Le Japon pourrait tirer parti de son influence dans les banques multilatérales, comme la Banque asiatique de développement (BAD), et aligner les projets de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) sur ceux de la BAD pour atténuer les problèmes de pénurie de fonds de l’Inde, suggère un chercheur associé au MP-IDSA Titli Basu, réitérant que cette volonté…

Source : East Asia Forum


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