Catégories
Indonésie Politique Société

Indonésie : la gloire, puis le déshonneur de la belle Angie

Ancienne reine de beauté, députée de la majorité, Angelina Sondakh a été condamnée début janvier à quatre ans et demi de prison pour corruption.

La ravissante Angie, aujourd’hui âgée de 35 ans, a tout eu pour plaire. Né en 1977 en Australie, où son père Lucky Sondhak poursuivait ses études, elle y est retournée pendant deux années pour y boucler son cycle secondaire d’études, en brillant dit-elle. A son retour, la nature l’ayant gâtée, elle a remporté plusieurs concours de beauté à Manado (Sulawesi), dont sa famille est originaire, avant d’être élue, en 2001, Miss Indonésie. Plutôt que de briguer la couronne de Miss Univers, elle a depuis choisi la politique dans un pays où le populisme paie. Elle a été élue en 2004, puis réélue en 2009, membre du Parlement pour le Parti démocrate, celui de l’actuel président Bambang Susilo Yudhoyono, dont le deuxième et dernier mandat prend fin en 2014.

Mais plusieurs membres de la direction du Parti démocrate ont été éclaboussés par des scandales de corruption. L’ancien trésorier du parti, Muhammad Nazarrudin, a été condamné à près de cinq ans de prison et semble avoir facilité la suite de l’enquête de la KPK, la Commission anti-corruption. Deux étoiles montantes du parti ont été par la suite impliquées : son président Anas Urbaningrum ; et Andi Mallarangeng, un ministre des Sports et de la Jeunesse acculé, en décembre 2012, à la démission.

Angie a été inculpée, quant à elle, en février 2012 pour avoir perçu l’équivalent de 4,5 millions de dollars afin, selon le Canberra Times, «de l’aider à s’assurer que le contrat échoue bien dans les mains prévues (d’autres membres du Parti démocrate)». Le procureur a réclamé 12 ans d’internement. Pour conclure un procès très médiatisé, le tribunal réuni à Jakarta a infligé à Angie une sentence beaucoup plus légère, de 4 ans et demi de prison. Chrétienne à l’origine, Angie s’est convertie à l’islam en épousant un musulman en 2009, dont elle a eu un fils, avant de se retrouver veuve en 2011. Elle a joué de toutes les cordes pour se défendre devant la Cour et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles le tribunal a fait preuve de clémence.

Catégories
Politique Société Viêtnam

L’éducation nationale au Vietnam: le zéro pointé des experts

Le site Vietnamnet a interrogé des spécialistes sur la qualité de l’enseignement public au Vietnam. Leurs réponses sont bien peu encourageantes.

Hoang Xuan Sinh, président d’université, estime que les erreurs commises dans le choix des politiques d’enseignement par les administrateurs de l’éducation nationale sont «trop nombreuses». Faute de changement, ajoute-t-il, la situation sera «encore plus sérieuse dans trente ans». Un éducateur réputé, Nguyen Lan Dung exprime sa «tristesse de voir des diplômés d’université vendre des nouilles instantanées pour gagner leur vie».

Représentante des Vietcongs lors des négociations de Paris voilà quatre décennies et vice-présidente de la république socialiste du Vietnam dans les années 90, Mme Nguyen Thi Binh fait le constat suivant : «On dit toujours que l’éducation a besoin d’être en avance sur le développement socio-économique. Pourtant, dans les faits, l’éducation est à la traîne».

Aux yeux du professeur Tran Hong Quan, «quatre décennies se sont écoulées depuis la libération du pays» et «un quart de siècle» depuis l’adoption des réformes. Mais, ajoute-t-il, «l’éducation n’est jamais devenue un levier susceptible de stimuler le développement social et économique». «C’est désolant de voir le retard pris par l’instruction publique par rapport aux autres pays de la région», dit-il.

Pour l’universitaire Hoang Tuy, l’éducation au Vietnam ne correspond pas à l’époque contemporaine. Mathématicien et ancien ministre de l’Education et de la Formation, Pham Minh Hac pense que «50% des connaissances requises par l’enseignement général en mathématiques ne sont pas nécessaires». Le professeur Nguyen Xuan Han abonde dans le même sens : il faudrait, a-t-il dit, supprimer de 30% à 50% des informations contenues dans les manuels scolaires.

Catégories
Cambodge Politique Thaïlande

Le sort de 2 prisonniers thaïlandais: le Cambodge plus souple

Le gouvernement cambodgien a annoncé le 10 janvier qu’il accordait des mesures de clémence à deux Thaïlandais condamnés pour « espionnage ».

Cette affaire était l’un des nombreux contentieux empoisonnant les relations entre la Thaïlande et le Cambodge. En décembre 2010, un groupe de Thaïlandais, dont certains étaient membres des Chemises jaunes ultra-royalistes et d’autres affiliés au Parti démocrate, avaient été arrêtés par l’armée cambodgienne alors qu’ils « inspectaient » une zone litigieuse sur la frontière khméro-thaïlandaise. Une vidéo, saisie ensuite par les militaires cambodgiens et postée sur le site Youtube, a montré l’un des membres du groupe en train de téléphoner à Abhisit Vejjajiva, à l’époque Premier ministre de Thaïlande, en lui disant « nous sommes maintenant en territoire cambodgien ».

Tous les membres du groupe avaient été condamnés à des peines de plusieurs années de prison par un tribunal de Phnom Penh en 2011, mais seuls Veera Somkwamkid, un leader des Chemises jaunes, et Ratri Pipattanapaiboon, sa secrétaire, n’avaient pas bénéficié d’un sursis. Veera avait écopé d’une peine de huit ans et Ratri de six ans. Les efforts du gouvernement d’Abhisit pour obtenir leur libération avaient échoué, le Premier ministre cambodgien Hun Sen ne portant guère son homologue thaïlandais de l’époque dans son cœur.

Les mesures de clémence annoncées le 10 janvier constituent l’aboutissement des efforts du gouvernement de Yingluck Shinawatra, laquelle a discuté directement du sujet avec Hun Sen en novembre dernier. Ratri bénéficie d’un pardon et pourra donc revenir sous peu en Thaïlande. La peine de Veera a été réduite de six mois, mais il semble qu’il pourra aussi bénéficier d’un pardon dans quelques mois. Ce geste de bonne volonté de la part de Phnom Penh intervient alors que les Chemises jaunes relancent une campagne de mobilisation sur la question du terrain, revendiqué par les deux pays, autour du temple de Preah Vihear, en prévision d’une décision de la Cour internationale de justice de La Haye à ce sujet annoncée pour octobre prochain.

Catégories
Laos Malaisie Politique Thaïlande Viêtnam

Vietnam : un bâtisseur chargé de pourfendre la corruption

Nguyên Ba Thanh, l’homme qui a fait la fortune de Danang, est chargé de nettoyer les écuries d’Augias du PC. Un honneur plein de risques, une partie de quitte ou double.

Danang, le grand port du Vietnam central est en plein boom. Les ponts futuristes s’alignent désormais sur la rivière Han, qui traverse la ville. De la presqu’île de Son Tra, qui protège une rade exceptionnelle, à la charmante petite ville historique de Hoi An, à trente km au sud, se développe rapidement une riviera dotée d’établissements de grand luxe et d’une autoroute proche de la côte. A Danang même, de véritables palaces, au goût parfois douteux, s’alignent pour accueillir  mariages ou autres fêtes de nouveaux riches.

L’auteur de ce miracle économique est Nguyên Ba Thanh, 60 ans, un homme à poigne, très exigeant, qui a planifié le développement de Danang. Cette ville est en voie de devenir le port du nord-est de la Thaïlande avec le projet financé par la Malaisie de construire, à travers le sud du Laos, une voie ferrée rattachant le pont de Savannakhet sur le Mékong à la frontière vietnamienne.

A Danang, Thanh, 60 ans, a fait «du bon travail», estime le chercheur David Koh dans les colonnes du Straits Times. «Mercuriel, autoritaire et décisif, quitte à admonester souvent l’administration urbaine pour son inefficacité», ajoute Koh. Et c’est sans doute la raison pour laquelle le bureau politique l’a choisi pour prendre la tête de la Commission des affaires intérieures du PC, supprimée en 2006 et qui vient d’être ressuscitée. L’objectif : éradiquer la corruption à l’intérieur du parti (ou, du moins, en rayer les aspects les plus négatifs).

Dents longues ou pas, une telle promotion tient de l’ordre. Pour l’ancien secrétaire du PC à  Danang, elle représente un marchepied incontournable pour accéder au politburo. La tâche s’annonce, toutefois, très délicate car Thanh doit gagner à sa cause une majorité de membres du bureau politique, sans laquelle il ne pourra pas agir. Or, en dépit de la gestion désastreuse de l’économie et des entreprises publiques, aucune tête importante n’a sauté lors du long plénum du PC consacré, en octobre 2012, à la corruption. Les embuscades s’annoncent nombreuses.

Catégories
Thaïlande

Thaïlande : verdict en faveur de Karens victimes d’une pollution

La cour administrative suprême a condamné l’administration thaïlandaise à dédommager  22 Karens affectés par une  pollution.

C’est un verdict historique, car il est rare dans l’histoire de la justice de Thaïlande que la bureaucratie soit mise à l’index pour sa négligence. Après une bataille judiciaire de neuf ans, le Département de contrôle de la pollution, division du ministère des Sciences, de la technologie et de l’environnement, a été condamné à payer 4 millions de bahts (99.000 €) à 22 villageois karens affectés par un incident de pollution. En 1998, une usine de transformation de plomb avait évacué des déchets liquides toxiques dans la crique de Klity, dans la province de Kanchanaburi, où s’approvisionnaient en eau et en gibier les villageois karens. De nombreux cas d’empoisonnement au plomb parmi les enfants des villages environnants avaient été révélés et l’usine avait dû fermer ses portes la même année.

Selon le Bangkok Post, le Département de contrôle de la pollution avait toutefois attendu neuf mois après la découverte de la pollution pour demander au département forestier l’autorisation de nettoyer la crique. De plus, il a fallu cinq années supplémentaires pour que le département construise une digue qui bloque les eaux polluées. La cour administrative a estimé que l’incident témoignait de l’inexistence d’un plan d’urgence dans ce type de situation, avec pour conséquence un impact sévère sur l’environnement et les villageois. Dans son verdict, elle a aussi demandé au Département de contrôle de la pollution de prendre des dispositions rapides pour nettoyer la crique et ramener le taux de plomb à un niveau acceptable. Selon le Bangkok Post, juste après le jugement, le directeur du département a néanmoins affirmé qu’une méthode de « dilution naturelle » du plomb continuerait à être utilisée.

Catégories
Analyse ASEAN Asie Birmanie Brunei Cambodge Chine Indonésie Laos Malaisie Philippines Politique Singapour Thaïlande Viêtnam

Asean : un Vietnamien à la barre en pleine période de crise

Rééquilibrage américain, poussée chinoise, communauté économique en 2015, le Vietnamien Lê Luong Minh, nouveau secrétaire général de l’Asean, ne va pas chômer.

Pour succéder à Surin Pitsuwan, ancien parlementaire et ancien ministre des affaires étrangères de Thaïlande rompu aux négociations, l’Association des nations de l’Asie du sud-est a choisi comme secrétaire général un vétéran de la diplomatie du Vietnam, Lê Luong Minh, 61 ans, formé en Inde (université Jawaharlal Nehru, New Delhi), ambassadeur à l’ONU pendant sept ans (dont un an à la présidence du Conseil de sécurité en 2008-2009), et vice-ministre depuis.

C’est la première fois que le secrétariat général, dont le siège est à Jakarta, est confié à l’un des quatre Etats membres admis au sein de l’Asean après la fin de la Guerre froide (le Vietnam en 1995, la Birmanie et le Laos en 1997, le Cambodge en 1999). En outre, le secrétariat et la présidence annuelle de l’Asean (assurée par Brunei) se retrouvent, en 2013, entre les mains de deux des quatre Etats membres directement impliqués dans le contentieux en mer de Chine du Sud (les deux autres sont les Philippines et la Malaisie).

Lors de sa prise de fonctions le 9 janvier, Minh s’est d’ailleurs empressé de déclarer vital d’accélérer la négociation avec la Chine d’un Code de conduite en mer de Chine du Sud, dont le principe a été adopté voilà dix ans déjà. Cette position, acceptée par les dix Etats membres de l’Asean, aura donc un effet rassurant quand on sait que Pékin continue d’exercer des pressions quotidiennes sur Hanoï dans des eaux que les Vietnamiens appellent la mer de l’Est.

Le mandat de quatre ans de Minh correspond à la phase finale – et très délicate – de la mise en place par l’Asean d’une communauté économique rassemblant plus d’un demi-milliard de gens, soit 8% de la population mondiale. «Le flot plus ouvert d’investissements, de capitaux, de travail, de biens et de services vont poser différents défis et vont offrir différentes opportunités aux Etats membres», a-t-il estimé le 9 janvier, selon le Straits Times de Singapour, en prévenant que l’intégration ne sera pas complète sans une réduction des écarts de développement au sein de l’Association.

Face à une Chine voisine et très entreprenante, plusieurs Etats de l’Asean ont accueilli favorablement ce que Barack Obama a d’abord présenté comme le «pivotement» des Etats-Unis vers l’Asie et qu’il définit aujourd’hui comme un «rééquilibrage» dans tous les domaines. Ce face-à-face entre les deux éléphants de l’Asie-Pacifique sera d’autant plus difficile à gérer pour Minh que son secrétariat général dispose de moyens très limités. En passant le relais à Minh, Surin a déclaré que la décennie en cours compte beaucoup plus de défis que la précédente. «Les superpuissances arrivent. Nous sommes le centre de gravité de la planète. Nous ne pouvons écarter personne. Nous pouvons seulement gérer les relations pour contribuer à l’équilibre stratégique que nous souhaitons voir se déployer ici».

Catégories
Birmanie Histoire

En Birmanie, la chasse aux Spitfires a commencé

Une équipe britannique de passionnés d’aviation a entamé, avec les autorités birmanes,  la recherche de dizaines d’avions de combat enterrés en 1945.

Après 17 ans de négociations avec les gouvernements successifs de la Birmanie, l’homme d’affaires britannique David Cundall a entamé, à la tête d’une équipe d’experts et de passionnés, la recherche de dizaines d’avions de combat Spitfire, lesquels auraient été enterrés dans des caisses par l’armée britannique à la fin de la seconde guerre mondiale, près de l’aéroport de Rangoon et près de Mytkyina, chef-lieu de l’Etat kachin (nord-est du pays).

Selon le webzine Irrawaddy, David Cundall s’est déclaré «optimiste», lors d’une conférence de presse à Rangoon le 9 janvier, sur les chances de retrouver les kits de ces avions mythiques, dont seulement 50 exemplaires en état de vol existent dans le monde. Dans un premier temps, l’équipe, composée de Britanniques et de Birmans, vérifient que l’excavation n’endommagerait pas des câbles électriques ou téléphoniques ou des réseaux de tuyauterie souterrains. Si le feu vert est donné, l’excavation commencera près de l’aéroport de Rangoon dans quelque jours.

David Cundall estime, précise Irrawaddy, que 36 Spitfires complets mais en pièces détachées pourraient se trouver dans le sous-sol environnant l’aéroport Mingaladon de Rangoon et 18 autres près de Myitkyina, où des premières recherches ont localisé des caisses enterrées. Si la chasse aux Spitfires aboutit, le gouvernement birman obtiendra la moitié des avions retrouvés, l’équipe de David Cundall 30 %. Les 20% restants iront à une firme privée birmane  associée à l’équipe britannique.

Le gouvernement de Grande-Bretagne, puissance coloniale en Birmanie à l’époque des faits, n’a pas demandé à recevoir quoique ce soit. Les Spitfires sont l’un des avions les plus réussis esthétiquement de cette époque et ont acquis une réputation légendaire lors de la Bataille d’Angleterre, lorsqu’ils ont repoussé les vagues de bombardiers de la Luftwaffe venus attaquer le Royaume-Uni en 1940.

Catégories
Politique Société Viêtnam

Dissidents du Vietnam : la justice frappe à nouveau très fort

Quatorze jeunes chrétiens ont été condamnés à de lourdes peines, le 9 janvier, pour «propagande» contre le régime ou tentative de «renverser» le gouvernement.

Les condamnés, en prison depuis 2011, sont des dissidents, dont des blogueurs, des militants politiques ou sociaux. Selon le site d’Eglises d’Asie, les trois condamnés à la peine la plus lourde (13 ans de prison suivis de cinq ans de résidence surveillée) sont Pierre Hô Duc Hoa, François Xavier Dang Xuân Diêu et Paulus Lê Van Dôn.

Un tribunal de Vinh, chef-lieu de la province de Nghe-An, dans le centre du Vietnam, a infligé des peines de trois à neuf ans de prison à dix autres, suivies de quelques années d’assignation à résidence. «Seul Nguyên Dang Vinh Phuc, pour qui deux ans de prison avaient été requis, bénéficie d’une certaine clémence, puisqu’il bénéficie d’un sursis», affirme le site des Missions étrangères de Paris.

Les quatorze condamnés sont de jeunes chrétiens, dont 13 catholiques et un protestant. Certains d’entre eux au moins ont été notamment accusés de s’être rendus à Bangkok, en Thaïlande, pour y suivre des cours de formation prodigués par Viet Tan, mouvement exilé dont le siège est aux Etats-Unis. Viet Tan est l’une des bêtes noires du régime communiste, qu’il a affirmé vouloir renverser par la force avant de se résoudre, depuis plusieurs années, à tenter de le faire par des moyens pacifiques.

D’autre part, plusieurs de ces dissidents ont milité contre la politique de Pékin, qui revendique 80% des eaux de la mer de Chine du Sud, que les Vietnamiens appellent la mer de l’Est.