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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : la peine de mort sur le fil du rasoir

Entre 1935 et 2009, 371 condamnés à mort ont été exécutés en Thaïlande. Les autorités du pays semblent vouloir rejoindre désormais les rangs des pays abolitionnistes.

Si l’on s’en tient au nombre de peines de mort prononcées, la Thaïlande figure encore dans le peloton de tête au sein de l’Asie du Sud-Est, devancée seulement par les leaders incontestés de cette pratique macabre et inhumaine, la Malaisie et Singapour. Une peine de mort est prononcée en moyenne par semaine par des tribunaux thaïlandais, soit environ une cinquantaine par an. L’an dernier, la presque totalité de ces peines ont été prononcées dans les trois provinces du sud du pays – Pattani, Yala et Narathiwat – où une insurrection séparatiste meurtrière a repris vigueur ces huit dernières années. A la date d’octobre 2012, 649 condamnés à mort se trouvaient dans des prisons de Thaïlande, la plupart à Bang Kwang, la prison dite de « sécurité maximum » dans la banlieue nord de Bangkok. A titre de comparaison, 900 condamnés attendent leur exécution dans des geôles de Malaisie. Deux pays de la région ont aboli la peine capitale : le Cambodge depuis la constitution de 1993 et les Philippines. Un troisième, le Timor oriental, ne l’a jamais inscrite dans ses codes de lois après être devenu formellement indépendant en 2002.

Généralement, la population thaïlandaise est plutôt partisane de la « rétribution », comme l’avait montré le fort taux d’approbation de la « guerre contre la drogue » menée par le Premier ministre de l’époque, Thaksin Shinwatra, en 2003. Des suspects étaient abattus sommairement par des commandos de la police, sans autre forme de procès. Malgré cela, le royaume semble évoluer progressivement vers une position moins radicale. Quand le vice-Premier ministre, Chalerm Yoombarung, s’est engagé au début de l’été dernier à faire exécuter les condamnés à mort pour trafic de drogue « dans les quinze jours de leur condamnation », un pardon royal a été décrété pour tous les condamnés à mort dont le processus judiciaire était arrivé à terme à l’occasion de l’anniversaire de la reine Sirikit le 12 août. Chalerm semble avoir compris le message et s’est fait plus discret, du moins sur ce chapitre. Depuis que la peine de mort a été appliquée aux crimes de trafic de drogue dans les années 80, la grande majorité des peines capitales ont été prononcées dans ces cas de figure.

Un site internet mis en place par l’ONG thaïlandaise de protection des droits de l’Homme Union for Civil Liberties (1) fournit de nombreuses informations sur la peine de mort en Thaïlande. La pratique ancienne était de faire abattre le condamné au fusil mitrailleur, mais en 2003, Bangkok a changé la méthode d’exécution pour passer aux injections létales. Selon Danthong Breen, président d’UCL, une équipe thaïlandaise s’est alors rendue aux Etats-Unis pour être initiée à la méthode et, à son retour, quatre condamnés ont été exécutés au titre de la « mise en pratique ». Une fleur de lotus et des bâtons d’encens sont insérés dans les mains du condamné et un bonze (si le condamné est bouddhiste) prononce un sermon juste avant l’exécution.

Les deux dernières exécutions ont eu lieu en 2009. Avant son exécution, le condamné est autorisé à passer un unique coup de téléphone mais, comme souvent la personne à l’autre bout est absente, la famille du condamné n’est généralement informée de l’exécution que quand on lui demande de venir prendre le corps.

Le mois dernier, William Schabas, professeur de droit international, a mené une mission d’évaluation de la situation des droits de l’Homme en Thaïlande pour le compte du Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme. Il s’est vu assurer personnellement par le procureur général qu’il n’y aurait plus d’exécution capitale en Thaïlande. Toutefois, cette disposition ne sera probablement pas inscrite dans une loi. Si les propos du procureur général sont confirmés par les faits, la Thaïlande pourrait faire partie des pays abolitionnistes en 2019, quand il n’y aura plus eu d’exécution durant une période consécutive de dix ans.

(1)   http://www.deathpenaltythailand.blogspot.com/

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Tourisme Viêtnam

Vietnam : nuoc mam et splendeur des plages à Phu Quôc

L’île de Phu Quôc, dans le golfe de Thaïlande, a deux mamelles : la saumure de poisson et le tourisme dans un cadre idyllique. Elle s’en porte très bien. Reportage.

Phung Hung est une entreprise familiale nichée dans l’une des rues proches des quais d’An Thoi, le petit port du sud de l’île de Phu Quôc, au large de la côte du Cambodge. Sur les marches de la salle de réception cossue du rez-de-chaussée sont alignées sandales et souliers.

Assis sur des fauteuils et un canapé, des négociants échangent des liasses de billets tout en sirotant une tasse de thé. Dans ce bâtiment neuf, un large escalier conduit aux appartements privés. Au fond, une petite porte donne sur un hangar encombré d’une trentaine de vastes cuves, hautes de plus de deux mètres et de couleur marron-rouge. A l’odeur, le visiteur sait déjà où il se trouve.

Bienvenue dans l’univers du nuoc mam

La scène s’est déroulée voilà quelques années. Bienvenue, donc, dans l’univers du nuoc mam, la fameuse saumure de poisson du Vietnam sans laquelle la cuisine nationale ne serait pas ce qu’elle est. Une cuve en contient douze tonnes.

Au bout d’un an de fermentation, les couches superposées de poisson, les deux tiers du total, et de sel, le tiers restant, ont produit le nuoc mam, précieusement déversé à l’aide d’un tuyau dans des bacs en plastique d’où il est reversé dans des flacons ou, pour le commerce de gros, dans des jerrycans.

Phu Quoc carte de situation Google Map
L’île de Phu Quôc forme, sur le plan géologique, une résurgence de la chaîne des Cardamones, qui occupe l’ouest du Cambodge

Phung Hung dispose de deux fabriques, la deuxième se trouvant en lisière du bourg. Et de deux bateaux de pêche dont les sorties s’étalent sur plusieurs jours. Le nuoc mam est à base de ca com, une sorte locale d’anchois, qui représente 80% de la pêche, le reste étant constitué par les autres petits poissons qui traînent dans les filets. Comme le vin, le nuoc mam vieillit bien. «Un litre de nuoc mam de dix ans d’âge peut atteindre le prix de cent vingt mille dôngs», dit la patronne, soit six € à l’époque, alors que le litre ordinaire se vend entre trois mille et quinze mille dôngs.

C’est connu, du moins des vrais amateurs de mets vietnamiens : le nuoc mam de Phu Quôc est le plus prisé. La saumure de poisson est également produite dans d’autres ports, notamment à Phan Thiêt, dans le Centre-sud du pays, mais sans bénéficier d’un prestige aussi grand. Sur les étiquettes de leurs fioles, les fabricants de Phu Quôc mentionnent leur AOC, non que l’acronyme soit légal au Vietnam mais avec l’espoir qu’il le deviendra un jour,- «comme les vins français», dit la patronne. Phung Hung a été créée voilà quinze ans seulement et «l’affaire marche bien», ajoute-t-elle.

L’île de Phu Quôc forme, sur le plan géologique, une résurgence de la chaîne des Cardamones, qui occupe l’ouest du Cambodge. Le mont le plus élevé y dépasse les cinq cents mètres et l’île abrite la forêt la mieux préservée du Vietnam pour une raison bien simple : la terre est généralement ingrate et seules quelques plantations, dont celles de poivriers, ont pris racine. Le relais écologique a été assuré par une décision assez récente de décréter cette forêt zone protégée. Les insulaires se sont donc repliés sur la pêche et le produit qu’ils en tirent, la saumure de poisson.

Au centre de l’île, à l’embouchure d’une rivière éponyme, Duong Dong est le bourg le plus important. Il baigne également dans une odeur de nuoc mam, mais moins qu’An Thoi, car les fabriques sont plus éloignées du centre. Sur la rivière, la société Thinh Phat a aménagé, dans la cour de sa fabrique de nuoc mam, un jardin et un pavillon où le visiteur vietnamien teste la saumure à l’aide de minuscules cuillères et peut acheter sa provision de saumure pour l’année. A une condition : regagner le continent par bateau car le transport du nuoc mam est strictement interdit à bord des vols aériens commerciaux.

L’avenir de l’industrie de nuoc mam dépend des réserves de poissons

Sur ce point, les avis sont partagés. Les uns disent qu’il faut désormais aller le pêcher beaucoup plus loin, y compris dans les eaux indonésiennes. D’autres maintiennent que les eaux vietnamiennes demeurent très poissonneuses et que l’avenir est donc assuré. Si le temps et les hommes le permettent, le tourisme assurera rapidement sa part importante de relais.

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Une plage de Phu Quôc. Photo : http://vi.wikipedia.org/wiki/T%E1%BA%ADp_tin:Phu_Quoc_Southern_Islands.jpg

Car, ces dernières années, le tourisme se développe rapidement, notamment au sud de Dong Duong, sur une plage rectiligne de plusieurs km, où se multiplient des hôtels de luxe en majorité à clientèle étrangère. Les étrangers la surnomment déjà Long Beach. A la mi-décembre 2012, le premier ministre Nguyên Tân Dung a demandé que l’île, qui dépend de la province voisine de Kien Giang dans le delta du Mékong, soit transformée en zone économique spéciale. Il souhaite que son vaste potentiel soit exploité : aquaculture, pêche, tourisme, agriculture. Le taux de croissance économique à Phu Quôc est déjà de 22% par an et le nombre des touristes augmente de 13% chaque année.

A Duong To vient d’être posée la première pierre d’un aéroport capable d’accueillir  des gros porteurs. D’une superficie de 900 hectares et d’une capacité de 2,6 millions de passagers, il remplacera celui de Duong Dong, une piste où se posent plusieurs fois par jour les ATR72 de Vietnam Airlines (et, depuis le 15 décembre 2012, des vols de la compagnie à bas coût VietJetAir).

Longue d’une cinquantaine de kilomètres, Phu Quôc a des attraits exceptionnels

Parmi les plages de sable blanc figure également celle de Bai Sau,- la « plage de derrière » -, à une quinzaine de minutes de piste d’An Thoi en motocyclette. Les Vietnamiens y viennent en famille, les jours de congé, déguster des crevettes grillées accompagnées d’une bière. L’électricité est fournie par un générateur ; l’eau et les provisions sont apportées à bord de camionnettes.

D’autres plages aussi belles se retrouvent dans des zones militaires, reliquat de l’époque où les Khmers rouges gouvernaient le Cambodge et réclamaient agressivement la rétrocession de cette île qui fît partie de l’empire khmer avant son rattachement au Vietnam voilà deux siècles.

Le tourisme est attiré par un potentiel important, y compris des promenades jusqu’au pied de cascades dans la forêt haute. Des bateaux de pêche se sont déjà reconvertis pour transporter des visiteurs, surtout vietnamiens, attirés par les excursions sur les sept îles ou îlots au sud d’An Thoi. Long Beach prend l’allure d’une riviera. Qu’était Phuket, dans le sud de la Thaïlande, voilà un demi-siècle ?

A dix minutes en moto d’An Thoi, sur la route qui mène à Duong Dong, les baraquements en tôle rouillée – murs et toiture – de la « prison des cocotiers » s’alignent entre deux camps militaires. Pendant la guerre, les Américains y avaient interné, jusqu’en 1973, une partie des quelque quarante mille Vietcongs qu’ils avaient fait prisonniers. Par ce biais, la guerre avait gagné Phu Quôc, que l’insularité protégeait. De nos jours, les ferry «à grande vitesse» relient, en trois heures, l’île au port continental de Rach Gia. Quelques navettes rapides existent également entre celui de Ha Tiên, deux fois plus proche, et An Thoi. En attendant l’atterrissage des Dreamliners qui, dans quelques années, viendront directement de l’étranger.

Texte de Jean-Claude Pomonti, Photos de Nicolas Cornet

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Thaïlande Tourisme

Les agences touristiques russes de Phuket forcées à la fermeture

Une révolte des chauffeurs de taxi et de tuk-tuk a poussé les autorités de Thaïlande à fermer provisoirement les agences russes de tourisme de deux plages de Phuket.

Les tensions s’étaient accumulées entre les chauffeurs de tuk-tuk et de taxi et les agents touristiques russes près des plages de Karon et de Kata et l’explosion n’était qu’une question de temps. Dans la soirée du 3 janvier, une centaine de ces chauffeurs a bloqué la circulation durant une heure devant le commissariat de Karon pour faire passer leur message: la guerre des prix des transports menée par les agences russes de tourisme menace leur survie économique. Selon le chef municipal de Karon, Winai Chidchiew, cité par le webzine Phuket Gazette, « les Russes ont ouvert plus de cent agences de tourisme à Kata et à Karon pour vendre des packages ». Winai précise que ces agences « proposent aussi des services de transport à des prix tellement bas qu’ils affectent les revenus des locaux ».

Des pourparlers entre les chauffeurs et la police de Karon ont amené cette dernière à décider la fermeture provisoire de toutes les agences russes de Karon et de Kata, deux des principales plages de Phuket, en attendant qu’une solution soit trouvée. Les entreprises de tourisme russes, présentes depuis plus d’une décennie à Pattaya et depuis plusieurs années sur l’île de Koh Chang, ont fortement renforcé leur présence à Phuket ces dernières années, provoquant le ressentiment de nombreux entrepreneurs locaux.

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Analyse Histoire Indonésie Politique

Indonésie : la dynastie Sukarno toujours en vie

Le dégel est bien avancé entre l’actuel président et les descendants du père de l’indépendance. La famille de Sukarno entend continuer de jouer un rôle politique.

Le Parti démocrate, fondé par l’actuel président Susilo Bambang Yudhoyono (SBY), appuie l’entrée au gouvernement de Puan Maharani, petite fille de Sukarno (1901-1970), premier président de l’Indonésie. Le parti estime qu’elle «dispose des qualités nécessaires» à l’exercice des fonctions de ministre, a déclaré le 28 décembre Nurhayati Ali Assegaf, président du groupe parlementaire des Démocrates à l’Assemblée. Il s’agit de remplacer le ministre de la Jeunesse et des Sports, Andi Mallarangeng, un favori de SBY qui a dû démissionner de ses fonctions pour faire face à des accusations de corruption.

Ainsi donc, la «dynastie Sukarno» se porte moins mal qu’on ne le pense. Comme ses deux frères ne s’intéressant pas à la politique, du moins pour l’instant, Puan est l’héritière de Megawati Sukarnoputri, fille aînée du père de l’indépendance et présidente de 2001 à 2004. Agée de 40 ans, elle n’est pas une novice : élue à la chambre basse (DPR), elle y préside depuis janvier 2012 le groupe parlementaire du PDI-P (Parti démocratique indonésien-lutte), la formation présidée par Megawati. Le père de Puan, Taufiq Kiemas, troisième mari de Megawati, a été élu (avec l’aide de SBY) président de l’Assemblée consultative du peuple (MPR), qui rassemble députés et représentants des régions.

Mais les ambitions de Puan se sont longtemps heurtées à la rancune de sa mère à l’égard de SBY, son ancien super-ministre de la sécurité. SBY, général à la retraite et qui a fait sa carrière sous Suharto, a fait l’affront de se présenter contre Megawati en 2004 lors de la première élection présidentielle au suffrage universel. Et il l’a écrasée au deuxième tour (60%). Ce scénario s’est reproduit en 2009, lorsque SBY a glané son deuxième et dernier mandat présidentiel.

Depuis des années, Taufiq a tenté d’amorcer une réconciliation mais Megawati n’a salué SBY qu’à deux reprises. Elle n’a pas refusé une invitation à un banquet présidentiel en 2011, lors de la visite de Barack Obama. En novembre 2012, elle s’est rendue une deuxième fois à la présidence pour participer à la cérémonie d’attribution à son père de la dignité de «héros national». Le 26 décembre, enfin, Taufiq a été remettre à SBY un exemplaire de sa biographie. Il s’est fait accompagner par sa fille et la rencontre a ouvert le débat sur une éventuelle participation au gouvernement de Puan.

Puan affiche des ambitions présidentielles. Elle ne s’en cache plus depuis octobre 2011 mais  subordonne ses propres choix aux décisions de Megawati. Si celle-ci décide de se représenter en 2014, donc à l’âge de 67 ans, Puan fera campagne pour elle. Quant à Megawati, elle hésite. D’un côté, elle a subi deux graves revers électoraux face à SBY et le PDI-P a perdu une sérieuse partie de son audience. D’une autre, le Parti démocrate risque de demeurer dans l’histoire le parti d’une présidence : sa direction est discréditée par des scandales de corruption et SBY n’a pas réussi à organiser sa succession.

Une multitude de scénarios peuvent donc se dérouler d’ici à 2014. Mais, même sur le recul, le PDI-P «sukarniste» demeure une formation dont il faut tenir compte.  Il a un atout : avec Puan Maharani,  la succession de Megawati semble assurée.

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Birmanie Malaisie Politique Social Thaïlande

La Thaïlande renvoie des Rohingyas à la case départ

Un groupe de 74 Rohingyas, ou musulmans venus de l’Etat Rakhine en Birmanie, sont renvoyés par voie de terre dans leur pays.

A court d’essence, ils avaient stoppé leur embarcation au large de l’île thaïlandaise de Phuket le 1er janvier. Selon le site d’informations Phuket Wan, qui a interviewé plusieurs de ces Rohingyas, leur bateau surchargé accompagnait un autre, beaucoup plus important, qui transportait environ 500 personnes et a accosté le 30 décembre sur l’île de Langkawi en Malaisie. Parmi les 74 passagers du bateau, immobilisé au large de la plage de Rawai, sur l’île de Phuket, figurent dix enfants de moins de dix ans et quatorze femmes, pour la plupart des adolescentes. Selon Phuket Wan, ils viennent de Maungthaw, une ville de l’Etat Rakhine dévastée par les violences intercommunautaires et ont navigué 13 jours avant d’arriver à Phuket. Chacun a payé 400 euros le passeur qui a organisé leur voyage.

Comme la plupart des Rohingyas fuyant la Birmanie, ceux-ci comptaient atteindre la Malaisie pour y trouver du travail. La police thaïlandaise leur a donné des vivres et de l’essence pour leur permettre de poursuivre leur périple, mais, finalement, ces Rohingyas ont renoncé devant le risque d’un chavirage. En conséquence, ils seront reconduits en camion à la frontière birmane par les autorités de Thaïlande. Le groupe de 481 Rohingyas qui est arrivé sur l’île malaisienne de Langkawi risque aussi d’être renvoyé en Birmanie. Plusieurs organisations de protection des droits de l’Homme ont appelé Kuala Lumpur à ne rien en faire.

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Analyse Asie Chine Culture Indonésie Malaisie Politique Singapour Viêtnam

Philippe Picquier lance la collection l’Asie immédiate

L’éditeur d’Arles, spécialiste de l’Asie, enrichit sa gamme de publications avec une nouvelle collection de poche, L’Asie immédiate. L’objet : la géopolitique.

Bonne nouvelle, L’Asie immédiate, collection dirigée par l’historien du Japon Jean-Marie Bouissou, est lancée le 3 janvier. Deux ouvrages collectifs seront en librairie dès le lendemain : Les Géants d’Asie en 2025, de Bouissou, François Godement et Christophe Jaffrelot ; et Internet en Asie, par Karyn Poupée, Séverine Arsène, Alexandra Soulier, Ingrid Therwath et Jean-Marie Bouissou.

L’objectif de cette collection est de mettre «à la disposition des experts comme du grand public une analyse des grands problèmes qui se posent en Asie, particulièrement la Chine, le Japon et l’Inde». Le premier ouvrage est une étude prospective des ces «trois grands», une tentative de savoir où ils en seront  dans une douzaine d’années. Le second porte sur l’effet de la Toile sur un continent où les populations d’internautes sont exponentielles, y compris dans des économies émergentes comme la Malaisie, le Vietnam et l’Indonésie.

Les statistiques, écrivent les auteurs, «ne corroborent pas vraiment l’idée d’une ‘relation naturelle’ entre la pénétration et les avancées de la démocratie, du moins en Asie». Philippe Picquier a donc choisi de créer un pôle de réflexion sur le devenir de ce vaste continent parce que l’Histoire pourrait s’y écrire, en grande partie, au XXIème siècle. Vaste chantier.

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Asie Social Thaïlande

La Thaïlande face au problème croissant de l’opium

La découverte d’un vaste champ d’opium dans le nord du royaume alerte les autorités de la Thaïlande.

Depuis des décennies, la culture du pavot à opium dans le nord de la Thaïlande, près des frontières de la Birmanie et du Laos est considérée comme étant sous contrôle : seuls quelques paysans dans des zones reculées continuaient à cultiver des petites parcelles de pavots, dont l’opium, une fois extrait, était le plus souvent directement consommé par les villageois. Les projets menés par le roi de Thaïlande pour substituer diverses cultures (café, fraises…) à l’opium sont généralement considérés comme des réussites, y compris par l’agence onusienne de lutte contre la drogue (UNDOC). Mais, selon le quotidien de Singapour The Straits Times, la découverte fin décembre par la police thaïlandaise d’un champ d’opium de près de 13 hectares dans le district de Chai Prakan, dans la province de Chiang Mai, a montré la nécessité de renforcer la vigilance dans ce domaine, même si la priorité des autorités de Thaïlande reste la lutte contre le trafic de méthamphétamine. Cela fait plusieurs décennies qu’on n’avait pas trouvé un si vaste espace de culture consacré aux pavots.

The Straits Times cite également un expert de la lutte contre le trafic de drogue, lequel souligne que « la demande d’héroïne augmente », tirée notamment par les consommateurs chinois. En juillet 2011, la police australienne a saisi une cargaison de 306 kilos de méthamphétamine sous forme de cristaux cachée dans des poteries en provenance de Thaïlande. La cargaison contenait aussi 252 kilos d’héroïne. Une fois récoltée, l’opium est envoyé en Birmanie pour être transformé en héroïne dans des «laboratoires» proches de la frontière. L’héroïne est ensuite acheminée vers la Thaïlande, qui constitue un pays de transit alimentant le marché international.

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Social Thaïlande

Bonnet d’âne pour les écoliers du sud de la Thaïlande

Les élèves des écoles de la région déstabilisée par une insurrection sont classés au bas de l’échelle nationale.

Les assassinats d’enseignants dans le sud à majorité musulmane de la Thaïlande font régulièrement les gros titres des journaux. Près de 160 d’entre eux, à 80 % de confession bouddhiste, ont été tués depuis la résurgence de l’insurrection séparatiste en janvier 2004. Selon le Straits Times de Singapour, un des effets de cette violence contre les enseignants dont on parle peu est le mauvais résultat des élèves des écoles du Sud dans le classement national. En 2012, les écoliers des trois provinces frontalières de la Malaisie – Pattani, Yala et Narathiwat – se retrouvent à nouveau dans le bas du tableau national.

Selon Prasit Meksuwan, ancien président de la Confédération des enseignants du sud cité par le quotidien, les assassinats d’enseignants ont un impact psychologique important sur l’état d’esprit des élèves, les décourageant d’apprendre. Toutefois, ce sont surtout les conditions culturelles qui désavantagent les écoliers du sud, lesquels sont dans leur immense majorité issus de familles malaises (qui parlent le jawi, un dialecte malais, à la maison) et donc ne rentrent en contact avec la langue thaïe que lors de leur entrée dans le cycle primaire.

En outre, parallèlement à leur cursus à l’école publique, ces enfants suivent presque toujours une éducation religieuse à l’école coranique, où des textes écrits en arabe sont appris par cœur sans véritable compréhension du contenu. Selon plusieurs experts, cette double éducation les désavantage par rapport à leurs camarades thaïs bouddhistes. Le Straits Times estime que le risque de ces handicaps cumulés est la condamnation des jeunes Malais musulmans “à une vie d’échecs”.