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La victoire d’Obama : l’Asie du Sud-Est plutôt contente

Les gouvernants de la région ne le diront pas trop mais, à de rares exceptions près, ils sont satisfaits de voir Barack Obama demeurer à la Maison blanche.

Ils ne le diront pas trop haut, pour ne pas froisser leurs voisins chinois, lesquels n’éprouvent guère de sympathie pour ce président américain qu’ils accusent de vouloir contenir la Chine, donc au moins de contester la prééminence chinoise en Asie. Mais, au fond d’eux-mêmes, les élites d’Asie du Sud-Est se réjouissent, dans l’ensemble, du «pivot» imposé par Obama en direction de l’Asie-Pacifique tout en souhaitant que cette manifestation de fermeté américaine ne dégénère pas et assure la paix.

Dans l’immédiat, cela voudrait vouloir dire qu’un chef de d’Etat américain participera au sommet de l’Asie de l’Est prévu, du 18 au 20 novembre, à Phnom Penh au Cambodge, siège de l’un des gouvernements peut-être les plus réticents en Asie du Sud-Est à l’égard du réélu. Lors de ce qui pourrait être son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection, Obama se retrouvera aux côtés d’un représentant de la nouvelle direction chinoise, qu’il s’agisse de Li Kequiang (premier ministre présumé) ou, plus probablement, de Xi Jinping (chef d’Etat présumé).

Un changement va avoir lieu : Hillary Clinton n’a pas l’intention de demeurer secrétaire d’Etat car elle pourrait briguer la succession d’Obama en 2016 (le deuxième mandat de ce dernier, parrainé par le populaire Bill Clinton, pourrait lui servir de tremplin). Or, pendant les quatre dernières années, Mme Clinton a sillonné le Sud-Est asiatique, se rendant à Jakarta, Nyapyidaw, Bangkok, Hanoi, etc., pour y clamer que l’Amérique est de retour, y assurer l’intérêt de son gouvernement envers un règlement pacifique en mer de Chine du sud, y gérer un engagement à l’égard de la Birmanie (Myanmar) et, enfin,  y poursuivre la normalisation avec un ancien adversaire, le Vietnam.

Les dirigeants chinois ont un a priori favorable à l’égard des Républicains américains puisque l’un d’entre eux, Richard Nixon a été le premier chef d’Etat américain à leur rendre visite en 1972. Mais ils ne savaient trop que penser de Mitt Romney, qui a tenu des propos (de campagne électorale) sévères à leur égard. Ils devront donc s’accommoder d’Obama (sans Mme Clinton, qu’ils ont reçue froidement lors de son dernier passage à Pékin). De toute façon, ils savent, comme leurs homologues d’Asie du Sud-Est, que la marge de manœuvre d’un président américain est limitée en raison du poids pris par le Congrès, lequel demeure apparemment divisé.

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L’Asem au Laos : un sommet pour pas grand-chose

Le 9ème sommet de l’Asie-Europe, ou Asem, s’est déroulé à Vientiane les 5 et 6 novembre. Un rendez-vous sympathique, sans véritable enjeu et passé un peu inaperçu.

Les Européens intéressent les Asiatiques et vice-versa. Mais l’Europe n’intéresse guère l’Asie. Avec ses difficultés financières, elle n’est plus un modèle mais un navire menacé de sombrer, du moins elle tend à être perçue ainsi en Asie, provisoirement. Certes, les 49 pays de l’Asem représentent plus de 50% du PIB mondial et 60% des échanges internationaux ; et abrite près de 60% de la population mondiale. Mais, aux yeux des Asiatiques et de leurs gouvernants, sur le plan stratégique, l’Europe n’existe guère.

Aussi, fondée en 1996 à Bangkok, l’Asem a eu beau ancrer un dialogue continu, à plusieurs niveaux et dans plusieurs secteurs, entre les deux continents, ses sommets tous les deux ans demeurent plutôt informels et sans objectif précis. Certes, c’est une bonne occasion de faire des rencontres et de prendre la température. Mais tout le monde ne s’y rend pas, comme l’ont montré deux ténors européens, Angela Merkel et David Cameron. En outre, le calendrier n’a pas favorisé l’Asem : le scrutin présidentiel américain a coïncidé et le Congrès du PC chinois s’ouvre le 8 novembre.

Sur le départ et égratigné en fin de parcours par les révélations du New York Times sur l’enrichissement de membres de sa famille, le premier ministre chinois Wen Jiabao n’avait sans doute pas de mandat pour rencontrer son homologue japonais, Yoshihiko Nada, et discuter avec lui de leur contentieux en mer de Chine en dépit d’une relative accalmie. Ils ne se sont pas vus en-dehors de la séance plénière.

François Hollande a, lui, fait le long voyage et, en l’espace d’une journée, découvert quelques interlocuteurs asiatiques, entre autres le Premier ministre du Vietnam et celui de la Malaisie. Il a revu le président de l’Indonésie, qu’il connaissait déjà (le G20). Le chef de l’Etat semble un peu hésiter : il veut avoir une politique asiatique dynamique  – c’est clair – mais il éprouve du mal à la formuler ou ne sait pas trop comment s’y prendre. Ce n’était peut-être pas une raison pour reprendre une antienne de François Mitterrand (en bref, les Asiatiques doivent jouer le jeu, pas de dumping, pas de manipulation de la monnaie, des salaires plus sociaux). Ni une raison, même s’il était pressé, pour ne pas aller s’incliner devant la dépouille mortelle d’un grand ami asiatique de la France, Norodom Sihanouk. Phnom Penh est à moins d’une heure d’avion de Vientiane.

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Sommet Asie-Europe: l’ombre grandissante de la Chine

Le sommet de l’Asem qui se tient les 5 et 6 novembre à Vientiane est l’occasion pour la Chine de s’affirmer comme puissance responsable.

Malgré les effets de manches, les Européens sont venus dans leurs petits souliers au sommet Asie-Europe, qui réunit les leaders d’une cinquantaine de pays des deux continents dans la capitale du Laos. Minés par une crise de la dette publique qu’ils n’arrivent pas à contenir et un euro assiégé de toutes parts, les chefs de gouvernement et d’Etat du vieux continent ne peuvent plus adopter la position de donneurs de leçons – un rôle qu’ils ont parfois donné l’impression de jouer lors de sommets précédents sur les questions de droits de l’Homme mais aussi de bonne gestion économique. Cette conjoncture joue en faveur de la Chine, qui, comme les autres économies orientées vers l’exportation d’Asie, subit le contrecoup des maux économiques et financiers européens.

Avec son poids économique et le crédit de sa monnaie, la Chine sait que sa réaction à la crise économique et financière européenne est déterminante. Et, selon une stratégie habile qu’elle avait déjà suivie en 2007-2008 en ne dévaluant pas le yuan, Pékin saisit l’occasion pour s’affirmer comme une puissance aussi incontournable que responsable, sachant que les Européens ne pourront qu’en être reconnaissants. Malgré un Congrès du Parti communiste Chinois qui doit commencer dans quelques jours, le Premier ministre Wen Jiabao est venu à Vientiane, au ravissement des dirigeants laotiens quelque peu fébriles de vivre le premier grand sommet international organisé sur leur sol.

Avec une Asie du Sud-Est en grande partie tournée vers la Chine, du moins au niveau économique, l’ancien Empire du milieu rayonne dans son habit de « grand frère ». Le ton de la presse chinoise est triomphaliste. L’agence chinoise Xinhua se gargarise de « rôle global sans cesse en expansion de Pékin » et de « soft power chinois ». Certes, les dirigeants philippins et peut-être d’autres tenteront-ils de mettre les tensions en mers de Chine orientale et méridionale sur la table, mais Pékin semble être, cette fois-ci, en position de dicter l’ordre du jour, qu’elle souhaite focaliser sur les questions économiques et de « dialogue civilisationel ».

Coopérer avec les Européens au niveau économique pour tenter de limiter les effets de la crise est une stratégie de bon sens aux yeux de Pékin. Le réengagement américain en Asie, perceptible sous la présidence de Barack Obama inquiète la Chine. La proximité entre l’opposition birmane – peut-être appelée à diriger le pays après les élections de 2015 – et les Etats-Unis n’est pas de bon augure pour la Chine. Alors que les militaires birmans pourraient bientôt assister aux manœuvres Cobra Gold organisées par les Américains et les Thaïlandais, le gouvernement birman suspend d’énormes projets d’investissements chinois. Les Européens, assez divisés sur les questions de politique asiatique, ne sont pas en train de « s’allier » avec la Chine. Mais, hypnotisés par la montée économique du géant asiatique, ils constituent une troisième partie, moins hostile envers Pékin et, parfois, défiante vis-à-vis de Washington.

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Vietnam: Prix Fémina, Peste & choléra, Deville et Yersin

Le prix Fémina a été attribué le 5 novembre à Patrick Deville  pour son roman, Peste & Choléra, gloire posthume d’Alexandre Yersin. Quel héros et quelle plume!

A deux pas de la route mandarine et à une vingtaine de km de la magnifique baie de Nha Trang, dont le rivage est aujourd’hui pollué par les constructions, s’élève la pagode de Linh Son Phap, peu après le village de Suôi Cat. Une pagode sans grand caractère mais propre, ombragée, spacieuse et qui ne pleure pas misère. Le 14 mars 2011 est un jour de fête et un demi-millier de fidèles en robes grises déjeunent après les prières. Repas léger, végétarien, pris dans le calme et la simplicité au pied des autels illuminés par de nombreuses bougies.

L’un de ces autels accueille une grande photo : un Occidental à la barbe blanche, quasiment chauve, aux yeux bleus, à la chemise grand ouverte. Plus loin sur la même route, à cinq minutes en moto, mais sur le côté opposé et en retrait, se trouve une grille qu’un vieux gardien un peu esseulé ouvre gentiment. Il montre du doigt un gros monticule, pas même une colline. En haut de laquelle se trouve une tombe : Alexandre Yersin, 1863-1943, aux côtés d’un pagodon quelconque. En marchant dix minutes, Nicolas Cornet et moi-même gagnons une série de bâtiments bien entretenus et les étables de quelque 400 chevaux, le principal centre de fabrication de vaccins du Vietnam.

Ce sont les legs les plus symboliques de Ong Nam («Monsieur N° 5», référence aux cinq barrettes de son uniforme, celui des débuts, de lieutenant-colonel médecin de la marine) : une simple tombe sur une colline qui se trouve nulle part, une photo éclairée par deux bougies sur un autel au pays du culte des ancêtres (et des bienfaiteurs).  Les témoignages physiques manquent : la grande maison carrée à trois étages, que Yersin avait fait construire à la Pointe des pêcheurs, a été rasée – le tourisme – et il ne reste, à Nha Trang, qu’un petit musée ; enfin, éloigné, isolé dans la montagne, un simple chalet peu accessible est conservé.

L’autel, dans la pagode de Linh Son Phap, est dédié à un génie tutélaire. Si Yersin, dont la photo est celle d’un vieux sage, ce qu’il a été, est l’objet d’un culte local, c’est pour une raison peu connue ailleurs : il avait mis au point un système d’alerte aux tempêtes, aux cyclones, aux typhons qui balaient régulièrement la côte en septembre-octobre. Les pêcheurs lui en sont éternellement reconnaissants.

C’est autour de ce personnage truculent que Patrick Deville construit son roman. Yersin est un laborantin de génie, un bras droit de Louis Pasteur. Mais il veut voir la mer. Ancré beaucoup plus tard dans la baie de Nha Trang, il veut explorer la terre et s’enfonce dans le pays («moï», pour sauvage, à l’époque ; des minorités ethniques, de nos jours), escalade la cordillère indochinoise pour rejoindre, côté cambodgien, le Mékong (en traversant, mais elle n’existait pas à l’époque, la ou les multiples pistes « Hô Chi Minh »).

Yersin emmène sur les Hauts Plateaux du sud son ami Paul Doumer – à l’époque Gouverneur général de l’Indochine, plus tard président assassiné, aujourd’hui célèbre pour être le plus vieux pont, rebaptisé Long Bien, à avoir résisté à toutes les guerres en enjambant, à Hanoï, le Fleuve rouge. Ils vont fonder Dalat, station d’altitude de la «belle colonie» cochinchinoise, agréable petite ville demeurée, elle, à l’écart des guerres et qui conserve encore aujourd’hui son allure de début du XXème siècle. Doumer a eu tort de faire carrière, juge Yersin,- «la saleté de la politique», dont il se méfie, reprend à plusieurs reprises, et à bon escient, Patrick Deville.

La mer, l’exploration, la découverte, une curiosité insatiable. Ce sont les guides, en fin de compte, de ce touche-à-tout brillant. Louis Pasteur et Emile Roux le laissent partir : rien ne sert de l’encager. Microbiologiste ? Certes, il l’a été et le sera toujours, avec une capacité étonnante d’aller droit au but. Envoyé à Hong Kong par les Pasteuriens en 1894, en pleine épidémie de peste, c’est lui, et lui seul, qui y découvre le bacille spécifique de la peste. Mais il ne s’arrête qu’un instant à l’idée de la notoriété, il rejette la notion de carrière, la vie n’est pas un escalier à grimper jusqu’à atteindre le sommet de la reconnaissance. Les Prix Nobel sont pour les autres.

Une idée, dans sa tête, ouvre la voie à la suivante. Yersin en a tous les jours. Il fait venir de «métropole» la première auto à Nha Trang. Pourquoi ne pas adapter au climat vietnamien l’hévéa sud-américain, le quinquina, le rosier, la vigne,… ? La ferme, qui s’ouvre près de Suôi Cat, s’étend au fil des années aux premiers contreforts de la Cordillère indochinoise. Voilà donc Yersin mécanicien, cultivateur, horticulteur, arboriculteur. L’Histoire retient Dunlop, Michelin, Renault, le pneu, la quinine. Ils oublient le touche-à-tout qui découvre les bacilles, fait fabriquer les vaccins, lutte contre le paludisme, initie les Vietnamiens à la vigne, aux fruits d’Europe.

Yersin s’en fiche. Son immense ferme lui rapporte suffisamment pour poursuivre son œuvre. Il ne sera pas enterré, dit Deville, dans la cour de l’Institut Pasteur à Paris, même si les deux Français les plus célèbres au Vietnam demeurent Pasteur et Yersin (on ajoutera peut-être un jour Bonaparte, dont les tactiques ont été adaptées aux guerres du XX° siècle par un admirateur de génie, le général Giap, aujourd’hui centenaire et futur génie tutélaire).

Deville, le soin de l’écriture, un travail minutieux à la fois de plume et de recherche, une utilisation très intelligente des mots et des correspondances de Yersin avec sa mère et sa sœur, l’ensemble offre un ouvrage dont chaque détour est une heureuse surprise. Talent, humour, sérieux, distance à l’égard de son héros, ce Suisse devenu français qui, lui-même, garde ses distances vis-à-vis des autres par souci d’indépendance. Yersin, au soir de sa vie, découvrira la poésie et reprendra ses traductions de grec et de latin. Puisant dans son immense talent, Deville lui rend l’hommage qu’il faut.  Et le prix Fémina est veu couronner le tout.

Jean-Claude Pomonti (photographies de Nicolas Cornet)

Peste & Choléra, de Patrick Deville (Seuil)

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Indonésie

L’Indonésie peut planter des palmiers à huile sans déboiser

A Kalimantan, partie indonésienne de Bornéo, Jakarta pourrait planter 14,5 millions d’hectares de palmiers à huile sans déboiser, selon des chercheurs américains.

Rassemblant une centaine de scientifiques, d’économistes, de politistes et de financiers, l’Institut des ressources mondiales de Washington (WRI, pour World Resources Institute) se concentre sur les moyens pratiques de concilier développement économique et protection environnementale. Il vient de publier une étude, selon le site écologiste Mongabay, qui conclut qu’à Kalimantan, 14,5 millions d’hectares pourraient être affectés à des plantations de palmiers à huile sans pour autant y poursuivre la destruction de la couverture forestière, notamment sur sols de tourbes.

L’Amazonie en Amérique latine et l’île de Bornéo en Asie du sud-est sont les principales réserves de forêts primaires de la planète. A Kalimantan, qui occupe plus de la moitié de la superficie de Bornéo, le taux de déforestation est l’un des plus élevés au monde, notamment en raison des énormes pressions exercées par les planteurs de palmiers à huile. L’Indonésie est le premier producteur mondial d’huile de palme (et cette production est la source de la destruction de la moitié des sols de tourbe et du quart de la conversion des forêts).

Le WRI (www.wri.org/) a publié une analyse de la couverture forestière accompagnée de cartes de «la déforestation qui s’est produite sur une base annuelle à Kalimantan depuis 2001», selon Mongabay. Cette étude devrait aider les sociétés et les services de l’administration concernés par le «développement durable» de l’huile de palme. Ces «outils» permettent aux utilisateurs (acheteurs, investisseurs, gouvernement) d’établir les paramètres qui serviront à repérer les sites adaptés au développement d’une «production durable d’huile de palme». Hors forêts.

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Analyse Asie Chine

L’Asie du Sud-Est entre l’œuf chinois et l’œuf américain

6 novembre : élection d’un président au pays de Sandy pour 4 ans. 8 novembre : lever de rideau à Pékin sur l’installation de nouveaux patrons pour 10 ans.

Américains et Chinois pondent donc en même temps. Ce ne seront ni le mariage de Kate et Williams ni une finale de la coupe d’Europe de football. Toutefois, les élites gouvernantes de l’Asie du Sud-Est vont se pencher sur leurs récepteurs de télévision car elles sont concernées par les résultats des pontes. Et, dans les deux opérations, le suspens est de rigueur.

Aux Etats-Unis, la remontée de Mitt Romney annonce, paraît-il, un score serré entre le Républicain, mal aimé dans le coin, et l’enfant de Menteng (il a passé quatre ans dans ce quartier huppé de Jakarta), que l’on connaît ou croît connaître, qui a fait plaisir en «pivotant» vers l’Asie et en envoyant Hillary donner l’accolade à la Lady à Rangoon. Le Vietnam en tête, la région vote Barack, à l’exception, peut-être, du Cambodge, qui hésite sur le nom du candidat-moindre mal.

Le suspens, à Pékin, est lié à l’opacité d’une nomenclature secouée par l’affaire Bo Xilai (qui n’est pas close). Même l’effacement pendant deux semaines de l’empereur désigné, Xi Jinping, inquiète. Et l’on attend, avec le Congrès du PC, la révélation de l’équipe Xi qui, faute d’urnes, sortira de conclaves clandestins et interminables. La presse américaine, ressentie comme hostile par le pouvoir et quelques autres en Chine, annonce que les Chinois instruits (et fortunés) votent avec leurs pieds (avec du moins un pied, celui que l’on met prudemment à l’étranger).

Quand deux éléphants s’affrontent, l’herbe en est déracinée. Voilà la crainte de quelque six cents millions d’habitants, de Mandalay à la Papouasie indonésienne. Il y en aura donc un bon petit paquet pour suivre les progrès de la ponte et ses résultats, non pour se réjouir – une réaction rare par les temps qui courent – mais pour prendre la mesure des pièges dans lesquels ils seront tombés ou auxquels ils auront échappé.

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Analyse Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : les ambiguïtés de l’occidentalisation

Sous un vernis d’occidentalisation, la Thaïlande reste fidèle à une approche à la fois opportuniste et insaisissable.

Il y a une vingtaine d’années, à la question d’un journaliste étranger sur « qu’est-ce qu’être thaïlandais ? », une étudiante en licence de sciences politiques de l’université Thammasat répondit : « C’est prendre des choses d’un peu partout et en faire un mélange qui donne, au bout du processus, quelque chose de thaï ». Peut-être sans le savoir, cette étudiante marchait dans les pas d’un illustre prédécesseur, le prince Damrong Rajanuphab, demi-frère du roi Rama V, qui déclarait au début du XXème siècle : « Les Thaïs savent comment choisir. Quand ils voient quelque chose de bon dans la culture d’autres peuples, si cela n’est pas en conflit avec leurs propres intérêts, ils n’hésitent pas à l’emprunter et à l’adapter à leurs propres conditions ».

De nombreux exemples historiques illustrent ce pragmatisme : de la centralisation bureaucratique sous le roi Rama V (règne 1868-1910) aux techniques d’accumulation du capital après la seconde guerre mondiale que les régimes militaires thaïlandais ont adoptées sans complexes quand d’autres pays de la région se barricadaient derrière des idéologies communistes ou neutralistes. Et la Thaïlande actuelle, comme le Siam d’autrefois, n’a pas exclusivement puisé dans les idées, normes et pratiques de l’Occident. Georges Coedès a exposé comment les élites des pays d’Asie du Sud-Est ont adopté et adapté la culture politique hindouiste à une époque où celle-ci jouait le rôle de modèle dans cette partie de la planète. Le bouddhisme Theravada, un des piliers de la culture thaïlandaise, est, lui, venu par Ceylan. Bien plus tard, sous le roi Rama III (règne 1824-1851), le goût chinois s’est répandu à la cour du Siam au moment où le commerce des jonques reprenait vigueur et les produits de luxe chinois inondaient les marchés de Bangkok.

Les cultures de tous les pays résultent, bien évidemment, d’une combinaison d’influences venues d’ailleurs, mais rares sont les pays, comme la Thaïlande, qui semblent apparemment offrir si peu de résistances aux incursions. Les missionnaires chrétiens venus au Siam au XVIIème siècle s’étaient mêmes montés la tête : « Nous pensons pouvoir convertir facilement le roi d’Ayutthaya », assuraient-ils à leurs supérieurs à Paris et à Rome. Résultat : la proportion de chrétiens en Thaïlande est parmi la plus faible d’Asie du Sud-Est. Mais il reste le meilleur de cette influence religieuse venue de l’Ouest : les écoles où continuent, des siècles après, d’être formée l’élite du pays. Prendre, mais ne pas se laisser dénaturer, c’est peut-être là la force de ce peuple dont certains historiens aiment à clamer le caractère unique.

Il est toutefois courant de lire, dans les vingt dernières années, des auteurs thaïlandais qui déplorent l’occidentalisation, laquelle aurait commencé à détruire une « culture thaïlandaise » empreinte d’harmonie, de respect de l’autre et d’équilibre avec la nature. Cette vision simpliste s’appuie sur des mythes entretenus par une version officielle de l’histoire véhiculée par le système scolaire. L’occidentalisation a commencé en partie de par la volonté des élites aristocratiques autour du roi Rama V, désireuses de projeter une image de « pays civilisé ». Et non pas forcément, comme il est souvent dit, parce que le Siam risquait d’être absorbé par les puissances coloniales, mais parce que les élites siamoises souhaitaient accroître leur prestige dans l’arène internationale en projetant une image de modernité et tenaient à se placer sur le même plan que les colonisateurs. Si besoin est, par imitation des Occidentaux en adoptant le « style victorien ». Lorsqu’il arriva à Java en 1896, le roi Rama V (ou Chulalongkorn) nota dans son carnet de voyage : « J’étais entouré par la foule. Mais ils s’écartèrent au fur et à mesure que j’avançais. C’est un avantage pour moi de porter un costume occidental parce que les locaux craignent les Européens ».

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Indonésie Malaisie Société

Une moitié de pauvres en Indonésie, selon un officiel

H. S. Dillon, conseiller à la présidence, estime que l’Indonésie compte 120 millions de pauvres,  non pas 30 millions, ainsi que l’affirme l’administration.

Dillon, un Indonésien d’origine indienne (H. S. pour Harbrinderjit Singh) est un esprit indépendant. Au cours d’une longue carrière politique, il a souvent dénoncé la corruption officielle. Aujourd’hui âgé de 67  ans et conseiller du chef de l’Etat en charge de «l’allègement de la pauvreté», il contredit l’administration. L’Indonésie, a-t-il récemment déclaré lors d’un forum à Jakarta, compte 120 millions de gens dont le revenu par tête quotidien est de 2 dollars ou moins. Soit la moitié de la population du vaste archipel.

Le directeur du service gouvernemental en charge de la politique commercial, Bachrul Chairi, a rétorqué que «le nombre des pauvres, en 2012, est environ de 29 ou 30 millions, soit 12% de la population, et ce chiffre est en baisse par rapport aux années précédentes». Faux, a riposté Dillon, titulaire d’un PHD en économie agricole de l’université américaine de Cornell. En ajoutant : «Je souhaite que mes jeunes collègues du ministère de l’agriculture fassent preuve d’un peu plus de réalisme et fondent leurs projections sur les capacités. Le système actuel est en place depuis huit ans et je n’ai pas relevé de bond dans l’accroissement de la productivité».

Dillon a été plus loin en affirmant que la Malaisie rivale et voisine fait mieux. Pourquoi les Indonésiens sont-ils si nombreux à être pauvres ? «Parce qu’une chance ne leur pas été donnée. Ils n’ont pas les moyens de s’instruire», a expliqué Dillon, selon Radio Australia. En Malaisie, a-t-il ajouté, «le gouvernement prend soin de la population avec plus d’efficacité. L’élite, en Indonésie, s’en moque. Vous pouvez me citer même si je un envoyé spécial du président».