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Mer de Chine du Sud : la France entre dans la danse

Peu avant l’arrivée de François Hollande au Laos, Manille a annoncé acheter cinq  patrouilleurs maritimes à Paris. Le geste français est forcément politique.

Angela Merkel, la chancelière allemande, et David Cameron, le premier ministre britannique, ne viendront pas. François Hollande sera donc, du côté européen, le ténor au sommet de l’Asem – pour Asie-Europe – qui se réunit à Vientiane, capitale du Laos, les 5 et 6 novembre (après tout, c’est logique : l’Asem, qui tient un sommet tous les deux ans, est une initiative franco-asiatique, lancée en 1996 par Jacques Chirac avec la complicité de Singapour). Mais un leader pressé : le président français ne devrait y rester, au mieux, qu’une journée et n’envisagerait pas d’en profiter pour se produire chez des voisins, lors de cette première avancée présidentielle en Asie.

Que font les Français dans la région ? Jean-Marc Ayrault (pourquoi lui ?) s’est rendu à Singapour,- un partenaire, bien évidemment, stratégique -, et surtout à Manille, à la mi-octobre, pour y vendre notamment des armes. Les Philippines, en pleine relance économique, ont peur de la mainmise de la Chine sur des îlots et des récifs proches de leurs côtes (dans des eaux que Manille vient de baptiser officiellement «Mer occidentale»). Même s’il dément tout lien avec de telles craintes, l’archipel a acheté cinq patrouilleurs garde-côtes français, d’une valeur de 90 millions d’€, livrables en 2014, selon le contre-amiral philippin en charge, repris par le Philipine Daily Inquirer.

Bien entendu, il ne s’agit pas que de prendre sa part dans la course régionale aux achats de matériel militaire (les Russes vendent des sous-marins au Vietnam et les Allemands des blindés à l’Indonésie). Les Français savent que Pékin s’agace mais ils sont passés outre aux mises en garde. Selon Le Monde, après les ratés de l’époque Sarkozy, l’Elysée et le Quai d’Orsay réfléchissent à une reformulation de la politique chinoise de la France, laquelle «pourrait s’articuler autour d’une formule censée introduire de la stabilité dans le rapport bilatéral». Cette formule s’intitule «les trois R» (respect mutuel, responsabilité, réciprocité).

En ce qui concerne le Japon, Le Monde rappelle que cet autre pilier de l’Extrême Orient avait été désigné comme une priorité par François Hollande lors de son discours, fin août 2012, devant les ambassadeurs français réunis à Paris. Un pays, avait-il dit, qui est «la troisième puissance économique du monde» et qui «n’a pas reçu toute l’attention qu’elle méritait ces dernières années». Le Monde indique que le chef de l’Etat réservera «sans doute» au Japon «son premier voyage bilatéral en Asie en 2013».

Ces initiatives laissent penser que François Hollande a saisi l’intérêt que représente au XXIème siècle l’Asie, où les opérateurs français sont de plus en plus nombreux, y compris en Asie du sud-est. La «responsabilité », « deuxième R» de la diplomatie présidentielle, signifie que «chaque Etat doit agir conformément à son rang et à ses capacités». Cela peut vouloir dire que la Chine doit obéir aux règles de la grande puissance. Ce qui voudrait dire également que Paris, de son côté, s’apprêterait à prendre sa part, même modeste, de responsabilités.

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ASEAN Birmanie Politique

La Birmanie refuse une table ronde sur les Rohingyas

Le gouvernement birman a rejeté l’offre de l’Asean d’organiser des pourparlers tripartites dans l’objectif d’apaiser les violences entre Rakhines et Rohingyas.

A la demande du secrétaire général de l’Asean, Surin Pitsuwan, le ministre cambodgien des Affaires étrangères Hor Namhong (le Cambodge assure la présidence annuelle de  l’Asean), a écrit à ses homologues des pays membres pour proposer « une rencontre sur la question des Rohingyas ». Mais, a indiqué Surin Pitsuwan, lors d’une conférence de presse le 30 octobre en Malaisie, cette demande s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part des autorités de Birmanie (Myanmar), lesquelles considèrent que le problème posé par les Rohingyas musulmans est « une question interne ». Selon l’agence de presse malaisienne Bernama, Surin a toutefois mis en garde Naypyidaw (capitale de la Birmanie), en lançant : « Le Myanmar estime qu’il s’agit d’une affaire interne, mais votre affaire interne peut devenir la nôtre un jour prochain si vous ne faites pas attention ».

Le secrétaire général de l’Association souhaitait l’organisation de pourparlers entre les pays membres de l’Asean (dont la Birmanie), les Nations unies et les autorités birmanes pour apaiser les affrontements entre Rohingyas musulmans et Rakhines bouddhistes, qui ont fait plus de 150 morts depuis juin dernier dans l’Etat Rakhine, dans le nord-ouest de la Birmanie, près de la frontière du Bangladesh. Surin a estimé que sa démarche n’avait pas été un échec complet car certains Etats-membres de l’Asean avaient indiqué leur accord avec sa proposition.

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Politique Viêtnam

Vietnam : projet de réorganisation au sommet de l’Etat

L’Assemblée nationale étudie des projets d’amendements de la Constitution de 1992 susceptibles de renforcer les pouvoirs du chef de l’Etat. Rééquilibrage ?

Les effets politiques de la crise financière au Vietnam n’ont pas fini de se faire sentir. Si l’on en croît le site de Tuoi Tre, Phan Trung Ly, président de la Commission législative, a lu à haute voix le 29 octobre, devant l’Assemblée nationale réunie en séance plénière à Hanoï, neuf propositions d’amendements à la Constitution de 1992.

Si ces amendements sont votés, les pouvoirs du chef de l’Etat seront renforcés. En tant que président de la République socialiste, il «dirigera les forces armées et détiendra les fonctions de président de la Commission de la défense nationale et de la sécurité». Il sera chargé de nommer les généraux, les amiraux, les chefs d’état-major et les présidents du Département politique de l’armée populaire.

Le chef de l’Etat, poursuit Tuoi Tre, dispose aussi, selon le projet, du pouvoir d’annuler les décrets «du gouvernement ou du Premier ministre pour assurer l’unité du système légal. Le président a également le droit d’assister au conseil des ministres». Enfin, est réaffirmé le droit du président, qui figure déjà dans la Constitution (art. 103), «de recommander à l’Assemblée nationale d’élire ou de démettre les vice-présidents ou le premier ministre».

L’actuel chef de l’Etat est Truong Tan Sang, N° 2 du bureau politique du PC, et le Premier ministre Nguyen Tan  Dung, N° 4. Tous les deux sont originaires du Sud et âgés de 64 ans. Ils passent pour être des concurrents et ce serait pour les départager qu’en 2011, Nguyen Phu Trong a été nommé Secrétaire général du PC (et N°1 de son politburo).

Depuis, la crise financière aurait exacerbé les divergences. Plusieurs hommes d’affaires, banquiers et même des dirigeants d’entreprises publiques ont été placés sous les verrous. Plus récemment, fait inhabituel, dans un discours prononcé devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a reconnu des erreurs de son gouvernement dans la gestion de la crise. Il est toutefois très difficile de mesurer l’éventuelle incidence des amendements en discussion. L’Assemblée nationale, écrit encore Tuoi Tre, doit leur consacrer deux séances, les 6 et 15 novembre prochains.

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Indonésie Philippines

La vraie peur en Indonésie : explosifs et bombes en liberté

L’arrestation de onze terroristes présumés les 26 et 27 octobre à Java s’est accompagnée de la découverte de bombes assemblées. De quoi alarmer les autorités.

L’agence nationale anti-terroriste (BNPT, selon son acronyme indonésien) s’est félicitée du succès des derniers raids du Détachement 88, l’unité de police spécialisée dans la traque des terroristes. Les onze récentes arrestations dans quatre villes de Java, dont Jakarta, ont sans doute permis de démanteler un petit groupe d’extrémistes qui s’apprêtaient à commettre plusieurs attentats, notamment contre les ambassades australienne et américaine en Indonésie. Mais comment se fait-il que la police ait découvert, par la même occasion, des stocks d’explosifs et, surtout,  plusieurs bombes déjà assemblées et prêtes à exploser ? La police a également confisqué du matériel, des détonateurs, des armes légères et des manuels pour la fabrication de bombes.

Selon le maréchal de l’air Chairul Akbar, secrétaire du BNPT, se procurer des explosifs en Indonésie est facile car beaucoup de gens les utilisent dans leurs activités quotidiennes, rapporte le Jakarta Post. «Les gens achètent des explosifs pour la pêche ou pour le travail dans les mines. Même les enfants peuvent y avoir accès parce qu’ils sont utilisés dans les feux d’artifices», a déclaré Chairul, en ajoutant : «pour cette raison, les terroristes savent comment se procurer, sans difficultés, ce dont ils ont besoin».

Chairul pense que le BNPT et les autres agences en charge éprouveraient beaucoup de mal à contrôler la circulation d’explosifs compte tenu de leur large utilisation. Il est illégal de posséder des explosifs et la peine maximale est l’emprisonnement à vie. Mais l’application de la loi dans ce domaine semble manquer. «Le BNPT n’a aucune autorité pour limiter la distribution d’explosifs. C’est le travail de la police», a déclaré Chairul au Jakarta Post.

L’Indonésie abrite dix manufactures d’explosifs qui servent, pour l’essentiel, les secteurs minier et de la défense. Mais les services de renseignements ont également détecté un trafic clandestin d’explosifs en provenance du sud des Philippines, où se trouvent des milices musulmanes armées et de petits groupes terroristes actifs.

En outre, selon le site Khabar, les contrôleurs de la Toile ne sont pas assez bien équipés et assez nombreux en Indonésie pour bloquer des centaines de sites islamistes utilisés dans le recrutement de jeunes jihadistes. Ces sites proposent généralement un chapitre expliquant au visiteur comment fabriquer lui-même une bombe artisanale.

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ASEAN Asie Birmanie Chine Malaisie Singapour Thaïlande Viêtnam

L’Asie du sud-est attire davantage les investisseurs chinois

Les Chinois sont de plus en plus enclins aux délocalisations en Asie du sud-est. Les raisons : coûts élevés, passage à un nouveau stade d’industrialisation.

Les échanges entre les dix Etats de l’Asean et la Chine ont atteint, en 2011, 362 milliards de dollars, soit une augmentation de 24% par rapport à 2010. Au sein de l’Association des nations de l’Asie du sud-est, les principaux partenaires de Pékin sont Singapour, la Malaisie et la Thaïlande. «Les investisseurs chinois affichent une tendance croissante à établir leurs bases de production dans l’Asean», a déclaré au Bangkok Post le représentant à Guangzhou (Canton) du Bureau thaïlandais des investissements.

L’une des raisons de ce transfert,- plus sensible «depuis quelques mois» selon le quotidien de Bangkok -, est l’établissement progressif d’une zone de libre-échange entre la Chine et l’Asean : les exportations de l’Asean vers la Chine ne sont pratiquement plus taxées (0,1%) alors qu’elles l’étaient auparavant à hauteur de 9,8%. Une autre raison est l’augmentation constante des coûts de la main d’œuvre et de la production en Chine dont la compétitivité est en baisse par rapport à certains de ses voisins du sud, selon un récent rapport de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement).

En juillet dernier, le géant Adidas a annoncé la fermeture de sa seule fabrique à Jiangsu et son intention de la transférer au Myanmar (Birmanie). Un autre géant, Nike, avait amorcé le mouvement plus tôt : dès 2010, le Vietnam a remplacé la Chine comme premier producteur de chaussures Nike. Si Guandong reste le principal producteur mondial de pièces d’ordinateur, plusieurs usines dans le secteur de l’électronique ont déjà déménagé en Asie du sud-est, aurait annoncé récemment la Chambre de commerce de Guangdong, selon le Bangkok Post.

La Cnuced a également estimé à 117 milliards de dollars les investissements étrangers dans la zone Asean en 2011, soit une augmentation de 26%, alors que les investissements étrangers en Chine n’augmentaient que de 8% seulement. Les transferts d’usines de production en Asie du sud-est sont inévitables, a déclaré un chercheur chinois, car la Chine a atteint une nouveau stade de son industrialisation.

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Politique Viêtnam

Vietnam : deux compositeurs dissidents sévèrement condamnés

Deux jeunes compositeurs et chanteurs, critiques du pouvoir, ont été condamnés à 4 ans et 6 ans de prison, suivis de deux années d’assignation à résidence.

Un tribunal de Hochiminh-Ville a condamné Vo Minh Tri (alias Viet Khang, 34 ans) à 4 ans de prison et Tran Vu Anh Binh (alias Hoang Nhat Thong, 37 ans) à six ans de prison. Motif : «circulation de propagande contre la République socialiste du Vietnam». Le procès s’est résumé à une séance d’une demi-journée.

Viet Khang, arrêté en décembre 2011, a composé des chansons reprochant notamment à Hanoï de ne pas s’opposer plus fermement à la politique chinoise en mer de Chine du Sud (mer de l’Est pour les Vietnamiens). Postée sur YouTube, une vidéo du chanteur-compositeur a été visionnée des centaines de milliers de fois. La chanson a pour titre : «Où est mon Vietnam ?». Quant à Hoang Nhat Tong, arrêté en septembre 2011, il est l’auteur d’une chanson soutenant trois blogueurs dissidents, dont Nguyen Van Hai (alias Diêu Cay), condamnés récemment à des peines allant de 4 ans à 12 ans d’internement.

Un porte-parole de l’ambassade américaine à Hanoï a qualifié la condamnation des deux chanteurs «de dernière d’une série de démarches entreprises par les autorités vietnamiennes pour restreindre la liberté d’expression».  L’ONG Human Rights Watch a réclamé la libération immédiate des deux condamnés. Selon l’article 88 du Code criminel vietnamien, l’accusation retenue contre les deux est passible de 20 ans de prison.

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Indonésie Singapour

Indonésie : l’envol de Pontianak, sur la côte ouest de Bornéo

La ville indonésienne de Pontianak est en plein essor, avec un taux de croissance de 9,5% par an, au-dessus de la moyenne nationale légèrement supérieure à 6%.

Située sous l’Equateur et sur la côte occidentale de Bornéo, séparé de Singapour seulement par un bras de mer, le port de Pontianak, 600.000 habitants, est en pleine expansion, rapporte le Straits Times. «Le petit aéroport est en train d’être modernisé et l’Indonesia Port Corporation songe à construire un nouveau port à proximité»,  écrit le quotidien de la cité-Etat. «De nouveaux supermarchés, ensembles d’habitations et hôtels s’élèvent et les prix de l’immobilier en font autant», ajoute-t-il.

Le boom des matières premières explique le réveil de ce chef-lieu de la province de Kalimantan-Ouest, dont le taux de croissance est de 9,5% en 2012. «Les perspectives de développement dans les dix à quinze ans à venir sont brillantes ; si les infrastructures continuent de s’améliorer, les investissements vont affluer et la croissance sera encore plus rapide», estime Sutarmidji, le maire du chef-lieu d’une province dont l’étendue est supérieur à celle de l’île de Java et qui compte seulement cinq millions d’habitants.

Kalimantan, la partie de l’Indonésie sur la grande île de Bornéo, ne compte que quinze millions d’habitants mais elle est riche en minerais et en territoires susceptibles d’accueillir des plantations de palmiers à huile. L’Institut McKinsey estime que, d’ici à 2030, la croissance annuelle de 80% du secteur urbanisé de Kalimantan sera de 7% en moyenne. «Ne sous-estimez pas l’immense territoire de Kalimantan ; ce n’est plus uniquement un géant endormi», a déclaré le président Susilo Bambang Yudhoyono le 24 octobre, rapporte également le Straits Times.

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Philippines Politique Société

Philippines : Mme Arroyo refuse l’autorité d’un tribunal

Présidente pendant dix ans et aujourd’hui membre de la Chambre des Représentants, Mme Arroyo refuse de reconnaître un tribunal dans une affaire de corruption.

Convoquée par la Cour en charge des affaires de corruption officielle, l’ancienne présidente (2000-2010), qui s’est présentée le 30 octobre portant une minerve, a nié à ce tribunal le droit de la juger. «Nous ne reconnaissons pas la juridiction de cette Cour en ce qui concerne le cas en cause», a déclaré l’un de ses avocats en évoquant une «persécution politique». L’affaire porte sur une accusation de détournement de 6,8 millions d’€ de la loterie nationale en vue de gains personnels dans laquelle sont impliqués Mme Arroyo et neuf autres officiels de l’époque.

Mme Arroyo, 65 ans, s’est présentée en chaise roulante. Elle a subi deux opérations de la colonne vertébrale voilà deux ans. Son avocat a déclaré qu’une pétition avait été remise à la Cour suprême de justice des Philippines en ce qui concerne la validité du dossier et du tribunal chargé de se prononcer. La séance n’a duré que quinze minutes car le tribunal a décidé de déclarer que Mme Arroyo plaidait non-coupable, selon le Philipine Daily Inquirer du 30 octobre.

Mme Arroyo avait été libérée sous caution à la suite d’une accusation de sabotage electoral, mais elle a été à nouveau arrêtée à la suite de cette accusation de détournement de fonds. Elle est actuellement hospitalisée, sous surveillance, au Veterans Memorial Medical Center de Manille pour des contrôles de routine. Elle est également poursuivie en justice à la suite d’un scandale de plusieurs millions d’€ concernant un contrat avec une entreprise chinoise de télécommunications, lequel a, du coup, été avorté en 2007.

Cette nouvelle accusation «la rend triste», a déclaré son avocat. Le tribunal chargé de la lutte contre la corruption a annoncé que la prochaine audience, préalable au procès, était fixée au 24 février 2013. Le jour de la Saint-Valentin.