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Indonésie

Indonésie : les glaciers sous les tropiques disparaissent

Les glaciers de l’Indonésie, en Papouasie occidentale, disparaissent. Très rares sous les tropiques, les glaciers sur ces montagnes fondent rapidement.

Voilà ce que révèlent, selon le site écologique Mongabay.com, les images satellites prises par la Nasa américaine au cours des deux dernières décennies. Situé sur l’île de Nouvelle Guinée, dans sa moitié occidentale (donc en Indonésie, l’autre moitié formant l’Etat indépendant de Papouasie-Nouvelle Guinée), le Puncak Jaya, haut de 4.884 mètres, est le point culminant de l’Indonésie et de l’Océanie. Il domine la mine de Grasberg, l’un des plus importants gisements d’or et de cuivre de la planète, exploité à ciel ouvert par le conglomérat Freeport. Aux pieds du Puncak Jaya s’étale jusqu’à la mer le vaste parc national de Lorentz.

Des images prises en 1989 par la Nasa ont confirmé l’existence, à l’époque, de cinq glaciers sur le Puncak Jaya. En 2009, soit vingt ans plus tard, «deux d’entre eux avaient complètement disparus et les trois autres avaient diminué de façon dramatique», a rapporté en septembre Mongabay.com. La Nasa (National Aeronautics and Space Administration) estime qu’au rythme actuel, tous les glaciers de l’île de Nouvelle Guinée auront disparu dans vingt ans.

Cette calotte glaciaire, l’une des rares sous les tropiques, a commencé à se réduire voilà douze mille ans, à la fin de la dernière période glaciaire. Mais les scientifiques n’ont pas encore déterminé avec précision les causes de l’actuelle «retraite des glaciers». «Changements dans les températures, humidité, précipitations et couverture nuageuse pourraient tous être des facteurs», estime Mongabay.com en ajoutant que «le changement climatique et la déforestation locale pourraient tous les deux contribuer à de tels changements».

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Analyse Thaïlande

Chronique de Thaïlande : la complainte de l’usager du métro

Les usages dans les métros de Paris et de Bangkok obéissent à des codes différents. Là-bas, chaos vivant; ici, ordre, calme et civilité.

Résident en Thaïlande, je rentre au pays, comme beaucoup de Français bangkokois d’adoption, une fois l’an pendant une brève période. Si possible vers la fin de l’été, pour échapper aux chaudes et généreuses pluies de la mousson sud-est asiatique et pour jouir des froides et non moins généreuses pluies parisiennes. Durant ces séjours furtifs, je m’adonne à trois plaisirs coupables : les librairies, les musées et le métro. Quel frisson en effet que de replonger pour quelques jours dans les boyaux de la ville-lumière et de se mêler au bon peuple de Paris ! J’y pousse le vice jusqu’à choisir les heures de pointe, dans ces moments où l’on peut sentir cette grande solidarité qui lie le peuple des droits de l’Homme, tous ces hommes et ces femmes, pressés les uns contre les autres, partageant un même idéal et suffoquant presque de ce trop-plein d’amour.

Chaque moment est à savourer. Un mendiant venant crier sa détresse sous votre nez, quémander, comme c’est bien son droit, quelques centimes d’euros pour sa pitance. Puis deux, puis trois mendiants. L’occasion pour vous de resserrer ces liens si importants de l’ensemble national. Le « vouloir vivre ensemble » de Renan exprimé en termes concrets, sonnants et trébuchants. Et ces couloirs, vastes emplacements livrés aux aspirations artistiques de notre belle jeunesse, qui, de graffitis en tags, exprime son mal de vivre, comme naguère Rimbaud griffonnait sur des fragments de feuillets. Et ces têtes plongées dans les Iphone, ces sympathiques coups d’épaule, cette naïve ruée surgie du quai dès que la porte s’ouvre à la station Saint-Lazare et qui bloque du coup ceux qui voulaient descendre. Ces rudes interjections qui vous sont parfois lancées, appuyées d’un regard expressif…

Autant vous dire que le retour à Bangkok est rude. Ici, la cohue est ordonnée, la discipline tacite mais suivie à la lettre. Avez-vous jamais vu des Parisiens faire la queue sur le quai de la station des Halles ? Et d’ailleurs, le métro de Bangkok est « aérien », il se prend pour quelqu’un le métro, il essaie de s’arracher de la tourbe comme le lotus jaillit de la vase d’un étang. Bon d’accord, à Paris nous avons aussi nos passages surélevés, mais passez par Barbès-Rochechouard et vous n’y trouverez rien de comparable au temple de l’Erawan.

Dans le « skytrain », les usagers sont aussi nombreux que dans le métro version RATP, mais à Bangkok, tous ces corps se frôlent, glissent les uns contre les autres, s’effleurant sans jamais se toucher, même aux heures de pointe. Et cette fadeur ! Chacun, ici, a soigné sa présentation, s’est parfumé juste ce qu’il faut, baisse pudiquement le regard. C’est un océan de ouate, une onctuosité qui imprègne l’ensemble du tableau, des usagers qui se massent mais ne se bousculent pas. Aucun regard déplacé ou égrillard, aucune remarque agressive. Où sont ces odeurs corporelles ? Ces coups d’épaule ? Ces aimables interférences ? En un mot, où est la vraie vie ?

Les seuls qui essaient d’injecter un peu d’énergie dans la scène sont ces farang de passage, ceux qui, n’ayant pas compris les règles, lancent des éclats de voix, tentent même de créer un mini-scandale. Mais personne ne relève. Aussitôt né, l’esclandre est amorti, comme un coup de poing qui s’étouffe dans un édredon. Rien ne s’est passé, l’oreiller reprend sa forme.

Bon, d’accord, le « skytrain » de Bangkok est encore tout jeune. Peut-être qu’il s’améliorera avec le temps, que les préposés à la sécurité laisseront les mendiants solliciter des fonds, que l’on pourra déguster des burgers dégoulinant de mayonnaise sur les sièges plastiques des voitures de Siemens. Et puis, malgré les différences, il y a finalement quelques similarités. On trouve bien, à Paris comme à Bangkok quelques dames vénérables et hargneuses qui viennent vous piquer le siège qui vous tendait les bras. Et, tout compte fait,  on voit aussi  dans le « skytrain » quelques têtes plongées dans les Iphone.

 

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Asie Cambodge Philippines Politique Singapour

M. Ayrault en Asie du Sud-Est : quid de l’adieu à Sihanouk?

Après une escale à Singapour, le premier ministre passe le week-end à Manille. Au programme : contrats commerciaux. Fera-t-il, au retour, le détour par Phnom Penh ?

Fixé bien avant l’annonce du décès de Sihanouk, le voyage en Asie du Sud-Est, du 18 au 22 octobre, concerne deux pays intéressants, Singapour et les Philippines. La cité-Etat est le troisième partenaire commercial asiatique de la France, derrière la Chine et le Japon. Singapour est le QG régional de nombreuses sociétés françaises et la communauté française, essentiellement des cadres supérieurs, y a doublé en cinq ans pour atteindre les dix mille expatriés.

Le dernier membre d’un gouvernement français à visiter officiellement les Philippines a été, en 1991 ou 1992, Edwige Avice, ministre de la coopération et du développement dans le cabinet d’Edith Cresson. Au passage, elle était alors accompagnée de Paul Jean-Ortiz,  membre de son cabinet et aujourd’hui sherpa à l’Elysée. Renouer avec cet archipel oublié semble donc judicieux.

Le président Noynoy Aquino, élu en 2010, a donné une chance à son pays de redémarrer. L’expansion économique a repris et, pour la première fois, la corruption officielle y recule. Manille vient de signer un accord-cadre de paix avec des rebelles musulmans. Les investissements étrangers reprennent, y compris les français qui ont augmenté, pour leur part, de 90% en 2011. On ignore souvent que la communauté française de Manille compte déjà 3.000 membres et ne cesse de gonfler.

Jean-Marc Ayrault est accompagné d’hommes  d’affaires (Alstom, EADS, RATP, PSA et Eiffage) qui participent, le 20 octobre, à un forum d’affaires franco-philippin à l’occasion duquel plusieurs contrats commerciaux doivent être signés. Doit être notamment annoncé l’achat par Philippines Airlines de dix Airbus pour un total de 2,5 milliards d’euros. On parle aussi d’équipement militaire dont l’armée philippine a besoin pour se refaire une santé. Le président Aquino devrait se rendre en visite officielle en France en 2013. Tout cela est de la «diplomatie économique», comme l’on dit aujourd’hui, dans une région où les Français sont de plus en plus nombreux.

Mais ces initiatives, de bon aloi à l’occasion du premier voyage hors d’Europe du premier ministre français, ne peuvent faire oublier que la France officielle se doit d’aller s’incliner, à moins de trois heures de vol de Manille et sur le chemin du retour, devant la dépouille de Norodom Sihanouk, celui qui a été l’asiatique francophone le plus francophile. A la fin de 1990, une fois Sihanouk en meilleure santé et remonté sur son trône, Jacques Chirac lui avait offert une dernière visite d’Etat à Paris, qui l’avait bouleversé. L’absence, en ce moment, de la France à Phnom Penh doit être, d’une manière ou d’une autre, comblée.

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Cambodge Corée du Sud Politique

Face au Cambodge, la Corée du Sud l’emporte à l’ONU

Séoul a obtenu un siège de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Le Cambodge, qui disputait ce siège, devra attendre un autre tour.

Le score a été très net : lors du vote, le 18 octobre, de l’Assemblée générale de l’ONU, la Corée du Sud a obtenu 149 voix sur 193 et le Cambodge s’est retrouvé sur la touche. Le troisième candidat à ce siège de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, le Bhoutan, avait été éliminé au 1er tour. Le Cambodge a beau présider, en 2012, l’Asean et accueillir en novembre à Phnom Penh un sommet auquel doivent participer les dirigeants américain, chinois et russe, ses chances de l’emporter face à la Corée du Sud semblaient, dès le départ, limitées.

Cinq sièges étaient à renouveler, selon le site Cambodia Herald, et les scores ont tous été sans ambiguïté. Les quatre autres élus sont l’Argentine (182 voix), le Ruanda (141), l’Australie (140) et le Luxembourg (131). Les cinq partants, dont le mandat prend fin en décembre 2012, sont l’Afrique du Sud, la Colombie, l’Allemagne, l’Inde et le Portugal. Le mandat de deux ans des cinq autres membres non-permanents du Conseil ne se terminera que fin 2013 (Azerbaïdjan, Guatemala, Pakistan, Togo et Maroc). En plus de ses dix-membres non-permanents, le Conseil de sécurité de l’ONU compte cinq membres permanents, avec droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie).

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Analyse Cambodge Chine Histoire Politique

Le Cambodge et la Chine après Sihanouk : le beau fixe

La disparition de Norodom Sihanouk, grand protégé de la Chine, ne changera rien aux relations entre Pékin et Phnom Penh. Elles sont au beau fixe et le resteront.

En 1970 se nouent des relations privilégiées entre Sihanouk et la Chine. Après sa destitution,- il est alors chef de l’Etat et le trône du Cambodge est vacant -, le prince n’hésite pas longtemps à quitter la France, où il est de passage, pour gagner Pékin via Moscou. De la capitale chinoise, où il est accueilli les bras ouverts et où un palais est mis à sa disposition (il y résidait encore lors de son décès, 42 ans plus tard), il appelle frénétiquement à la résistance contre Lon Nol qui proclame assez rapidement une République khmère portée à bout de bras par Washington.

Dans les pagodes du Cambodge rural, les bonzes branchent sur haut-parleur radio Pékin à l’heure des dithyrambes du demi-dieu qui appelle à marcher sur Phnom Penh. Ils seront massacrés. Sihanouk accepte également de parrainer une alliance lâche entre les partisans de la monarchie abolie et ses ennemis jurés, les Khmers rouges.

La suite est connue : décidés à mettre fin à l’impasse américaine sur le régime communiste chinois, Richard Nixon et Henry Kissinger négocient le retrait du corps expéditionnaire américain du Vietnam. Les Khmers rouges s’installent à Phnom Penh le 17 avril 1975, moins de deux semaines avant la chute de Saigon entre les mains des communistes. Sihanouk commet alors une erreur de jugement en regagnant Phnom Penh : Pol Pot ne veut pas de lui et le laisse croupir dans son palais au milieu d’une capitale vide et fermée.

Entre-temps, le divorce est vite consommé entre Hanoi et Phnom Penh, avec les incessantes incursions frontalières des Khmers rouges, qui veulent récupérer le delta du Mékong. Les communistes vietnamiens s’inquiètent également et tardivement des activités chinoises au Cambodge, notamment de la construction discrète d’une immense piste d’aviation à Kompong Chhnang. Ils réagissent en occupant le pays. Mais ils ne parviennent pas à saisir Sihanouk qui, évacué à temps par les Chinois, a retrouvé son palais à Pékin.

Ulcéré par ce qu’il a jugé comme un écart de l’ancien vassal vietnamien, Deng Xiaoping a entendu lui donner une leçon, avec une attaque ponctuelle en janvier 1979 sur la frontière terrestre avec le Vietnam, opération qui n’a été, au mieux, qu’un demi-succès. Avec l’appui de Moscou, le corps expéditionnaire vietnamien au Cambodge a mis en place un nouveau régime, le seul gouvernement cambodgien à l’égard duquel l’hostilité de Pékin a été totale. Mais quand les troupes vietnamiennes ont évacué le Cambodge, permettant ainsi l’aval par la Chine de la négociation de l’accord de paix signé à Paris en octobre 1991, Pékin a progressivement changé d’attitude.

La réconciliation officielle entre les autorités chinoises et Hun Sen en février 1999, à l’occasion d’une visite du premier ministre cambodgien à Pékin, est intervenue à la suite d’une série d’évènements : le renoncement de Sihanouk à se faire entendre par Hun Sen ; l’échec du mouvement royaliste aux élections de 1998 ; la mort de Pol Pot et le ralliement des  derniers rebelles khmers rouges la même année.

Depuis cette date, et surtout depuis que Sihanouk a renoncé à toute influence en abdiquant une deuxième fois en 2004, le Cambodge a retrouvé son rôle traditionnel de tremplin chinois en Asie du sud-est. Pour Phnom Penh, la présence chinoise de plus en plus importante au Cambodge (investissements, aide) est une garantie face aux deux grands voisins, la Thaïlande et le Vietnam. Les relations entre Pékin et Phnom Penh sont au beau fixe et le resteront.

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Histoire Politique Social Viêtnam

L’apport très substantiel des Vietnamiens d’outre mer

Transferts, investissements, connaissances, encadrement, relations : les Viêt Kiêu jouent désormais un rôle important dans le développement du Vietnam.

Le nombre des Vietnamiens d’outre mer – les Viêt Kiêu – et de leurs descendants ou alliés à l’étranger est estimé a environ quatre millions d’individus. Sous différentes formes, ils déverseraient sur le Vietnam, chaque année, l’équivalent de plus de 15 milliards d’€, un apport substantiel pour une économie émergente et qui éprouve quelques difficultés à se développer.

La diaspora vietnamienne a une histoire à part. A l’exception de petites communautés installées à l’étranger, notamment en France, depuis des décennies, les gros bataillons de Viêt Kiêu se sont constitués en 1975 et dans les années qui ont suivi la victoire communiste. On les appelle souvent les boat people mais tous ne le sont pas, tant s’en faut. Au départ, c’était une diaspora très politique, anticommuniste, sans le sou et, souvent, sans savoir-faire. Des réfugiés. De nos jours, soit quatre décennies plus tard, comme cette diaspora a été accueillie principalement dans de riches pays occidentaux, ses enfants ont pu fréquenter les meilleures universités et sont bardés de diplômes. Ils s’en sortent beaucoup mieux que la génération de leurs parents.

Les Viêt Kiêu ont transféré au Vietnam en 2011 un record de 9 milliards de dollars, contre 8 milliards de dollars en 2010. Pendant le premier semestre de 2012, ces transferts se sont déjà élevés à 6 milliards de dollars, selon Dao Quang Thu, vice-ministre du Plan et de l’Investissement cité par le site VnExpress. Il a ajouté lors d’une réunion d’un millier de Viêt Kiêu, à Hochiminh-Ville fin septembre, que les Vietnamiens d’outre mer ont financé plus de deux mille projets dans leur pays d’origine. Beaucoup, en outre, sont des cadres de sociétés étrangères recrutés pour leur connaissance de la société et de la langue.

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Thaïlande

Tempête de critiques sur le 3G en Thaïlande

Le processus d’attribution des licences téléphoniques 3G aux opérateurs thaïlandais est fustigé pour n’avoir pas suffisamment stimulé la compétition parmi les candidats.

« Ce sont probablement les licences pour téléphones 3G les moins chères du monde ces quinze dernières années », estime Paiboon Amornpinyokeat, un expert des technologies de télécommunication cité par le quotidien thaïlandais Bangkok Post. Il fait allusion à l’attribution des fréquences 3G allouées le 16 octobre aux trois grands opérateurs thaïlandais Advanced Information Services (AIS), True et Dtac par la Commission nationale pour les télécommunications et la diffusion (NBTC) dans le cadre d’un appel d’offres. Ce sont les conditions de cet appel d’offres qui sont l’objet de nombreuses critiques. Neuf licences étaient en jeu. Le prix de départ des licences avait été fixé en dessous de leur valeur réelle. En conséquence, les trois opérateurs ne sont pas entrés en compétition, mais se sont répartis les licences à moindre prix.

Selon Somkiat Tangkitvanich, président de l’Institut thaïlandais de recherche pour le développement (TDRI), un centre de recherches sur l’économie respecté, la perte pour les contribuables se chiffre à 16,3 milliards de bahts (41 millions d’euros). Suriyasai Kasetsila, le leader du groupement politique Green Politics s’est exclamé : « C’est l’appel d’offres le plus ridicule que j’ai vu au monde. Six licences ont été données gratuitement et, pour les trois autres, il y a des offres rivales seulement pour créer l’apparence de la compétition ». Six des licences ont été acquises par les opérateurs au prix de départ de l’appel d’offres et les trois autres à un prix légèrement supérieur au prix de départ. Suriyasai Kasetsila dit envisager un recours devant le tribunal administratif ou la saisine de la Commission nationale anti-corruption. Quant à Somkiat du TDRI, il suggère que la limite maximale fixée à 49 % des parts pour les investisseurs étrangers dans les entreprises de télécommunications devrait être levée pour attirer les entreprises étrangères et stimuler la compétition.

 

 

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Asie

Claude Cheysson (1920-2012) : un Asiate au Quai d’Orsay

Décédé le 15 octobre 2012 à son domicile parisien, le ministre des relations extérieures (1981-1984) de François Mitterrand a été, d’abord, un amoureux de l’Asie.

Les gens qui s’en souviennent encore gardent l’image d’un Cheysson « brillant » (Laurent Fabius), au cursus universitaire exceptionnel (Polytechnique, en dépit de la Deuxième guerre mondiale, l’ENA). Et au parcours tout aussi exemplaire : il a fui la France en 1943 pour s’engager dans les Forces françaises libres. Il a été en 1955 le chef de cabinet de Pierre Mendès-France, alors Président du conseil. Il a été pendant huit ans (1973-1981) un Commissaire européen chargé des pays en voie de développement  et, à une époque où l’Europe a des moyens, a multiplié les programmes de développement. Enfin, il a été, dans la foulée et pendant plus de trois ans, le chef d’une diplomatie qui, il est vrai, s’élaborait avant tout à l’Elysée.

La face mal connue d’un personnage très actif, sourcilleux, a été son faible pour l’Asie, né d’un séjour à Saigon, au Vietnam du Sud, comme conseiller du gouvernement, de 1952 à 1954. Cheysson est séduit, charmé. Il en garde un souvenir ébloui. Il continue à suivre le dossier lorsqu’il rejoint le cabinet de Pierre Mendès-France en participant aux négociations de Genève. Par la suite, et surtout lorsqu’il est devenu ministre dans les cabinets de Pierre Mauroy puis de Laurent Fabius, il a resserré ses liens avec les pays d’Indochine. Son épouse, dans les années 1990, a entrepris de parrainer une ONG caritative au Cambodge.

Claude Cheysson effectuera un deuxième long séjour en Asie en tant qu’ambassadeur à Jakarta, de 1966 à 1969, dans une période bien tourmentée avec, comme entrée en matière, les massacres de gens suspectés de communisme (un demi-million de victimes) et, durant la deuxième moitié de son séjour, la remise sur pied d’une Indonésie violentée et affrontant la pénurie.  Il reste l’un des rares patrons du Quai d’Orsay à avoir été asiate.