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Société Viêtnam

Vietnam : diminution des embouteillages à Hochiminh-Ville

Bonne nouvelle : la circulation s’améliore dans l’ex-Saigon et les gros bouchons y sont nettement moins fréquents. Il reste néanmoins beaucoup à faire.

Pendant les neuf premiers mois de 2012, la police n’a relevé que deux bouchons de plus de trente minutes à Hochiminh-Ville, la mégapole méridionale du Vietnam. Pendant la même période de 2011, on en avait compté vingt-deux, rapporte le site Tuoi Tre, en se référant à des statistiques publiées par la municipalité le 1er octobre. Le progrès est incontestable. Le nombre des accidents est également en baisse : il y en a eu 551 pendant les trois premiers trimestres de 2012, lesquels ont fait 485 morts et 217 blessés, soit 181 accidents de moins que pendant la même période de 2011, 138 morts de moins et 127 blessés de moins. Dans ce domaine aussi, le progrès est net.

Les officiels ont expliqué que ces résultats sont au moins en partie ceux d’une campagne menée ces derniers mois pour réduire les accidents : distribution de cent mille manuels sur la sécurité routière et de quinze mille sur la sécurité des voies ferrées ; films sur les accidents ; organisation de concours sur la congestion des rues, renseignements diffusés par les médias sur les bouchons ; répression accrue des courses illégales à moto. La municipalité reconnaît toutefois, selon Tuoi Tre, que le débordement de lignes et les cas de non-respect des feux rouges sont encore «fréquents».

Au plan national, 23.619 accidents ont été dénombrés pendant les neuf premiers mois de 2012, soit 9.306 accidents de moins que pendant la même période de 2011 (28% de moins). Le nombre des morts s’est élevé à 6.908 (1.502 de moins qu’en 2011) et celui des blessés 25.002 (10.634 de moins). Selon l’OMS, le Vietnam occupe encore, en ce qui concerne les accidents de la route, avec 30-35 morts par jour, le quatrième rang mondial derrière la Chine, les Etats-Unis et la Thaïlande.

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Asie Indonésie Politique

Dix ans après : le carnage de Bali ou l’échec du terrorisme

202 tués, des centaines de blessés. Voilà dix ans, le double attentat de Bali a retourné l’opinion publique indonésienne contre le terrorisme.

Le soir du 12 octobre 2002, deux explosions de bombes puissantes dans une boîte nuit et devant un bar attenant de Kuta, à Bali, ont fait d’énormes dégâts. Elles ont tué de nombreux touristes étrangers, dont 88 Australiens, brisé de nombreuses familles, laissé des dizaines de gens handicapés à vie. Mais en Indonésie et, en règle plus générale, dans toute l’Asie, les réactions de dégoût ont été les plus fréquentes. Les musulmans – environ 200 millions de croyants en Indonésie – ont pris leurs distances à l’égard de petits groupes de fanatiques qui prêchent la haine contre les «infidèles» et le «satan américain».

Après Bali, les attentats se sont poursuivis : «Quatre attaques importantes ont ciblé des Occidentaux en Indonésie, causant la mort de 45 personnes», relève le Washington Post. La dernière, menée en 2009 contre deux palaces de Jakarta, le J. W. Marriott et le Riz-Carlton, ont tué 7 personnes. Mais entre-temps, avec des aides américaine et australienne, la lutte anti-terroriste a marqué de nombreux points. Une unité indonésienne anti-terroriste, le Détachement 88, aux méthodes à la fois efficaces et brutales, a éliminé des dizaines de terroristes. La Jemaah Islamiyah (J.I.), groupe terroriste clandestin régional et liée à Al-Qaïdah, a été démantelée. L’émir de la J.I., Abou Kabar Baachir, purge aujourd’hui une peine de quinze ans de prison pour avoir financé l’entrainement de terroristes. La plupart de ceux qui ont participé à l’attentat de Bali ont été arrêtés. Des dizaines de cadres de la J.I., ou des cellules terroristes qu’elle a engendrées, ont été tués.

Le plus probant a sans doute été l’indifférence manifestée par le public indonésien quand trois des responsables de l’attentat de Bali ont été condamnés à mort et exécutés. Si l’islamisation demeure un processus évident en Indonésie, les extrémistes n’en tirent guère profit. Les relations avec l’Australie n’ont jamais été si solides. «Les poseurs de bombes à Bali voulaient semer la haine entre les deux pays et c’est l’opposé qui s’est produit», vient d’estimer dans une chronique (The Age (Melbourne) John Howard, à l’époque premier ministre australien. En 2011, près de 800.000 touristes australiens se sont rendus à Bali, contre 268.000 en 2003 (et 346.000 en 2002). Si le terrorisme n’est pas à bout de souffle, il en sort bien affaibli : selon le Washington Post, ces deux dernières années, une quinzaine d’attaques «ont tué au total onze individus, tous des policiers, et blessés des douzaines de civils». Un bilan, certes, triste mais loin d’être inquiétant.

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Culture Société Viêtnam

L’année du Dragon : engorgement dans les hôpitaux du Vietnam

En Extrême-Orient, le rêve est d’avoir un fils né sous le signe du Dragon, donc en 2012. Résultat : à Hanoï, les hôpitaux débordent déjà de femmes enceintes.

L’année du Dragon, inaugurée le 23 janvier 2012, ne prend fin que le 9 février 2013 pour laisser place le 10 février, Têt ou Jour de l’an au Vietnam, à l’année du Serpent, soit dans environ quatre mois. Toutefois, rapporte le site VietnamNet , l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï est déjà engorgé, avec parfois trois femmes enceintes partageant le même lit, sans parler des lits supplémentaires qui encombrent les couloirs. Les riches – et ceux qui ont des «relations» avec le personnel de l’hôpital – se plaignent de ne pas pouvoir louer une chambre. Le personnel hospitalier est débordé.

Le signe du dragon est considéré comme très favorable aux garçons car il est le symbole de l’empereur, celui de l’idéalisme, de la perfection, de l’inflexibilité. Dans le calendrier chinois, à la fois lunaire et solaire et que les Vietnamiens ont adopté, l’année du Dragon ne se représente que tous les douze ans. Il ne faut donc pas manquer l’occasion d’avoir un fils né sous un bon signe.

La multiplication des accouchements en 2012 a beau être fort prévisible, la pression est devenue énorme à partir d’août. En outre, deux ou trois parents viennent tenir compagnie à la femme enceinte, déroulant leurs nattes, pique-niquant dans les chambres et les couloirs-dortoirs, installant leurs ventilateurs pour rendre l’atmosphère moins étouffante. A l’Hôpital d’obstétrique de Hanoï, les patients et leur parentèle sont d’autant plus à l’étroit que des travaux de rénovation sont en cours. Le nombre de naissances y a été de 29.000 en 2010, de 37.876 en 2011, et y sera d’au moins 40.000 en 2012.

A l’échelon national, le nombre des naissances a été de 516.169 pendant les cinq premiers mois de 2012, soit 61.000 naissances de plus que pendant la même période de 2011. L’année du Dragon devrait avoir un autre effet, négatif celui-là : le rapport mâle/femelle est de plus en plus déséquilibré en faveur des garçons, notamment dans la capitale.

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Indonésie Politique

Indonésie : le président appuie la lutte contre la corruption

Le chef de l’Etat a ordonné à la police de ne plus intervenir dans une enquête sur l’un de ses dirigeants soupçonné de corruption. Une intervention rare et qui s’accompagne d’un bémol.

Le général de police Djoko Susilo est soupçonné d’avoir perçu une commission illicite de quelque 150.000 € sur des fournitures de matériel à la police nationale. La KPK – Commission (officielle) chargée de l’éradication de la corruption en Indonésie – s’est donc saisie du dossier. La police nationale a aussitôt protesté, disant que l’enquête était de son ressort. Ce type de conflit prend mauvaise tournure depuis que la KPK s’est mise à enquêter sur des généraux de police alors que les deux institutions devraient s’entraider dans leurs recherches (et que des officiers de police sont détachés auprès de la KPK pour l’aider dans ses enquêtes).

Mais, cette fois-ci, les policiers y ont été un peu fort. Ils ont monté un raid sur le QG de la KPK pour tenter d’y arrêter, dans la soirée du 5 octobre, un commissaire de police, Novel Baswedan, détaché auprès de l’Agence et qui passe pour l’un de ses meilleurs enquêteurs. L’objectif : arrêter Novel pour son implication supposée dans des tirs, en 2004, sur des voleurs quand il était détective au service de la police. Novel n’a pas été arrêté car, alertés,  des militants, y compris un vice-ministre, se sont interposés.

L’affaire a fait très mauvais effet et des pressions publiques ont été exercées sur le président Susilo Bambang Yudhoyono pour qu’il intervienne. Ce qu’il a fait le 8 octobre après avoir réuni chez lui le chef de la police nationale et le patron de la KPK. «Les récents développements ne sont pas sains», a-t-il dit, en ajoutant : «j’oppose toute action susceptible d’affaiblir la KPK». Le chef de l’Etat a ordonné à la police de ne plus se mêler de l’enquête confiée à la KPK.

Toutefois, tout en condamnant la tentative d’arrestation de Novel, le président a dit que «le moment n’est pas approprié» et que «l’approche n’est pas correcte». Yuntho Emerson, membre d’une ONG qui suit les affaires de corruption, a déclaré au Straits Times de Singapour : «c’est l’une des déclarations les plus fermes du président, mais il n’a pas été jusqu’à donner l’ordre à la police de mettre un terme à son enquête sur Novel ; aussi, il s’agit d’une bombe à retardement en attendant la prochaine saga».

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Philippines Politique

Philippines : l’éternel retour de Joseph Estrada

L’ancien président, destitué pour corruption, est candidat à la mairie de Manille en mai 2013. Il dispose encore d’un bon lot de partisans.

Un combat de titans, mais de titans un peu fatigués. D’un côté, Estrada, connu sous le petit nom d’Erap («mon pote»), ancien acteur de films de série B dans lesquels il incarnait un flic irréprochable, ancien président des Philippines destitué pour corruption au bout de trois ans, lié à des organisateurs de jeux clandestins, amateur de Château Petrus et de vie nocturne, qui conserve néanmoins assez de supporters parmi les petites gens pour s’être retrouvé en deuxième position derrière Noynoy Aquino lors de l’élection présidentielle de 2010. Estrada aura 76 ans en mai 2013.

De l’autre, Alfredo Lim, surnommé «Dirty Harry» en référence au film de Clint Eastwood (1971), un ancien flic aux méthodes intimidantes, qui appartenait à l’entourage de feu Cory Aquino, la «dame en jaune», présidente de 1986 à 1992 et mère de l’actuel chef de l’Etat. Lorsque Lim était flic, il peignait «des croix sur les portes des dealers de drogue», rapporte le Straits Times. Il est maire de Manille depuis 2007. Il aura 83 ans l’an prochain.

Estrada a officiellement déposé sa candidature le 2 otobre. Il a fait un beau score lors de l’élection présidentielle mais l’élite et les classes moyennes ne l’aiment pas. Il a été condamné pour corruption à la prison à vie mais Gloria Macapagal-Arroyo, qui lui a succédé à la tête de l’Etat, l’a gracié (histoire de ne pas se mettre à dos les partisans d’Estrada). Aujourd’hui, c’est le tour de Mme Arroyo : elle est accusée de corruption et de tricherie électorale. Estrada, pour sa part, tente une fois de plus sa chance.

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ASEAN Asie Brunei Société Viêtnam

Le Vietnam premier buveur de bière en Asie du Sud-Est

Les Thaïlandais sont battus : les Vietnamiens sont les premiers consommateurs de bière au sein de l’Asean. Il est vrai que ces derniers sont plus nombreux.

2,6 milliards de litres de bière ont été consommés en 2011 au Vietnam, contre 1,8 milliard en Thaïlande, rapporte le site Tuoi Tre en citant une enquête d’Euromonitor International. Le Vietnam, toutefois, compte environ 86 millions d’habitants, contre 65 millions en Thaïlande. En outre, à Hanoï et dans le reste du nord, une bière peu fermentée et à faible taux d’alcool est fort prisée.

En Asie du Sud-Est, les Philippines (près de 100 millions d’habitants) talonnent la Thaïlande avec 1,6 milliard de litres absorbés. Les autres Etats membres de l’Asean sont plus raisonnables. Les deux Etats à majorité musulmane sont, en proportion de leur population, les moins grands buveurs  : Indonésie, 236 millions de litres (240 millions d’habitants) ; Malaisie, 171 millions de litres (27 millions d’habitants). Le Laos (6 millions d’habitants) se défend bien : 134 millions de litres ; il en est de même pour Singapour (5 millions d’habitants, 108 millions de litres), mais les visiteurs y sont très nombreux. Le Cambodge (14 millions d’habitants) consomme 136 millions de litres.

La Birmanie (Myanmar) est à la traîne, sur le plan régional, avec 30 millions de litres consommés en 2011. Mais cette donne pourrait rapidement changer avec l’ouverture du pays et sa probable forte expansion économique. Quant au petit sultanat de Bruneï, il se situe hors radar : la consommation d’alcool y est interdite et la quantité de bière qui y circule quand même pour être consommée dans des tasses à thé est probablement très faible.

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Philippines Politique

Philippines : le cadre d’un accord de paix avec les musulmans

Le président Aquino a annoncé le 7 octobre qu’un accord préliminaire de paix avec le FMIL, principal mouvement armé musulman, pourrait être signé le 15 octobre.

Dans un discours télévisé, le président des Philippines a déclaré que Manille s’était entendu avec le Fmil (Front moro islamique de libération, principal mouvement musulman armé dans le sud de l’archipel) sur le «cadre d’un accord» de paix. Négocié à Kuala Lumpur sous l’égide de la Malaisie, cet accord préliminaire pourrait mettre fin à quatre décennies de conflit qui ont fait au moins 120.000 victimes sur l’île méridionale de Mindanao. Les Philippines, où les catholiques prédominent, ont une minorité musulmane de quelques millions de personnes installées, pour l’essentiel, dans le sud de l’archipel.

Cet accord préliminaire porterait, selon le Philippine Daily Inquirer, sur «les principes généraux» concernant «les pouvoirs, les revenus et l’étendue du territoire» d’une nouvelle région musulmane autonome. « Si tout se passe bien», ajoute l’Inquirer, un accord final de paix pourrait se réaliser avant la fin, en 2016, du mandat présidentiel de Noynoy Aquino. Ce dernier a, toutefois, prévenu que «le travail ne s’arrêtait pas là» et que «des détails doivent encore être finalisés par les deux côtés»

La nouvelle région autonome musulmane remplacera celle qui a été mise en place par un accord en 1989 et qu’Aquino a qualifiée d’«échec». Une Commission de transition de quinze membres disposera de deux ans pour définir les détails de l’accord et rédiger le projet de loi donnant naissance à la zone autonome. Un «programme échelonné» règlera la question du désarmement progressif de la guérilla. L’accord préliminaire sera signé à Manille en présence du premier ministre malaisien Najib Razak, du président Aquino et du chef du Fmil, Al Haj Murad Ibrahim.

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Analyse Politique Société Thaïlande

Chronique de Thaïlande : petit manuel de la corruption (II)

De nombreuses techniques de corruption, plus ou moins sophistiquées, gangrènent le secteur public et le monde politique thaïlandais. Avec un impact désastreux sur la société.

Quand on l’accusait de corruption, Chatichai Choonhavan, Premier ministre de Thaïlande de 1988 à 1991, avait coutume de répondre : “Où sont les reçus ?”. Cette répartie effrontée lui a permis de contrer pendant son mandat les critiques montantes contre son gouvernement, lequel avait été surnommé le « buffet cabinet » (ou gouvernement self-service) tant sa réputation de corruption était notoire. Exiger des “reçus” revenait à demander au criminel de se livrer à la police, mais c’était une astuce de langage pour ne pas reconnaître ce qui sautait aux yeux de tous. Sous Chatichai, la possibilité pour le Premier ministre et les ministres de décider de l’octroi d’importants projets d’infrastructures (voies express, télécommunications) sans demander l’avis du Parlement a multiplié les opportunités et fortement augmenté l’étendue de la corruption. Mais les méthodes n’ont guère différé de celles employées par les bureaucrates thaïlandais : le bon vieux pot-de-vin dont le principe de base a été exposé, sous d’autres cieux, par Fernandel dans “Le Schpountz”. Un fonctionnaire octroie un contrat à un entrepreneur en lui demandant de gonfler les prix, à charge pour celui-ci de reverser une quote-part au dit fonctionnaire. D’autres variantes existent : des équipements de qualité inférieure et non conformes aux critères du contrat peuvent être délivrés par le contractant. Ainsi, en Thaïlande, un hôtel de la monnaie construit à grand frais s’est fissuré dès après l’achèvement des travaux, des écoles publiques ont été bâties avec des planches vermoulues et de multiples routes de campagnes sont retournées à l’état sauvage après le passage de quelques dizaines de poids lourds.

Il faudra attendre Thaksin Shinawatra, Premier ministre entre 2001 et 2006, pour arriver à des techniques plus sophistiquées. Déjà richissime lors de son accession au pouvoir, Thaksin a négligé les “pourcentages” et les dessous de table. C’est en profitant de sa position à la tête du pays pour influencer la politique économique du gouvernement qu’il parvint à favoriser son conglomérat de télécommunications Shin Corp. Aux petites combines, il a préféré la corruption stratégique. Par exemple, le niveau maximum autorisé de prise de participation des entreprises étrangères dans les entreprises de télécommunication passa soudainement au début de 2006 de 25 à 49 % quelques semaines avant la vente de Shin Corp à la firme singapourienne Temasek.

Dans leur étude sur la corruption, les économistes Pasuk Phongpaichit et Sungsidh Piriyarangsan (1) constatent que le département gouvernemental perçu comme le plus corrompu par les Thaïlandais est celui de la police. Force est de reconnaître que là où les politiciens font parfois preuve d’improvisation, les policiers ont progressivement mis en place un système solidement structuré de ponction directe sur les citoyens et de redistribution à l’ensemble des personnels du département. “A beaucoup d’égards, la police opère comme une entreprise de maximisation du profit”, notent les deux économistes.

Les officiers de police doivent acheter leur position au sein de la hiérarchie selon une grille précise de tarifs (un million de bahts pour un général, dix millions de bahts pour un poste de directeur-adjoint de la police…). Ces positions permettent, de fait, de pouvoir contrôler les flux de l’argent perçus directement – et illégalement – par les policiers de base sur les citoyens : des quelques billets glissés par un automobiliste dans la main d’un agent pour éviter une amende en bonne et due forme aux substantielles primes de protection remises aux commissariats locaux par les marchands d’or, les propriétaires de casinos clandestins et les tenanciers de massages sexuels, en passant par les dessous-de-table payés par des suspects arrêtés pour éviter de passer devant le tribunal. Des centaines de millions de bahts transitent ainsi tous les mois par le département de la police et remontent au sommet de la hiérarchie. Une fois qu’une partie des officiers supérieurs se sont servis, l’argent est redistribué à travers le département chacun recevant une portion proportionnée à son rang. Une partie de l’argent sert aussi à l’organisation de cérémonies dans les commissariats, à la réparation des locaux, à l’équipement des unités, voire à des oeuvres de charité – car le budget de la police est totalement inadéquat et les salaires très bas.

Certains observateurs tendent à adopter une vision bénigne de cette corruption : elle renforcerait la cohésion du corps policier et ne ferait que compenser l’insuffisance de leur budget. C’est là fermer les yeux devant l’impact désastreux de ces conduites sur la société : la corruption légitimise le crime, favorise l’inégalité et, tout simplement, freine le développement politique, économique et social du pays.

 Max Constant

(1) Corruption and Democracy in Thailand, Pasuk Phonpaichit et Sungsidh Piriyarangsan, The Political Economy Centre, Université de Chulalongkorn, 1994